dimanche 14 décembre 2014

Émile Zola, dit le Crétin


Hier soir, parce que le film que nous avions choisi m'ennuyait prodigieusement – une histoire de baseball, avec Brad Pitt, à laquelle je ne comprenais goutte ni ne m'intéressais –, j'ai lu d'une traite les 130 pages du Je m'accuse… de Léon Bloy, qui est une démolition en règle de Zola (qu'il appelle Le Crétin…), et notamment de son roman Fécondité, que Bloy lit à mesure qu'il paraît en feuilleton dans L'Aurore, ce qui lui provoque des accès de bile aussitôt consignés. C'est publié, ainsi que d'autres livres de Bloy, par un nouvel éditeur, Quaestio, dont le fondateur a eu la gentillesse de m'envoyer cet exemplaire. J'avoue que, malgré mon peu d'appétence pour Bloy, j'ai ri souvent de sa méchanceté et de ses outrances, en reconnaissant qu'il lui arrivait régulièrement de taper juste. Car Zola, que j'ai beaucoup pratiqué et aimé (mais pas Fécondité, tout de même…), a évidemment des manies, des tics d'écriture, des ridicules, qui font qu'il est une cible commode, surtout pour un Bloy. Néanmoins, quand je tombe sur des phrases comme celle-ci : « Quelques furieux de l'été dernier ont vu s'éteindre leur fureur dans le mépris équitable où se noyèrent indistinctement tous les mimes de la farce atroce. », je n'ai plus qu'une envie, celle de refermer le livre pour n'y plus revenir. Heureusement je n'en ai rien fait, et m'en suis fort bien trouvé.

Pour ce qui est de l'enflure de Zola, poussée jusqu'à l'absurde, Bloy cite cet extrait d'article, publié au moment de la révision du procès de Dreyfus, et le lendemain de la grâce accordée au capitaine, dans lequel Zola s'adresse à l'épouse de Dreyfus (c'est Bloy qui souligne) : « Nous lui élevons un autel dans nos cœurs, n'ayant à lui donner rien de plus pur ni de plus précieux. C'est au pied de cet autel, et non ailleurs, que se fera “l'acquittement triomphal, la réparation éclatante”, et que seront vues “toutes les générations À GENOUX, demandant à la mémoire du supplicié glorieux le pardon du crime de leurs pères. Ici, Madame, nous arrivons au sommet. il n'est pas de gloire, il n'est pas d'exaltation plus haute… Cet innocent, le voilà devenu le symbole de la solidarité humaine, d'un bout à l'autre de la terre. Lorsque la religion du Christ avait mis quatre siècles à se formuler (?????), à conquérir quelques nations, la religion de l'innocent condamné deux fois a fait, d'un coup, le tour du monde, réunissant dans une immense unanimité, toutes les nations civilisées. Je cherche, au cours de l'histoire, un pareil mouvement de fraternité universelle et je ne le trouve pas. »

Au vu de ce passage, la cause est entendue : si Émile Zola vivait aujourd'hui, il ferait un parfait blogueur d'extrême gauche.

65 commentaires:

  1. Un peu de respect pour Gauche de Combat, bordel.

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    1. Eh ! oh ! ça sera la seule fois dans son existence où quelqu'un l'aura comparé, même de fort loin, à Émile Zola !

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  2. "demandant à la mémoire du supplicié glorieux le pardon du crime de leurs pères".
    Le propre du pardon n'est-il pas de ne pas avoir à exiger des fils qu'ils payent pour le "crime" de leurs pères? C'est une des différences que la religion chrétienne a établi avec ses deux cousines orientales, le judaïsme et l'islam (on retrouve ça aussi dans la mafia; la grande classe quoi), non?
    La vengeance, directe et immédiate, d'un crime peut avoir un rapport lointain avec l'honneur. L'idée d'établir une responsabilité collective et héréditaire n'a rien à voir avec celui-ci.

    "il ferait un parfait blogueur d'extrême gauche"
    En cumulant avec un petit poste chez sos racisme, au cran ou à la licra, pour faire bonne mesure.

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    1. De plus, demander pardon à une mémoire, ça doit être coton…

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    2. Surtout si elle flanche, qu'elle ne se souvient plus très bien.

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  3. d'extrême gauche ou de vraie gauche?

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    1. Ce n'est pas la même chose ?

      Je ne suis guère spécialiste, vous savez ! On va attendre l'avis autorisé de Nicolas…

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    2. Non. Les gens d'extrême gauche sont constants. Si je peux rendre service.

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  4. Les passages soulignés sont de vous ou de Bloy ?

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    1. Mon cher, vous lisez trop vite : il est dit en toutes lettres que c'est Bloy qui souligne…

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    2. Marchenoir... Bloy... il y a un rapport, tout de même.
      Je me demande simplement où il est allé pêcher ce pseudo.

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    3. Je le sais bien, qu'il y a un rapport ! Ce que je demande c'est à la suite de quels méandres intellectuels vous déduisez de ce rapport que Marchenoir N'A PAS lu Bloy…

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    4. Ah oui...
      C'est parce qu'il l'a avoué, je crois.

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    5. Désolé d'interrompre cette conversation pour indiquer que, bien évidemment, j'ai emprunté mon pseudonyme au personnage de Léon Bloy, que, bien évidemment, cela signifie que j'ai lu Léon Bloy, et que, bien évidemment, cela signifie que j'aime Léon Bloy.

      Bien sûr, je suppose que le plus intéressant, dans une discussion littéraire concernant Emile Zola et Léon Bloy, c'est de se livrer à des attaques personnelles contre un obscur commentateur anonyme qui n'est même pas présent, pour l'accuser de ne pas avoir lu tel ou tel (comme si cela aurait été un crime si cela avait été vrai) et pour se demander d'où il tire son pseudonyme.

      Heureusement que nous avons affaire à un Professeur de Philosophie qui a Beaucoup Lu et qui a une Très Grosse Bibliothèque.

      Il faut admirer le vice d'un Marco Polo qui met trois plombes à seulement comprendre la question de Dider me concernant, et qui finit par sortir : "C'est parce qu'il l'a avoué, je crois". Toute la perversion du personnage est dans le "je crois". Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.

      Il se trouve que ce que j'ai "avoué", un jour, il y a longtemps, pressé par le même cuistre infatué, c'est ce que je viens de dire, à savoir que Robert Marchenoir vient évidemment de Caïn Marchenoir, et que si j'ai pris ce nom c'est évidemment que j'ai lu le livre où figure ce nom -- et quelques autres.

      Mais Marco Polo se croit propriétaire de Léon Bloy, il est seul à avoir le droit d'aimer Léon Bloy, il est capable de dire, à distance, qui l'a lu et qui ne l'a pas lu, il possède aussi un don de divination qui lui permet de savoir que je ne lis pas de livres sans même savoir qui je suis, comme il a prétendu un jour savoir que j'étais un retraité d'EDF, etc.

      Tout cela parce qu'il est fonctionnaire, vexé à mort par mes critiques du fonctionnariat, et infoutu de les réfuter sérieusement.

      Heureusement que Marco Polo est professeur de philosophie ; qu'est-ce que ce serait si c'était un troll !

      Et c'est tout le problème avec les trolls : laissez-les parler tout seuls, et ils foutent la merde. Corrigez-les, et ils auront toujours foutu la merde.

      Je renouvelle donc mes excuses pour ce développement intempestif sur mon pseudonyme, qui n'intéresse absolument personne -- mais qui semble passionner le sieur Marco Polo, lequel s'accroche à mes basques comme un roquet, y compris en mon absence. Par conséquent, je vous prie de lui adresser vos éventuelles réclamations.

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  5. Dans son "Journal" Bloy raconte qu'il s'est rendu un jour chez Zola, qu'il détestait mais qui était très riche, pour lui demander de l'argent. Zola le renvoie poliment et sans un sous et Bloy fait trois pages pour expliquer que Zola vient de manquer l'occasion de se racheter (ou quelque chose du genre). Grand moment de rigolade. Le culot de Bloy est incroyable.

    Quand je pense que "notre" Marchenoir n'en a jamais lu une ligne...

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    1. Pourquoi dites-vous ça ? (À propos de Marchenoir.)

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    2. Caïn Marchenoir, cher Didier. Personnage de Bloy.

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  6. Pardonnez moi, je viens de m'en apercevoir, c'est triste car on ne pourra pas l'interroger lui.

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  7. Bloy a un air de Nietzsche, vous ne trouvez pas ? En plus d'être contemporains.
    Je crois que c'est Frédéric Lenoir dans les Racines du Ciel de France Q qui en faisait les 4 figures majeures du XIX° en y ajoutant Saint Thérèse de Lisieux et Rimbaud !

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  8. Je me faisais une réflexion du même tonneau ce week end, Zola serait totalement oublié sans son "j'accuse". Je trouve le naturalisme comme un des mouvements littéraires les plus ennuyeux qui soit...On m'a fait lire plusieurs Zola au lycée, jamais pu aller au bout d'un seul...

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    1. Pas du tout d'accord avec vous : Zola me semble être un véritable romancier, mais pas forcément pour les qualités qu'on lui attribue généralement. En très bref, il est écrivain quand il n'est pas naturaliste.

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    2. Il est vrai que le système naturaliste avec son côté déterministe et mécanique est assez pénible chez Zola, mais c'est malgré tout un romancier beaucoup plus puissant que Bloy. L'entreprise des Rougon-Macquart reste tout de même un des édifices les plus vertigineux et les plus passionnants de la littérature française, alors que "Le Désespéré" ou "La femme pauvre" sont souvent bien poussifs et — si l'on me passe l'expression — étouffe-chrétien. Cela dit, la méchanceté jubilatoire du Bloy pamphlétaire de l'"Exégèse des lieux communs" ou des "Propos d'un entrepreneur de démolitions" n'a rien perdu de sa force et de sa grandeur.

      Je suis souvent étonné de la façon expéditive dont on aime faire table rase sur Internet : ces affirmations lapidaires où, dans un commentaire comme celui de cherea, l'on règle en quelques mots le sort d'un écrivain de la carrure de Zola sont vraiment stupéfiantes, et en disent long sur notre époque de "Grande Déculturation", pour citer un autre très bon auteur.

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    3. D'accord avec vous, et sur Zola et sur Bloy.

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    4. @Emmanuel F.

      Je ne vais évidemment pas écrire une thèse sur un écrivain que je prise très peu, donc je le fais en quelques mots ce qui est tout à fait logique. Est-ce que je vous demande d'argumenter sur 3000 caractères votre ennui que vous avez à lire Gracques ou Orhan Pamuk? Je garde mes emphases type "édifice vertigineux et passionnant" pour ceux que j'aime lire, dont Zola ne fait assurément pas partie.

      Après vous pouvez argumenter autant que vous voulez, je trouve que le naturalisme est un courant très limité et très daté, sans réelle continuateur et aussi chiant qu'un jour de pluie, voilà c'est mon avis, mais si on ne peut s'attaquer à des écrivains que vous considérez comme des citadelles imprenables, dont le vertige vous assomme, il n'y a aucune raison de débattre, débat qui me semble qu'appelait le titre... Et puis, vos petits clins d'oeil au tôlier du blog relatifs à R.C. afin d'essayer de vous mettre l'hôte dans la poche sont assez pathétiques...tentative tout à fait ridicule et complètement ratée, que D.G., fait mine d'ailleurs de ne pas relever avec pas mal d'élégance d'ailleurs.

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    5. "Et puis, vos petits clins d’œil au tôlier du blog relatifs à R.C. afin d'essayer de vous mettre l'hôte dans la poche sont assez pathétiques..."

      Il se trouve qu'avant qu'il tienne ce blog, je discutais déjà il y a quelques années avec Didier Goux sur le forum des lecteurs de R.C. Alors franchement, plus qu'un clin d’œil, c'est plutôt un amical souvenir...

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    6. Et puis tout de même : Zalo ou les douze journées de Saddam, c'est pas mal du tout !

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    7. C'est pourtant vrai que, dans une autre existence, ce forum a été vivant…

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  9. "si Émile Zola vivait aujourd'hui, il ferait un parfait blogueur d'extrême gauche. "

    Il me semblait que l'extrême gauche était moins "amicale" avec les juifs...

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    1. Vous pensez cela parce que vous confondez encore le mauvais antisémitisme (de droite) et le gentil antisionisme (de gauche). C'est pourtant pas faute de vous avoir tout bien expliqué, bon sang ! Mais vous devez être, j'imagine, irrécupérable au point de voir des points de ressemblance entre l'islam et l'islamisme, alors que chacun sait bien que chacun ignore tout de l'autre.

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    2. Pardonnez moi Didier, je ne suis qu'un humble chien d'infidèle agnostique.

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  10. Soyez gentil de m'expliquer en quoi la phrase : « Quelques furieux de l'été dernier ont vu s'éteindre leur fureur dans le mépris équitable où se noyèrent indistinctement tous les mimes de la farce atroce. » vous donne une envie immédiate de refermer le livre. J'avoue que je ne vois pas.

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    1. Je la trouve excessivement chargée ; "bourrative", si vous préférez. Et, au fond, à peine compréhensible.

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    2. C'est un style qu'on retrouve dans les discours du maire de Champignac, dans les aventures de Spirou, sous la plume de Franquin.

      Le propos, abscons, est sa propre caricature. Pour le tourner en dérision, il suffit en général de le citer in extenso.

      Mais quand on le conçoit à la façon d'un Desproges, il devient poétique, à la condition d'avoir recherché un effet humoristique, souvent par la dérision ou l'autodérision.

      Ici, le contexte est trop sérieux pour imaginer que Zola ait pu vouloir actionner un ressort de l'humour. Pourtant c'est assez drôle: il fait l'oraison funèbre d'une personne, le capitaine Dreyfus, qui n'est pas encore morte et qui d'ailleurs lui survivra.

      Zola est décédé d'un accident domestique en 1902, l'affaire Dreyfus n'étant pas encore close. Lors du transferts de ses cendres au Panthéon en 1908, le capitaine Dreyfus est victime d'un attentat qui aurait pu lui coûter la vie.

      Les deux hommes sont liés dans la mort. C'est toute l'étrangeté de l'hommage de Zola à Dreyfus: c'est une oraison funèbre faite à un vif par un mort en sursis. Et le survivant échappe de peu à la mort au moment du transfert des cendres de l'autre.

      Aujourd'hui le style dithyrambique de Zola fait sourire parce qu'on a oublié la dimension tragique de l'affaire qui l'a mis en mouvement.

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    3. Les discours que FRANQUIN fait tenir au maire de Champignac sont d'une autre tenue quand même !

      On ne peut pas les confondre, au risque d'insulter la mémoire du grand Franquin...

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    4. Ah oui, je comprends. Moi j'aime bien le style bourratif et étouffe-chrétien.

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  11. Bloy est écrivain qui me laisse une impression mitigée. Son style est puissant ; il lui arrive d'être génial. Mais lorsqu'il s'est choisi une cible, il charge en écrasant tout sur son passage comme un rhinocéros furieux, et ses développements ne sont pas toujours bien convaincants.

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  12. Mais personne ne parle de Zola, ici ! C'est comme quand on dit que Victor Hugo est un crétin. Un génie idiot. Et l'on cherche mille petits trucs ridicules...
    Zola, c'est Coupeau sur le toit, Nana qui le regarde et voit sa chute, c'est l'explosion dans la mine, c'est les dernières pages de Germinal (on peut en rire avec un air entendu, on en sera d'autant plus crétin et bouché à l'étoupe)... Pour moi, c'est ma première lecture de roman d'adulte. J'étais en sixième, et à l'étude du soir, un garçon de onze ans, dont j'étais un peu amoureuse, avait mordu la main du surveillant qui prétendait lui confisquer son Assommoir sous prétexte que les exercices de mathématiques n'étaient pas terminés.
    Le garçon avait été prié d'aller s'expliquer chez le proviseur, et moi j'avais ramassé le livre par terre. Oh, bon sang... je l'ai ouvert à la page où la petite Lalie se fait massacrer par son père qui a déjà tué la mère à coups de pied au ventre, quelqu'un se souvient de ce passage ? Du coup, rentrée chez moi, j'ai lu le livre. Le garçon n'est jamais revenu en cours, je ne sais pas ce qu'il est devenu.

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    1. Ah oui, L'Assommoir, ça me dit quelque chose !

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    2. C'est que mon sujet était plutôt Léon qu'Émile…

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    3. Qu'est-ce qui nous reste de Bloy ? Sa méchanceté. On lit encore Zola, mais qui lit Bloy, Daudet... Il y a une insulte contemporaine: "toi, tu ne sers à rien". à quoi servaient ces hommes de leur vivant, à quoi servent-ils maintenant ?
      Zola se réincarnant en modernoeux d'extrême gauche... Bouh, j'ai lu au moins cent fois sur ce blog qu'il ne fallait pas balader les écrivains ou les hommes politiques d'une époque à l'autre, ne pas juger leurs paroles et leurs écrits à l'aune de ce qui est dans l'air du temps.
      Les petits Des Esseintes des blogs me font rigoler. Je suis d'accord avec le commentaire d'Emmanuel F (17 h 24)

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    4. "Qu'est-ce qui nous reste de Bloy ? Sa méchanceté. On lit encore Zola, mais qui lit Bloy, Daudet..."

      J'avoue que je ne comprends pas très bien le sens de ce propos. Il y a des tas de gens qui lisent Bloy et Daudet, dont les œuvres principales sont rééditées (par exemple dans la collection "Bouquins"), et tout cela sans l'aide de la presse, de l'affaire Dreyfus sans cesse recommencée et de l'école, qui au contraire abreuve abondamment les gosses des insanités zoliennes.

      Quant à savoir qui sert à quelque chose, cette question me dépasse. Ce qui est certain c'est que prendre la défense de Zola ne sert à rien : il est déjà obligatoire de l'admirer, que voulez-vous de plus ? Que l'on cesse d'admirer ceux qui ne l'aimaient pas ? C'est un peu fort.

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    5. D'accord avec Suzanne pour l'Assommoir, mais les longues descriptions avec accumulation de substantifs (les mets dans la charcuterie et les divers étals du "Ventre de Paris" , les fleurs dans "La faute de l'abbé Mouret", etc.), je trouve ça lourd et ennuyeux. Quant aux explications pseudo-scientifiques des mœurs dévoyées de la famille Rougon-Macquard du "Docteur Pascal" elles sont plutôt ridicules.

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    6. Les gosses abreuvés des insanités zoliennes ? Si au moins c'était vrai ! Quand je feuillette les livres de classe des élèves de collège, ce sont plutôt les insanités d'Orsenna, d'Alexandre Jardin, de Pennac ou d'Anna Gavalda que j'y trouve, à côté des niaiseries de Grand Corps Malade et de Pierre Perret. Je ne suis pas certain que l'on ait gagné au change !

      Et soit dit en passant, Bloy a lui-même reconnu, après la mort de Zola certes, les grandes qualités de romancier de ce dernier.

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    7. Marco Polo: "Il y a des tas de gens qui lisent Bloy et Daudet,"
      Grand bien leur fasse, et ce n'est pas moi qui tenterai de les en dissuader, bien au contraire. Lisez, lisez, lisons...
      Mais vous ne trouvez pas que Zola a une autre stature que Bloy ? Franchement ? Imaginez que vous êtes avec un groupe d'extraterrestres (bon, ok, à la place d'extraterrestres mettons des étrangers incultes mais pas trop cons) qui ignorent tout de notre littérature dans une bibliothèque, et vous devez leur sélectionner ce qui est important à lire rapidement pour mieux la connaître. Vous zapperiez Zola ? Vous y glisseriez du Bloy ?
      "Les gosses abreuvés des insanités zoliennes ?" s'étonne Emmanuel F, avec qui je suis encore une fois d'accord. Je m'en étonne aussi. Les gosses... Mais quels gosses ?
      Si vous lisez Zola,(Germinal, l'Assommoir) Hugo (Les Misérables) à douze ans, vous êtes de plain- pied dans notre monde, même si les enfants crevant de faim, vendus, esclaves, sont dans d'autres pays. La main qui soulève le seau de Cosette, Nana qui couche avec des bourgeois pour sortir de sa condition...
      Ce n'est pas que Bloy ne sert à rien (je déteste cette expression, en fait), mais bon... vous ne le ferez pas lire à des collégiens (à part peut-être ses nouvelles, style "La Tisane" où même un bon lecteur se demande ce que l'écrivain a voulu fichtrement écrire, parce qu'on ne comprend même pas si la tisane était empoisonnée ou bien si le gosse est mort de stupéfaction maline).
      Oui, et alors ? un grand auteur, un bon auteur, doivent-ils obligatoirement être au niveau d'un collégien ? Non, évidemment.
      Mais Zola est un plus grand auteur, plus important, que Bloy.

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    8. Athéna: il a écrit pas mal de niaiseries aussi: "Le rêve", par exemple, ou certaines scènes ahurissantes, comme l'autocombustion de je ne sais plus qui dans "Le Docteur Pascal". Mais n'empêche...

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    9. Suzanne :
      je vous trouve excessivement sévère avec Bloy, et excessivement indulgente à l'égard de Zola.
      Bloy est selon moi l'un des tout meilleurs écrivains français. J'ai lu son journal deux ou trois fois, dans le désordre d'abord, dans l'ordre ensuite. Essayez de trouver quelqu'un d'autre qui soit capable de dire toujours la même chose sans jamais ennuyer le lecteur !

      J'ai lu aussi les nouvelles. Le recueil sur la guerre de 1870 est extraordinaire : c'est l'équivalent du Ambrose Bierce sur la guerre de Sécession ; une vision brutale, sanguinaire et grandiose.

      J'accroche moins (comme on dit) sur les deux romans.

      Quant à Zola, je peux vous dire, en tant qu'enseignant, que tous les élèves connaissent pour en avoir lu au moins des extraits, et souvent un roman entier. Moi je trouve Zola épouvantablement faux et dépassé. Cette espèce de déterminisme imbécile, par exemple. Quant à Hugo, qui peut encore prendre ce type au sérieux ? Un gars qui a dit qu'ouvrir une école c'était fermer une prison, et autres niaiseries de ce genre ?

      Hugo et Zola ont tort. Le monde qu'ils espéraient est une machine à tuer les âmes. Bloy n'a pas sali le monde que j'aimais, il n'a pas contribué à l'aveulissement des hommes, ne les a pas confortés dans l'idéologie mortifère dont on mesure aujourd'hui les résultats. Et n'allez pas me dire que je fais dans l'anachronisme en traçant cette ligne droite entre Zola, Hugo et Hollande. Bloy, précisément, et Barrès par exemple, ou Léon Daudet (les deux derniers sur un mode plus politique), disaient déjà où nous menaient ces deux monstres sacrés du misérabilisme le plus outrancier.

      Non seulement on ne lira bientôt plus ni Zola ni Hugo, mais je fais le pari que l'avenir les maudira et même les vomira.

      (Enlevez les accès de grandiloquence et vous aurez le fond de ma pensée sur ces auteurs. Cependant je dois bien avouer aussi que je n'irais pas jusqu'à mourir pour défendre cette position : Zola et Hugo m'incommodant fortement, je les ai finalement assez peu lus. C'est toujours le problème quand on explique pourquoi on ne lit pas plus tel ou tel auteur... Je constate, de plus, que vous n'êtes pas vous-même aveugle devant certaines niaiseries de vos héros, et je suis donc tout à fait prêt à vous reconnaître le droit inaliénable de les aimer sans ridicule).

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    10. Je précise, même si tout le monde s'en fout, que je me range sous la bannière de Suzanne et non sous celle de M. Polo. Zola me semble un meilleur et plus important écrivain que Bloy.

      La grande faiblesse de Zola, c'est précisément ce par quoi il se croyait novateur, original (le naturalisme, l'hérédité, etc.) ; et sa force c'est ce qu'il n'a peut-être pas vu lui-même : la puissance de ses propres pulsions, attirances et dégoûts, sa capacité à rendre les sons, les odeurs, et surtout les matières, etc. Zola est un bon exemple d'écrivain malgré lui.

      Ce qui lui fait du tort, aussi, c'est que les vingt volumes des Rougon sont très inégaux. Si Pot-Bouille, Nana ou La Conquête de Plassans sont superbes, il en est d'autres qui sont à périr d'ennui : Le Rêve (que citait Suzanne), Une page d'amour, voire La Faute de l'abbé Mouret. Plus, évidemment les trois villes et ce qui est écrit des évangiles.

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    11. "Non seulement on ne lira bientôt plus ni Zola ni Hugo, mais je fais le pari que l'avenir les maudira et même les vomira."
      Marco Polo: je fais le pari contraire. On se retrouve dans deux siècles et on en reparle ?
      Je ne me moque pas. Les héros de romans, les écrivains et leurs inventeurs (c'est à dire les lecteurs, puisque celui qui trouve un trésor est son inventeur) se retrouvent après leur mort dans un autre monde. Même les personnages secondaires, même les lecteurs pas très fins. "' Donc, j'irai vous voir quand vous discuterez avec Caïn Marchenoir. Je viendrai avec Verlaine, et on se sirotera une petite absinthe en regardant lee monde d'en bas. D'accord ? En attendant, je vais essayer de trouver le Journal de Bloy, ou les nouvelles dont vous parlez.

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    12. "les vingt volumes des Rougon sont très inégaux." Ah, oui ! Zola a un peu loupé son projet balzacien.

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    13. "Zola et Hugo m'incommodant fortement, je les ai finalement assez peu lus."

      Vous avez bien raison ; une lecture plus suivie aurait pu fausser le jugement que vous avez sur eux (et quand je pense que c'est un "enseignant" qui profère ces ridicules anathèmes sur ces deux magnifiques écrivains, je me dis qu'on est vraiment mal barré) !

      "Essayez de trouver quelqu'un d'autre qui soit capable de dire toujours la même chose sans jamais ennuyer le lecteur !"

      J'aurais bien un nom à suggérer, mais je crains que cherea m'accuse encore de chercher à tout prix à m'attirer les bonnes grâces de l'hôte de ces lieux...

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    14. Votre ironie de merde, Emmanuel F. (comme Fantoche), vous pouvez vous la foutre où je pense. Le jour où vous ferez ici autre chose que jouer la mouche du coche en essayant de vous faire valoir, on aura envie de vous répondre autrement qu'en vous chiant dans la gueule.

      Soit dit en toute amitié, et avec la certitude d'avoir lu davantage de Zola et de Hugo que vous.

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    15. Suzanne :
      Eh bien, soit ! A vous revoir dans l'autre monde !

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    16. On vous sent un peu à cran, mon cher Marco ; les vacances prochaines seront sans doute les bienvenues !

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    17. Apprenez que les gens comme moi ne sont jamais en vacances.

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  13. Sans parler de sa vision des communards dans La Débâcle

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  14. Ben moi...j'ècoute du Bloy! (et autres Grands Personnages comme je me plait dire) allez sur litteratureaudio pour les ouïr...
    Desobligeant Bloy.Surtout là ou je n'ose comprendre,passage de ses "2 fantômes",de memoire car j'aime a rèecouter:...ces 2 anglaises vivaient du commerce des bestiaux;le trafic international de ces precieux nègres qui blanchissent en vieillissants.
    Personnellement la fin de cette phrase de Bloy me petrifie d'interrogation..
    Celle ci de Bloy "le peuple voulu qu'on lui frotta la plante des pieds avec le gras des p'tits boyaux"
    Si quelqu'un la comprend je lui serais reconnaissant!
    Dominique.

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    1. Dominique: vous gagneriez à le lire; à moins que le français ne soit pas votre langue maternelle, c'est un peu coupable de citer un écrivain avec un orthographe aussi gravement malade.

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  15. Merci Suzanne de votre cinglante remarque Kant a mon orthographe ;-) a 48a ce lieu commun,je ne me refais pas.
    Dominique.

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    1. Oh, Dominique, ce n'était pas cinglant. Comment peut-on faire autant de fautes quand on recopie, même si on a grosses, grosses, difficultés ? (Bon, dites moi que vous êtes aveugle et que vous avez eu des problèmes scolaires, que votre logiciel de conversion vocale est tout pourri, et je rentre dix pieds sous terre, mais sinon ?)

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  16. Suzannne j'ecris des commentaires depuis un iphone,j'y dècouvre recemment ou sont les accents,pas de correcteur orthographique et j ai de gros doigts maladroits sur un clavier format reduit;oui fracture scolaire alentour mes 8 ans,
    Je ne recopie que de memoire.
    J'ai envoyè precedent commentaire en vous disant "biscoco l'haricot biscoco l'haricot!elle a fait une faute!" qui n'est pas parvenu,je crois que c'est dû au fait que je suis connectè uniquement par iphone donc pas de liaison filaire,ce,depuis 2 ans,performant en fait ce wifi..sachant que ce commentaire pourrait ne pas parvenir;portez vous bien.
    Dominique.

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    1. Dominique, portez-vous bien aussi mais faites attention quand vous copiez. Sur ce, joyeux Noël !

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  17. Merci Suzanne bonnes fêtes a vous.Egalement au blogueur et celles et ceux assidus du lieu.
    Dominique.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.