lundi 9 septembre 2013

Ma semaine au Club Meds


Mon unique expérience de séjour en milieu semi-carcéral ensoleillé, encore appelé club de vacances, remonte à une grosse quinzaine d’années, si ma mémoire est bonne ; et je trouve que j’ai fort bien fait d’y retourner voir car, en ce laps de temps, les choses ont étonnamment changé, parfois jusqu’à l’absurde.

Ne voulant pas pousser trop loin la sociabilité estivale, j’avais demandé aux Gentils Organisateurs – désormais appelés collectivement Team Meds, mais j’ai du mal à m’y faire – de me réserver une case individuelle, ce qui avait été fait, pour mon plus grand soulagement. Je retrouvai, à l’intérieur de cette paillotte fonctionnelle, tout ce qui faisait le prix des anciens bungalows : sobriété de la décoration, hygiène rigoureuse, etc., avec en plus une incroyable technologie embarquée, qui faisait désormais ressembler le lit à une couchette de vaisseau spatial, du moins d’après l’idée que je m’en suis toujours fait. L’autre innovation frappante était que les repas étaient désormais servis dans les paillottes et non plus au traditionnel buffet festif (bufestif ?), ce qui avait l’énorme avantage de ne plus devoir fréquenter trois fois par jour des douzaines de crétins mastiquant et hilares. Du reste, on fiche désormais une paix royale au client, ayant compris qu’il ne servait à rien de le submerger d’activités ludiques et souvent bruyantes : aujourd’hui, celui à qui il prendrait fantaisie de passer ses deux premières journées et nuits sans sortir une seule fois de son lit pourrait fort bien le faire, sans susciter le moindre étonnement dans l’équipe de maintenance et d’animation.

Du reste, le personnel aussi a subi en quinze ans d’intéressantes métamorphoses : les Gentilles Organisatrices sont désormais toutes vêtues de blanc ; et, si elles ne picolent plus le soir avec les Grands Corps Malades (c’est ainsi, assez bizarrement, qu’ont été rebaptisés les ex-Gentils Membres), elle ont à cœur de leur révéler l’homme branché qui sommeillait au fond d’eux-mêmes, d’évaluer et de révaluer sans cesse leurs divers potentiels physiques – en un mot, elles sont imprégnées de ce qu’on appellera faute de mieux : la culture de la perf’.

Mais le coup de génie du nouveau Club Meds, outre de rendre aux soirées leur calme naturel, c’est d’avoir instauré la semaine de vacances courant du lundi au lundi, en lieu et place de l’ancienne découpe, du samedi au suivant. Ce décalage permet aux bénéficiaires de rentrer chez eux dans un climat dénué de tension et d’acidité, sur des autoroutes aussi fluides qu’un sang de bébé non fumeur et abstème. C’est une bénédiction car, on s’en souvient, les retours à la maison du week-end représentaient une telle épreuve pour les nerfs des malheureux conducteurs que c’était encore des coups à finir à l’hôpital.
 

20 commentaires:

  1. Les GO ont des culottes sous leurs blouses blanches ?

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  2. Oh mais je peux vous trouver beaucoup plus carcéral et festif pour vos prochaînes vacances! Enfin nous voilà rassurés!
    Pluton GO

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  3. ... déconnez pas. Enfin, pas trop.

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  4. Je crois avoir séjourné dans ce Club, c'est à la fin que je me suis aperçu qu'il était réservé au 3ème age d'ou le changement apparent à tous les niveaux, les filles, les repas, etc

    Bon je déconne

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  5. Chic ! M. Goux est de retour !
    Enfin de saines lectures !

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  6. Vous en avez fait plusieurs (Meds) ?

    Duga

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  7. Enfin, vous avez échappé au passage à tabac et à la prise d'otages qui sont semble-t-il devenus monnaie courante dans ce type de clubs implantés en milieu "sensible" !

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  8. Etant frappé de misanthropie je passe mon temps à fuir tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un regroupement de mes semblables. N'aimant pas les loisirs aquatiques, les soi-disant plaisirs marins ne me manquent pas. Dans le fond, je ne suis jamais aussi heureux que lorsque je squatte la ferme d'un mien cousin au fin fond du Cantal. Air pur, paysages sauvages, quelques rudes allogènes et leurs vaches, pas de night-clubs, pas de fâcheux en tongs et bermuda et leur théorie de moutards mal élevés. Le rêve.

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    1. Vous me faites penser à Legrandin dans Du côté de chez Swann, du style " Au fond, je n'aime rien moins que deux ou trois peintures, une sonate, et quelques paysages...". Vous êtes un snob au fond, vous refusez d'aller chez les Guermantes et préférez votre Cantal...

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    2. Le Cantal est le dernier refuge du snob quand le snobisme affiché est la règle générale... A condition d'éviter Salers, Saint-Flour, et bien sûr, Aurillac à la fin Août... Beurk

      Bec

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  9. Content de savoir que vous avez apprécié vos vacances. Je suis sûre que vous nous en revenez en pleine forme.

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  10. On n'a pas commencé la 3ème guerre mondiale en votre absence, c'est sympa non ?

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  11. Content pour vous, Didier, je veux dire en ce qui concerne la recharge des accus. Pour ma part, je ne suis pas encore prêt, malgré les aménagements, pour ce genre de séjour. Pourtant, niveau compromis, j'ai donné : j'ai voté Hollande ! Pardon, contre Sarko !... Ce qui n'excuse rien.

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  12. Moi j'aurai bien vu Didier Goux au centre d'un cercle composé de GCM lisant au cours de belles veillées des textes de Muray, feu de bois pour l'ambiance. C'eut été beau.

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  13. Au club Med, ils existent encore et med alors, je sais elle est facile mais elle est rigolte.

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  14. Bon retour et allez-y doucement tout de même.

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  15. On m'a parlé de ces nouveaux clubs.
    Il parait qu'ils font une retape pas possible en ce moment, période de crise oblige.
    Si vous avez le malheur d'être courtois et bien civil lors d'un séjour, ils ne cessent de vous importuner pour capter à nouveau votre clientèle.

    Méfiez-vous et ne cédez pas à la tentation. Décidez de n'y retourner que s'ils se sont renouvelés et ont de nouvelles animations, comme le cathéter mystérieux ou le lit magique..

    Mais on rapporte effectivement que les nouvelles animatrices sont assez piquantes.

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  16. On m'avait bien dit que les cures thermales étaient remboursées par la Sécurité sociale, mais je n'y avais pas cru.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.