mercredi 30 mars 2016

Retour de couches façon boomerang


Je sais que cette illustration a de quoi surprendre. 
Mais elle s'expliquera par la lecture du journal.

mardi 29 mars 2016

Fukushima ? Ni morts, ni cancers !


Ah, ils ont bonne mine, nos écolos de vaisselle, si même l'ONU commence à disperser leurs fantasmes rétrogrades façon puzzle ! À moins que les commissions scientifiques mandatées par icelle ne soient méchamment noyautées par le très-fameux et très-méchant lobby nucléaire. Dans le doute, les journaux français, à deux ou trois exceptions près, ont gardé un pieux silence sur cette information pourtant sensationnelle : à l'heure actuelle, cinq ans après sa survenue, l'accident de la centrale de Fukushima n'aurait entraîné aucune mort (par radiations) ; de surcroît, nulle augmentation des cancers, thyroïdiens et autres, n'a pu être décelée. C'est vraiment, des informations pareilles, à vous dégoûter du militantisme honnête.

dimanche 27 mars 2016

Les Belges ratent une marche



C'est toute l'époque qui se résume en deux actes ; un fichu miroir que l'on nous tend. Aujourd'hui, dimanche de Pâques, nos voisins immédiatement septentrionaux, du moins les plus atteints d'entre eux, avaient résolu d'organiser, dans les rues de leur capitale, une grande et belle “marche contre la peur” : on allait voir de quel bois on se chauffait, en Flandre comme en Wallonie.

Hier après-midi, les autorités belges ont annoncé que cette procession conjuratoire était annulée “pour des raisons de sécurité”, laquelle, on était au regret de le laisser entendre, n'aurait peut-être pas été totale. Du coup, les sans-peur vont rester sagement chez eux et adresseront leurs coups de menton aux Méchants devant leur écran plat. Peut-être certains marcheront-ils tout de même contre la peur, du salon jusqu'au réfrigérateur, avant d'allumer une petite bougie de couleur et parfumée sur la petite table en rotin transformée en autel votif.

On notera en outre que le ministre de l'Intérieur de par-là se nomme Jambon, ce qui constitue déjà une intolérable provocation envers les diverses communautés paisibles qui innervent  et vivifient ce sympathique pays.

mercredi 23 mars 2016

C'est décidé, je me fais progressiste


Donc, je suppose que, depuis hier, tous les gentils petits nounours en guimauve de la tolérance et des bisous dans le cou sont devenus Bruxelles, comme ils avaient été Charlie, puis trois ou quatre autres choses encore. #jesuisbruxelles : voilà qui fera joli dans les blogs, sur les touites, ou appendu aux murs virtuels, surtout assorti du dessin adorablement lacrymal de Plantu. Mais qu'on me permette de dire que je trouve l'expression encore un peu violente, et susceptible d'irriter nos frères-en-islam (qui, n'hésitons pas à le clamer, n'ont absolument rien à voir avec les dernières péripéties belges) par le rappel de la ville où s'accomplirent leurs exploits guerriers (mais dans lesquels ils ne sont absolument pour rien, n'ayons pas peur de le répéter). Par conséquent, pour manifester notre solidarité sanglotante avec nos amis d'outre-Quiévrain (langage de folliculaire sportif des années soixante), je propose l'adoption du slogan suivant :

#jesuischou.

Et la grande réconciliation pourra ainsi se sceller autour d'un plat agréablement fumant, riche en phytonutriments et en indoles, à condition toutefois que l'on ait pris grand soin de n'y point adjoindre étourdiment saucisses ni lardons.


dimanche 20 mars 2016

Descente de Tonnerre


J'ai beau, depuis une grosse douzaine d'heures, prendre l'idée par tous les angles, la retourner sur toutes ses faces, avoir désormais 60 ans me semble relever de la bouffonnerie la plus incongrue. Même les deux bouteilles de Montée de Tonnerre n'ont pu chasser cette impression de grande étrangeté.

mercredi 16 mars 2016

Journaux et correspondances

Je crois avoir toujours été attiré, chez les écrivains, par les à-côtés de leurs œuvres, c'est-à-dire principalement par leurs journaux et correspondances. Plutôt que et, j'aurais sans doute mieux fait d'écrire ou, car, à la réflexion, il me semble bien que les deux genres s'excluent mutuellement ; en bref, mais il y a forcément des contre-exemples qui ne me viennent pas à l'esprit pour le moment : la correspondance des diaristes n'est généralement pas passionnante (Léautaud) et les grands épistoliers (Flaubert, Proust) ne tiennent pas de journal – j'attends la contradiction sur ce point (Stendhal, peut-être ?).

Toujours est-il que journal et correspondance ne sont nullement équivalents, chacun présentant sur l'autre des avantages et des inconvénients. Le principal écueil du journal est bien sûr que l'écrivain qui le tient peut être fortement tenté de ciseler sa future statue plutôt que de s'y montrer “en vérité” : c'est plus ou moins le cas de Gide. Ce risque est bien moindre dans la correspondance, du fait surtout de la multiplicité des destinataires, qui fait que les mensonges ou omissions ou petits arrangements de l'auteur sont assez facilement détectables. Prenons l'exemple des lettres échangées par Flaubert et George Sand, dans les années soixante et soixante-dix. Du fait de l'amitié très réelle qui existe entre eux, Flaubert ne rechigne jamais à envoyer des gerbes complimenteuses à Sand dès qu'il reçoit et lit un nouveau livre d'elle. Or, on sait qu'en réalité le maître de Croisset n'avait aucun goût pour les romans de la dame de Nohant (style journalistique de province…) ; comment le sait-on ? Par les lettres qu'il envoie au même moment à d'autres correspondants, à qui il peut montrer le “fond de son sac” (expression flaubertienne) et dire à quel point le côté “bisounours socialiste” de son amie a tendance à lui agacer les gencives.

À l'inverse, la correspondance souffre d'une grave faiblesse par rapport au journal. Restons un moment avec Flaubert et Sand, puisqu'ils sont là. Dans l'édition de la Pléiade sont reproduites les lettres des deux protagonistes, et il y en a beaucoup, le plus souvent passionnantes, parce qu'émaillées de considérations littéraires souvent divergentes et donc éclairantes sur l'un comme sur l'autre. On y trouve aussi des ébauches de stratégie pratique, afin de savoir quand Flaubert pourra aller passer une semaine à Nohant, ou Sand débarquer pour quelques jours à Croisset. Quand enfin la réunion a lieu, le lecteur jubile et… et rien. Si Flaubert avait tenu un journal, on saurait ce qui se passe durant les soirées au coin de la cheminée où les deux écrivains parlent à n'en plus finir. Mais avec la correspondance, évidemment, c'est le trou noir. Ce n'est pas grand-chose, c'est entendu, on s'en remet facilement, et le dialogue se renoue dès que chacun a retrouvé son chez-soi. Mais, tout de même, c'est agaçant.

mardi 15 mars 2016

CNRS – SS

La couverture est si laide qu'on ne la trouve même plus sur Amazon : c'est le moindre défaut du livre. Peu importe par quels méandres j'en suis venu à rouvrir l'Histoire de la littérature française d'Albert Thibaudet : ce qui compte ce soir c'est la rage dans laquelle me met cette édition qu'en a donnée le CNRS en 2007. Si, à 17 ans, je m'étais mis en tête de ronéoter un fanzine gauchiste, je vous jure qu'il aurait contenu dix fois moins de fautes d'impression au centimètre carré que cette déjection parvenue entre mes mains. Je ne sais pas ce que valent les fonctionnaires de la science qui ronronne au profond de cette institution d'État, mais s'ils sont du même niveau de conscience professionnelle et d'aussi consternante compétence que leurs voisins de palier qui prétendent éditer des livres, il serait urgent de les passer par les armes. Pas une page, dans cet étron imprimé, où ne s'étale la preuve qu'aucune personne non mongolienne n'a jamais relu le texte de Thibaudet qu'on se proposait d'imprimer à vos frais de contribuables ; beaucoup de phrases finissent par en devenir parfaitement incompréhensibles. La ponctuation se livre à à une gigue si folle qu'elle paraît commandée par la baguette du Woland de Boulgakov. Si CNRS éditions décidait – que Dieu nous protège de cette catastrophe – d'éditer l'œuvre de Proust, la première phrase ressemblerait sans doute à ceci : Longtemps, me suis couché de bonne, heure. Au nom de quelle indulgence coupable laisse-t-on vivre les responsables de forfaits semblables ? Par quelle faiblesse incompréhensible refuse-t-on de rétablir la question médiévale pour des gens qui soumettent ainsi leur propre langue à la torture ? Et pourquoi la police ne met-elle pas tout en œuvre pour retrouver, et nommer bien haut, les responsables d'un aussi ignoble forfait ? Naguère, dans une nation ultramarine, un régime jeune et dynamique eut l'idée de rassembler dans un stade ses indécrottables opposants, afin de les passer plus commodément au fil de l'épée : ne pourrait-on, de même, regrouper ces assassins typographiques, et leurs chefs avec eux, dans un quelconque Bataclan parisien, avant de prier les habituels nettoyeurs de l'endroit d'y venir faire leur office ?

mercredi 9 mars 2016

Impossible ! C'est une vieille peinture italienne…

J'ai terminé juste avant le dîner – un gratin parfait – L'Éducation sentimentale : après cette troisième lecture (au moins), mon admiration pour ce roman est intacte. Je trouve notamment prodigieux d'avoir réussi à bâtir une œuvre aussi cohérente, solide dans ses moindres parties, alors que Flaubert l'a volontairement dépourvue de tout centre de gravité, du moindre pôle d'attraction un peu efficace, ne l'ayant peuplée que de personnages falots, velléitaires, ballottés par les événements, incapables de vouloir vraiment quelque chose, à l'inverse des personnages balzaciens. Admirable aussi de tisser ensemble sa “comédie” sur son fond historique, sans que se voie la moindre couture, les événements réels étant là essentiellement pour rendre perceptible l'écoulement du temps (le roman se déploie sur 27 ans), en marquer les ralentissements et les précipitations. Toujours aussi étonnante, bien qu'archi-connue depuis l'article de Proust dans la NRF en 1920, cette énorme faille temporelle qui sépare le dernier paragraphe de l'avant-dernier chapitre du premier du dernier (non mais quelle phrase, je te jure ! l fallait oser…), ce gouffre d'années qui s'ouvre entre : « …et Frédéric, béant, reconnut Sénécal. » et : « Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues. Il revint. Il eut d'autres amours encore., etc. » Et quel tour de force que de bâtir tout un roman autour d'un individu aussi pâle, aussi veule, aussi inintéressant que Frédéric Moreau ! À mon tableau d'honneur des personnages de roman antipathiques et méprisables, il figure à la meilleure place, juste à côté de Lucien Chardon dit de Rubempré – c'est tout dire.

lundi 7 mars 2016

Le style des journalistes modernes


Je ne voudrais pas faire mon Renaud Camus, mais enfin j'ai tout de même eu un léger sursaut en recevant, il y a une couple d'heures, le mail suivant :

Bonjour Didier,

Je suis journaliste pour France 2 et je prépare un reportage sur les grands-parents qui prévoient de garder leurs petits-enfants pendant les vacances de Pâques.

Je suis tombée sur un article de votre site internet : http://didiergouxbis.blogspot.fr/2012/04/les-grands-parents-chicoufs-cest-nous.html

Apparemment vous êtes concerné ? :)

A votre dispo pour en parler par téléphone !

Mes coordonnées : 06 ** ** ** **.
A très vite !
Leslie

Voilà donc comment s'expriment désormais les jeunes gens (car j'imagine assez mal une Leslie française et sexagénaire) qui font carrière dans la presse, ou au moins y prétendent. Je n'ai rien contre cette Leslie-de-France 2, mais je trouve un peu fort de café (ou Fort-de-France si elle est lyonnaise…) que, sous prétexte de n'avoir pas de nom de famille, elle décide d'emblée de me priver du mien : je suppose qu'il s'agissait, dans l'esprit de cette personne, de créer un climat super cool entre elle et moi – c'est manqué.

Mais, évidemment, la suite est encore plus savoureuse, puisque notre intrépide reporter a décidé, ayant besoin de mon éventuel témoignage, que c'était un honneur qu'elle me faisait et que, donc, c'était bien le moins que je l'appelasse et non l'inverse ; elle se contenterait, elle, de rester à ma dispo, ce qui est déjà, j'en conviens, fort aimable de sa part. Mais dispo pas trop longtemps tout de même (J'ai autre chose à faire, moi, merde, fait chier, quoi !), comme semble le souligner la sommation finale “à très vite”, assortie de son point d'exclamation, qui en augmente encore l'urgence.

J'espère malgré tout que la charmante Leslie sait ce que patience veut dire, si vraiment elle attend mon appel – lol.

dimanche 6 mars 2016

Guy Lux reviens, ils sont devenus fous !


Au fond, contourner les oukazes, anathèmes et intimations au silence des enragés de l'antiracisme pénaliforme n'est pas si compliqué ; il est même assez simple de continuer à parler et à rire par-dessus ou dessous les bâillons dont ils s'emploient à nous affubler : il suffit de s'adosser à leur écumante sottise et de s'en servir comme d'un levier. Prenons l'exemple de ces populations françaises de très fraîche date et de peu d'accointances, arrivées en cohortes serrées d'au-delà des sables orangés où est allé se rencontrer le père de Foucauld et où Saint-Exupéry manqua se perdre. Comme sont désormais frappés d'interdit, en tout cas d'opprobre, les mots qui jusqu'ici servaient à les désigner, à les discriminer, il conviendra donc de leur en trouver d'autres, qui présenteront d'autant plus de garanties de virginité qu'ils sont très innocemment revendiqués par ceux qu'ils n'avaient encore jamais désignés ; c'est ainsi que notre méphitisme inhérent prendra des parures de fleur d'oranger. Nous pouvons par exemple décider que ces populations d'outre-erg dont nous parlions serons désormais désignées comme : les Lyonnais ; pour une raison qui échappera à certains de mes lecteurs mais en fera sourire d'autres. Peut importe d'ailleurs que l'on comprenne ou pas le choix de ce nom : l'important est son adoption générale. Nous parlerons donc, désormais, d'invasion lyonnaise, de délinquance lyonnaise, voire du formidable et inné sens du rythme des Lyonnais, ou de leur capacité à courir plus vite que les non Lyonnais.

Évidemment – j'entends l'objection – qu'adviendra-t-il le jour où l'on voudra parler des anciens Lyonnais, ceux correspondant au sens primitif de ce mot ? Diverses solutions s'offrent : on pourrait les désigner comme des Croix-Roussiens, des Bellecouristes, voire des Perrachons ou des Canuzards (on évitera cependant de parler de population des Terreaux, la sonorité de l'expression pouvant prêter à confusion et nous valoir d'autres séries de procès). Mais je crois que le plus simple, pour désigner les natifs d'entre Rhône et Saône, serait de recourir à l'appellation de vieux Lyonnais, comme il y eut, dans l'Espagne de jadis, des vieux chrétiens. Simple et directe, elle présente en outre, cette appellation, l'avantage d'être facilement adjectivable : on parlera ainsi, tout naturellement, de la gastronomie vétéro-lyonnaise, soyeuse et chantante au bec, par opposition à la cuisine lyonnaise, qui a tendance à emporter la gueule. 

On fera tout cela en riant sous cape, attendant avec impatience et délices le jour où les habituelles officines lyonnaises prétendront nous interdire, par arrêts des tribunaux qui leur sont dévoués, de les désigner ainsi. Il nous restera alors à nous tourner vers une autre grande cité française, tout aussi arbitrairement désignée ; vu leur nombre, on n'est pas à la veille de voir se tarir les escarmouches intervilles.

jeudi 3 mars 2016

Gloire au bâtiment !


On aurait voulu goupiller l'affaire qu'on n'y serait jamais parvenu avec une précision telle. À trois heures et demie, au moment où je désengageais Liselotte de l'autoroute A13 pour la diriger vers Pacy, sonnait le téléphone portatif de Catherine ; c'était le peintre. Pour nous informer qu'il venait de terminer entièrement son chantier, c'est-à-dire le nôtre, et qu'il s'apprêtait à regagner ses pénates. Lui ayant demandé de nous attendre une dizaine de minutes, c'est lui-même qui nous a fait les honneurs d'une maison aux plafonds et aux murs rutilants, où pas un grain de poussière ni la moindre trace de peinture intempestive n'était décelable à l'œil nu. Il ne restait plus qu'à nourrir chats et oiseaux, et à mettre le riesling au frais ; ce que fis.