dimanche 31 août 2014

La vulgarité protocolaire

Gaston Jean Baptiste de France (1608 – 1660), duc d'Orléans, dit Grand Monsieur.

C'est donc lui, frère du roi Louis XIII et oncle de son successeur, qui est le héros de l'anecdote suivante, laquelle tombe évidemment de la plume de Tallemant des Réaux. Comme dirait Paul Léautaud : elle n'est pas dans un pot.

M. d'Orléans a tousjours l'esprit un peu page*. Un jour qu'il vit l'un des siens qui dormoit la bouche ouverte, il luy alla faire un pet dedans. Ce page, demy-endormy, cria : « Bougre ! je te chieray dans la gueule. » Monsieur avoit passé outre. Il demande à un valet de Chambre nommé du Fresne : « Qu'est-ce qu'il dit ? – Il dit, Monseigneur, » dit gravement le valet de chambre, « qu'il chiera dans la gueule de Votre Altesse Royale. »

Et voilà qui, me semble-t-il, clôt superbement ce mois d'août : en cette veille de rentrée roturière, un peu de noblesse ne pouvait pas nous faire de mal.


* Je suppose que, de nos jours, on pourrait remplacer le “page” de Tallemant par notre plus moderne “potache”…

16 commentaires:

  1. C'est à ce goût pour la scatologie qu'on peut deviner que vous êtes resté très jeune d'esprit.
    Mais ne changez rien, le "plus moderne potache" vous décevrait à tout coup, par la laideur et la bassesse de ses raccourcis qui n'auraient plus rien de ce je ne sais quoi qui arrive encore à nous réjouir dans les circonstances les plus dégradantes.

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  2. La noblesse des pets, en quelque sorte.

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  3. Puisqu'on parle protocole, encore que ce soit par la bande et me serve d'alibi pour caser ce commentaire, il me revient cette phrase que Pie XI adressa à un camérier secret qui avait eu l'audace de lui suggérer d'alléger certaines règles protocolaires. Pie XI répliqua : "Apprenez que le protocole sert à remettre à leur place les personnes qui ne savent pas rester à la leur." C'est d'ailleurs un des malheurs de notre époque, presque plus personne ne sait rester à sa place. C'est la marque des temps dits démocratiques, ceux où n'importe quel foutriquet, tout juste bon à être secrétaire de sous-préfecture, peut briguer la magistrature suprême sans déclencher l'hilarité générale, et être élu.

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  4. Trois fois le mot "dire" en moins de dix mots, ligne cinquième de votre billet, et vous voudriez nous faire avaler le génie de ce chroniqueur de bas étage ? Je comprends maintenant que vous nous faisiez marcher !

    Ce qu'il y a d'intéressant, dans l'anecdote, c'est qu'elle ne nous apprend strictement rien sur le monde et sur la vie, sinon qu'un type plein de pognon et de pouvoir se comportait aussi comme un goret. Le drame, c'est donc bien d'en rester à l'anecdote, justement, ce dont on fait difficilement de la littérature. Les dits de cour, les rumeurs, les plaisanteries, les bons mots et mots d'esprit, tout cela prend un sens quand on est capable de soulever un coin du voile, quand on touche une vérité. Que sait-on de plus sur le monde après cette anecdote dérisoire ? Quelle vérité touchons-nous du doigt ?

    Mais tout cela vous le savez fort bien, M. Goux. Vous prenez seulement un malin plaisir à humilier vos lecteurs qui s'obligent à vous suivre dans vos admirations feintes et à gloser savamment sur des citations que vous savez grotesques.

    Désolé, avec moi cela ne prend pas.

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    1. Cela a semble-t-il suffisamment "pris" pour que vous chinoisiez, ergotiez, décortiquiez et coupiez les cheveux en quatre, jusqu'à avoir écrit le commentaire le plus long que ce billet ait inspiré !

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    2. Vous ne faites pas dans l'humour potache, vous.

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    3. « Désolé, avec moi cela ne prend pas. » De mieux en mieux, El Polo. il va bientôt atteindre le firmament de la Bloge.

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    4. Georges et Mildred se montrent beaucoup moins subtils que Mandos. Aveuglés par la haine qu'ils vouent au brillant Marco Polo, ils ne voient plus les panneaux dans lesquels on veut les faire tomber. Ils sautent à pieds joints dans le piège en s'imaginant malins.

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    5. Moins subtils ? Oh ben tu parles ! Carrément, oui ! Et j'te parle même pas d'El Polo, paske là, quoi, j'ai envie d'dire, c'est même pas envisageable… On n'est pas fou, non plus, onvadir…

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    6. C'est tout ce que vous avez à dire ? Vous baissez, Georges. Avouez plutôt franchement que vous avez trouvé votre maître, et n'en parlons plus.

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  5. Ce matin, lisant un article de Eric Neuhoff sur le tournage du film "Le Mépris", voilà ce qu'il écrit : "Dans le film Bardot... est nue, à plat ventre, une "Série noire" posée sur les fesses. Pour éviter les coups de soleil ? Avec un peu d'attention, on distingue le titre, "Entrez sans frapper".
    C'est du "moderne potache" à la Godard dont Bardot disait qu'il était un "intello cradingue et gauchisant" !

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  6. Certaines personnes n'ont point besoin que l'po leurs pète sur la bouche pour avoir une haleine de poney, on a l'impression qu'ils pètent pas la bec.

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  7. Saisissante, cette anecdote qui nous prouve que nous sommes toujours les mêmes humains (enfin là il s'agit d'échanges entre hommes c'est quand même à noter) affligés d'un corps qui perturbe le langage.
    De l'Altesse Royale M. D'Orléans
    à ceux qui se prennent pour l'aristocratie du sport en s'affublant eux-mêmes du titre de gentlemen,
    pas une once de différence :
    http://www.rugbyfederal.com/forum/viewtopic.php?pid=178348

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  8. Ce serait pas mal de connaître la définition de "bougre", aujourd'hui souvent réduit à une interjection. Pour le coup, ce page est plutôt cohérent dans son expression et n'a rien d'un "goret", il s'est simplement mis au niveau du bougre.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.