John William Waterhouse, Écho et Narcisse. |
Être de gauche, c'est se fabriquer une belle âme à petits frais ; le progressisme dans le miroir. Mais cela ne suffit plus à certains : comme des junkies de la vieille école, ils se voient contraints d'augmenter les doses pour ressentir les bienfaits habituels. Ainsi fait, fait, fait Maître Dedalus, sinistro-blogueur labellisé. Dans son dernier billet, ce bon garçon commence par s'étonner que les moins gagnant de nos concitoyens puissent encore envisager de voter pour Nicolas Sarkozy, alors que c'est contraire à leurs intérêts. Les moins-gagnants sont des cons : ils ne savent même pas où sont leurs intérêts. Maître Dedalus, lui, le sait, bien entendu (il est de gauche, rappelons-le), mais les moins-gagnants, décidément bien désagréables, refusent de se laisser guider par lui – salauds de pauvres. De toute façon, c'est sans importance car le vrai sujet de son intervention n'arrive qu'ensuite, au moyen de cette habile et discrète “cheville” (c'est moi qui souligne) :
« Je ne parviens pas à comprendre que vous ne vous soyez toujours pas rendu compte qu'il y va de vos propres intérêts que la droite se retrouve enfin éjectée du pouvoir. Et ce à peu près autant qu'il y va de mes propres intérêts qu'elle y demeure. »
La suite du billet vise à deux objectifs, l'un conscient, l'autre pas : le premier est de persuader les moins-gagnants que Sarkozy n'a fait qu'avantager les plus-gagnants dont Maître Dedalus fait partie ; le second est de détailler minutieusement et complaisamment toutes les richesses, immobilières, salariales et autres, dont il jouit avec sa petite famille. Si bien qu'il gagne sur deux tableaux a priori incompatibles : non seulement il parvient à susciter l'envie chez les moins-gagnants, à polariser leurs désirs sur sa personne, mais en outre, il porte sa belle âme à incandescence, il met son altruisme au carré, puisque, nanti, il va héroïquement continuer de voter pour cette gauche qui s'apprête à le tonsurer, au nom de l'intérêt général et du bien-être des plus démunis.
L'exercice manque en partie sa cible, simplement parce que sa satisfaction d'être ce qu'il est, à ce point admirable, a tendance à suinter un peu aux jointures du billet. Du reste, les brûlures de cornée n'étant pas sans conséquences fâcheuses, on espère pour Maître Dedalus qu'il avait pris la précaution de chausser ses lunettes noires avant de l'écrire, tant il semble ébloui de lui-même.
« …a tendance à suinter un peu aux jointures du billet. »
RépondreSupprimerMais c'est répugnant, dites donc.
La démonstration sur sa richesse supposée et les avandages induits grâce à la droite sent le fake à plein nez.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression qu'il se place dans la peau d'un riche pour mieux faire valoir ses arguments.
De qui, ce Narcisse ?
RépondreSupprimerJohn William Waterhouse. Je vais le rajouter en légende.
RépondreSupprimerMais il explique, le Dédalus en question, c'est parcequ'il a têté le marxisme à la mamelle. C'est comme le mécréant qui se marie et
RépondreSupprimers'obsèque à l'Eglise, Dédalus, sa
religion c'est la gauche et son
église c'est l'isoloir. Y peut pas s'empêcher, le mec, quand il faut
choisir le bulletin y fonce à babord toutes!
Cela dit, c'est en allant traîner
dans ce genre d'endroits que l'on
acquiert ses galons de blogueur de
gauche.
Amitiés.
Nouratin : merde, vous avez raison : j'aggrave mon cas pour le prochain classement topologique !
RépondreSupprimerIl a raison Nouratin. On s'en fout des copains de blog de Nicolas.
RépondreSupprimerFaites nous plutôt un petit billet bien maurrassien. Je vous trouve un peu centriste ces temps-ci. Voire indifférent. Camusien avachi pour tout dire.
L’assistanat ?
RépondreSupprimerMais ce sont les riches, les assistés de ce système, ceux qui bénéficient le plus des largesses de l’Etat – c’est-à-dire de vos impôts.
Bingo !
Avec ces oiseaux là c'est toujours la même histoire : quand on baisse vos impôts c'est une "largesse" qu'on vous fait.
La propriété, "droit inviolable et sacré" ?
Connais pas.
Et les riches qui "deviennent plus riches sur votre dos".
Tout y est.
Bravo Didier, beau spécimen.
C'est un joli nom "Camarade"
RépondreSupprimerC'est un joli nom tu sais.
Et goulag. C'est un joli nom goulag. Ca me rappelle un archipel.
Mais National-socialisme...
Pourtant, dans ce mot composé, il y a "socialisme".
C'est un joli mot, ça, socialisme.
Mais alors quoi ?
Ah oui je vois.
Socialos de vaisselle...
RépondreSupprimerOui.
Encore faudrait-il que ceux qui vont voter pour eux, sachent pour qui ils vont voter
Un peu de ruse ne fait aucun mal aux muses ..
RépondreSupprimer.. Voici les paroles de gagnant perdant :
Tous ces beaux jeux inventés
Pour passer devant les premiers
Pour que chacun soit écrasé
S’il refuse encore de plier
Les dégâts, les excès
Ils vont vous les faire payer
Les cendres qui resteront
C’est pas eux qui les ramasseront
Mais les esclaves et les cons
Qui n’auront pas pas su dire non
Nous on n’veut pas être des gagnants
Mais on acceptera jamais d’être des perdants
Pimprenelle et Nicolas
Vous nous endormez comme ça
Le marchand de sable est passé
Nous on garde un oeil éveillé
O la peur, ô le vide
O la victoire des avides
Faut pas bouger une oreille
Toutes sortes de chiens nous surveillent
Pas un geste, une esquisse
Sinon on tourne la vis
Nous on n’a rien à gagner
Mais on ne peut plus perdre puisque c’est déjà fait.
Toi qui viens de loin d’ici
Avec Ta peau et Tes os
On t’a parlé du paradis
On t’a menti, tout est faux
O mon ami o mon frère tout ce nerf
Perdu pour la guerre
Tu vas voir tout l’amour
Qui traîne au fond du discours
Dis t’en veux des papiers ?
Dis tu l’as vu mon palais ?
T’auras rien, c’est ainsi
C’est pas fait pour les perdants, le paradis
Il y a la chair à canon
Il y a la chair à spéculation
Il y a la chair à publicité
Enfin y’a tout ce que vous aimez
Vous et moi on le sait
Le spectacle est terminé
Pourtant c’était presque idéal
C’était loin du féodal
Oh maint’nant c’est foutu
Ça fait joli dans ton…
Fort intérieur c’est gênant
De rejoindre comme ça la cohorte des perdants
Il faut pas se faire d’illusions
Mais c’est mieux debout pour l’action
Et pour nos âmes, c’est égal
Dieu n’est pas dans la bataille
O messieurs les décideurs
De toutes parts, de tous côtés
Sachez que profond dans nos coeurs
On n’arrête pas le progrès
Sous l’Iris, sous la peau
Sous les ongles et dans l’étau
On pourra toujours refuser
De devenir les premiers ou les derniers
Pas de leaders triomphants
On s’ra jamais des gagnants ni des perdants