Dans mon billet d'hier (juste sous vos pieds...), à propos de Jim Harrison, je disais que mon affaire commençait à tourner à la monomanie (à ne pas confondre avec la manomanie, qui n'est rien de plus que de la masturbation compulsive). En fait, en y réfléchissant, dans les brumes de l'eau minérale qui envape mon esprit, je m'aperçois que j'ai toujours - ou très souvent - lu de cette manière, par coulées massives et prolongées.
Se plonger dans l'oeuvre d'un auteur, ne plus lire que lui, devenir presque autiste (mais autiste reading, tout de même) à tous les autres, permet, il me semble, de franchir un pas de plus en direction de cet écrivain, voire de sauter à pieds joints dans le miroir tendu. Cela me paraît surtout vrai pour les romanciers, et bien davantage encore pour les plus prolifiques d'entre eux. Une personne lisant les cinq ou dix meilleurs romans de Balzac n'aura pas la même vision de lui que celle qui, comme je l'ai fait à une époque lointaine - et refait depuis -, entre dans la Comédie humaine par La Maison du chat-qui-pelote, pour en ressortir, quelques mois plus tard, par Le Lys dans la vallée.
Toute proportions gardées, cela vaut aussi pour un Simenon ou, on y revient, un Jim Harrison. Voilà des écrivains qui, à mon sens, doivent être pris (ou rejetés) en totalité - des écrivains "globaux". Qui appellent, chez leur lecteur, à une forme de cannibalisme. Ce qui n'est pas le cas, par exemple, de Zola ni de Hugo, qui supportent très bien d'être lus "par appartements", et qui, même, y ont avantage.
Cette "serial lecture" présente toutefois un risque non négligeable pour ceux qui la pratiquent, s'ils ne sont pas de grands lecteurs.
(Je considère qu'il y a des "grands" lecteurs et des "gros" lecteurs, de même qu'il y a des goinfres et des gastronomes. On peut très bien imaginer un grand lecteur se contentant d'une dizaine de livres par an, et un gros lecteur ne comprenant strictement rien aux cent cinquante qu'il a dévorés dans le même temps. Je crains d'être plus proche de cette seconde catégorie que de la première.)
Un risque, disais-je. Celui que fait courir à un esprit ordinaire une trop grande proximité avec la lumière dont il a besoin : d'un aveuglement plus ou moins important, d'une perte de lucidité. Toutes choses qui surviennent lorsque le plaisir de se retrouver "en terrain connu" prend le pas, ou au moins rivalise avec le jugement critique, face à une partie nouvelle de l'oeuvre déjà parcourue en tous sens. Dans ce cas, un seul remède : s'éloigner, se frotter les yeux, chasser de la rétine les papillons noirs, et y revenir quelques mois ou années plus tard.
Et si quelqu'un pouvait m'expliquer pour quelle raison je me suis brusquement attelé à ce charabia pseudo-littéraire, il me rendrait un signalé service.
Se plonger dans l'oeuvre d'un auteur, ne plus lire que lui, devenir presque autiste (mais autiste reading, tout de même) à tous les autres, permet, il me semble, de franchir un pas de plus en direction de cet écrivain, voire de sauter à pieds joints dans le miroir tendu. Cela me paraît surtout vrai pour les romanciers, et bien davantage encore pour les plus prolifiques d'entre eux. Une personne lisant les cinq ou dix meilleurs romans de Balzac n'aura pas la même vision de lui que celle qui, comme je l'ai fait à une époque lointaine - et refait depuis -, entre dans la Comédie humaine par La Maison du chat-qui-pelote, pour en ressortir, quelques mois plus tard, par Le Lys dans la vallée.
Toute proportions gardées, cela vaut aussi pour un Simenon ou, on y revient, un Jim Harrison. Voilà des écrivains qui, à mon sens, doivent être pris (ou rejetés) en totalité - des écrivains "globaux". Qui appellent, chez leur lecteur, à une forme de cannibalisme. Ce qui n'est pas le cas, par exemple, de Zola ni de Hugo, qui supportent très bien d'être lus "par appartements", et qui, même, y ont avantage.
Cette "serial lecture" présente toutefois un risque non négligeable pour ceux qui la pratiquent, s'ils ne sont pas de grands lecteurs.
(Je considère qu'il y a des "grands" lecteurs et des "gros" lecteurs, de même qu'il y a des goinfres et des gastronomes. On peut très bien imaginer un grand lecteur se contentant d'une dizaine de livres par an, et un gros lecteur ne comprenant strictement rien aux cent cinquante qu'il a dévorés dans le même temps. Je crains d'être plus proche de cette seconde catégorie que de la première.)
Un risque, disais-je. Celui que fait courir à un esprit ordinaire une trop grande proximité avec la lumière dont il a besoin : d'un aveuglement plus ou moins important, d'une perte de lucidité. Toutes choses qui surviennent lorsque le plaisir de se retrouver "en terrain connu" prend le pas, ou au moins rivalise avec le jugement critique, face à une partie nouvelle de l'oeuvre déjà parcourue en tous sens. Dans ce cas, un seul remède : s'éloigner, se frotter les yeux, chasser de la rétine les papillons noirs, et y revenir quelques mois ou années plus tard.
Et si quelqu'un pouvait m'expliquer pour quelle raison je me suis brusquement attelé à ce charabia pseudo-littéraire, il me rendrait un signalé service.
Ne vous auto-flagellez pas cher Didier ! Votre prose post-prandiale est parfaitement digeste. Quant au motif intime de son épanchement, difficile de l'expliquer. Un bon déjeuner dominical induit souvent une torpeur invitant l'esprit à vagabonder......( en médecine on l'appelle "vague alcaline post-prandiale", terme barbare je vous l'accorde ).
RépondreSupprimerSacré bonhomme que Jim Harrison et en plus il aime le Vacqueyras...
Houlà ! mieux vaut stopper là, je surfe moi aussi sur la vague alcaline.
Bonne soirée.
Pour la dernière question, c'est simple. Madame est rentrée, plus question de passer l'après midi à mater des séries américaines à la télé. Faut faire semblant d'être intelligent.
RépondreSupprimerMais pourquoi il me tape dessus, ce troll ? J'ai rien dit, j'ai rien fait .... c'est la digestion comme dirait Monsieur Pluton !
RépondreSupprimerPluton : aucune torpeur ni lourdeur digestive à craindre, vu que j'ai mangé ceci...
RépondreSupprimerFranssoit : l'explication est ingénieuse !
C'est pas un troll, Catherine, c'est M'sieur Franssoit !
RépondreSupprimerC'est une immersion, en quelque sorte.
RépondreSupprimerNe cherchez pas, c'est l'eau.
J'ai une autre théorie, comme vous réfléchissez trop, vous répondez à des questions qu'on ne vous pose pas, selon deux axes ;
RépondreSupprimer1 - vous répondez aux questions que vous aimeriez qu'on vous pose.
2 - vous répondez aux questions que vous n'ameriez pas qu'on vous pose.
Bref, vous êtes cinglé ; bienvenue au club !
Dorham, c'est une maladie des blogs, je suis en effet perpétuellement tenté de répondre à des questions qu'on n'imaginerait même pas me poser.
RépondreSupprimerAllez, moi aussi c'est ma matinée de bonté, c'est très intéressant ce que vous pondez, notamment sur Hugo et Zola qui gagnent à être lus par tranche.