lundi 26 décembre 2011

Ludwig ou l'effondrement des dieux


Hier après-midi, j'écrivais ceci, dans mon journal : « Ce soir, parce que pas d'autre choix possible, nous allons regarder le Ludwig de Visconti, bien que je ne sois pas sûr de tenir jusqu'au bout des trois heures trois quarts qu'il dure. D'autant moins qu'il me semble avoir toujours trouvé Visconti passablement emmerdant. Je dis “il me semble” car il y a tellement longtemps que je n'en ai vu un que je ne sais plus s'il s'agit de mon appréciation réelle d'alors ou bien d'un simple préjugé fondé sur rien. Vérification ce soir, donc. »

Nous avons, Catherine et moi, “tenu” une demi-heure. Donc je confirme : pour moi, Visconti est emmerdant, et à peu près rien d'autre. Chaque image est superbe, c'est entendu. Mais une succession de tableaux, aussi magnifiques soient-ils, ne fait pas un film. Je passais, durant cette demi-heure, le temps où je me faisais chier à comparer ce que je voyais avec Fanny et Alexandre, d'il y a trois jours : Bergman est tout autant capable que Visconti de produire des images superbes ; en plus, sa caméra bouge et, tandis qu'il nous montre des choses, une histoire se construit, des personnages naissent, etc. rien de tout cela chez Visconti.

Et puis, il y a cette malédiction du cinéma italien de cette époque, que l'on pourrait appeler la “production internationale”, qui vous barre l'accès aux meilleurs films qui soient. Par exemple, il ne m'est plus possible de regarder ce chef-d'œuvre qu'est Le Bel Antonio, de je ne sais plus qui (découvert à la télévision, vers 18 ans). Le choix est simple et tragique : soit vous choisissez la “VO”, pour entendre Mastroianni et Cardinale – mais alors vous devez supporter Pierre Brasseur couinant en italien, ce qui est insupportable ; soit vous choisissez la “VF” (pour Brasseur), et ce sont les deux autres qui deviennent insupportables.  Dans Ludwig, c'est encore mieux : si vous choisissez la “VO”, personne ne parle sa propre langue. Trevor Howard, acteur anglais jouant Wagner, baragouine en italien (ou en français si vous optez pour la “VF”) ; Romy Schneider et Helmut Berger, pitoyables acteurs teutons tous les deux, jouent également les pizzaiolos en VO – mais enfin, eux, c'est moins grave, dans la mesure où ils sont toujours mauvais de toute façon.
Pendant ce temps, M. Visconti lèche ses images et nous débite des dialogues dignes d'un roman Harlequin, avec découpage pesant, dit par des acteurs en dessous du médiocre (Schneider, Berger), et le film se traîne à un point qu'on l'abandonne très rapidement. Et qu'on se retrouve devant ce clavier qu'on avait pourtant juré d'abandonner jusqu'à demain.

22 commentaires:

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  2. en bref, vous êtes sourd à Ludwig…

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  3. Je tiens pour ma part ce film pour l'un des plus laids - ah la laideur de ces zooms - et l'éloge de la perfection formelle (''Chaque image est superbe, c'est entendu''), par ailleurs inexistante, ne vient que masquer le caractère poussif et l'insignifiance de la mise en scène.

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  4. Ah, c'est amusant, je me demandais justement ce matin ce que vous pouviez bien penser de ce film !

    Pour les images, je n'ai sans doute pas assez souligné que leur côté excessivement “léché" conduisait vite à l'écœurement – un peu comme de bouloter un bol de mayonnaise à la petite cuiller…

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  5. Je viens aussi de revoir le film en DVD et je l'ai vraiment trouvé superbe : même les zooms m'ont plu, c'est dire ! (quant à parler d'"insignifiance de la mise en scène", comme P/Z, on peut trouver le jugement légèrement péremptoire, mais bon, je ne suis pas un cinéphile de pointe) !

    Je ne suis pas non plus d'accord avec vous sur Romy Schneider, que j'ai trouvée merveilleuse (et qui me semble par ailleurs une excellente actrice, par exemple dans les films de Sautet), et sur Helmut Berger, qui est en général exécrable, sauf chez Visconti : son Ludwig est (à mon avis) très crédible et même impressionnant dans le côté obsessionnel et presque autiste du personnage).

    Sur la question du doublage, je partage votre point de vue, mais les choses sont encore plus compliquées, puisque les Italiens doublaient aussi souvent leurs acteurs dans les versions originales, ainsi, dans "Le Bel Antonio", Cardinale est doublée aussi bien dans la VF que dans la VO italienne, son timbre de voix étant jugé trop rauque...

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  6. Ah la Romy ! La meilleure MILF du cinéma européen. Que demande-t-on d'autre à une actrice ? Visconti sans la musique des autres est trop plat? J'en conviens.

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  7. Ça fait du bien de voir massacrer ce faux grand cinéaste de Visconti. Autre sommet de mauvais goût, d'académisme, de non-mise en scène et de grotesque boursouflé avec zooms : La mort à Venise.

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  8. Il n'en reste pas moins que Senso est un film magnifique !

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  9. Touchez encore à Romy et vous allez voir de quel doigt je me chauffe !

    Elle est ma bio préférée, pas joli joli tout ça pff..

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  10. J'ai personnellement un petit faible pour les plans de cinéma filmés comme des tableaux de maître, je le confesse. Autant j'ai détesté "Mort à Venise", véritablement soporifique, autant "Le Guépard" figure parmi mes films historiques favoris. Burt Lancaster y est formidable et Sophia Loren fort avenante.
    Je n'ai pas vu "Ludwig" donc je ne me prononcerai pas. Et là, vous vous dites que mon commentaire n'est pas des plus essentiels. Et vous n'avez pas tort. Désolé.

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  11. Film chiant et mal doublé, même
    si la VO l'est aussi elle n'est
    quand même pas aussi mauvaise.
    Mais ça présente quend même un
    certain intérêt. Moi, j'ai tenu
    jusqu'à la fin de la première
    partie et encore, je l'avais déja vu.

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  12. Ah ben ça ! moi qui avais trouvé le film très réussi, vous faites surgir un doute...

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  13. Notez bien que, comme je le dis en commençant, j'ai abordé le film avec un vieux préjugé négatif concernant Visconti…

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  14. Plus chiant que Visconti, il y a Béla Tarr. Le Cheval de Turin dure 2h30 et il ne se passe pas grand-chose.


    The Turin Horse

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  15. Ah, je ne connaissais même pas son nom, à celui-là !

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  16. Ah oui, Senso est un chef-d'oeuvre (enfin, dans mon souvenir). Me suis toujours demandé comment LV avait fait ça, passqu'après, c'est un sans-faute dans le mauvais de chez mauvais, du Guépard à Violence et passion (ou Passion et violence, enfin le machin avec Burt Lancaster).

    Bela Tarr connais pas, mais dans le genre film bizarre à rythme très lent, je trouve que Institut Benjamenta (d'après Robert Walser) des frères Quay est un chef-d'oeuvre onirique absolu :

    http://www.youtube.com/watch?v=sdBzDr6p9tU

    Bon, à ceux qui me diront qu'ils trouvent ça imbitable, je n'ai rien à répondre si ce n'est que je peux comprendre qu'on trouve ça imbitable, mais que moi je trouve ça génial (putain dans quel état j'erre, moi ?).

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  17. Tenez, j'en profite pour faire un peu de pub pour les frère Quay :

    Una adaptation géniale de Bruno Schulz :

    http://www.youtube.com/watch?v=2gIb0bTWj6w

    Un machin génial de 3 mn :

    http://www.youtube.com/watch?v=BFwYwQxTqUY

    Un clip de chanson génial et malsain :

    http://www.youtube.com/watch?v=8RUkhpEMSnQ&feature=related

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  18. Damnation, Sátántangó et Les Harmonies Werckmeister sont trois chefs-d'oeuvre de Béla Tarr. Le Cheval de Turin est peut-être moins réussi.
    Je rappelle à Sébastien que l'on a dit la même chose des films de Tarkovski...
    (Pour ma part, je n'ai jamais dit que les films de Visconti était ennuyeux, je les trouve laids et sans style. On sauvera tout de même Le Guépard - Lancaster et Delon y sont formidables.

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  19. euh pas sophia loren dand le guepard....

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  20. cher Monsieur
    Il est effecctivement insupportable d'apprécier un film de Visconti surtout les longs (Guépard, L Damnés, Ludwig, Venise..) SUR UN ECRAN DE TELE .
    Visconti n'a pas tourné ses films pour être vus de cette façon, la télé modifie le rapport au temps et ne met en valeur que les scènes courtes, contrastées, et la mise en scène rapide. Parfois elle améliore des films médiocres au cinéma.
    Donc si vous voulez les appréciet, il faut aller les voir ou re-voir en salle, ou isnatller ches vous un home cinéma avec un vrai écran de projections de 2 ou 3 m de base.
    Michel De Paz

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