mardi 4 août 2009

La Barque des ombres et la Carte des vents

« Or à présent tout s'est apaisé, les œuvres sont là, les salles sont vides, le temps est étale, le paysage entre familièrement par les fenêtres, des jours entiers se passent sans qu'un seul visiteur fende cet air absent, foule ces dalles sans écho, s'avance entre ces livres, s'approche de cette barque ou se penche en avant pour déchiffrer tant bien que mal ces écritures hâtives, aux trois-quarts consumées par le feu. »

*****

« Non c'qu'est marrant c'est qu't'as des jours où l'mec i fait visiter lui-même, tu vois, c'est lui qui s'tape tout l'bla-bla genre servante du châtiau et tout, “ et les minots vous touchez pas les tableaux, siouplaît, vous criez pas, vous courez pas ”, et ça c'est quand même assez nul quelque part, bon, surtout si tu vois que déjà c'est quand même sa baraque, au mec, que c'est là qu'i crèche et tout, et ch'ais pas mais moi j'trouve que c'est quand même assez limite, comme plan, genre bon alors maintenant j'vous montre mon pieu, messieurs-dames, et alors oui c'te table c'est là qu'je bosse, enfin ch'ais pas mais moi ça m'gêne un peu, quelque part, même si bien sûr chacun i fait comme i veut hein... »

Renaud Camus, L'Inauguration de la salle des Vents, Fayard, pp. 104 & 154.

16 commentaires:

  1. Impressionnante la salle des vents ! Celle du trône et de l'abandon doit défier l'entendement. On se sent petit, mou, inconsistant.

    RépondreSupprimer
  2. L'Inauguration de la salle des Vents, buffet de petits fours au cassoulet et cidre ??? pasque si l'Camus y cause com' çô, on doit ben s'marrer.

    RépondreSupprimer
  3. Visité cet été le château de Joinville (Marne ou Haute-Marne) qui accueillait une exposition de JP Marschechi sur la Divine Comédie... Extraordinaire sensation de puissance. Mes parents, peu férus d'art moderne, ont été époustouflés et saisis par le travail de la cire et du feu.

    RépondreSupprimer
  4. Impressionnant d'un certain côté, très austère de l'autre...

    RépondreSupprimer
  5. L'oeuvre de Marcheschi s'accorde si bien aux murs de Plieux ! On ne sait quand on est là ce qu'on aime le plus. J'ai eu un peu cette même impression, au musée de Nemours, d'adéquation entre l'oeuvre et les lieux qui l'accueillent.
    En tout cas vous assurez doublement votre mandat de guide de ces lieux et il se peut bien que vous fassiez venir, par ces billets, quantité de nouveaux visiteurs. Il faudra maintenat compter avec la nouvelle catégorie des visiteurs-lecteurs-de-Didier-Goux !

    RépondreSupprimer
  6. Anonyme : non, on se sent joyeux et calme.

    Fidel : Camus n'cause pas comme il écrit (parfois), j'veux dire...

    Yibus : Marcheschi est très "lié" à Dante : il y a ici un "Dante et Virgile" et aussi un "Dante et Béatrice", dont il est difficile de se détacher. Et, en effet, le travail qu'il fait avec la cire et le feu (et l'écriture, très importante) est magnifique.

    Jeffanne : Austère, oui, en effet. Et, de ce fait, superbement adapté à Plieux.

    PRR : chaque soir qui passe me fait davantage VOIR ce que j'ai sous les yeux : expérience fascinante.

    Pascale : à vous, je ne dis rien : vous savez tout cela mieux que moi...

    RépondreSupprimer
  7. Je connaissais par Marcheschi. L'homme impressionne.

    RépondreSupprimer
  8. Appas : Marcheschi (que j'ai rencontré deux fois mais ne peux prétendre connaître est en effet un homme impressionnant : grande intelligence, superbe culture, acuité intellectuelle, vision du monde, etc. en plus d'être un artiste magnifique (il me semble).

    RépondreSupprimer
  9. J'ai oublié de fermer une parenthèse quelque part...

    RépondreSupprimer
  10. L'inauguration de la salle des vents, avec Berurier, ça devait être quelque chose.

    RépondreSupprimer
  11. Appas : vous pouvez écouter Marcheschi

    RépondreSupprimer
  12. Passages du texte on ne peut mieux choisis ! Merci Didier de nous faire partager tout cela.

    RépondreSupprimer
  13. Nicolas : mais pourquoi étais-je sûr que vous alliez LA faire ?

    Les autres : ben... rien de particulier, en fait.

    RépondreSupprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.