Les prétendants vraiment sérieux semblent être au nombre de huit, comme les jours d'une semaine bissextile ou les trois mousquetaires en deux volumes. À tout seigneur tout honneur, commençons par les Européens. (Je mets leurs noms en rouge, car c'est la moindre des choses pour des cardinaux.)
– Durant tous les siècles où seul un Italien pouvait prétendre au trône de Pierre, il a été admis que l'archevêché de Milan et celui de Venise étaient les deux meilleurs marchepieds pour venir s'y asseoir. Dans la mesure où Mgr Angelo Scola est passé directement de la place Saint-Marc à celle du Duomo, on peut dire qu'il part favori. Et puis, quoi : il est temps de revenir à un pape italien, non ?
– Celui-là est Milanais aussi mais il n'est pas archevêque de Milan : il est ministre de la Culture du pape en partance. Vous imaginez Aurélie Filipetti devenir présidente de la République ? C'est bien pour cela que les chances de Mgr Gianfranco Ravasi ne sont pas des plus fortes. Par contre, en semant la division et la discorde parmi les cardinaux ritaux, il peut empêcher l'élection du précédent – ce qui serait très vilain.
– Il convient de le reconnaître, les catholiques du monde entier se sont, à l'usage, révélés fort satisfaits de leur pape polonais : est-ce une raison suffisante pour élire un Hongrois ? Un gamin, qui plus est, puisque Mgr Péter Erdő, archevêque de Budapest, a tout juste soixante ans. D'accord, il parle sept langues ; mais ce n'est pas une raison pour être hongrois. Cela dit, en tant que président du Conseil des conférences épiscopales européennes, personne mieux que lui ne connaît les Églises du vieux continent et les cardinaux qui les peuplent : ça doit aider, dans un conclave.
Pour les Européens, je crois que c'est tout : les Français peuvent aller se faire voir chez Plumeau. En revanche, si on veut un pape de langue française, là les chances augmentent considérablement avec…
– Mgr Marc Ouellet (pour faire plaisir à nos cousins, on prononcera Ouelett'…) est archevêque de Québec, c'est dire s'il jaspine la langue aussi bien que vous et moi, même si c'est parfois dans des tournures bizarres. Comme il est le patron de la Congrégation des évêques et aussi celui de la Commission pontificale pour l'Amérique latine, ce ne sont ni les amis ni les obligés qui lui manquent. S'il veut être élu, il faudrait juste qu'il cesse de lâcher à tout propos ses hostie de calice, tabernacle, calvaire et autres ciboire…
– Histoire de ne pas laisser notre Québécois se morfondre tout seul dans son Amérique du Nord, on lui adjoindra un pur natif de l'Ohio, Mgr Sean Patrick O'Malley, qui, dans sa lointaine jeunesse, a tenu le rôle du matou de gouttière dans Les Aristochats. Aujourd'hui, il porte une superbe barbe à la Landru, mais ça ne suffira pas, je le crains : comme c'est un méchant Yanki, tous les Latinos risque de voter contre lui. Mais on dit qu'il est très bien vu à Rome…
Et maintenant, passons aux candidats exotiques, aux cardinaux divers, aux papabile sensibles. Sortez les congas et les maracas…
– S'il est une Éminence qui ne craint aucune concurrence nationale, c'est bien l'archevêque de Tegucigalpa, (respirez bien à fond) Mgr Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga, puisqu'il est le seul cardinal de son Honduras natal. Au passage, quand on doit écrire le sien, on se dit que c'est vraiment une bonne et belle chose que les papes changent de nom une fois élus. Il a beau être vaguement de gauche, il était déjà papabile à la mort de Jean-Paul II, ce qui lui donne une certaine ancienneté dans le métier. De plus, comme il joue de la contrebasse, du saxophone, du piano et de la guitare, il pourra faire le bœuf au moment de la crèche.
– S'il est argentin de souche, Mgr Leonardo Sandri a un gros avantage pour s'installer à Rome : son nom italien. C'est ce qui s'appelle jouer sur les deux tableaux. En tant que substitut de la secrétairie d'État, c'est lui qui est apparu au même instant dans toutes les télés du monde, en 2005, pour annoncer la mort de Jean-Paul II. Il était, à ce moment-là, le numéro trois dans la hiérarchie vaticane, donc il connaît déjà bien le boulot. Et comme il est préfet de la Congrégation pour les Églises orientales, il peut toujours menacer ceux qui ne veulent pas voter pour lui de leur envoyer une escouade de tueurs russes.
– On termine en samba avec Mgr João Braz de Aviz, qui fut archevêque de Brasilia et qui, maintenant, bosse à Rome et non plus à nova (ce pitoyable calembour est un discret hommage à Nicolas, notre maître à tous). Lui, quand il était jeune prêtre, a été pris dans une fusillade (chose étonnante, dans ce pays si délicatement multiculturel) et s'est mangé une poignée de bastos dans les poumons et les intestins : cela ne l'a pas empêché de devenir cardinal ; et le voilà blindé contre un nouvel attentat, toujours possible s'il est élu.
Et alors ? Pas d'Africains ? vont s'époumoner nos belles âmes. Eh non, c'est encore un peu tôt pour eux, apparemment. C'est que les vieux cardinaux se souviennent encore de feu son Éminence Joseph Albert Malula, archevêque de Kinshasa, qui, lorsqu'il venait à Rome, voulait à toute force traîner derrière lui sa femme et les enfants qu'il lui avait faits, afin que Jean-Paul II les bénisse. Délicat…
Pour finir, et afin que nul ne vienne se foutre de ma poire si aucun de ces huit n'est élu, rappelons le fameux proverbe vatican qui a cours depuis des siècles : « Qui entre pape au conclave en ressort cardinal. »
Allez en paix, mes frères, il se fait tiare.
Quel coup de tonnerre que ce départ, tout de même !
RépondreSupprimer1. Votre jeu de mot final est à chier. Il est donc parfait.
RépondreSupprimer2. Celui sur bossa nova est à chier aussi et vous auriez pu éviter de m'y associer.
3 vous auriez pu citer un nègre, un pédé, un juif ou un musulmans. Surtout un nègre.
4. Un pape sud américain ? Et qui va payer l'avion pour qu'il aille retourner sa grosse ?
5. Sérieusement, comment vous connaissez tous ses guignols ?
Il se trouve que je viens de lire (pour mon travail) le livre de Caroline Pigozzi, la “spécialiste vaticane” de Match, qui s'appelle Vatican indiscret, paru ces dernières semaines. Je me suis contenté de reprendre la liste de ses papabile à elle…
SupprimerBen j'espère que vous n'aviez pas déjà rédigé votre article... Tout est à refaire...
SupprimerPourquoi à refaire ? Il ne démissionne plus ?
SupprimerAh ! Je pensais que vous aviez lu ce truc avant et que c'était le hasard s'il avait démissionné maintenant.
SupprimerMais c'est exactement ça, en effet ! Sauf que, vous avez raison, je n'avais encore rien écrit. (Je comptais faire un truc du genre “les coulisses du Vatican”, qui sera sans doute fait d'ici quelques semaines.) Donc, hier, apprenant ce que vous savez, j'ai tout de suite proposé de faire une présentation des papabile, ce qui a été accepté avec empressement, et écrit dans la foulée. Dès que la date de réunion du conclave sera connu, je vais sans doute en faire un autre sur les modalités de l'élection, avec petits rappels historiques amusants.
SupprimerAngelo Scola serait parfait, à mon avis, et pour conjurer le sort, il pourrait même choisir le nom de Celestino VI !
RépondreSupprimerOui, d'autant que ça va comme ça, les papes “exotiques” !
Supprimeron devrait peut être éviter l'italien non ?http://www.slate.fr:81/monde/68213/prophetie-benoit-xvi-fin-du-monde-saint-Malachie
RépondreSupprimerOui, enfin, saint Malachie (qui n'est pas plus saint que moi, en réalité), c'est à pêu près aussi sérieux que le calendrier maya, alors…
SupprimerHé ho ! vous m'avez oublié… mois aussi je suis Papabilable.
RépondreSupprimerJe serais le premier Pape marié trois fois… j'ai déjà eu des relations sexuelles avec un homme et je viens des banlieues africano-françaises.
C'est assez moderne çà, non?
Mais un pape peut très bien avoir été marié trois fois ! À condition que ce soit avant son accession à la prêtrise…
SupprimerVous avez oublié une information d'importance : l'élu sera le dernier pape. Ensuite c'est la fin du monde... Si ! Si ! Relisez un certain Malachie :-)
RépondreSupprimerGeneviève
Voir ma réponse à Olympe…
SupprimerJe pense que je vais me présenter à l'élection papale. Pourquoi ?
RépondreSupprimerD'abord, ayant été enfant de chœur dans ma jeunesse, je peux dire la messe en latin, ce qui pas de la petite bière, ça.
Ensuite je peux bénir de la main droite, et aussi de la main gauche, et même si on y tient, avec le pied. Avantage certain en une période où le fouteballe est roi.
J'exigerai comme vin de messe du Saint-Julien ou du Gevrey-Chambertin, pour la promotion de nos beaux vignobles français.
Toute ma camarilla sera habillée de rouge, de vert, de jaune, de bleu, de belles couleurs tranchées, des couleurs pas pâles.
Enfin, concession au Italiens (puisque je vivrai à Rome), j'instituerai les hosties à la pizza.
Je pense que ce dernier argument, par sa beauté et sa simplicité devrait remporter les suffrages des cardinaux.
Les cardinaux italiens et américains sans doute, mais les autres ?
SupprimerVous êtes dur avec les cardinaux français !
RépondreSupprimerPourtant, que je sache, Mgr Barbarin, n'a ni femme, ni enfants !
Le problème des papes français, c'est qu'ils veulent toujours s'installer à Avignon parce que c'est plus près de chez eux…
SupprimerNon, vous en oubliez, il y a aussi le viennois Christoph Schoenborn, le philippin Luis Antonio Tagle, l'americain Timothy Dolan, le brasilien d'origine allemande Odilo Pedro Scherer.
RépondreSupprimerLe seul français a être cité dans la presse italienne est Jean-Luis Tauran mais il y a aussi le cubain Jaime Ortega et l'argentin Mario Bergoglio.
Pour les africains vous vous trompez aussi, il y a le ghanéen Peter Kodwo Appiah Turkson, mais surtout le nigérien Francis Arinze. Ce dernier est le plus coté par les bookmakers.
On verra, on verra…
SupprimerBonjour Monsieur Goux :
SupprimerJe me permets d'émettre mon petit avis : actuellement les radios nous "bassinent" avec un éventuel pape noir qui, selon ces radios, sera bien meilleur que tous les papes précédents. Hum, hum... Les médias nous avaient déjà fait le coup du super président noir pour les Etats Unis, et résultat : bof, bof, bof, Obama, ce n'est vraiment pas un grand président... Donc, comme vous le résumez si bien : "on verra, on verra".
Ça, c'était aussi prévisible que la pluie d'automne en Normandie ! Tous ces progresseux (journalistes, blogueurs, artistes, etc.) qui font profession d'athéisme militant vont évidemment venir nous expliquer quel pape serait bon pour l'humanité et quel serait mauvais. Ils font le coup à chaque fois !
SupprimerHeureusement, les cardinaux se foutent royalement de leur “avis”.
Billet référence :)
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RépondreSupprimerJe m'étonne que l'insupportable bourde de Hollande - est-ce un pléonasme ? - hier pendant sa déclaration ne vous ait pas révoltée plus que cela ? "Nous ne présentons pas de candidat " . Consternant.
Je n'en avais pas encore connaissance lorsque j'ai écrit et publié ce billet. C'est en effet lamentable.
SupprimerPéter Erdő, Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga… ça y est, j'ai rétabli les accents convenables, il ne vous reste plus qu'à copier-coller, M. Goux, si vous le voulez.
RépondreSupprimerQuant à votre "Yankì", même converti en "yankí", il me paraît plus que douteux. Débarrassez-le de son accent, va…
C'est fait, grand merci !
SupprimerPour "Yanki" je plaide coupable ; pour les deux autres, c'est simplement que je ne sais pas où trouver ces fucking accents…
Ah ben ce serait bien si c'était un pape noir, un vrai noir d'Afrique, ça changerait les choses et... (non, je déconne) Impossible de ne pas entendre et lire cela au moins cent fois par jour, et ce n'est pas fini.
RépondreSupprimerCompte tenu de la manière remarquable dont les Africains gèrent leurs différents pays, je trouve que confier le Vatican à l'un d'eux serait en effet fort judicieux.
SupprimerJe vote Malula, sa femme, ses enfants, son ethnie, sa cahute, installée Place St Pierre, y a pas à chier, c'est de la balle !
RépondreSupprimerEh bien, l’Église a tout de même réussi à vous surprendre, Didier.
RépondreSupprimerAh merde z'avez pas eu François... Bah tant pis. Mais c'était un chouette billet quand même
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