lundi 30 mars 2015

Journal pas trop littéraire


Il est plusieurs fois question de ce monsieur, en février

samedi 28 mars 2015

Station d'épuration


Je n'ai rien de particulier à dire ce soir ; c'est que je n'en pouvais plus, ouvrant le blog, de contempler ces faces de traîtres hilares, les cloportes Duclos et Thorez. Je ne sais pas quel est ce village que j'ai choisi ; c'est sans importance : il ressemble à tous les villages français que les gens de mon âge ont connus, quand ils partaient en vacances d'été dans la 4 CV de papa. Quand arrivait l'heure du déjeuner, du seul restaurant qu'on s'offrait dans l'année, ma mère…

Non, on va en rester là pour ce soir, cette histoire nous entraînerait trop loin. Il fallait juste se débarrasser de la vermine.

jeudi 26 mars 2015

Un peu d'anticommunisme primaire en guise d'apéritif


Parmi les nombreuses choses qui ressortent du Journal de Jean Galtier-Boissière, et qui le rendent si savoureux, il en est une particulièrement saillante, c'est la profonde et irrémédiable crapulerie des dirigeants du parti communiste français de cette époque, qui passèrent sans états d'âme de la case “collaborateur” – jusqu'à l'invasion de la Russie en 1941 – à la case “épurateur” à partir de 1944, tout en ayant, entre les deux, gonflé jusqu'à l'absurde leur rôle dans la Résistance et tenté de falsifier le réel pour camoufler leurs ignominies, notamment leurs courbettes et leurs génuflexions devant l'occupant nazi durant plus d'un an. Et l'on se dit que si vraiment “Justice était passée”, les Maurice Thorez, Jacques Duclos, André Marty, Marcel Cachin et autres Pierre Hervé n'auraient rien récolté d'autre qu'une balle dans la nuque, le peloton d'exécution étant encore trop noble pour de tels déchets d'Humanité.

mercredi 25 mars 2015

Troubles hésitations de l'histoire


Plus on lit de témoignages sur les époques passées (écrivant cela, je me demande comment on pourrait lire des témoignages sur les époques futures…), mieux on s'aperçoit que trancher de tout sur le mode péremptoire est la voie la plus sûre pour proférer des sottises et ne rien comprendre à rien. Je lisais hier ceci, dans le Journal de Galtier-Boissière, à la date du 22 février 1945 :

« Demessine, officier de la L.V.F., est condamné à mort. Il avait fait très brillamment la campagne de Norvège et la campagne de France, puis prisonnier, s'était évadé. Par trois fois, il avait essayé de gagner l'Angleterre pour s'engager dans la France Libre, mais sans succès. De guerre lasse, et voulant se battre à tout prix, il était parti sur le front de l'Est, d'où il revint commandant et décoré de la croix de fer. 
» Erreur d'aiguillage. S'il avait réussi à gagner Londres, ce volontaire perpétuel serait aujourd'hui un héros, décoré de la croix de la Libération. »

Ce sera, quelques années plus tard, le thème illustré par Louis Malle dans son Lacombe Lucien, film qui froissa tant les impeccables idéologues du temps, les adeptes du noir et blanc. Que l'on pût ainsi rendre floues les reposantes cloisons érigées entre les saints et les damnés troublait leur repos en perçant leurs œillères. De ces œillères, Galtier était fort heureusement dépourvu. Ce qui ne veut pas dire que ce directeur de journal était béat devant son époque. Ainsi, deux pages plus loin : 

« J'ai toujours refusé de faire installer le téléphone chez moi. L'idée me paraît insupportable qu'un quelconque fâcheux puisse faire irruption dans ma vie pendant que je travaille, lis, mange, dors… »

 Encore un passéiste que l'iPhone aurait laissé sans voix.

lundi 23 mars 2015

Dimanche prochain, j'irai dans le Perche


Hier, dans le canton de Pacy-sur-Eure, la droite propre sur elle est passée dès le premier tour (avec un Front national à plus de trente pour cent : on voit ce qui restait pour la gauche, même en additionnant la vraie et la fausse…). Du coup, je crois que, dimanche prochain, j'irai me promener dans le Perche, où je suis attendu, sinon espéré. Et je tâcherai d'être rentré à temps pour contempler les résultats définitifs et ouïr les chants de triomphe que tous les partis ne manqueront pas d'entonner. Quel beau dimanche, ce va être là !

jeudi 19 mars 2015

Lecture en double miroir

Jean Galtier-Boissière (1891 – 1966), dans son bureau du Crapouillot, en 1953.
Sans abandonner celui de Léautaud, je lis avec jubilation, depuis hier, le Journal de Jean Galtier-Boissière, fondateur et directeur du Crapouillot. Cela revient à pratiquer une lecture en “double miroir”, puisque, dans ces années d'Occupation où je suis avec eux, les deux écrivains se rencontrent régulièrement pour déjeuner ou dîner, et sont liés par ce qu'on pourrait appeler une amitié, ou au moins une réciproque estime, laquelle se teinte d'admiration littéraire chez le cadet. Si bien que, passant de l'un à l'autre, on peut lire des comptes rendus différents d'une même rencontre, et savourer les portraits croisés qu'ils font l'un de l'autre ; ceux de Galtier par Léautaud étant bien plus fouillés et relevés que les inverses.

Car ces deux hommes sont fort dissemblables, si bien que leurs journaux le sont aussi. Celui de Léautaud est nettement supérieur du point de vue littéraire, même si Galtier-Boissière écrit en une langue qui serait hors de portée de n'importe quel folliculaire d'aujourd'hui. Il y a aussi que le premier a la rage de s'examiner et de se peindre, alors que l'autre, se maintenant lui-même dans l'ombre, semble tout entier tourné vers le monde extérieur et qu'il rapporte des plongées qu'il y fait des brassées de notations constamment savoureuses. Différents, ils le sont aussi sur le plan politique. Galtier est un anti-nazi et un anti-pétainiste aussi inébranlable qu'ironique, tandis que Léautaud, plus incertain, est capable, dans un même paragraphe, de réaffirmer son admiration de toujours pour l'Angleterre tout en souhaitant la victoire de l'Allemagne… Ces légères divergences ne les empêchent nullement de s'entendre à merveille, ce qui en soi est déjà une leçon dont on peut tirer profit.

La grande supériorité de Galtier réside dans sa lucidité politique, qu'on ne trouve pas en surabondance chez Léautaud, c'est le moins qu'on puisse dire. Chaque fois que Galtier se risque à une prédiction, à court ou plus long terme, on est frappé par la justesse de ses vues, et même par la précision dans le temps de ce qu'il annonce. En septembre ou octobre 1944, (mais c'est Léautaud et non lui-même qui le rapporte), à ceux de ses amis qui voient déjà la guerre terminée, il affirme qu'ils ont tort et qu'elle va durer encore six mois. Un an plus tôt, il prophétise dans son propre journal que nous n'en sommes qu'au début du cataclysme et que celui-ci durera encore plusieurs dizaines d'années ; car, dit-il, lorsque les Allemands auront été exterminés, les Russes soulèveront l'Asie contre nous. Ce qui est prévoir non seulement la guerre froide, mais aussi celles d'Indochine et du Vietnam.

Où les deux écrivains se rejoignent, c'est dans leur capacité commune, mais avec des moyens et par des voies tout différents, à restituer le climat de l'époque dans laquelle ils sont plongés, à ressusciter les ridicules, les travers, les lâchetés quotidiennes et les précieux petits héroïsmes des hommes et des femmes que l'on découvre entre leurs pages, et qui se mettent à y revivre un instant.

mardi 17 mars 2015

L'ode et l'épée


Parmi les lieux communs insubmersibles qui rendent notre humanité si réjouissante à observer, il y a celui-ci qui veut que les siècles qui passent sont la revanche systématique de l'esprit sur la force, que les poètes et les philosophes du passé brillent encore de toute leur lumière quand les “grands” de leur époque se sont effacés depuis longtemps de la mémoire des hommes. Et même si le plus superficiel des examens suffit à montrer que c'est faux, le lieu demeure commun et poursuit son bonhomme de chemin.

Car c'est évidemment faux. Prenez ce poète précieux, par qui les lettres latines ont jeté leurs derniers feux, et ce soudard qui, au même instant, n'a su que répandre ruines, désolation, pillages, violence et mort, sans rien construire que d'éphémère : qui est aujourd'hui le plus connu, de Sidoine Apollinaire ou d'Attila ? Transportons-nous dans la France du XVe siècle : le monde entend-il aussi souvent parler de François Villon que de Jeanne d'Arc ? Cent ans plus tard, qui a la postérité la plus enviable, de Montaigne ou d'Henri IV ? Poursuivons la descente du temps : Louis XIV aurait-il raison d'être jaloux de la renommée de Molière ? Robespierre de celle de Voltaire ? Napoléon a-t-il quoi que ce soit à craindre de Chateaubriand ? On ne voit guère que son neveu dont l'étoile est bien pâlichonne à côté de celle de Victor Hugo ; mais en toute chose il faut qu'il y ait une exception. Quant au siècle dont nous venons de sortir, qui pour prétendre que, à la fin de celui-ci, le nom d'André Malraux rencontrera davantage d'écho que celui de Charles de Gaulle ? 

C'est ainsi : depuis deux mille cinq cents ans – arrondissons –, Aristote n'a jamais réussi à effacer Alexandre. Mais l'on va toujours répétant que l'art est au-dessus de la politique et qu'une ode mieux qu'une épée peut vous ouvrir l'éternité.

lundi 16 mars 2015

L'Honneur d'être français

Hélie Denoix de Saint-Marc, 1922 – 2013.

Il y a des Français plus grands que d'autres, qui semblent posséder une sorte de boussole intérieure leur indiquant en toute circonstance la voie de l'honneur ; celui-ci en était un. Je ne suis pas sûr que le fait d'avoir désormais sa rue à Béziers ajoute beaucoup à sa gloire et à sa vie exemplaire. Mais que cette même rue ne soit plus entachée d'une date, comme un quelconque en-tête de lettre, d'une date synonyme de renoncement et d'humiliation, voilà qui rend un peu moins pénible à supporter le climat d'abaissement et d'autoflagellation qui nous est imposé en partage.

samedi 14 mars 2015

Blog de silence


Et si on gardait le blog ouvert, simplement pour que personne ne s'aperçoive de rien ? Il resterait là, identique, familier, rassurant, mais il ne s'y passerait plus rien. Les habitués continueraient d'y venir, au début tous les jours, puis moins, et de plus en plus rapidement. Ils se diraient : « Il doit avoir un petit coup de fatigue. » Ou : « Il est peut-être malade. » Voire, pour les venimeux à sourire : « Il n'a plus rien à dire. » Ce ne serait rien de tout cela. Il écrirait ailleurs, il conserverait pour soi ses petites broderies malhabiles, il alignerait les mini-Word comme des soldats de plomb, armée secrète. Il aurait tapé du poing sur le clavier (il s'en fiche, il en a deux ou trois autres en réserve, c'est un homme prévoyant, thésauriseur) : ça suffit comme ça ! Il se mettrait à la mosaïque : un petit éclat à la fois, tranquillement pas vite, mais sans le montrer à personne, désormais. Jusqu'à ce qu'on puisse décorer le dôme de Sainte-Sophie ou qu'on foute tout à la poubelle. Ça demande de la patience, un peu de talent et beaucoup de silence.

jeudi 12 mars 2015

Frère Didier des Amalgameurs


Mon emploi du temps  journalier prend des allures de plus en plus monastiques – dans sa régularité, non hélas dans sa profondeur mystique. Le voici, pour votre édification :

– 6 h, lever
– de 6 à 7 h, café et lecture
– de 7 à 8 h, écriture dans le Grand Cahier
– de 8 à 9 h, re-café et re-lecture (qui ne doit pas être confondue avec la relecture)
– de 9 à 11 h : activités indispensables et stupides, telles que douche, ravitaillement, aspirateur, etc.
– de 11 à 12 h 30 (approximativement), travail pour FD les jours où il y en a. Sinon, re-re-café et re-re-lecture (qui ne doit pas être confondue avec la re-relecture)
– 12 h 30 à 13 h, déjeuner sur le pouce, c'est-à-dire debout dans la cuisine et regardant les mésanges bleues qui picorent les graines de tournesol sur l'appui de fenêtre
– 13 à 14 h, cure de sottise péremptoire et d'inculture satisfaite à travers les blogs
– 14 à 18 h, lecture, sieste, lecture, sieste, lecture… (ad lib.)
– 18 h, repas de Bergotte, journal (le mien, pas celui de la télévision)
– 18 h 55, repas des humains
– 19 à 20 h, écriture dans le Grand Cahier
– 20 h à 20 h 30, ultime tour de la blogoboule
– 20 h 40, film à la télévision
– 23 h, extinction des feux et de l'homme

lundi 9 mars 2015

La grande patience des livres

Julien Benda, 1867 – 1956.

Ils ont fait leur entrée séparément, le premier avant-hier, le second ce matin ; celui-là édité par la Librairie Gallimard, celui-ci par Gallimard tout court. Le primo-arrivant s'intitule Saint-Saturnin, c'est un roman de Jean Schlumberger, co-fondateur de la NRF avec Gide, Ghéon, Copeau et deux ou trois autres. Il est sorti des mains d'Emmanuel Grévin & Fils, imprimeurs à Lagny, le 23 juillet 1943 ; ensuite…

Ensuite, rien. Le volume m'est parvenu non coupé ; c'est dire qu'il s'est langui de lecteurs durant près de 72 ans, soit la totalité du règne de Louis XIV. Que lui est-il arrivé durant ce temps ? N'est-il jamais sorti du carton où Grévin & Fils l'avaient placé ? Est-il au contraire passé de main en main, sans que jamais aucune n'ait la charité de lui disjoindre ses pages pour écouter ce qu'il avait à dire ? On n'en saura évidemment rien. Le roman est divisé en quatre parties, correspondant aux saisons naturelles : comme je suis un homme qui se défie de ses mouvements d'enthousiasme, je n'ai pour l'instant coupé que Automne

Le second porte un joli titre énigmatique : Délice d'Éleuthère. Il est de la plume de Julien Benda, l'auteur de La Trahison des clercs. Lui a quitté l'imprimerie Darantière, de Dijon, en juillet 1935. Il a eu plus de chance que le roman de Schlumberger puisque, ses pages étant coupées jusqu'à la dernière, on peut penser qu'il a été lu jusqu'au bout. 

Il l'a peut-être même été plusieurs fois. Au haut de la page trois, d'une encre un peu passée, se trouve l'inscription suivante : Jean Heim 1956. Mais ce n'est pas tout. Juste avant le premier chapitre est insérée une feuille volante de petit format, dont les lignes horizontales destinées à soutenir l'écriture sont presque effacées. D'une écriture élégamment penchée vers la droite, tracée à la plume, on y lit ceci :

« Vous croyez que la vie vous doit tout. Elle ne vous doit rien. Elle n'a rien. Elle vous trompe avec sa fausse monnaie. Les vrais biens, vous les avez en vous, si vous êtes assez énergique pour vouloir les conquérir, et personne ne vous les arrachera. »

Ces lignes portent la signature suivante, assez intrigante : (Jeanne Rochas par Suzanne Giraud). Je sens que Jeanne et Suzanne n'ont pas fini de peupler mes rêveries.

dimanche 8 mars 2015

Les trois vertus du monarque


Les trois plus précieuses qualités d'un chef de l'État, à condition qu'il les mette au service de son pays et non au sien propre : l'égoïsme, l'hypocrisie, la férocité.

mercredi 4 mars 2015

François Hollande, tract ambulant



Revenons un peu en arrière, puisqu'on a observé un scrupuleux silence au moment de l'embrasement rituel. Donc, cet homme, dont on m'affirme qu'il serait président d'un souvenir de république française, aurait commis la transgression majeure, en parlant de Français de souche. Aussitôt, piaillement de la  volaille collaborationniste (gauche progressiste, en ancien français) : François H. aurait transgressé une règle absolue (langage martial), franchi la ligne jaune (babil journalistique), revêtu un uniforme de Waffen SS (délire psycho-blogotique courant). Quel est le crime de ce gros homme mou et pervers ? Avoir prononcé les mots qui réveillent les terribles démons lovecraftiens : Français de souche. Aussitôt, tous les grands amoureux de la liberté d'expression-surtout-la-mienne, les hérauts de la démocratie-mais-seulement-entre-nous, les casques bleus de la laïcité-mais-sans-stigmatisation se sont unis pour clamer que, tout de même, il était bien répugnant de reprendre ainsi ce qu'on appelle – syntagme figé – les mots-de-l'extrême-droite. On en a conclu que le président était passé du côté obscur de la force, ce qui était déjà faire preuve d'optimisme, puisque cela associait le mot “président” au mot “force”. En tout cas, la chose était bien certaine, les blogueurs propres sur eux étaient unanimes : il faisait le lit du Front. (On aimerait le voir, à la fin, ce lit du Front, parce que, vu le nombre de gens qui le font avec tant de soin depuis tant d'années, on ne devrait plus oser s'y coucher de peur d'y faire un pli à ses draps – or, on nous informe par ailleurs que de plus en plus de pourceaux décervelés s'y vautrent.)

Ils n'ont pas tort, ces angelots : le président a en effet transgressé un interdit qui va lui revenir en boomerang en plein dans le gras. C'était juste après la profanation de Sarre-Union. Croyant faire le malin, il a validé l'existence des Français de souche, puisqu'il s'agissait – superbe occasion ! – de montrer à quel point ils sont méprisables, ces compatriotes électeurs qui votent si sottement, viscéralement antisémites, salopardement xénophobes, joyeux saccageurs de tombes, probablement violeurs de petites filles bronzées, ennemis des éoliennes, rouleurs de diesel, bouffeurs de graisses saturées, etc. Il fallait en tout cas les désigner, l'urgence n'échappait à personne, et c'est ainsi que l'expression ignoble, FdS, est venue mousser dans l'écume de ses babines progressistes, embavées par la haine de soi et la rage de se vouloir mort (oui, moi aussi, je peux faire des phrases-tintamarre qui ne veulent rien dire, ce n'est pas l'apanage des blogueurs de gauche, la preuve).

Le président, d'une intelligence très moyenne mais conforme à l'époque, n'a évidemment pas vu ce que tout le monde allait voir : sa précipitation à désigner officiellement quatre ou cinq Français imbéciles, quand il prend un soin admirable, pour les 99% restants d'attentats antisémites se déroulant sur le territoire français, à ne pas prononcer les mots qui risqueraient de froisser ceux qu'il croit encore ses électeurs : musulmans, Arabes, etc. 

François Hollande, finalement, a très bien fait de prononcer cette horreur sémantique, Français de souche : ce jour-là, il est devenu, non le visage de la France, mais le tract ambulant du Front national.

L'invention de l'amour

Paul Léautaud et Marie Dormoy, probablement au début des années cinquante.


Dans son journal, Léautaud note ceci (1er janvier 1935), à propos de Marie Dormoy : « Elle a cette idée que c'est le christianisme qui a créé l'amour tel que nous le connaissons. Elle dit que l'amour-passion n'existait pas chez les Grecs, qu'on ne le voit pas dans le théâtre, dans lequel les mobiles des actions des personnages se rattachent tous à la Fatalité. Une bibliothécaire de Sainte-Geneviève a fait un travail sur Héloïse et Abélard, qui est, me dit-elle, une merveilleuse histoire d'amour. Elle a envie d'y mettre une introduction dans laquelle elle traiterait et développerait cette idée du christianisme créateur de l'amour. Je l'y ai vivement engagée. Je lui en reparlerai. » 

Il faudrait plus de connaissances, de culture, que je n'en ai, pour pouvoir juger de la pertinence de cela. Peut-être devrais-je commencer par relire L'Amour et l'Occident, ce livre de Denis de Rougemont que je me souviens d'avoir lu voilà une trentaine d'années et qui, si j'en crois mes lambeaux de souvenirs, aborde justement cette question de la différence entre l'amour grec et l'amour chrétien (Éros/Agapè), notamment au travers de Tristan et Iseult. Je veux bien relire Rougemont, mais ce volume a-t-il survécu à tous mes, puis nos déménagements ? Se trouve-t-il encore dans la bibliothèque ? J'ai bien peur que non. Et puis, vu le smog qui règne dans ma cervelle, c'est peut-être bien une fausse piste. Il faudrait tout de même savoir si le christianisme a inventé l'amour ou pas, bon sang !

lundi 2 mars 2015

Qu'il n'y a pas d'islamo-fascisme



Depuis soixante-dix ans, lorsque surgit un phénomène qui les défrise, ébranle leurs certitudes, dérange leur confort idéologique à poutres apparentes et parquets peints, les consciences de gauche s'empressent de l'enfouir dans le bahut ventru qui trône au milieu de leur salon, sur lequel est inscrit en grosse lettres brunes le mot fascisme. Ce régime politique étant mort sans chance de retour, ils avouent par là, par ce rejet vers un passé qui les sécurise dans la mesure où il ne risque plus de bouger, leur refus de comprendre quoi que ce soit aux nouvelles menaces qui se profilent : ils se montrent pour ce qu'ils sont, de parfaits réactionnaires

Et puis, bon sang, pourquoi aller forger à tout bout de champ des néologismes aussi mal conformés, désagréables à l'oreille et à l'esprit ? Les barbares ne leur suffisent donc pas, qu'il leur faille en plus les barbarismes ? Pourquoi donc tirer du néant lexical cet islamo-fascisme et ces islamo-fascistes, quand on dispose déjà de deux mots polis par les siècles et compréhensibles par tous : islam et musulmans ?

dimanche 1 mars 2015

Appel au secours


Une angoissante interrogation métaphysique nous a taraudés hier soir, Catherine et moi, nous gâchant presque le doux bonheur de l'apéritif vespéral que nous nous étions autorisé ; et j'aimerais beaucoup que m'en délivrent celles et ceux d'entre vous qui ont la malchance de fréquenter des adolescents, soit comme parents, ou comme professeurs, ou encore comme violeurs en série. La question est la suivante :

Les jeunes cons d'aujourd'hui portent-ils une montre au poignet ?

Le problème fut soulevé par Catherine, penchant pour la négative à cause des téléphones portatifs qui, au milieu de huit cent cinquante autres fonctions parfaitement inutiles, donnent l'heure – ce qui ne manque effectivement pas de sens.