vendredi 30 novembre 2012

Remontée de fièvre

La fièvre, lorsqu'elle devient étale, et pour ainsi dire nonchalante, est une manière d'établir le contact avec Dieu. Ou, au moins, avec des contrées étranges parce que jamais vues. Ces quelques degrés supplémentaires (mais il n'en faut pas trop) font naître des plaines aux herbes bizarres, aux arbres tors, vaguement montueuses par endroits, dont on n'aperçoit pas la fin, tout en sachant qu'elle est sans doute là, proche, derrière le petit tertre qu'il est difficile de déterminer naturel ou humain.

Cette plaine est tout entière emplie de Dieu, malgré le soleil écrasant qui vous fait jaillir en eau, et le froid brutal qui s'abat soudain – et les dents claquent. L'homme, soudain plus petit que ce qu'il imaginait, marche sans avancer, il arpente en rêve éveillé, et pourtant le paysage change sans cesse. S'annoncent à l'horizon des villes fatiguées, d'un bleu méditerranéen, et juste après de colossales cités lovecraftiennes, vides d'habitants gigantesques morts depuis longtemps, depuis si longtemps qu'on peut à peine les dire morts.

On marche. Le corps met une sourdine à ses besoins fondamentaux, tout en rappelant à chaque instant ses exigences, qui ne peuvent plus être convenablement nourries, mais ne doivent pas être oubliées, sous peine de dessèchement physiologique - et peut-être pis. On attend avec une impatience résignée les rougeoiments du soir, les cris des corbeaux retour au nid, pour aller s'acagnarder à un rocher de granite noir, qui nous protègera tout à la fois des regards hostiles et des frissons intérieurs – croit-on. L'eau, qui fait défaut partout autour, jaillit de soi, salée et collante, et l'on sent, tout pareil, la nuit glaciale prête à couler de la même source organique.

On a un peu peur, mais pas tellement que cela. Il y a grâce au ciel – devenu invisible – cette bulle isolante, ovoïde et dure, impassible, qui protège des loups errants et des meutes d'humains saccadés en quête d'abreuvoirs. L'homme s'endort. Sommeil peuplé de courbatures fugitives, de visions trop présentes pour être honnêtes, de visages de femmes qui auraient dû être depuis longtemps oubliés, et qui l'ont été.

Durant le sommeil, la fièvre entretient le feu qui éloigne les bêtes dangereuses, aussi celles qui ne demandaient sans doute qu'un peu de réconfort. La fièvre ne fait pas de détail, elle globalise l'homme qu'elle a pris, elle le ramasse en boule ; et il se laisse faire, finalement content qu'une puissance quelconque ait pensé à s'inquiéter de lui.

jeudi 29 novembre 2012

Retournerons-nous à Paimpol ?


J'en doute fort. Simplement parce que notre appétence de déplacements vacanciers a une nette tendance à l'amoindrissement, en attendant une complète extinction. Cela dit, nous y sommes allés.

mercredi 28 novembre 2012

À chacun sa Carine (titre prêtant à confusion, je le sens…)


Je ne saurais dire ce que je foutais, à errer ainsi dans la cave sombre et excessivement salpêtreuse de ce blog, mais j'y suis tout à coup tombé sur un jeu de mots des plus navrants – ou des plus réjouissants, c'est selon. Comme il m'avait déjà valu force sarcasmes en décembre 2008, je ne résiste pas à la tentation de vous le remettre :

Le catholique : un chrétien pur sucre.

Le musulman : un adule Coran.

Les commentaires qui étaient venus à sa suite formaient une sorte de cataracte bouillonnante et vertigineuse de calembours dérivés, tous plus foireux les uns que les autres : je me demande s'il sera fait aussi bien cette fois-ci.

(Que les petits malins ne perdent pas leur temps à rechercher l'original : je viens de le faire repasser en “mode brouillon”…)

lundi 26 novembre 2012

Votre Grand Remplacement, je vous le sers en ligne ou sur papier ?


Ne pas s'être procuré Le Grand Remplacement de Renaud Camus (non, non, il y a maldonne : ce n'est pas Camus qui est remplacé, pas pour l'instant…) au moment de sa première sortie était déjà à la limite de l'excusable, aux confins extrêmes du pardonnable. Négliger encore de le faire, aujourd'hui qu'il est réédité par l'auteur lui-même, serait un crachat au visage de la France, Môssieur ! D'autant que l'on peut choisir de l'acquérir directement en ligne ou bien de le recevoir chez soi, à la papa, dans sa boîte aux lettres, imprimé sur des pages reliées entre elles et protégées par une couverture – bref, sous la forme d'un livre. Quand je vous aurai dit que le texte initial est augmenté du désormais fameux, et récent, et important, Discours d'Orange, je sais bien que vous ne pourrez plus, les uns et les autres, résister à l'énorme pulsion acheteuse que je sens déjà frémir sous les épidermes.

Donc, avant que le dit Remplacement n'advienne et que ce livre précieux ne se fasse proprement autodafer pour être lui-même remplacé par les Protocoles des Sages de Sion dans la liste des meilleures ventes de l'année, achetez-le et, surtout, lisez-le.

dimanche 25 novembre 2012

Jean de La Varende, gentilhomme normand et centaure de Dieu

Petit article écrit pour le bulletin paroissial de Pacy-Vallée d'Eure (numéro de décembre) :


Un écrivain qui serait à la fois normand et catholique ne pourrait être foncièrement mauvais. Justement, en voici un ! Promenade littéraire en Pays d'Ouche...

Jean de La Varende (1887 - 1959) n'est pas de notre époque, et sa Normandie n'est pas la nôtre. La sienne, que ce soit dans ses nouvelles, ses romans ou ses chroniques, est nimbée de la lumière des couchants, irisée par l'eau de ses minuscules rivières, mais aussi traversée de grands éclairs d'intrépidité furieuse, retentissante de serments lancés à la nuit par des gentilshommes désargentés mais dont rien ne saurait faire plier la fidélité au roi ni l'observance de l'honneur attaché à leur nom. 

Ouvrir un livre de La Varende, c'est se laisser entraîner à de subtiles et rêveuses Promenades au plus secret du Pays d'Ouche ; ou bien s'embarquer, l'épée à la main et le juron aux lèvres (mais jamais le blasphème !), sur les traces du comte de La Tainchebraye, le très-fameux Nez-de-Cuir, humble serviteur de Dieu mais fier conquérant de la belle Judith de Rieusses ; Nez-de-Cuir que l'on retrouvera bien des années après, vieilli, usé, mais toujours indomptable seigneur, dans Le Centaure de Dieu.
 
Il y a du chouan impénitent et magnifique chez Jean de La Varende qui, toute sa vie, resta attaché à la foi catholique et au royalisme de sa jeunesse. Il y a aussi, il y a surtout des personnages à la fois étincelants de toute la force de leurs convictions et de leur attachement charnel à cette terre normande qu'ils vivifient souvent de leur sang, mais aussi attendrissants et presque pitoyables parce qu'ils comprennent qu'ils n'ont plus tout à fait leur place dans le monde qui vient. Il y a enfin, une langue sinueuse, miroitante, parfois sertie de quelques pierreries un peu surannées, qui ne font qu'en rehausser l'éclat.


Les mots en gras et italique correspondent à des titres d'œuvres de La Varende encore disponibles aujourd'hui.

samedi 24 novembre 2012

Dépêchez-vous, bon sang, l'heure tourne !


Le camarade Gauche de combat, ce Modernœud que rien ne terrasse ni ne décourage, nous rappelle très opportunément que demain sera la journée contre les violences faites aux femmes. Ce qui semble signifier que l'on peut encore cogner impunément sur ces dames jusqu'à ce soir minuit : ne traînez pas trop, y en aura pas pour tout le monde…

Les pierres d'achoppement orthographiques

Je veux parler de ces mots que l'on ne sait jamais écrire ; ou plutôt dont on n'est jamais tout à fait sûr de l'orthographe, sur lesquels le cerveau bute chaque fois qu'il les rencontre, même après cinquante vérifications dans les livres idoines. Mon principal caillou, en ce domaine, sont les mots à accent circonflexe. Pas tous, fort heureusement : les deux tiers voire les trois quarts d'entre eux ne me posent aucun problème, n'engendrent aucune hésitation lorsqu'ils se présentent dans la phrase en cours d'élaboration. Restent les autres. Ceux-là, à la seconde où ils arrivent, l'esprit s'arrête et, debout sur les freins, se demande : « N'lui faudrait-y pas un petit chapeau à cette saloperie d'a ? À ce fucking e ? » Le simple fait de s'être posé la question entraîne immédiatement la mort de toute certitude : rien à faire, il faut recourir au dictionnaire – le plus agaçant étant que, neuf fois sur dix, c'est pour constater que votre premier mouvement aurait été le bon. Il faut dire qu'il ne fait guère d'effort pour se faire aimer, cet accent : pourquoi est-on infâme lorsque l'on commet une infamie ? Ou extrême si on se porte aux extrémités ?

Deuxième exemple (tout personnel bien entendu) de ces pierres d'achoppement : les mots se terminant en “ote”. Ou en “otte”. Je pense que je ne saurai jamais écrire sans hésiter carotte, menotte ni bigote. C'est vraiment une paralysie idiote.

Il arrive pourtant que l'on puisse, à la longue, avec beaucoup de persévérance, désempierrer un peu le chemin. Ainsi, pendant de longues années, au moins jusqu'à trente ans, voire plus, je n'ai jamais su avec certitude comment s'écrivaient d'abord et davantage. Je pouvais vous donner du dabord et du d'avantage sans bouger un sourcil. Eh bien, cela m'a tout à fait passé, sans que je sache pourquoi, ni même exactement quand. De même, il m'a fallu plusieurs décennies pour devenir capable d'écrire sans m'interrompre, sans le plus petit ralentissement, des mots comme Méditerranée, Apollinaire ou ressusciter – et la liste n'est pas close.

Quel pouvoir ont-ils, ces vocables d'anodine apparence, pour refuser ainsi de venir prendre leur place, à côté de leurs frères, dans les casses du cerveau de l'homme ?

vendredi 23 novembre 2012

Ballade des menues incertitudes



Rien à noter ici, mais alors rien de rien ; et si m'y voilà tout de même, c'est bien pour justifier qu'il me faut retarder au maximum le moment de mon premier verre, Catherine ne devant rentrer de messe qu'à huit heures : le drogué ruse avec sa seringue. Néanmoins, puisque nous y sommes, autant essayer d'y laisser quelques traces. Mais que dire, nom d'un blog, que dire ? Devrais-je vraiment parler du numéro de clowns de l'UMPiste aux étoiles ? Du mariage pourtousse ? Des quatre feuillets écrits cet après-midi ? Des cinq qui le seront demain ou dimanche ? De la pluie qui n'a cessé de choir depuis ce matin ? Faut-il revenir sur la sublime queue de bœuf aux carottes qui fut mangée hier soir ? Est-il permis d'évoquer le silence quasi tombal de ce bureau ? La lampe suspendue qui marque le coin ouest de la maison telle une lanterne de boxon Belle Époque ? La satisfaction des chiens digérant au salon sous l'œil ennuyé du chat assis sur le radiateur ? Le fouillis de post-it et de relevés bancaires qui encombrent ce bureau ? La corbeille à papiers qui déborde, et dont je sens bien que je ne la viderai pas encore ce soir ? De quoi peut-on s'entretenir tout seul ? D'Édith Piaf ? Du docteur Jivago ? Des livres, lus ou non, qui s'entassent et se taisent ? Des symphonies comprimées dans cet ordinateur béant ? Des traces qu'ont laissées certaines gens dans des chemins immatériels, et qui s'effacent ?

Petite histoire de berlingot

J'ai mis hier en lien, chez Corto, cette délicieuse petite chanson interprétée par Colette Renard, Les Nuits d'une demoiselle. J'étais persuadé l'avoir déjà proposée ici, mais je n'en retrouve nulle trace, bien qu'ayant marteau-piqué toute la bicoque de la cave au grenier, et retour. Dans le doute, je la remets, en me disant que, de toute façon, et contrairement à la demoiselle, on n'en a rien à branler.


jeudi 22 novembre 2012

Nouvelle définition pour les blogs


Elle est donnée dans le film de Soderbergh intitulé Contagion, lequel est par ailleurs une insipide ânerie, mais je ne vais pas non plus me spécialiser dans la stigmatisation des daubes pelliculées. Dans cette histoire poussive, Jude Law interprète un blogueur qui se voit en redresseur de torts, en chevalier blanc, seul face à la noirceur des autorités de l'État et aux complots ourdis par icelles. Accessoirement, on se rend compte très vite que seule la vertigineuse augmentation de son nombre de visiteurs “uniques” l'intéresse (mais où les scénaristes sont-ils allés chercher une idée pareille ?) ainsi que le pognon que sa soudaine célébrité commence à faire tomber dans ses poches. À un moment, il se fait sévèrement envoyer dans le mur par le docteur en épidémiologie joué par Laurence Fishburne (Couille de flétan, en français), lequel lui assène :

« Le problème, c'est que tu te prends pour un journaliste alors que tu n'es qu'un blogueur ! Les blogs, c'est juste des graffitis à ponctuation… »

Voilà, vous l'avez, votre définition.

mercredi 21 novembre 2012

Loin

Parce que, ce matin, au volant, sous une pluie sale et monotone, au milieu de banlieues pas suffisamment lointaines pour se faire tout à fait oublier, l'envie m'a saisi d'écouter quelques chansons de Félix Leclerc, mais qu'il n'était malheureusement plus temps de le faire :




Je brise tout ce qu'on me donne
Plus je reçois et moins je donne
Plus riche que forêt d'automne
N'aide personne

Bonheur m'alourdit et m'ennuie
Ne suis pas fait pour ce pays
Avec les loups suis à l'abri
Clarté qui bouge et toi qui gigues

L'amour n'est pas sous tes draps blancs
Au fond des cieux où sans fatigue
Le vent
Matin qui joue sur l'océan

Soir de gala rempli d'enfants
Ailleurs, cher amour, on m'attend
Il faut que tu y sois aussi
Sinon je ne sors pas d'ici

Cent fois mourir homme dans tes bras
Que vivre dieu là-bas sans toi
Te l'ai dit en janvier
Te le dirai en août

lundi 19 novembre 2012

Le soupir du blogueur dans les grandes steppes de l'Asie centrale


« Oh, comme parfois on aimerait laisser le faux sublime, les ténèbres épaisses du bavardage humain, pour se réfugier dans l'apparent silence de la nature, dans le bagne muet d'un long travail obstiné, dans l'ineffable du sommeil profond, de la vraie musique et du calme langage des cœurs, qui fait taire l'âme comblée. »

Boris Pasternak, Le Docteur Jivago, Folio, p. 183.

Les soirées calamiteuses de Didier Goux : Le Voyage fantastoc


Rien ne se démode plus vite qu'un film de science-fiction, sinon l'être humain lui-même. Le Voyage fantastique date de 1968 et est presque aussi ridiculement daté que les “Événements” qui lui sont contemporains ; il est signé Richard Fleischer, qui a dû se mordre les couilles jusqu'à la fin de sa vie d'avoir accepter de tourner une bouse pareille.

Le Voyage fantastique réunit une pléiade de stars de l"époque, c'est-à-dire des gens qui étaient faits pour tout sauf pour être acteurs et que tout le monde a parfaitement oubliés. Par exemple Donald Pleasence, encore jeune et déjà chauve, mais qui au moins fait semblant de savoir pourquoi il a échoué dans cette microscopique galère (et même que c'est lui le traître, dis donc !) ; l'inénarrable et parfaitement oubliable Stephen Boyd, l'acteur-beau-gosse de l'époque qui ne comprend jamais ce qu'il fout là : dans Ben-Hur, il n'avait déjà pas pigé qu'il était pédé et amoureux de Charlton Heston, ici on se demande s'il a réalisé qu'il se trouvait à bord d'une espèce de sous-marin microscopisé et voyageant dans le corps d'un scientifique quelconque en voie de calanchage imminent ; et puis, comme il fallait bien une gonzesse glamoureuse, on a pris ce qu'on avait sous la main à l'époque, dans le genre actrice nulle à gros seins : Raquel Welch – sauf qu'elle passe tout le film vêtue des pieds au col d'une combinaison en plastique blanc gommant absolument tous ses avantages de comédienne.

Mais, heureusement, subsistent les effets spéciaux et les dialogues. Les premiers consistent essentiellement en des sortes de bulles molles, parfois bleues, parfois rouges, parfois jaunes, parfois rien, et qui sont censées être des globules.C'est à peu près tout sur ce chapitre. Pour les dialogues, ils oscillent entre l'épaisse tartine d'explications pseudo-scientifiques dont personne n'a rien à faire et des considérations d'une abyssale profondeur à propos de ce qu'est l'homme, son avenir, ses fins dernières, son tour de taille, etc. Le tout sur fond de remarques des uns ou des autres prouvant qu'ils n'ont même pas pris la peine de lire le scénario, ou bien qu'ils n'y ont rien compris, ce dont on ne saurait les blâmer : personnellement, je n'ai toujours pas compris pourquoi il fallait qu'il y ait un traître dans cette histoire.

dimanche 18 novembre 2012

Pendant ce temps, la propagande pro-palestinienne continue à la télévision française…


Je viens de faire un rapide passage devant mon écran de télévision, connecté à une chaîne diffusant un “journal”. On y expliquait (des “journalistes”, n'est-ce pas…) qu'Israël était occupé à bombarder les pauvres gens de Gaza. Comme le sujet était court, on n'a pas eu le temps, à la télévision française, de nous expliquer que l'armée israélienne ne faisait que répliquer aux tirs incessants que l'organisation terroriste et mortifère appelée Hamas fait peser sur ce pays, et aussi sur cette Palestine inexistante et en proie au chaos depuis sa pseudo-fondation. Pour les “journalistes” français, une organisation terroriste maintenant en coupe réglée un pays qui n'existe pas et qui attaque une démocratie parfaitement fonctionnelle, c'est un petit peuple courageux qui se défend

Tout le monde sait, je crois, que si la paix au Proche-Orient ne dépendait que d'Israël, elle serait signée depuis au moins quarante ans. Et, en plus, cette région du monde bénéficierait d'une prospérité enviable, portée par le dynamisme des Juifs. Encore faudrait-il, évidemment, que ces abrutis de musulmans comprennent où est leur intérêt, qu'ils voient enfin le naufrage absolu de leur “civilisation”, qu'ils reconnaissent humblement la supériorité des juifs et des chrétiens sur eux-mêmes, et de la démocratie sur leurs dictatures crasseuses, braillardes, pleurnichardes et sanguinolentes.

Je le répète une fois de plus : je n'ai rien à faire de l'islam ; je me moque tout à fait qu'ils coupent les mains de leurs voleurs, les têtes de leurs femmes adultères, les couilles de leurs violeurs ou de leurs pédés. Je veux juste qu'ils aillent le faire ailleurs que chez moi. 

Virons ces abrutis violents et incultes, quand il est encore possible.

Halte aux chantages des marieurs fous !


Comme Dorham hier et Nicolas aujourd'hui ont jugé bon de parler du tristement fameux “mariage pour tous”, selon la calamiteuse appellation que l'on a cru bon de retenir pour lui, je vous invite à lire également celui de Roland Hureaux, publié sur le site Atlantico. En voici le début :

« Trop souvent le débat sur le « mariage » des personnes du même sexe est vicié  par le recours de ses partisans à des arguments en forme de chantage. Le meilleur moyen d’y résister est de les démasquer.

La fausse modernité

Le plus trivial  est le chantage à la modernité : « il faut être de son temps », dit-on. « Il s’agit d’une évolution irréversible. » En termes plus élaborés, on dira que ce projet va dans le sens de l’Histoire. Le sens de l’Histoire est, depuis Hegel, la source racine des pires errements ; si la morale n’est plus un absolu, mais relative à une époque, si elle est tributaire de l’ « évolution de la société », au nom de quoi empêchera-t-on toutes les dérives ? D’ailleurs, cet argument est en lui-même terroriste puisqu’il forclos d’emblée tout débat de fond, notamment sur les droits des enfants.  Et puis, de quel sens de l’Histoire parle-t-on ? Quand Charles de Gaulle parlait de la Russie, il était traité de retardataire par ceux qui considéraient l’Union soviétique comme irréversible. On a vu ce qu’il en a été. On disait dans la Basse Antiquité que deux augures ne pouvaient pas se regarder sans rire. Maintenant que Leningrad s’appelle à nouveau Saint-Pétersbourg, qui peut invoquer encore sans rire le sens de l’Histoire ? »


samedi 17 novembre 2012

La France vue par Aldo Stérone, Algérien de Londres



Par ailleurs, je suis tombé, hier soir, sur un documentaire revenant sur le tsunami asiatique de je ne sais plus quel Noël passé (2001 ? 2002 ?), fait à partir des films tournés in situ par quelques amateurs se trouvant là au mauvais moment. M'a fasciné le fait que, sur presque tous ces témoignages filmés, on peut voir des touristes occidentaux rester plantés sur le sable, face au large, ne semblant absolument pas voir cette énorme vague qui s'avance vers eux à une inquiétante rapidité, ou en tout cas ne pressentant nullement les dangers qu'elle implique pour eux. 

Mais je ne vois pas pourquoi je vous raconte ça, qui n'a évidemment aucun rapport avec la vidéo précédente.

vendredi 16 novembre 2012

C'est long… c'est chiant… c'est niais… c'est du cinéma français !


Mais quel démon farceur a bien pu nous pousser à regarder cette daube, nous qui fuyons avec application tout film français n'ayant pas au moins cinquante ans de cave ? On ne le saura jamais ; toujours est-il que, sur les coups de dix heures et demie du soir, nous nous sommes retrouvés devant Les Petits Mouchoirs (Les Grands Draps de bain aurait du reste été un titre mieux approprié, compte tenu des niagaras de larmes qui s'y déversent avec une complaisance appuyée : la production a dû dépenser des fortunes en collyre urticant). Cette tentative de film dure deux heures et demie : je crois bien n'avoir encore jamais été confronté à un apprenti cinéaste prenant autant de temps pour dire et montrer aussi peu. Après environ trois quarts d'heure, le spectateur en commencement d'hébétude se pince déjà d'être là, à contempler de pauvres petits trentenaires se demander comment ils vont faire pour affronter leurs pauvres petits problèmes de pauvres petits trentenaires. (Je dis trentenaire un peu au hasard : ils pourraient aussi bien être quadras, ces personnages si flottants, si hors-sol que, le film (enfin) terminé, ils se brouillent et s'évanouissent irrémédiablement de la mémoire.) 

Les comédiens eux-mêmes semblent trouver le temps bien long, à passer comme ils font de leurs chambres respectives (dans lesquelles ils se réunissent par groupes de deux ou trois, afin de parler de leurs pauvres petits problèmes de, etc.) à la table commune du petit-déjeuner, puis à grimper sur un bateau afin de profiter de l'océan qui se trouve là, avant de revenir vers la table qui, entretemps, s'est transformée en table de dîner : le vin rouge a remplacé le café, c'est à ça qu'on voit qu'on est le soir. Ils tentent de meubler avec de plates considérations sur la vie, la mort, ce que c'est tout de même que de nous et est-ce que tu crois que je vais réussir à reconquérir Zézette qui me manque vachement, putain qu'est-ce qu'elle me manque, c'est dingue – considérations que M. Guillaume Canet, nous informe le générique, a écrit tout seul avec ses petites mains, sans doute pour économiser le prix d'un scénariste et d'un dialoguiste.

La dernière demi-heure s'enfonce dans le ridicule le plus pénible (pénible pour les acteurs : on commence à avoir honte pour eux), à partir du moment où le personnage joué par Jean Dujardin finit par mourir sur son lit de douleur et d'hôpital réunis et qu'il s'agit de l'enterrer. (Ce personnage aurait sans doute été le plus amusant de cette bande de clampins, si le réalisateur ne lui avait pas précipité un 15-tonnes dans le buffet dès la cinquième minute de son film.) Toutes les bondes lacrymales sont lâchées, chacun fait un petit tour à l'avant-scène afin de démontrer qu'il a vachement trop de chagrin pour prononcer l'hommage que nul n'a songé à lui demander, le spectateur n'ayant à ce stade plus qu'une envie, celle d'aller se coucher. Le film n'en finit pas de finir, ça devient fascinant. « Ça pourrait aussi bien durer comme ça toute la nuit… », vous fait remarquer Catherine, effondrée à votre gauche.

Et en surplus de tout ça, poire blette sur cet insipide gâteau, il faut tout au long se farcir la Cotillard et ses questionnements utéro-existentiels : ça fait beaucoup pour une seule soirée.

mercredi 14 novembre 2012

Les filles sont d'incorrigibles bavardes


Il se passe toujours quelque chose, à Levallois-Perret. Ce matin, descendant sur le parvis de l'immeuble, un gobelet de café dans une main, une cigarette dans l'autre, je me suis retrouvé à côté d'une jeune femme brune, téléphone soudé à l'oreille droite. Je suppose qu'elle devait être aux prises avec un interlocuteur excessivement bavard, car tout le temps que nous sommes restés l'un près de l'autre, elle n'a prononcé en tout et pour tout que six mots, et encore groupés par trois. D'abord, elle a dit : « Si, si si… ». Puis, après deux à trois minutes de silence total, elle a dit : « Non, non, non… » Là-dessus, je suis remonté ne pas travailler.

Les vampires, loups-garous et fantômes sont des crétins comme les autres


Being human, a priori, ressemble à n'importe laquelle de ces sitcoms “non comiques” que les Américains produisent en nombre, sauf que c'est une série anglaise, bizarrement.  Les personnages en sont jeunes, plutôt agréables à regarder, assez stupides, probablement incultes et ne se rendant même pas compte qu'ils le sont, alignant sans désemparer et d'un ton pénétré des lieux communs aux allures profondes (« Tu ne crois quand même pas que je vais mettre en danger une amitié de dix ans pour une aventure d'un soir ? ») sur la vie, l'amour, les vaches et autres sujets sensibles. La différence, “l'idée de départ”, c'est que les protagonistes sont des vampires, des loups-garous ou des fantômes. Cela fait-il vraiment une différence ? Non.

Enfin, pas tellement. Pas vraiment. Pas plus que si l'on passe d'une sitcom chez de riches New-Yorkais à une autre se passant chez des bouseux du Montana ou des intermittents du spectacle à Hollywood. Bien sûr, lorsque l'on tombe par hasard sur un épisode, comme il m'est arrivé il y a trois ou quatre soirs, on a d'abord l'impression de débarquer dans un monde nouveau ; l'illusion se dissipe dès l'épisode suivant si, comme moi, on est assez vicieux pour en regarder deux ou trois à la file. Rapidement, on comprend que l'on est en train de voir une sorte de Friends, avec des adolescents sans âge réel, sans lien avec rien ni personne, sans passé, sans “souche”, de purs produits hors-sol. Ils ont d'ailleurs exactement les mêmes micro-problèmes : « Quoi ? Kiki sort avec Mathew ? Mais comment peut-elle, alors qu'elle sait que Kevin l'aime encore ? »

Sauf que, là, les héros ont des problèmes supplémentaires. Non seulement, ils sont très ordinaires et très cons, ne comprennent rien au monde et à eux-mêmes, s'imaginent que chacune de leurs érections ou de leurs mouillances est l'équivalent d'un nouveau volcan surgissant des eaux, mais, en plus, ils sont vampires, loups-machins ou fantômes..

Cet état particulier leur crée donc des problèmes spécifiques. Notons bien : des problèmes, jamais des solutions. En tout cas chez les gentils. Car naturellement, chez les vampires, les loups-trucs et les fantômes, il y a, comme chez tous les personnages de sitcom, des gentils et des méchants. Je me demande si les scénaristes réalisent à quel point ils rendent le mal séduisant et le bien ennuyeux ; peut-être qu'ils le font exprès et, dans leur antre, éclatent de rire en se bourrant la gueule aux alcools forts, allez savoir. Toujours est-il que, si l'on se réfère aux rares méchants de la série, on regrette bien de n'être pas soi-même un vampire ou un loup-chose (je suis moins convaincu par les fantômes, personnellement) : ils ont vraiment l'air de vivre plus intensément que nous, c'est indubitable. Croquer la carotide d'une jeune vierge de seize ans aux airs de salope insatisfaite, qui refuserait ? Vivre huit cents ans même en devant éviter toutes les conneries que font les humains entre le lever et le coucher du soleil, qui n'en rêverait ? Se transformer en loup, sentir ses forces se décupler et son sens moral s'annihiler, le temps de déchiqueter et dévorer le passant qui passe : qui déclinerait ?

Eh bien, dans Being human, ils ne veulent pas. Ah mais pas du tout ! Cette liberté, cette sauvagerie qui ont toujours fait rêver les hommes (ce pourquoi ils ont inventé ces créatures merveilleuses, les vampires, les loups-garous), elles leur pèsent ; ils n'ont qu'un seul but, ces bisounours à grandes dents amovibles : devenir des héros de sitcom semblables aux autres. Le comble du ridicule est atteint par ce vampire beau gosse qui exerce la profession de fille de salle (je crois bien qu'on ne dit plus comme ça, du reste) dans un hôpital et qui pique des poches de sang dans le frigo pour ne plus avoir à déchiqueter des gorges palpitantes – parce que mordre les gens, c'est pas beau.

Le ressort profond de Being human est tout entier contenu dans le titre, de ce point de vue les scénaristes n'arnaquent personne : les êtres différents ou supérieurs n'ont qu'un rêve, devenir semblables aux crétins qui les entourent.

mardi 13 novembre 2012

Tardive rencontre avec l'ennemi


Comme dirait quelqu'un que je connais : « Waouh ! elle va drôlement vite, cette invasion ! »

Drôlement n'est peut-être pas le mot qui me serait venu spontanément à l'esprit, mais enfin, on comprend ce que ma correspondante veut dire. On pourrait passer une heure à décortiquer cette photo, aligner tout ce qu'elle exprime, ce qu'elle crie, ce qu'elle intime, et notamment ceci : les musulmans ne sont pas forcément (ne sont plus) des basanés exotiques, repérables, plutôt folkloriques et un brin repoussants, on est déjà passé à autre chose : l'installation de cette religion mortifère au sein même des familles les plus apparemment “souschiennes” est en marche et elle est irréversible. Il y a tout : la gentille maman berrichonne (au moins) dont on devine la blondeur sous le foulard ; le papa tout de même brun et (discrètement) barbu ; les petites jumelles, évidemment. Mais alors, là, on peut se mettre à lire de manière nauséabonde : on remarquera que les parents ne semblent s'intéresser qu'à celle des deux qui sourit à l'avenir qui lui est promis ; l'autre paraît beaucoup plus dubitative, voire inquiète… Les raclures idéologues qui ont imaginé et réalisé cela auraient dû y réfléchir à deux fois : ils nous donnent à penser, ce qui est le contraire de leur but. Même l'absence d'héritier mâle, dans cette petite famille idéale, ne doit pas être due au hasard, on entend le message : soyons bisounours, puisque la terre à conquérir l'est ; surtout ne rien montrer qui pourrait froisser, pas de futur jihadiste, rien que des petites filles blondes, flattons le “devenir femelle” de ces andouilles déjà prosternées, tamisons toutes les lumières…

À côté de cela, les slogans jurent parce qu'ils restent brutaux, imbéciles et faux : non, l'islamophobie (comme ils disent) n'est pas un délit. Ce n'est même pas une opinion (contradiction dans les termes, d'ailleurs, mais on n'en est plus à ça près : comment une “phobie” pourrait-elle être une “opinion” ? L'agoraphobe exprime-t-il une opinion sur l'espace ? L'arachnophobe sur l'araignée ?) : c'est désormais un impératif de survie. Un devoir.


Le titre de ce billet a été emprunté à Flannery O' Connor.

De l'apocalypse en entreprise


Depuis deux heures de l'après-midi, devant l'immeuble où j'ai l'avantage de venir gagner ma pénible existence, à Levallois-Perret, les personnes qui entrent ou sortent se font courtoisement aborder par trois jeunes filles, dont deux sont accoutrées exactement comme les créatures de la photographie ci-dessus. Elles les invitent à venir visiter leur abri anti-atomique, en prévision de la fin du monde, exactement sur le ton où elles proposeraient des petits fours ou une seconde coupe de champagne. Et, de fait, juché sur un énorme camion à remorque stationné de l'autre côté de la rue, on aperçoit l'abri en question.

J'ai répondu à ces demoiselles – qui ne portaient pas leur masques devant leurs visages – que si toutes les survivantes à la fin du monde étaient aussi jolies qu'elles-mêmes je me laisserais bien tenter, mais que si elles devaient être vêtues à leur ressemblance je préférais tout compte fait me ranger au nombre des victimes ; elles ont eu la gentillesse, ou le tact commercial, d'en sourire. 

J'aurais pu aussi leur expliquer que le concept de “survivant” et celui de “fin du monde” étaient parfaitement antinomiques, mais cela nous aurait sans doute emmenés trop loin – d'autant que, pendant ce temps, mon café refroidissait dans son gobelet.

lundi 12 novembre 2012

Petite histoire de Saw-cialistes


J'aime beaucoup Stéphane Gatignon. Je ne le connais pas personnellement, mais je l'aime beaucoup tout de même. D'abord parce qu'un communiste qui vire au vert, c'est toujours joli à observer. Ensuite parce qu'un tel aplomb, un tel manque de pudeur la plus élémentaire, voilà qui force l'admiration, pour ne pas dire le respect. M. Gatignon est donc, à ce qu'il paraît, maire d'un village africano-berbère de la région parisienne, nommé Sevran, et ce depuis presque douze ans maintenant. (Pour des informations un peu plus sérieuses que mes pitreries, voir le billet de l'excellent Hashtable…) Comme, durant cette décennie glorieuse, il a tout dépensé l'argent qu'il avait et aussi celui qu'il n'avait pas, afin de réparer le tissu social, suppose-t-on, le résultat de sa remarquable gestion est qu'il se retrouve en faillite. Enfin, pas exactement lui : ses administrés, plutôt. Comme quelqu'un a dû lui glisser à l'oreille que, d'après Michel Audiard, les cons avaient la particularité de tout oser, il a eu l'idée d'aller faire un peu de camping devant l'Assemblé nationale et de verser de grosses larmes indignées dès qu'une caméra de télévision se mettait à ronronner dans sa direction. Finalement, ému par une telle détresse, un clampin socialiste quelconque lui a refilé un petit filet à provisions contenant cinq patates même pas germées. Tout content, M. Gatignon s'est dépêché de rentrer au bled afin d'aller asperger de cette manne supplémentaire toute sa clientèle, au sens que les Romains de l'Empire donnaient à ce mot.

Si le monde était bien fait, s'il existait réellement des “tueurs au puzzle” comme dans la série des Saw, ce guignol malfaisant aurait déjà été kidnappé et enchaîné dans un sous-sol crasseux (ce qui ne doit pas manquer à Sevran, j'imagine), la tête cerclée d'un gros piège métallique à mâchoires et à ressorts, relié à une minuterie. Sur l'écran de télévision apparaîtrait soudain une sorte de petit clown à bicyclette qui, d'une voix caverneuse et atone, lui tiendrait à peu près ce langage :

« Hello, Stéphane ! Toute ta vie, tu as fait croire à tes électeurs que tu étais dévoué au bien public, alors que tu n'as fait que leur retourner les poches pour engraisser tes amis et tes obligés, mettre sur pieds de grotesques actions culturelles ou sociales totalement inutiles et inefficaces. Aujourd'hui, il est temps de retourner au néant qui te va si bien. La clé qui te permettra de te débarrasser de ce piège est la même que celle de la mairie de Sevran. Si tu ne fais rien, dans 60 secondes, le ressort écartera les deux mâchoires d'acier et démantibulera ta sale gueule. Si tu trouves la clé et décides de sauver ta vie, tu perdras la mairie de la commune que tu as ruinée et tu seras ignominieusement chassé de son territoire. Qu'est-ce qui est le plus précieux pour toi : ta vie ou ton minable petit pouvoir d'apparatchik irresponsable ? The choice is yours

Évidemment, dans mon film, l'apparatchik choisirait de sauver sa vie inutile. Mais, heureusement, il introduirait la clé dans la serrure du piège au moment où le compteur arriverait pile à 0.00. Et les mâchoires, en s'ouvrant, lui déchiquèteraient la tronche. 

Mais bon : c'est juste un rêve que j'ai fait…

dimanche 11 novembre 2012

En Socialie, le peuple redevient souverain


75% des Français déclarent que « l’islam progresse trop en France », selon un sondage Ifop publié dans le Journal du Dimanche aujourd’hui (1),
donc le gouvernement va doubler le nombre d’immigrants en provenance du Maghreb et d’Afrique.

80% des personnes trouvent qu’ « il y a trop d’assistanat et beaucoup de gens abusent des aides sociales »,
donc le gouvernement a maintenu la scandaleuse AME (aide médicalisée de l’État qui couvre les étrangers à 100%).

70% pensent qu’il faut que « l’Etat donne plus de libertés aux entreprises »,
donc l’État a décidé de leur faire supporter 10 milliards d’impôts supplémentaires et de refiscaliser les heures supplémentaires.

66% pensent qu’il y a « trop d’immigrés en France »,
donc le gouvernement Hollande a décidé de réduire le coût des visas d’immigration de 110 à 50 euros.

Une majorité de 56% juge qu’on « ne se sent en sécurité nulle part »,
donc Christine Taubira ne met plus les racailles en prison et supprime les peines planchers.

Nier le fondement des choses

Je ne sais trop pourquoi (début de gâtisme ?) je me suis mis à relire dans sa “version papier” mon journal de 2010. J'y suis, à la date du 10 août, arrivé à un passage dans lequel je cite brièvement Zinoviev et ses Hauteurs béantes. Et l'envie m'a pris de vous le resservir. Voici donc :


Tout à l'heure, avançant dans ma lecture des Hauteurs béantes de Zinoviev, je tombe sur un paragraphe se terminant par ceci :

« Ils ne comprennent pas, pensa le Bavard, même lorsqu'ils voient les choses de leurs propres yeux. S'ils les voient, ils reconnaissent le fait observé, mais ils nient le fondement des choses qui leur paraît insensé et donc inexistant. Et c'est pourquoi ils nous accusent personnellement, tout en éprouvant un sentiment de supériorité. »

Zinoviev parle là des Occidentaux, communistes ou “compagnons de route”, visitant l'URSS en état de démence idéologique avancée. Mais il me semble que l'on pourrait dire très exactement la même chose, aujourd'hui, de tous ceux que d'ordinaire je qualifie d'aveugles, à propos des transferts massifs de populations dont l'Europe s'apprête probablement à crever – mais c'est une autre histoire. Je me suis souvent demandé, publiquement, si au fond ce n'était pas moi qui étais fou, car il me semblait tout bonnement impossible que les autres ne voient pas ce qui me saute chaque jour davantage à la figure. L'explication de Zinoviev répond à cette interrogation en la supprimant : ils reconnaissent le fait observé, mais ils nient le fondement des choses qui leur paraît insensé et donc inexistant. En bref, le nerf optique fonctionne parfaitement, les centres de réception font très bien leur boulot, mais ensuite le haut-commandement classifie les informations, les barre d'un top secret inviolable.

Le piquant de l'affaire est peut-être que ces “négateurs du fondement des choses” sont exactement les mêmes (ou leurs petits-fils idéologiques, ce qui est pareil) que ceux qui revenaient éblouis de Moscou, le trajet de retour leur ayant suffi pour remplacer ce qu'ils venaient de voir par ce qu'ils pensaient avant leur départ de Paris. Et il y aurait, dans cette coïncidence de la bêtise dogmatique, le ressort d'une irrésistible bouffonnerie, si l'époque pouvait encore sécréter un Zinoviev.
 

samedi 10 novembre 2012

Remettre le mariage homosexuel à sa véritable place

Communiqué n° 1477 du Parti de l'In-nocence, vendredi 9 novembre 2012. Sur le dit “mariage gay” :

Le parti de l’In-nocence refuse de se prononcer sur la question du dit “mariage gay” car il estime ce débat et ses enjeux profondément dérisoires au regard du changement de peuple en cours et du remplacement précipité de notre civilisation par une ou plusieurs autres qui de toute façon, à peine auront-elles établi tout à fait leur emprise, s’empresseront de mettre fin à pareilles fantaisies puérilo-séniles.

Le parti de l’In-nocence a trop de considération pour toutes les expressions in-nocentes du désir et de l’attachement au monde sensible ; il éprouve trop de respect pour l’amour des hommes entre eux, des femmes entre elles ; il est trop conscient de la grandeur, de la poésie, du souffle de liberté et de défi qui ont été attachés à travers les siècles à ces passions-là, constamment traduites malgré la répression et la tragédie en de grandes œuvres et de grands bonheurs ; bref il a de l’homosexualité une trop haute idée pour la voir sans tristesse s’humilier dans l’imitation kitsch de l'hétérosexualité et de ses rites au moment où elle les délaisse, de réclamer ses restes, en somme, de se compromettre dans la revendication petite-bourgeoise de petits droits vidés de leur raison d’être dans la structure sociale, réduits à une jouissance purement mimétique agrémentée de légitimations purement comptables — tout cela au nom d'une “égalité” hystérique élevée au rang d'idole, la même qui a déjà détruit l’école et l’ensemble du système de transmission culturelle.

Le parti de l’In-nocence ne se laissera pas entraîner dans un débat qui lui semble relever par excellence de ce désir profond du corps social d'être diverti sans arrêt par des “débats” secondaires, souvent grotesques comme c'est le cas en l'espèce, qui lui permettent de ne pas voir, ne pas dire, ne pas ressentir et encore moins analyser les maux véritables qui l’assaillent, et face auxquels les dirigeants sont également aveugles, impuissants ou complices.

Histoire à tiroirs


Le dernier roman publié par Marcel Aymé l'a été en 1960, sept ans avant la mort de l'écrivain. Il porte un titre étrange mais très aymable : Les Tiroirs de l'inconnu. Comme je me sens d'humeur joueuse, je ne vous dirai pas pourquoi il s'appelle comme cela, ni ne vous mettrai de lien pour vous faciliter la tâche. De toute façon, sous la signification immédiate, clairement indiquée en quatrième de couverture de l'édition folio, s'en dissimule évidemment une autre, probablement plus essentielle puisqu'elle touche à l'amour ou, plus précisément, aux stratégies amoureuses entre les hommes et les femmes. (…)

 La suite est au Salon

vendredi 9 novembre 2012

Pour vos cadeaux de Nowel…


Celui ou celle qui n'a pas d'agenda Dimanche et Croix passé trente ans peut considérer qu'il a raté sa vie. Heureusement, l'affaire est rattrapable avec celui de l'année 2013, qui ne comprend que des photographies inédites (sauf deux, mais bon…). On peut même feuilleter avant de passer à la caisse, ce qui est bien le moins.


Et puis, il y a les masochistes professionnels, ceux qui meurent d'envie de payer le prix fort pour pouvoir relire ce qu'ils ont déjà lu gratuitement ailleurs. On ne les a pas oubliés.

jeudi 8 novembre 2012

Des elfes, des trolls, et trois cent mille hommes blancs


Dix mille signes écrits, cet après-midi, sur les elfes islandais : comment ces andouilles (les Islandais, pas les elfes) peuvent-ils croire à tout cela ? Mystère. En même temps, cependant que je creusais l'affaire, je me disais que, si j'étais islandais moi-même, je ferais au moins semblant d'y croire aussi ; je revendiquerais, même ; et sans doute je pisserais à la raie des andouilles rationnelles de l'Europe continentale. En fait, je crois que, pour peu qu'on ne m'oblige pas à écouter les navrantes productions de Björk, j'aurais bien aimé être islandais ; faire partie d'un petit peuple de trois cent mille personnes, sur une île suffisamment septentrionale et lointaine pour être inaccessible aux Arabes et aux nègres revendicatifs, violents, pleurnichards et inutiles ; parlant une langue délicieusement incompréhensible à tout le reste de la terre : vraiment, j'aurais bien aimé. Et je pense que je ne serais jamais sorti de ce petit périmètre, s'il m'avait été par bonheur échu. Mais français je dois continuer d'être, hélas, international et stupide. Quand va-t-on se décider à importer des elfes plutôt que des trolls ?

mardi 6 novembre 2012

Message personnel à Félix de Vandenesse


Quand on a dû se coltiner les vapeurs de cette prude emmerdeuse de Mme de Mortsauf (née de Lenoncourt), que l'on a ensuite eu la chance de passer entre les draps de l'éruptive Lady Dudley, on n'épouse pas une Marie-Angélique de Granville ; ou alors, il ne faut pas venir s'étonner de se la faire piquer par un poète en bâtiment du genre de Raoul Nathan.

Non mais c'est vrai, quoi…

dimanche 4 novembre 2012

Incipit


– Nous étions à l'étude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre.

– C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar.

– Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de partir, fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard.

– C'est dans la Thébaïde, au haut d'une montagne, sur une plate-forme arrondie en demi-lune, et qu'enferment de grosses pierres.

– Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l'Évêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité.

– Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des bois, sur la pente d'une colline.

– La citadelle de Machærous se dressait à l'orient de la mer Morte, sur un pic de basalte ayant la forme d'un cône.

– Comme il faisait une chaleur de 33 degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert.

samedi 3 novembre 2012

Prenez les patins, le Salon est tout neuf !


Même si, bien entendu, je continuerai de tambouiller ma petite cuisine ici, ce n'est pas sans une certaine émotion que je me suis vu admettre au Salon, malgré la grossièreté hélas naturelle de mes manières, et autorisé à déposer mon premier bibelot sur le dessus de la cheminée.

vendredi 2 novembre 2012

Les journalistes marocains sont-ils tous nazis ?


Et moi qui pensais que tous les damnés de la terre ne songeaient qu'à se donner la main, à s'embrasser avec la langue, à s'enfiler en couronne en psalmodiant du Frantz Fanon ! On m'aurait trompé ? En tout cas, je le sens bien, le vivre-ensemble, je le sens vraiment de mieux en mieux… 

jeudi 1 novembre 2012

Scènes de la vie littéraire

 Comme Proust est proche de Balzac ! et comme il en est éloigné ! Proche dans la mesure où À la recherche du temps perdu est bien un ensemble de Scènes de la vie mondaine, doublées de Scènes de la vie philosophique, dans lesquelles, comme chez Balzac, tout un monde se déploie et s'invente au fur et à mesure. Proche encore en ceci que les personnages créés par Proust dans les premiers volumes (Swann, Guermantes…) ne sont pas, au fond, si éloignés de ceux de Balzac : ce sont des caractères, essentiellement.

Mais éloignés, tout autant. Car si, chez Balzac, les caractéristiques de chaque personnage sont posées avec soin dès le départ, dans l'exposition, c'est pour ne plus varier ensuite. Leurs passions, leur volonté, leurs idées fixes peuvent se développer dans des proportions parfois monstrueuses, jusqu'à les tuer et répandre la ruine et la désolation autour d'eux (le baron Hulot, Balthazar Claës…), la première image que l'on a eue d'eux restera valable et agissante jusqu'au bout. C'est ce qui fait d'eux, cette fixité, cette solidité, des êtres éminemment sociaux. Chez Proust, rien de tel. Les personnages sont la proie des différents “moi” qui se succèdent en eux et qui les rendent si étrangers à eux-mêmes – et déconcertants pour autrui –, si fugitifs, qu'ils sont hors d'état de poursuivre le moindre but qui ne soit pas éphémère, incapable de tenir le moindre rôle social (en dehors de celui de pure représentation dans laquelle on nous les montre). C'est à ce point qu'un personnage peut subir trois ou quatre métamorphoses si violentes au fil de l'œuvre qu'il pourra en arriver à donner l'impression que ces “moi” successifs sont issus de la plume d'écrivains différents : dans les premières sections de la Recherche, je l'ai dit, Swann et Charlus pourraient grosso modo faire penser à des créations balzaciennes. Mais, dès la Prisonnière, Charlus se mue en un personnage de Dostoïevski, auquel ne manque même pas la volonté de rédemption, l'aspiration à la sainteté ; et, dans la fameuse scène sado-masochiste du Temps retrouvé, ce serait presque du côté de Georges Bataille qu'il faudrait se tourner.

Cette impossibilité à fixer une fois pour toute une identité profonde à un personnage donne à Proust une liberté dont Balzac ne pouvait pas disposer, et à laquelle, sans doute, il ne songeait pas. Liberté qui va croissant, notamment lorsque le Temps entre véritablement en scène, chez Proust, soit au stade de la Prisonnière, et que la rotation des “moi” se fait de plus en plus rapide et anarchique, tout en restant d'une impeccable cohérence. Cela lui permet des bizarreries de comportement qui demeurent parfaitement lisibles et qui auraient été interdites à Balzac. Je pense par exemple à cette incidente qui, au moment où Mme Verdurin (dans les derniers volumes, je ne sais plus où exactement) devient un véritable monstre de cruauté, une sorte d'ange destructeur, nous apprend en quelques lignes que, dans le même temps, et en toute discrétion, elle fait verser une pension régulière au malheureux Saniette afin de lui permettre de vivre une vieillesse paisible ; Saniette que son mari et elle avaient pris plaisir à torturer publiquement et à humilier durant des années. Chez la plupart des romanciers classiques, et pas seulement eux, ce trait passerait pour une étrangeté, une lubie de l'auteur, une volonté un peu naïve de dérouter à tout prix ; chez Proust, non : c'est un autre “moi” qui s'exprime, peut-être resurgi pour un instant d'un passé lointain et enfoui, peut-être annonciateur de celui de demain.

Chez Balzac, chaque personnage est, comme dirait l'autre, une force qui va ; chez Proust c'est une impuissance qui tourne.