jeudi 19 août 2010

Le peuple ? Trop con : changez-le !

Ça devient amusant, vraiment. On entend cot-coter dans le poulailler, comme à l'approche du renard, et c'est bien réjouissant, allez. Les Céleste, les Delse, les Clomani et consort (et consœurs...), toutes les volailles du siècle dernier piaillent à qui mieux mieux, comme quoi le fascisme serait de retour, les heures sombres, et Sarkozy le four crématoire entre les dents, tout ça. Regardez-les courir dans tous les sens, tête coupée comme des canards promis au foie gras : ça ne vous donne pas envie de rire ? Moi oui. D'ailleurs on ne m'entend pas mais je ris.

Elles croient parler au nom du peuple, nos dindes de Noël. Mais en fait non. Le peuple, elles n'ont même pas idée de la gueule que ça peut avoir. Du reste, il faut bien avouer que, le plus souvent, il a une assez sale gueule, le peuple : je le sais, j'ai la même. Il pue un peu la droite “au lait cru”, le peuple. Et surtout, péché majeur, il n'en a plus rien à foutre de la gauche, laquelle ne fait plus les yeux doux qu'aux fonctionnaires et aux tarés dégenrés à plume dans le fion.

Du coup, le peuple, quand par hasard on lui demande son avis, ce qui est de plus en plus rare, il met un point d'honneur à confirmer qu'il ressemble effectivement à ce que la gauche new look pense de lui : il donne à sentir qu'il pue de sous les bras, que ses dents sont cariées mais que cela ne l'empêche pas de rire à gueule grand ouverte. Il ne va pas sur les marchés bio, le peuple, il n'en a rien à foutre de l'égalité, puisque justement il aimerait bien que ses mômes réussissent mieux que ceux de son voisin – histoire de l'écraser un peu, gentiment.

En plus, il est con, le peuple. Il pense que, comme ses grands et arrière-grands et même au-delà-parents vivaient déjà ici, ce pays serait plus ou moins à lui, quoi. Il n'a rien contre les grandes bouffes avec les voisins, le peuple, sauf si les invités sont quatre fois plus nombreux que sa famille, et qu'en plus il n'a pas vraiment invité tout le monde, qu'il y a des bouches inconnues, et qu'encore en plus, on lui balance le ragout à la tronche sous prétexte qu'il y a là-dedans de la viande qu'a l'air interdite par un prophète exotique. De plus, que ses invités-pas-invités boivent de l'eau ou du thé à la menthe, il s'en fout un peu, le peuple ; mais qu'on le traite de tous les noms parce qu'il se tape un coup de jaja, ben là, forcément, il commence à soupirer un peu – le peuple.

D'autant que, pendant ce temps, les messieurs-dames de la télé, de la radio et des journaux lui expliquent qu'il est très con, très laid, très puant. Et que, chaque matin que Dieu fait, il devrait plutôt remercier le Ciel de tous ces frères angéliques et dégoulinants de paix qu'on lui envoie et qui lui prouvent qu'il est en effet très con, très laid et très puant.

Et c'est bien là qu'on voit que le peuple est effectivement très con, très laid et très puant : il renâcle à l'admettre, alors que ça saute aux yeux de tout le monde. Il ne va même pas en vacances en Inde, le peuple, il semble ne pas du tout s'intéresser à ces enfants et ces femmes dont les grands yeux sont toujours souriants et innocents. Il ne va pas non plus faire de l'ethnologie chez le sous-commandant Marcos et – pis encore – il ne lui viendrait même pas à l'idée de déclarer que mi casa es tu casa au premier clampin touristique débarqué de l'autre bout du monde pour se faire des chaleurs à peu de frais.

Trop con, ce peuple. Finalement, on fait bien de nous en faire venir d'autres.

32 commentaires:

  1. Mazette!
    Ca du pamphlet ou je ne m'y connais pas! Bien envoyé!

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  2. J'attends l'étape suivante: quand les flics en auront plein le cul et déposeront les armes.

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  3. Franchement, a-t-on encore le droit de s’appeler RENÉ GALINIER ? C’est de la provoc’, non ?

    Wouarf!!
    Pas faux..

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  4. Ouais, hein ? En forme, le gros nazi...

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  5. Le problème, c’est que le peule il est quand même un peu con vu qu’il est trop bon… Trop bon avec ces dindes nourries au caviar et customisées rouge-rose-vert-orange pastel humanitaire. Dindes que le peuple aurait dû depuis longtemps pousser à la baille d’un grand coup de paluche aux fesses ; et pas dans la bassine Gilac du livre d’image du Paris-Plage de Delanoë, non, dans la fosse à purin, et pas celle de la ferme des célébrités…

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  6. Bon ben elles sont rhabillées pour ce qu'il nous rete d'été vos trois dindes !

    Force est de m'incliner devant un si bon billet !
    Merci.

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  7. Ploiuc : on s'en fout, elle vont bientôt mourir, ces connes. Le problème, c'est qu'elles ont fait des enfants ; lesquels, quand leurs mamans seront crevées, vont se prendre en pleine gueule la réalité bâtie par ces sous-merdes.

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  8. Ajoutons que ces invités moins nombreux que la voix tribunitienne ne voudrait le faire croire et qui observent les interdits d'un prophète exotique sont aussi le peuple ; français. D'en bas - possède une carte d'électeur. Et nous pouvons le prouver - le fera de lui même.

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  9. Qu'est-ce qui vous ennuie le plus, qu'elle soit ethnologue ou qu'elle soit femme ? Elle est jeune, charmante, cultivée (et ne lis quand même pas de BM) et qu'en plus elle parle, en connaissance, de pays que vous n'avez jamais vu ?
    Pourquoi, systématiquement, lorsque vous parlez des femmes de votre génération vous devenez si agressif, vous ramenez tout de suite vos problèmes à une obssession sexuelle, auriez vous peine à vous trouver ?

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  10. Le peuple, c'est comme l'opinion publique, ça n'existe pas. Et c'est précisément parce que ça n'existe pas que notre "embarras" est toujours d'importance quand il faut l'illustrer : voyez le choix de votre photographie, ce n'est qu'une foule, Didier.

    En outre, le peuple, qui n'existe pas (rappel), ne peut donc aller en vacances en Inde, pas plus qu'à l'hôpital, qu'à Palavas, qu'à Plieux, ou que sais-je encore.

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  11. Entièrement d'accord avec Christophe. Le peuple, ça arrange beaucoup de monde de parler à sa place, quand il s'agit de vanter son présupposé bon sens (comme vous le faites à demi mots) ; quand il s'agit de lui cracher à la gueule pour évoquer son goût de merde (comme vous l'avez fait dans d'autres billets).

    Bref, laissez-le donc où il est le peuple, il a déjà bien du mal à être. Bon...comme dirait l'autre, c'est pas vous qu'avez commencé, j'ai l'honnêteté de le reconnaitre.

    En fait, vous êtes un peu comme un politicien, vous parlez à la place du peuple comme eux parlent à la place des français. Ou comme un "ethnologue" à la manque qui parle de l'Homme.

    Faut bien faire communiquer les vases.

    PS - on va tous crever de toute façon. Enfin, nan, pas tous !

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  12. Les deux intellos de mes deux qui ne savent pas lire (Dorham et Borhen) tout en croyant savoir lire mieux que les autres, mais fermez la un peu !

    Bravo pour votre billet, Didier.

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  13. Plouc : ah, si, moi je les verrais très bien dans "La Ferme" que vous dites !

    Corto : merci ben.

    Skynet : une carte d'électeur et une carte d'identité, oui. Mais est-ce que ça suffit ?

    La Pecnaude : comme s'il suffisait d'être allé dans un pays pour pouvoir en parler ! Je connais des gens qui vivent en France depuis cinquante ans et plus et qui ne comprennent strictement rien à ce qui se passe sous leurs yeux.

    Christophe & Dorham : eh bien, moi, j'ai la sottise ou la naïveté de penser que le peuple existe. Et j'ai même, parfois, l'impression d'en faire partie.

    Georges : merci.

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  14. Excellent billet qui me ravit. Bravo !

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  15. Magnifique billet. Merci !

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  16. Et même qu'il s'étale sur une plage au mois d'août, ce peuple très con, très laid et très puant. Et qu'il campe aux Flots bleus!

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  17. "Qui proteste est un ennemi, qui
    s'oppose est un cadavre". "

    -Le "petit livre rouge" de pol pot ou
    les paroles de l'angkar-

    http://ch.revues.org/index125.html

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  18. Rêve allégorique fait cette nuit rendu prémonitoire après la lecture de votre billet faite à l'instant : J'invite deux jeunes marginaux, leur offre le gîte et le couvert, ils me distraient, me lisent à haute voix de lestes nouvelles, leur compagnie est agréable. Je les quitte pour me rendre à mon travail. Quand je rentre, je constate la disparition de la moitié des éléments de ma cuisine ; elle n'était pas à leur goût : c'est mieux ainsi me répondent-ils avec une assurance tranquille. Désemparée, impuissante, je m'en veux de ma naïveté. Je suis vraiment très conne de ne pas avoir pris plus de précautions avant de faire entrer des inconnus chez moi.

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  19. Très bon billet!
    Contrairement à ce que deux précédents commentateurs ont affirmé péremptoirement : si, le peuple français existe bel et bien, ne vous en déplaise!
    Et ce n'est certainement pas parce qu'on offre sur un plateau un papier d'identité biodégradable à n'importe quelle horde d'invités non-invités que ceux-ci en feront partie!

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  20. Le Peuple, c'est comme le Corps, la Femme, l'Identité, la Musique, etc. Il est très facile de démontrer qu'ils sont plusieurs, qu'ils sont multiples, qu'ils sont variants, qu'ils sont sujet à transformations et adaptations, qu'ils sont historiques, enfin, et certains faux intelligents doxiques s'empressent de monter sur le charriot à perroquets pour en tirer la conclusion qu'aucune de ces catégories n'existe. C'est un pauvre raisonnement très simple à mettre en œuvre, ce qui explique en partie son succès. Il n'est pas plus panurgique assertion, aujourd'hui, qui consiste à affirmer que bien sûr il faudrait être idiot pour croire à ces "constructions" là. On se croirait revenu dans les années soixante-dix, qui, elles au moins, avaient le mérite de dire ça pour la première fois.

    Rien n'existe, ni la race, ni le peuple, ni le sexe, ni l'adversité, ni le mal, rien n'existe que la tranquille assurance que tout est dans tout et réciproquement.

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  21. Faites pas trop de billets réac pendant mes vacances, il faudra que je lise tout en rentrant.

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  22. Excellent comme toujours !

    Une fidèle lectrice

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  23. Le peuple, oui ça se sent (...) que tu en es issu : la lutte intérieure, l'impression que jamais on n'en sort vraiment.

    Les dindes : dommage de mélanger les genres, la misogynie (ou le féminisme) et la problématique de la gauche. A gauche, je trouve tout autant de dindes chez les garçons. D'accord avec toi pour ce qui est de la fausse route de la gauche : il nous faut lâcher les fonctionnaires, ce sont eux qui nous étouffent. Pour la droite, j'y vois tout autant de cons... (vieux en général), si ce n'est plus...

    Zinoviev : encore une obsession matznévienne ?

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  24. Répertoire connu20 août 2010 à 18:47

    Dans son vieux pardessus râpé
    il s'en allait l'hiver, l'été...
    Chez nous y avait pas la télé
    Mon vieuuuuuuuuxxx!

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  25. Hé bé, ça castagne, par ici.

    Si je ferme les commentaires, ce n'est d'ailleurs pas pour cette raison mais parce que je m'absente jusqu'à mardi soir et que je n'ai pas trop envie d'avoir 350 commentaires à lire ,en rentrant d'Auvergne..

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  26. Lucia Mel : que voulez-vous faire comprendre par votre question : Zinoviev, encore une obsession matznevienne ? Simple jeu de mot, ou autre chose ?? Eclairez -moi, si vous voulez bien, bien sûr.

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  27. Si on se met à se jeter le peuple à la figure, les élites dormiront bien et pour longtemps !
    :-))

    [Moi-même j'ai rencontré le peuple mais des milliers de fois, déjà… :-) ].

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  28. @Emma : je demande à Didier si Zinoviev est une référence aux lectures et aux engagements de Matzneff (ainsi que Schopenhauer, "l'oncle Arthur", par exemple), et s'il continue, ainsi, à se passionner pour l'écrivain, découvert par lui voici quelques mois.

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  29. Lucia : à ma connaissance, Matzneff ne parle pas de Zinoviev. Mais il est vrai que je suis loin d'avoir tout lu (de Gabriel).

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  30. @Didier : de vagues souvenirs... je pensais que tu allais pouvoir m'éclairer ;-))

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.