dimanche 31 mars 2019

Le chevalier Destouches


Il m'a bien occupé durant ce mois de mars.

Et ce n'est pas fini…

mercredi 27 mars 2019

Les loupiotes du Ku Klux Klan


Dans ses lettres, Flannery O'Connor fait preuve d'un humour constant, à la fois souriant et abrupt,  souvent poussé au noir lorsqu'elle veut titiller tel ou tel de ses correspondants. Voici par exemple ce qu'elle écrit, en 1957, à une nouvelle amie, jeune femme qui semble être du genre “progressiste” :

« Je joue avec l'idée qu'à votre prochaine visite un homme de nos forêts, exaspéré par la situation, organisera un petit bûcher sur la pelouse de la mairie, histoire de faire flamber une croix. Mais sans doute est-ce trop espérer, avec la dégénérescence générale qui frappe les traditions. La dernière fois que le Klan a tenu ici une grande réunion, ils ont installé une “croix de feu” portable en face du palais de justice. Il suffisait de la brancher et elle resplendissait de lampes électriques rouges. Quand j'ai vu ça, je me suis dit : “Voilà qui fend le cœur. Il est plus tard que je ne pense.” »

À une autre de ses amies, qui vient de lui faire parvenir une nouvelle qu'elle a écrite, Flannery répond par une lettre de quinze lignes. Dans les deux premières, elle lui affirme qu'elle trouve son texte presque parfait ; puis, dans les treize suivantes, prenant appui sur ce presque, elle le réduit en miettes, mais sur le ton d'une irrésistible gentillesse, ce qui bien sûr est le pire. Cette correspondance est disponible en français sous le titre L'Habitude d'être : lecture hautement recommandable. Mais le mieux est évidemment de choisir d'acheter les Œuvres complètes. Pour conclure sur un sourire :

« Je m'amuse beaucoup en lisant La Réforme en Angleterre de Philip Hugues. On s'y croirait. J'ai montré le livre à la bibliothécaire de l'Université pour lui conseiller de l'acheter. Parfois il arrive, par erreur, qu'un étudiant choisisse un bon livre ; mais, d'après elle, c'est plutôt rare. Ils font très attention. »

dimanche 24 mars 2019

Recyclage de vieillerie


Je ne sais plus trop pourquoi je me suis remis, voilà quelques jours, à lire Flannery O'Connor, tantôt ses nouvelles, tantôt sa correspondance – peut-être sans raison particulière, juste l'envie soudaine. Toujours est-il que cette relecture m'a donné le goût de venir ici parler d'elle, de cet écrivain prodigieux, de cette femme à l'humour irrésistible. Or, c'est une chose que j'avais déjà faite, en 2010. Relisant ces “notes” de l'époque (il ne s'agit pas à proprement parler d'un billet, au sens où je l'entends, avec ce que cela suppose de cohérence et de construction), il m'a semblé que je n'avais rien d'essentiel à y changer ni ajouter. Les revoici donc :

Plus que celle du Bien et du Mal en tant que tels, c'est la question du Mal se parant des oripeaux du Bien qui traverse toute l'œuvre de Flannery O'Connor, la sous-tend. C'est-à-dire que le démoniaque y est à l'ouvrage, que la tentation est là, toujours présente, ne relâchant que très rarement son emprise. Satan est presque tout entier contenu dans ce masque que les damnés prennent pour leur visage même. Et on comprend, du coup, pourquoi Flannery O'Connor fut une lectrice passionnée et assidue de Bernanos. Ce phénomène du Mal agitant une caricature de Bien comme un montreur le fait d'une marionnette est particulièrement intense et effrayant dans la nouvelle intitulée Les Boiteux entreront les premiers, où le personnage du père ne cesse de clamer son goût du dévouement, sa passion d'aider autrui, de soulager les misères. Or, pendant que ses lèvres remuent et produisent des sons, ce qu'on voit à l'œuvre c'est sa profonde sécheresse de cœur et d'esprit, lesquels sont le plus grand obstacle à une grâce éventuelle, par la satisfaction qu'ils exposent d'eux-mêmes. Cette sécheresse brutale s'exprime clairement une fois, lorsque le père reproche à son fils de pleurer à l'évocation de sa mère, morte depuis une année à peine. "Tu as tout de même onze ans!", lui dit-il, ce ce ton de componction raisonneuse et mielleuse dont il ne parviendra jamais – sur le temps de la nouvelle – à se départir. Et l'on se doute qu'après le suicide de son fils, parti rejoindre sa maman au ciel après avoir découvert le ciel physique – et seulement lui – au travers d'un téléscope, et à moins d'une grâce dont Flannery O'Connor ne refuse jamais la possibilité, y compris pour ses “damnés”, le père continuera de se dévouer aux autres tout en restant aussi éloigné que possible de la charité.

Il faudrait bien sûr parler du troisième personnage de cette nouvelle, dont le nom m'échappe (je suis dans la Case et le livre est resté à la maison...), ce semi-voyou (délinquant, caillera...) très intelligent, que le père force à venir s'installer sous le toit familial afin qu'il le conforte dans la vision merveilleuse qu'il a de lui-même ; ce garçon toujours soumis à une tension presque inhumaine et qui, dès l'entrée du récit, proclame qu'il est damné et ira rôtir en enfer. De fait, il ressemble puissamment au diable, au Père du mensonge, au Prince de la tentation, et encore plus lorsqu'il brandit la Bible pour mieux détruire le fils. C'est lui qui va lui faire découvrir le ciel, par le téléscope, mais un ciel vide qui ne peut susciter rien d'autre que des hallucinations. De fait, l'enfant croira y découvrir sa mère et se pendra pour la rejoindre.

Dans ce Sud où nous plonge Flannery O'Connor, la religion est omniprésente. Mais, le plus souvent, privée de la charité et de la grâce, elle ne fait que se résoudre en émanations malsaines qui rendent les hommes fous, assassins, alcooliques ou prêcheurs – parfois tout ensemble.

Les nègres sont en toile de fond, aussi fous et haineux que les blancs (pas de rédemption bon marché chez Flannery O'Connor), toujours présents, circulant dans les consciences comme les termites dans une maison de bois, un remords à bas bruit, un exutoire à la violence qui ne résout jamais rien, une vision matérielle, mais niée avec rage et rancœur, du monde dévalant vers le Jugement dernier.

Les prêcheurs ne sont fous que parce qu'ils invoquent un dieu auquel ils tournent le dos ; leurs disgrâces physiques plaident contre eux, en même temps qu'elles pourraient être une occasion de rachat.

Le soleil change de forme, de couleur, de taille et de nature selon qu'on le supporte ou le contemple. Mais il est toujours là, pour qui veut bien s'en aviser : Tout ce qui s'élève converge.

Si peu d'amour au fond. Et lorsqu'il survient, il se gauchit, s'exacerbe et se dénature. Pas davantage de sexe ou à peine : l'élan vital fait défaut.

Chaque personnage, par la profondeur du regard et la puissance du verbe, est retourné comme une peau d'animal écorché et contraint de montrer son vrai visage ; lequel peut être soit brûlé soit illuminé.

vendredi 22 mars 2019

Il suffira d'un cygne…


En français d'avant, on aurait appelé ça du “financement participatif” ; en français d'apocalypse, on dit plutôt du crowdfunding – bref. Il s'agit aujourd'hui de participer à la création et au lancement du prochain livre de Rémi Usseil et de Nicolas Doucet, le premier au texte, le second aux dessins.  Et, bien entendu, de profiter pleinement du résultat, une chanson de geste – eh oui ! – qui s'annonce superbe, et dont votre serviteur a pu lire naguère le premier chapitre en avant-première, au prix de mille bassesses et de compromissions toutes plus dégradantes les unes que les autres. Donc, le principe est simple : vous payez maintenant et, en octobre prochain, vous recevrez chez vous le somptueux album vous narrant les époustouflantes aventures du CHEVALIER AU CYGNE. Plus d'autres choses encore (cartes postales, dessins originaux, etc.), suivant la somme que vous aurez généreusement allouée aux deux créateurs. Car il y en a pour toutes les bourses, nul ne sera laissé sur le bord du chemin (ni ne pourra dire : « Désolé, c'est trop cher pour moi… ») Pour découvrir le projet, et les différentes façons d'en acquérir dès maintenant le résultat prochain, il suffit de se rendre sur




où le projet a pris forme, consistance et vie. Allez-y nombreux, allez-y enthousiastes, et n'oubliez pas d'emporter  avec vous votre petit cochon rose au dos fendu. Car cochon et cygne seront, en cette occurrence, bienheureusement complémentaires.

mercredi 20 mars 2019

Les jaunes et les blancs (billet garanti sans racisme)


On ne le sait sans doute pas assez, dans certaines contrées ridiculement éloignées d'ici, mais Pacy-sur-Eure est une ville qui bouge. Une agglomération qui innove. Un bourg qui avance. Une municipalité décalée et briseuse de codes. Une commune qui va dans le bon sens, loin de la France moisie et de ses miasmes délétères, comme j'ai pu m'en rendre compte tout à l'heure, par la grâce d'un mobilier urbain vertical et informatif. On y lisait, sur ce mobilier, que, le 30 mars prochain, va se dérouler un

Défi d'œufs

L'affaire aura lieu entre 15 h et 17 h (la fenêtre de tir est étroite, comme on voit : il va s'agir de ne pas se louper) au square Trucmuche – je regrette bien de n'avoir pas noté le nom. Je regrette encore davantage de n'avoir pas retenu le numéro de téléphone que l'on pouvait composer pour obtenir des renseignements sur l'événement susnommé.

Parce qu'enfin ce ne sont pas les questions qui manquent, qui se pressent et tournoient dans l'esprit du citoyen ovo-responsable mais dubitatif. De quoi s'agit-il exactement ? Va-t-on voir des humains lancer un défi aux œufs ? Ou, à l'inverse, les œufs nous provoquer en duel ? Ou bien assistera-t-on à un défi des œufs entre eux, dont nous serons simples spectateurs ? Il n'est pas non plus totalement exclu de voir arriver, au square Trucmuche de Pacy, des bipèdes portant chacun une poule pondeuse sous le bras, et les défier de faire un œuf, là, tout de suite, devant l'assistance scrutatrice et toute honte picorée. 

On m'accordera que, la tête bruissante d'interrogations aussi fondamentales et obscures, il va être difficile de passer une journée vraiment sereine. D'autant que le 30 mars est encore bien loin…

mardi 19 mars 2019

On est injuste avec le président !


Tout le monde, depuis quelques jours, semble s'étonner, s'ébahir, s'indigner, se récrier, parce notre bon président était “à la neige”, comme ils disent, au moment même où Paris était “en feu”, comme ils redisent. 

D'abord, aurait-il été “à la plage” que ça n'aurait sans doute rien changé à la situation ignée campo-élyséenne.

Et puis, quoi : ils n'ont jamais, ces étonnés, ces ébahis, ces indignés, ces récrieurs, entendu parler de neige carbonique ?

samedi 16 mars 2019

Dis-moi, Céline…


Ils s'y sont mis à deux, pour me marabouter. Michel Desgranges, d'abord, qui, le mois dernier, lors de notre déjeuner chez lui, me disait avoir plus ou moins envie de rouvrir Céline, lu intégralement en sa jeunesse et plus repris depuis lors ; Philippe Muray ensuite, qui lui consacre plusieurs des textes de ses Mutins de Panurge, deuxième volume des Exorcismes spirituels (édités par Michel Desgranges, en plus…), que j'ai entrepris de reparcourir, assez paresseusement je dois le dire. 

Bref, j'ai soudain décidé, ce matin, entre réveil et petit-déjeuner, de retenter l'ascension du massif formé par les trois derniers romans dudit Céline, à savoir D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Je dis “retenter” car, la dernière fois, qui remonte à quelques années – mais pas tant que ça –, je me souviens très bien d'avoir déchaussé les crampons à peu près à mi-pente, c'est-à-dire vers le milieu de Nord. On verra bien ce qu'il en est cette fois-ci. Du reste, je ne dois pas être un très bon lecteur célinien, car je suis à peu près sûr de n'être pas venu non plus à bout des deux volumes de Guignol's Band.

Par contre,  j'ai repris au moins deux fois du Voyage et de Mort à crédit, et je suis sûr d'avoir tout fini mon assiette de Féérie. Alors, hein : camembert, dans les rangs !

lundi 11 mars 2019

L'info qui fait s'esclaffer (avec allitération offerte)


Elle s'étale sur Atlantico, mais je suppose qu'on doit la trouver un peu partout ailleurs, tant elle est juteuse de bonne modernité sucrée et nourrissante. La voici :

Amputé d'une jambe, un ex-soldat de la Royal Navy a réalisé la traversée de l'Atlantique à la rame.

On suppose que si, demain, Lee Spencer – tel est le nom de ce modernœud échevelé – devait être amputé de sa jambe restante, il s'attaquerait illico à l'Everest, ou bien tenterait la traversée du Pacifique à la brasse papillon.

Cela étant, l'article d'Atlantico (qui n'a jamais aussi bien porté son nom, on l'aura noté) recèle une autre perle, au moins aussi ébouriffante que la première :

Lee Spencer avait déjà traversé l'Atlantique en décembre 2015 au sein d'un équipage de quatre anciens soldats possédant à eux quatre seulement trois jambes.

À quoi l'on voit que le journaliste n'a pas fait son travail à fond, poussé son enquête dans ses derniers retranchements : on aurait bien aimé savoir comment ces trois jambes étaient réparties. Le public a le droit d'être informé, nom d'une patte en bois !

vendredi 8 mars 2019

L'alternative de Camuray


Au bout du compte, après avoir lu ou relu, à la suite l'un de l'autre, Renaud Camus – le journal 2018 – et Philippe Muray (un prophète de synthèse : Camuray…) – Après l'histoire –, on en arrive à se dire que la seule alternative qui demeure, concernant notre avenir plus ou moins proche, est la suivante : La fête va-t-elle se dissoudre dans l'islam ou l'islam dans la fête ? Dans les deux cas, il conviendrait de se dépêcher de mourir.

dimanche 3 mars 2019

L'information qui met en joie (moi, en tout cas)


Le titre avait à lui seul fait naître chez moi un sourire déjà gourmand :

Une faille de sécurité majeure découverte sur les trottinettes en libre-service

La suite, le “chapeau”, m'a plongé dans une sorte de ravissement béat, faisant éclore des images toutes plus délicieuses les unes que les autres, de trottinetteurs partiellement démembrés, écrasés contre du mobilier tout aussi urbain qu'eux-mêmes :

Les trottinettes en libre-service pourraient être visées par des pirates informatiques. Une importante faille de sécurité vient d'être découverte. Elle permettrait de prendre le contrôle à distance de l'accélération et du freinage des trottinettes.

Je n'ai pas osé lire la suite, craignant de gâcher mon plaisir, d'en polluer l'irradiante pureté.

vendredi 1 mars 2019

Les trois Daudet


Je n'ai jamais fréquenté ce Daudet-là.
Mais j'en ai croisé d'autres en février.