jeudi 30 septembre 2010

Aimez-vous brame ?

À Jérôme Vallet, évidemment...


Au musée des Beaux-Arts de Dijon, où Adrien et moi fûmes cet après-midi, il y a des tas de peintres dont j'ignorais jusqu'au nom – ce qui ne devrait surprendre personne. Parmi eux, un certain François Bonvin ; ou Saint Bonvin, c'est selon. Exposé de lui, à Dijon, un tableau intitulé Nature morte avec violon. Donc, on peut, contrairement à ce que d'aucuns affirment péremptoirement.

Sinon, Catherine et sa sœur ont prévu d'aller, à la nuit tombante, crapahuter dans la forêt proche afin d'entendre le brame des cerfs – étant bien clair que je ne vous raconte cela que pour justifier mon titre imbécile. C'est d'autant plus inexplicable qu'il pleut et qu'on entend très bien les autres crétins boisés de la terrasse, un verre à la main, comme nous avons pu le vérifier hier soir. Enfin, bon, elles feront bien comme elles voudront, hein ?

mercredi 29 septembre 2010

La grave question de la lunette arrière

De nombreuses femmes, modernes, avant-gardistes et très conscientisées, militent ardemment – notamment auprès de la pauvre loque au cerveau liquéfié qui leur sert de souffre-douleur estampillé, à savoir leur époux – pour que les hommes rabaissent la lunette des toilettes lorsqu'ils ont fini de pisser ; de manière à ce que ces feignasses patentées n'aient plus qu'à y poser leurs ravissantes miches quand le besoin leur point. Je ne suis pas d'accord : personnellement, je laisse toujours la lunette relevée. Afin que la dame qui passera derrière moi soit bien certaine que je n'ai pas constellé l'ustensile de ma miction erratique.

Cela étant, j'avoue qu'il m'est parfois arrivé d'oublier de la relever, cette lunette de discorde, et de ne le faire qu'après, afin de fourvoyer les donzelles me suivant. C'est ce qu'on appelle avoir une âme noire.


Et comme ce billet le mérite hautement, je rouvre les commentaires.

mardi 28 septembre 2010

Connaissance de l'Est


Nous partons dans une couple d'heures pour Besançon et ses environs, lestés de deux des trois chiens. Au programme : quelques petits repérages brigado-mondains à Arc-et-Senans mercredi, excursion culturello-couturière à Dijon jeudi, et retour ici même vendredi. Avec quelques apéritifs familiaux habilement intercalés. Je ferme les commentaires mais vous rappelle que l'encre est encore fraîche du journal d'août – garanti sans givre et sans biches.

lundi 27 septembre 2010

La double ironie du bref

Pour toucher du doigt la dégringolade de l'époque (je ne sais si vous avez déjà essayé de toucher du doigt une dégringolade : c'est une expérience unique), il suffit parfois de comparer les discours des ludions qui s'agitent à notre avant-scène avec ceux des hommes qui ont présidé à nos destinées, quand nous avions encore des destinées. Il me semble inutile d'aller fouiller les entrailles du net pour y trouver des extraits exacts de la sanie verbale répandue par l'actuel chef de l'État dès qu'il ouvre la bouche : chacun l'a bien présente dans les narines. C'est du style : « C'que les Français i' veulent, c'est... » Glissons.

Comparons avec les trois premières lignes du discours prononcé par Charles de Gaulle le 14 décembre 1963, pour l'inauguration de la maison de la Radio :

À tant d’idées, de mots, d’images, de sons, lancés sur des ondes merveilleuses, à toutes ces rafales de suggestions déclenchées vers la foule secrète des esprits, bref à la radio, fallait-il une maison ?

Je vous laisse savourer le drapé classique de la phrase (un peu trop drapée, la phrase, ergoteront certains...), les rafales de suggestions et la foule secrète des esprits, pour m'arrêter un instant sur ce “bref”, qui me ravit absolument, parce qu'il me paraît être d'une ironie non seulement parfaite mais encore bi-directionnelle, si je puis dire.

Car qu'entend-on dans ce bref, qui claque comme un guichet désinvolte, presque dédaigneux ? D'abord le tribun rassurant ceux qui l'écoutent : « Je sais bien que vous ne comprenez pas du tout où je veux en venir, mais vous allez voir, ça se résume à un truc tout simple : la radio. » Dans le même temps, on perçoit le demi-sourire que de Gaulle s'adresse à lui-même, moqueur : « Mais qu'est-ce qui t'a pris, vieux phraseur, de te lancer dans cette période imbitable, alors que tout le monde n'attend que le point final pour se ruer sur les petits fours ? »

Bref à la radio, fallait-il une maison ? La chute, par surcroît, dans son “ramassé” brutal et saugrenu, est d'une irrésistible cocasserie, il me semble.

Et encore, vous n'avez pas le son... la voix...

En avance sur le temps


Le journal d'août est en ligne avec quelques jours d'avance, en raison d'un départ pour la verte et montueuse Franche-Comté...

dimanche 26 septembre 2010

Quelque chose qui ne tourne pas rond

Très beau chapitre que celui intitulé Prêtres, dans le quatrième tome de La Grande Intrigue, de Taillandier. Il commence ainsi :

« Assez peu de temps, trois ou quatre mois peut-être, après son arrivée en tant que nouveau curé dans la paroisse de Vernery-sur-Arre, en 1967, le père Jean Noirac dut se rendre à l'évidence : il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. »

Le souffle de Vatican II est précisément parvenu à atteindre ce bourg imaginaire de l'Yonne, d'où part toute la pentalogie et dans lequel elle se déroule en grande partie – souffle que l'âge et la mauvaise volonté du curé précédent, le père Bordessoule, avaient pour un temps empêché de mettre à bas les coiffes des paroissiennes. Un peu plus loin, l'auteur introduit son motif, si je puis dire :

« Noirac était un petit homme gras, d'environ trente ans. Il était sérieux, sincère, de bonne volonté. Il considérait que la mission des prêtres était désormais de “réconcilier l'Église avec le XXe siècle” ; du moins avait-il loyalement accepté que ce fût là le mot d'ordre de son apostolat. En même temps, il avait des doutes. Le XXe siècle ! Le XXe siècle avait une façon qui n'était qu'à lui de parler du XXe siècle, sur un ton de gravité et d'importance. Le XXe siècle se faisait une haute idée du XXe siècle. Tout le monde aurait souri d'imaginer les gens de 1450, par exemple, s'exclamer : « Mais enfin !... Nous sommes tout de même au XVe siècle ! Voir des choses pareilles en plein XVe siècle ! » Au XXe siècle, on entendait couramment de tels propos, et personne ne souriait. »

Quelques pages encore, et cette notation à propos de la soutane :

« Avant, tout le monde savait ce qu'était un curé ; on en pensait du bien ou du mal, mais on savait. Sa silhouette noire, si souvent caricaturée, le posait dans le décor comme une référence ; il avait l'air d'un mot du dictionnaire se promenant avec sa définition. »

Le chapitre se clôt en 2008, lorsque le père Noirac est affecté à la formation des diacres et qu'il cède sa place à un prêtre africain, lequel devra courir d'une paroisse à l'autre, parce qu'il est seul pour en faire (sur)vivre douze ou quinze. Taillandier conclut :

« Bien d'autres choses le rendent tristes. En France, en 2008, on détruit des églises, on construit des mosquées. Impossible de dire la simple tristesse sans déclencher le feu roulant de lieux communs des journaux. Noirac n'est pourtant pas un croisé ni un brandisseur d'anathèmes. Simplement il n'était pas né dans ce monde et n'a pas été préparé pour ça. Il se réconforte et se soumet en se disant qu'avec le Christ, personne n'a jamais été “préparé pour ça” ni pour quoi que ce soit d'autre. Pierre, Jean et Jacques, et toute la clique, n'avaient pas été “préparés pour ça”. Jésus lui-même avait-il été “préparé pour ça” ? Avec le Christ, on n'est pas prêt. On n'est jamais prêt. Noirac le sait.
« Il se sait aussi atteint d'un cancer probablement incurable. Tout va s'achever pour lui. Une vie d'homme sera accomplie, usée, vidée, déversée dans le courant. Et personne ne pourra dire ce qu'elle fut.
« Il n'y a d'autre clef, mon Dieu, que celle que vous ne nous donnez pas. »

François Taillandier, Les Romans vont où ils veulent, Stock, pages 172 à 195.

Mais se préoccuper de ce que put être une vie terminée, disparue, simplement faire mine de s'y intéresser, est-ce que ce n'est pas déjà lâcher l'aveu un peu ridicule que l'on est resté coincé dans le monde d'avant ? Que le grand Maintenant se fabrique sans nous ?

Les romans vont où ils veulent


Juste un mot pour vous signaler que Bruno Maillé parle plus longuement et mieux que moi de la pentalogie de François Taillandier, dans laquelle je vais de ce pas me replonger. C'est ici.

samedi 25 septembre 2010

Il n'y a personne dans les tombes

Depuis une semaine, je suis occupé à lire La Grande Intrigue, une pentalogie de François Taillandier – le troisième roman de cette série portant le même titre que ce billet. N'étant parvenu qu'au premier tiers de ce volume, il m'est difficile de parler de l'ensemble bien sûr. Néanmoins, il apparaît clairement que Taillandier a réussi où Philippe Muray a échoué, à mon sens, à savoir dans la métamorphose romanesque des idées et des concepts développés par ce même Muray dans ses essais. Au travers de quelques familles, depuis le début du XXe siècle jusqu'à nos jours, c'est notre sortie de l'histoire qui est mise en scène, notre entrée dans une nouvelle conception du temps, devenu binaire d'après l'auteur : avant et maintenant – cet éternel maintenant s'occupant de liquider aussi rapidement que possible les dernières traces de l'avant. Le premier volume de cette pentalogie s'intitule Option Paradis, qui n'est rien d'autre que le monde voulu (?) et créé par Festivus festivus à son propre usage. Un petit extrait, pour dire :

« Au bas de la rue, la municipalité de Paris avait implanté deux de ces modestes sucettes marron qui indiquent les lieux historiques. Qui a inventé la sucette pour l'histoire ? On aimerait le connaître, l'inventeur de la sucette marron ! Qu'il se dénonce ! Deux sucettes marron, rue de Belleville, indiquent l'une, le bal Desnoyez, l'autre, le bistrot du bagnard Maxime Lisbonne. Qu'est-ce que c'était, le bal Desnoyez ? Qui était Maxime Lisbonne ? Allez voir. Les sucettes marron vous le diront. De toute façon, il n'y a plus rien derrière elles. C'était la vie d'avant. La sucette marron désigne invariablement ce qui est mort une bonne fois pour toutes. La sucette marron, ou : Paris cimetière. La sucette marron est l'ultime signal de la vie d'avant. D'avant quoi ? D'avant rien. D'avant la sucette marron. Quand on installe des sucettes marron pour signaler la vie, c'est qu'il n'y a plus de vie. Passez muscade ! »

François Taillandier, Il n'y a personne dans les tombes – La Grande Intrigue III, Folio, page 92.

jeudi 23 septembre 2010

Une femme que l'on aime... vous prive des autres femmes...

Ce que j'aime, dans cette musique, que j'écoute en ce moment même, celle de Jérôme Vallet, c'est à la fois sa violence et sa bouffonnerie, les deux se mêlant dans une sorte de contrepoint, parfois doux (très), parfois violent (très aussi). Tout artiste est bouffon, et c'est même sans doute à cela qu'on peut le reconnaître. Un musicien sérieux (ou un écrivain, ou un peintre) sera toujours une grosse merde, surtout s'il se vend comme "provocateur", ou encore comme "rebelle", voire comme "iconoclaste". Un artiste est un bouffon. Pur. Il fait rire, y compris et surtout avec son malheur propre. Il se fout du lien social, de votre solidarité, de la tolérance obligatoire – il cherche juste à s'élever au-dessus de vous, de moi. Un artiste est forcément un type désagréable, de ce point de vue : il sait que certains humains sont supérieurs à d'autres, et c'est bien ce qu'il veut être : supérieur à vous, et à moi. Et, en général, il y parvient.

Je parle des véritables artistes : de ceux qui pratiquent un art. Pas des chanteurs, des bidouilleurs de BD, des rockers, des auteurs de polars, etc. Non, non : des artistes. De ces gens qui nous dépassent, de ces gens supérieurs que, pour cette raison même, vous ne supportez pas, à cause de cette brûlure qu'ils vous occasionnent par leur existence même.

Mais j'ai dévié. Je voulais au départ parler d'une science du contrepoint, dans cette musique que j'écoute. Mais naturellement, personne n'est moins qualifié que moi pour parler de contrepoint.

Il reste que la porte est ouverte, et qu'il pleut, et que cette pluie qui tombe se marie parfaitement avec la musique que j'écoute.

La Delse, faut qu'elle arrête la fumette (et pas qu'elle)


J'ai pris la Delse comme exemple parce que je l'avais sous la main (c'est bien pratique, pour ça, mon asile...), mais enfin elle n'est pas la seule. Je voulais dire ceci, à mes petits camarades blogueurs : arrêtez donc, bande d'abrutis, de mettre vingt ou trente liens par billet que vous écrivez. Personne ne “clique” dessus. On s'en fout. Vous êtes des malades. Il y a les malades peu atteints, comme Corto par exemple, dont on comprend tout de même ce qu'il veut dire – mais, le lisant, on a envie de lui dire : arrête de te faire chier avec ces petits soulignés bleus, on n'ira pas ! Et puis, il y a les vrais psychotiques, comme la Delse. Je ne sais pas si ses billets deviennent compréhensibles quand on clique : je ne me suis jamais risqué. Mais, comme ça pour voir, essayez d'aller lire ceci, et dites-moi si vous avez pigé quelque chose : je suis intéressé par le résultat.

En plus, elle sera contente : si je n'étais pas là, personne ne la lirait.

Solidiste avec les grèvaires

Depuis ce matin, dans l'immeuble qui abrite mes coupables activités professionnelles, traînant un peu partout : table du hall, ascenseurs, bureaux, etc., on peut trouver de petits carrés de papier rouges d'environ cinq centimètres de côté, sur lesquels est écrit ceci :

NON À LA RÉFORME DES RETRAITES

SOLIDAIRE AVEC
LES GRÉVISTES


Dans ma jeunesse, et jusqu'à une date somme toute récente, les jours de grève offraient deux possibilités aux pue-la-sueur : la faire ou ne la faire pas. Dans le premier cas on était un travailleur exemplaire, conscient et combatif ; dans le second cas un jaune.

Les modernœuds de notre si merveilleuse époque ont donc inventé une troisième catégorie : le jaune solidaire. Je viens gagner ma croûte comme tous les jours, mais je suis de tout cœur avec vous, les gars. On imagine le type arrivant face au piquet de grève, le matin :

Le gros bras bedonnant de la CGT : – Tu fais pas la grève, camarade ?
Le jaune : – Euh, non... j'ai trop de boulot et j'ai besoin de thunes. Mais attention, chuis solidaire ! J'ai mon petit autocollant et même un mot de mes parents...
Le gros bras : – C'est bon, les gars, laissez-le passer, il est des nôtres.

Et le plus comique, dans cette histoire, c'est que j'ai en effet croisé quatre ou cinq bipèdes des deux sexes qui s'étaient placardé le petit badge sur le sein gauche. À la place du cœur, là où se niche la solidarité.

mercredi 22 septembre 2010

Proust et Céleste m'ont crucifier...

Troisième volet d'une série de quatre – pas loin de la sortie, donc. J'avais tout bétonné, comme un gamin idiot : « Si j'écris aujourd'hui mes 8000 signes sur Proust & Céleste, on prend l'apéritif ce soir. Sinon, non. » Voilà ce que j'ai dit ce matin à l'Irremplaçable, avant de partir faire le guignol à Levallois-Plage.

Ce soir, je suis... comment dire ? Frustré ? Non. Furieux ? Un peu. Découragé ? Pas tout à fait. Un peu des trois ? Sans doute. Bourré ? L'occasion était belle.

J'ai écrit 13 000 signes, sur les 8000 qu'on me réclamait, me demandant comment j'allais faire pour raconter quelque chose d'intéressant en moins de 30 000 signes. En peinant comme un jeune con qui pond son premier article (tête qui enfle, chaleur à tous les étages, certitude d'être nul, incapable de faire quoi que ce soit de propre). Et, chaque phrase poussant l'autre, la certitude de produire de la merde en barre, de passer à côté de ce qu'il fallait dire, d'être celui qui n'aurait pas dû écrire cela – imposture totale.

Je n'ai rien relu, on verra demain. Ne venez pas me dire que personne d'autre que moi n'aurait pu mettre debout ce petit mausolée : je le sais bien. Mais la gueule du mausolée, franchement... Ce soir, j'ai honte de ce qui est sorti de mes doigts et de ma tête. Je n'ai pas hâte du tout d'être à demain pour relire ce salmigondis dont j'espérais être content. Je me voyais même aller demander à mon patron l'autorisation de reproduire, après publication, ce texte ici même, sur ce blog : on voit bien à quel point l'auteur se rengorge...

Dieu du ciel, jamais ! Que Marcel et Céleste (Albaret, évidemment, pas l'autre grosse conne) me pardonnent : non seulement j'ai tout raté l'affaire, mais en plus ce sera publié. Et ce sera bien fait pour ta gueule, auteur : c'est toi qui as écrit ça ; c'est toi qui pensais pouvoir produire quelque chose... un texte lisible... Enfin, bon.

mardi 21 septembre 2010

Et nous mourrons dans un dernier grand rire...


Par la crémation, les hommes deviennent des morts portables, comme des téléphones ou des ordinateurs – résolument modernes, presque fun.

lundi 20 septembre 2010

Rien à vous dire, mais les culs de singe ça va cinq minutes...


Un petit mot tout de même, pendant que je suis là ? Alors, voyons... Le temps est beau... Le quatuor de Schubert aussi (celui dont on retrouve quelques mesures chez Jérôme V.)... Je devrais être occupé à écrire huit mille signes sur Paul Léautaud et son Fléau, mais comme je peux encore, à l'extrême rigueur, ne rendre l'article que demain, j'attends, au bord de l'hébétude... Voilà, c'est à peu près tout... Il y aurait bien le fait que ma pipe vient de s'éteindre, mais là, vraiment...

dimanche 19 septembre 2010

Pascal Picq et Maman Goux

Ce matin, poursuivant sa lecture de la Nouvelle histoire de l'Homme de Pascal Picq, l'Irremplaçable est tombée sur ces deux phrases, assez énigmatiques dès lors qu'on les extrait de leur contexte, ce que je m'empresse de faire :

Les années 1960 et 1970 voient l'arrivée des femmes dans les universités ainsi que la conquête de leurs droits. La vie des babouins va en être bouleversée !

Certes, certes.

samedi 18 septembre 2010

Sont parfois pénibles, ces filles...

Déjà je n'appréciais que très modérément que l'Irremplaçable ait pu connaître ma propre mère avant moi. Mais alors là...

Hier soir, nous recevions Isabelle G., Québécoise de souche, pour qui j'ai éprouvé une passion absurde et violente aux alentours de ma vingt-troisième année, c'est-à-dire vers 1978-1979, avec un léger débordement sur 1980 – passion non réciproque, comme il se doit dans les belles histoires de la vie réelle.

En dehors d'un croisement fugitif il y a douze ans, alors qu'elle était enceinte jusqu'aux dents, je n'avais pas revu Isabelle depuis lors. Je me suis trouvé face à elle comme Verlaine à la femme de son rêve étrange : ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, et la soirée – fort agréable – a passé sans que je parvienne à faire coïncider tout à fait ces deux images. Fort sentiment d'étrangeté.

Lequel s'est encore renforcé lorsque Catherine et elle se sont avisées qu'elle s'étaient trouvées au même endroit, à Québec, le 14 juillet de l'année 1975, à l'occasion de la fête donnée par le consulat de France – soit trois ans avant que je ne fasse moi-même la connaissance d'Isabelle. Peut-être se sont-elle parlé, ce soir-là, ces deux femmes de ma vie ? En tout cas, je me plais à le penser. Même s'il m'énerve un peu que Catherine, cette fois encore, soit passée avant moi...

vendredi 17 septembre 2010

Qui a perdu sa petite culotte rose ?

Il y a environ une heure, sur le trottoir de droite (je ne prends jamais les trottoirs de gauche, par peur de la contamination) de la rue Thierry-Le Luron, j'ai vu une petite culotte de fille, rose. Elle semblait toute désemparée, et, Dieu sait comment et pourquoi, me sont revenus deux vers de Brassens, dans lesquels il parle d'une poignée de main – car certains chanteurs, notamment lorsqu'ils sont sétois, ont cette faculté de s'intéresser aux poignées de main délaissées par les hommes :

Quelque peu décontenancée
Elle était là dans le fossé.

Et tel était bien le sort de ma petite culotte rose.

Juste après, j'ai croisé un jeune homme qui ressemblait à Denis Barthès (l'un de mes deux plus vieux amis – l'autre étant Carlos –, connu le 23 novembre 1972 et perdu de vue depuis 13 ans, comme s'il s'était évanoui dans l'air), tel qu'il était il y a trente-cinq ou trente-six ans, lorsque nous logions ensemble au 21 de la rue de Patay – Paris treizième. On notera que vivre rue de Patay lorsqu'on débarque d'Orléans ne manque pas d'une certaine cohérence johannique. Cet inconnu lui était à ce point identique que c'en devenait presque choquant d'illogisme temporel.

Il se passe de drôles de choses, à Levallois-Perret. Et je ne serait même pas plus surpris que cela si je voyais soudain resurgir un amour de fin d'adolescence avant que se termine la journée...

(Et tandis que j'écris cela, passent sur Levallois des nuages absolument magnifiques.)

jeudi 16 septembre 2010

Les mots ça console et ça venge (et Georges tout pareil)

Alors voilà, je vais vous dire un truc, aux uns et aux autres. À propos de Georges (et à propos de celle qui parlait si gentiment et qui ne parle plus). En admettant qu'il doive ne me rester qu'un seul commentateur sur ce blog – en admettant. Eh bien, ce serait lui et personne d'autre. Parce qu'il est musicien, et pas vous. Et pas moi non plus, malheureusement. Comment vous dire ? Pas facile...

Moi-même je ne savais pas que j'allais aimer cette musique-là. Et même, en fait, j'étais certain de détester. Et puis...

Et puis non. Évidemment, je ne peux rien faire pour vous, je ne peux pas vous forcer à éouter ...

Vous êtes assez nombreux à gagner mes suffrages, mais enfin, tout de même, Georges vous dépasse assez facilement. (Et ne vous demandez pas pas pourquoi de Gaulle illustre ce billet : lui le sait.)

« Bref... fallait-il une maison ? »

Oui, tiens : fallait-il une maison ? Mais ça ne va plus du tout, Louis-Ferdinand Céline !
Le bruit est resté longtemps dans ma tête. La voix du Général...

Une chose reste certaine – mais alors là, vraiment certaine : on ne peut pas faire une nature morte avec un violon.

Comprenne qui pourra.

Proust et Céleste (pas la noix vomique, l'autre...)

Pour des raisons strictement – et assez bassement, j'en ai peur – professionnelles, je suis occupé à relire l'un des trois livres que Christian Péchenard a consacré à l'auteur de La Recherche : Proust et Céleste. Cette trilogie a été réunie en un seul volume, dont la quatrième de couverture m'indique qu'il coûte 65,00 FF, ce qui est assez dire l'ancienneté de l'ouvrage.

Rien n'est plus beau, plus mystérieux et même – j'ose – plus érotique que ces dix années que Marcel Proust et Céleste Albaret ont passées enfermés ensemble, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans la moindre interruption, hormis les trois jours que la jeune femme ira passer en Lozère pour y enterrer sa mère – à Auxillac.

Céleste est très exactement la femme sublime dont avait besoin Proust, lui qui n'avait pas besoin de femme, ou alors d'une seule, pour remplacer (annuler ?) sa mère.

Beaucoup de lecteurs de La Recherche ne se doutent pas de ce qu'ils doivent à cette jeune Lozérienne inculte.

À la niche, la Mère Fouettarde !

Hier nous parlions de nos amis belges et de nos envahisseurs attitrés d'Outre-Rhin ; aujourd'hui nous allons parler des Luxembourgeois, ou plus précisément des Luxembourgeoises, ou encore plus précisément d'une Luxembourgeoise, Viviane Reding, dite La Mère Fouettarde.

Sur l'échelle de Richter des ridicules, le Luxembourg arrive juste derrière Monaco. Il s'agit d'un Grand-Duché, qui produit un certain nombre de Grandes Duduches, dont celle qui nous occupe ce jour. Cette petite flicarde à la coiffure grotesque pantoufle à Bruxelles où elle s'occupe de la grosse commission, encore appelée commission Prodi. Pas Proxi : Prodi. C'est à ce titre qu'elle vient de nous faire un gros caca nerveux parce qu'elle trouve que reconduire une poignée de Rrrrrroms à la frontière après avoir lesté leurs poches d'un confortable viatique, c'est se comporter comme des Waffen – SS de haute époque. Dieu sait si je n'approuve que fort rarement les propos de M. Sarkozy, mais je trouve que sa réponse à cette péronnelle liberticide ne manque pas de sel. Car comme le rappelle mon ami Marc Cohen, dans un billet que je vous engage à lire, au Grand-Duduche on n'expulse jamais le moindre Rrrrroumain, ni même le plus petit Bbbbbulgare, pour la simple raison qu'on leur interdit formellement d'entrer – des fois qu'ils iraient marcher sur les pelouses, on n'est jamais trop prudent.

Bref, je propose une opération goudron-et-plumes pour cette mère Tapedur, dès que l'occasion s'en présentera. Ou encore deux semaines de vacances dans un camp de Rrrrromanos, entre le Périphérique et la voie de chemin de fer.

mercredi 15 septembre 2010

Par lequel on apprend que les Belges sont supérieurs aux Allemands

La démonstration est simple et rapide à faire, à condition de choisir judicieusement son critère. Lequel est l'héraldique. Parce qu'on a attentivement lu Michel Pastoureau, on se souvient que la science du blason utilise six couleurs, réparties en deux groupes : d'un côté le jaune (or) et le blanc (argent) ; de l'autre le noir (sable), le rouge (gueules), le bleu (azur) et enfin le vert (sinople). On se rappelle également que deux couleurs d'un même groupe doivent toujours et obligatoirement être séparées par une de l'autre groupe. À présent, si vous regardez le drapeau belge (noir-jaune-rouge), vous constaterez comme moi qu'il répond parfaitement à ces exigences. En revanche, avec leur malencontreux noir-rouge-jaune, les Allemands se révèlent être de tristes branquignols. Sauf ceux de la période 1933-1945, car on observera que le drapeau nazi satisfait pleinement aux exigences héraldiques. Comme quoi on ne peut pas avoir tout faux toujours et partout.

C'était ma contribution à une juste réhabilitation de l'hitlérisme.

Finalement je les aime bien, mes amis gauchistes

Non, sans déconner, c'est vrai. D'abord je les trouve rassurants. Je les ai découverts en 1972-73, ils tenaient un certain type de discours et promettaient de mettre la France à feu, à grève et à sang. Je repasse en 2010, ils tiennent exactement le même langage et des promesses identiques : belle stabilité, non ? À côté, prenez le cas du PCF : voilà un parti qu'on a connu défendant bec et ongles les travailleurs français et on retrouve ses militants, 40 ans plus tard, occupés à colorier les plumes que les prochains gay-prideurs vont s'introduire dans le fondement : ça perturbe.

Et puis, à une époque, les communistes représentaient une force, ce qui n'incitait ni au rire ni à la mansuétude. Alors que mes amis gauchistes n'ont jamais rien représenté. Du tout. C'en est même attendrissant. Les rois du yaka et du ifokon, lesquels se sont d'ailleurs scindés en deux partis distincts lors du dernier congrès. Certes, il y a tout de même quelques détails qui ont changé. Vers 1972, les gauchistes écoutaient pousser leurs cheveux et leurs petites lunettes rondes, aujourd'hui ils gonflent leurs muscles au Garden Gym. Mais en dehors de ça...

Je crois bien que c'est Lénine qui qualifiait le gauchisme de maladie infantile du communisme. À quoi Cohn-Bendit avait répliqué que c'était plutôt un remède à la maladie sénile de ce même communisme – pied de nez par lequel il administrait la preuve de l'infantilisme en question. Mais je m'égare un peu, là...

Oui parce que, au départ, mon idée était de rendre un vibrant hommage au flamboyant CSP, le Zébulon d'extrême-gauche de mon petit asile (juste à votre gauche, un peu plus bas dans la colonne...). Voilà un garçon qui s'avère capable de penser, à certains jours. Ce qui le fait se rendre compte de la démence active de la plupart de ses camarades de bannière, et même de le dire. Or, critiquer les islamo-gauchistes (qu'il rebaptise musulmanistes, ce qui n'est pas mal trouvé) de son propre parti, pointer le fait que, dans un certain imaginaire occidentalo-révolutionnaire, l'Immigré-avec-majuscule a remplacé l'Ouvrier-avec-majuscule-aussi en tant que martyr intouchable et incriticable, quand on voit la bande d'aliénés écumants qui lui servent de commentateurs attitrés, c'est faire preuve non seulement d'une belle lucidité mais aussi d'un courage certain. Bien sûr, comme il est conscient des hurlements qu'il va déclencher, il tente de se couvrir en en rajoutant dans l'insulte gamine vis-à-vis de ses épouvantails de référence, qui sont des sortes de Didier Goux fantasmagoriques. Mais ça ne trompe pas les plus atteints de ses commentateurs, qui commencent à se demander s'il ne serait pas un peu d'extrême-droite sur les bords, voire, pis que tout, un tantinet raciste. Ouffa ! c'est du lourd...

Néanmoins, Zébulon ne cède pas un pouce de terrain. Et il n'hésite pas à renauder lorsque l'un des psychotiques dont il a la charge affirme que tout ce qui se produit de mal sur cette planète est toujours le fait de l'homme blanc et que ça ne se discute pas. Eh bien, lui, il discute. Ou plutôt il envoie chier, ce qui est sa manière habituelle de discuter.

Décidément, ce billet part vraiment dans tous les sens ; on se croirait dans une assemblée de trotskystes. Allez, on arrête là. – De toute façon, j'ai du boulot. Et je commence à avoir faim.

mardi 14 septembre 2010

Les fanatiques, les modérés et les cocus de l'histoire

Un lecteur québécois – dont j'ignorais qu'il le fût jusqu'à ce matin – me fait parvenir ce texte (dont la première partie est du pasteur Martin Niemöller), qui me semble tout à fait “éclairant” quant à l'irritante et sempiternelle question des fanatiques et des modérés. Je vous le livre donc :


Un homme dont la famille faisait partie de l'aristocratie allemande, avant la seconde guerre mondiale, possédait un certain nombre de grandes usines et de propriétés. Quand on lui demandait combien d'Allemands étaient de véritables nazis, il faisait une réponse qui peut guider notre attitude au regard du fanatisme. « Peu de gens sont de vrais nazis, disait-il, mais nombreux sont ceux qui se réjouissent du retour de la fierté allemande, et encore plus nombreux ceux qui sont trop occupés pour y faire attention. J'étais l'un de ceux qui pensaient simplement que les nazis étaient une bande de cinglés. Aussi la majorité se contenta-t-elle de regarder et de laisser faire. Soudain, avant que nous ayons pu réaliser, ils nous possédaient, nous avions perdu toute liberté de manœuvre et la fin du monde était arrivée. Ma famille perdit tout. Je terminai dans un camp de concentration et les alliés détruisirent mes usines. »

Aujourd'hui, des « experts » et des « têtes bien pensantes », ne cessent de nous répéter que l'Islam est la religion de la paix, et que la vaste majorité des musulmans ne désire que vivre en paix. Bien que cette affirmation gratuite puisse être vraie, elle est totalement infondée. C'est une baudruche dénuée de sens, destinée à nous réconforter et, en quelque sorte, à diminuer le spectre du fanatisme qui envahit la Terre au nom de l'Islam. Le fait est que les fanatiques gouvernent l'Islam, actuellement. Ce sont les fanatiques qui paradent. Ce sont les fanatiques qui financent chacun des cinquante conflits armés de par le monde. Ce sont des fanatiques qui assassinent systématiquement les chrétiens ou des groupes tribaux à travers toute l'Afrique et mettent peu à peu la main sur le continent entier, à travers une vague islamique. Ce sont les fanatiques qui posent des bombes, décapitent, massacrent ou commettent les crimes d'honneur. Ce sont les fanatiques qui prennent le contrôle des mosquées, l'une après l'autre. Ce sont les fanatiques qui prêchent avec zèle la lapidation et la pendaison des victimes de viol et des homosexuels. La réalité, brutale et quantifiable, est que la «majorité pacifique », la « majorité silencieuse » y est étrangère et se terre.

La Russie communiste était composée de Russes qui voulaient tout simplement vivre en paix, bien que les communistes russes aient été responsables du meurtre d'environ vingt millions de personnes. La majorité pacifique n'était pas concernée.

L'immense population chinoise était, elle aussi, pacifique, mais les communistes chinois réussirent à tuer le nombre stupéfiant de soixante-dix millions de personnes.

Le Japonais moyen, avant la Deuxième Guerre mondiale, n'était pas un belliciste sadique. Le Japon, cependant, jalonna sa route, à travers l'Asie du Sud-Est, de meurtres et de carnages dans une orgie de tueries incluant l'abattage systématique de douze millions de civils chinois, tués, pour la plupart, à coups d'épée, de pelle ou de baïonnette.

Et qui peut oublier le Rwanda qui s'effondra dans une boucherie ? N'aurait-on pu dire que la majorité des Rwandais était pour « la Paix et l'Amour » ?

Les leçons de l'Histoire sont souvent incroyablement simples et brutales, cependant, malgré toutes nos facultés de raisonnement, nous passons souvent à côté des choses les plus élémentaires et les moins compliquées : les musulmans pacifiques sont devenus inconséquents par leur silence.

Les musulmans pacifiques deviendront nos ennemis s'ils ne réagissent pas, parce que, comme mon ami allemand, ils s'éveilleront un jour pour constater qu'ils sont la proie des fanatiques et que la fin de leur monde aura commencé.

Les Allemands, les Japonais, les Chinois, les Russes, les Rwandais, les Serbes, les Albanais, les Afghans, les Irakiens, les Palestiniens, les Nigérians, les Algériens, tous amoureux de la Paix, et beaucoup d'autres peuples, sont morts parce que la majorité pacifique n'a pas réagi avant qu'il ne soit trop tard.

Quant à nous, qui contemplons tout cela, nous devons observer le seul groupe important pour notre mode de vie : les fanatiques.

lundi 13 septembre 2010

Les hommes n'existent que par ce qui les distingue

Je comptais ce matin tenter de répondre à l'intéressant commentaire laissé hier soir par Georges à mon billet du jour (pas besoin de lien : il est juste sous celui-ci...). Peut-être d'ailleurs m'y essaierai-je plus avant dans la journée. Mais en attendant le hasard a voulu que, parcourant le numéro 50 de la Nouvelle Revue d'Histoire, je lise un entretien avec son fondateur-directeur, Dominique Venner (pages 10 & 11), qui me semble entrer en résonance avec ce qui se disait hier. Lorsque la personne qui mène le jeu lui demande ce qu'il pense de sa propre réputation d'optimisme, Dominique Venner répond ceci :

« Je pense d'abord que l'espoir mène plus loin que les idées noires. Mais je sais surtout que rien n'est écrit, que rien n'est inéluctable. Il s'est écoulé huit siècles entre le début de la conquête arabe de l'Espagne et la fin de la Reconquista. L'histoire est toujours le lieu de l'inattendu. En 1910, personne n'aurait imaginé l'explosion de 1914 et ses incroyables conséquences sur la longue durée. Il n'y a que deux véritables constantes dans l'histoire : la géographie et ce que Braudel appelait les “civilisations”, c'est-à-dire une permanence ethnique et spirituelle qui survit aux accidents historiques et donne un sens à la vie de chacun. Les hommes n'existent que par ce qui les distingue, clans, peuples, nations, cultures, civilisations, et non par leur animalité, qui est universelle. C'est pourquoi l'un des enjeux de l'histoire sera toujours l'âme des peuples. »

dimanche 12 septembre 2010

Remplaçons le patrimoine par le matrilaïc, et tout sera dit

Depuis hier, une mini-polémique a pris naissance, dans les commentaires de mon billet du matin, notamment entre Georges et Suzanne. Je n'y ai à peu près pas participé, pour la simple raison que je comprends leurs deux points de vue et serais bien en peine de trancher entre eux. Georges a tout à fait raison, à mon sens, lorsqu'il peste contre le “tout se vaut” actuel : une religion en vaut une autre, toutes les coutumes sont rigoureusement équivalentes, du passé faisons table rase, etc. Il va de soi (il devrait en tout cas) que je considère devoir marquer un certain respect, voire une sorte de dévotion laïque, envers la religion catholique, alors que je me sens tenu à rien de pareil envers l'islam, lequel ne relève que du domaine du tolérable, et encore à certaines conditions sévères, contraignantes et intangibles. De même, il me semblerait normal, et même souhaitable, que l'on familiarisât les écoliers de France avec le christianisme – y compris lorsqu'ils sont issus d'une autre confession – mais pas avec l'islam (ni le bouddhisme, ni le taoïsme, etc.), lequel ne peut relever que d'un intérêt individuel, volontaire – et à ce titre parfaitement respectable bien entendu. Enfin, tout comme Georges je crois, je ne pense pas que l'on puisse dire que l'islam est “la deuxième religion de France”, sous prétexte que, actuellement, il se trouve sur notre sol des gens pour le pratiquer, s'en revendiquer, le brandir. L'islam n'est pas une religion de France et, pour ma part, je souhaite bien sûr qu'il ne le devienne jamais, eu égard à ses nombreux effets secondaires qui semblent toujours tendre à devenir premiers au bout d'un certain temps d'incubation.

D'un autre côté, Suzanne n'a pas tort de se placer sur un terrain davantage “utilitaire”, si je puis dire, et de souligner que, quoi qu'on fasse, il y a très peu de chance que l'on revienne au temps où les enfants se signaient naturellement lorsqu'ils pénétraient dans une église. Que, par conséquent, il faut lutter contre l'islam et ses empiètements en tenant compte de la situation présente, au coup par coup, comme il vient d'être fait pour cette stupide et répugnante affaire de visite de mosquée dans le cadre des journées du patrimoine. Et, si besoin est, en s'appuyant sur ce fameux concept de laïcité qui, tout absurde qu'il est, peut en effet se révéler efficace – au moins dans un premier temps.

Au fond, et parce qu'elles ne se situent pas sur le même plan, les positions de Georges et Suzanne me semblent parfaitement compatibles, celle du premier formant en quelque sorte le socle culturel, l'assise philosophique (et ziva que je te dérape dans les grands mots !), sur lesquels pourrait et devrait s'appuyer fermement tout combat plus ponctuel et “ciblé”. Le premier sans la seconde se condamne à l'impuissance, à la déploration sans effet (et c'est un travers dans lequel je n'ai moi-même que trop tendance à tomber, je le sais bien), tandis que la seconde sans le premier sera obligatoirement contournée et neutralisée, voire balayée, y compris grâce à des arguments d'une mauvaise foi insigne et, si besoin est, contradictoires entre eux.

En clair, il ne faut se priver de personne ni céder sur rien. D'autant moins que l'ennemi ne manque pas d'alliés (que l'on appelait “collabos” en d'autres époques) ; lesquels, privés de toute transcendance par défaut de religion, se sont enfoncés depuis longtemps dans une eschatologie purement séculaire ; par elle, en raison de ses effets gravement débilitants, ils sont désormais tout prêts à se laisser esclavagiser ou dhimmiser par leurs conquérants putatifs, au nom de lendemains toujours déjà radieux, et pour peu que ces mêmes conquérants, ou “remplaçants”, leur donnent l'assurance qu'ils vont bel et bien mettre à bas cette civilisation qui les a produits, et qu'ils haïssent parce qu'ils se haïssent eux-mêmes de façon irrémédiable et probablement névrotique.

Malheureusement, et là je rejoins de nouveau Georges plutôt que Suzanne, je crains que, face à une religion conquérante et totalitaire, ce malheureux concept de laïcité ne fasse pas du tout le poids. Simplement parce que notre désormais sacro-sainte laïcité, baudruche aussi artificielle et aussi peu “porteuse” que celle des droits de l'homme, montrera vite ses limites et surtout sa complète vacuité : à part pour cette ultra-minorité que constituent les Européens, le terme même de laïcité reste indéchiffrable et opaque à l'ensemble de l'espèce humaine.

Le Pardon de sainte Anne

Pour Madame la comtesse de la Crevette...



Fais venir et conserve en joie

Ceux à naître et ceux qui sont nés

Et verse sans que Dieu te voie

L'eau de tes yeux sur les damnés


Prends pitié de la fille-mère

Du petit au bord du chemin

Si quelqu'un leur jette la pierre

Que la pierre se change en pain


Tristan Corbière, Le Pardon de sainte Anne (extrait).


(N'ayant pas retrouvé le texte sur Internet, j'ai préféré supprimer tout à fait la ponctuation, plutôt que d'en risquer une fautive.)

samedi 11 septembre 2010

Catherine, fais les valises, on fout le camp !


Adieu Saint-Pierre-et-Miquelon, bonjour îles Lofoten ! Voilà un endroit de villégiature qui a toute l'apparence d'un Éden : il ne fait pas très chaud en été – donc pas de touristes imbéciles –, et comme il ne fait pas non plus froid en hiver, il pleut à peu près toute l'année, ce qui a également le don de chasser les cons, les malfaisants et les ravis de la crèche. Autre énorme avantage mais qui n'intéresse que moi : l'Irremplaçable parle la langue, donc c'est elle qui se tapera les commissions, les discussions avec le plombier, etc.


Évidemment, la vie en Norvège est très onéreuse, y compris en mode insulaire. Mais on s'en fout puisqu'on est pété de thunes. Et puis, comme éloigne-pauvres et chasse-loquedus, on n'a finalement jamais trouvé mieux que la vie chère.

Mosellans, vous attendez quoi pour foutre le feu à cette école de merde ?


Bien sûr, je pourrais vous tartiner des pages et des pages de commentaire, façon Grand Imprécateur. Je pourrais dire ce qu'il convient à mon sens d'entendre par ce mot : patrimoine ; je pourrais aussi peindre cette brave directrice d'école, le cul en l'air attendant la saillie qui ne saurait tarder, par un tirailleur marocain bien golé ; je pourrais sans doute ironiser sur cette pauvre femme, probablement institutrice et incapable d'écrire deux lignes sans faire une énorme faute de français, que les gens de ma génération, même les futurs électeurs de gauche, ne faisaient déjà plus au second trimestre de leur CE1 – je pourrais...

Mais à quoi bon ?

vendredi 10 septembre 2010

Le p'tit coin des aliénés


Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais Nicolas a fait un petit ménage dans sa blogroll, supprimant les cas les plus voyants de démence idéologique, sans doute à cause des traînées de bave que ces salopiots laissent partout où ils passent et éructent. Par conséquent, pour pouvoir continuer de les fréquenter, j'ai bien dû me résoudre à créer une nouvelle blogroll rien que pour eux. Elle s'appelle Le p'tit coin des aliénés et se trouve dans la colonne de gauche (évidemment...) juste après R. Camus et juste avant les vrais blogs, ceux que l'on peut lire sans se pisser dans les braies. Allez-y de temps en temps, mais gaffe aux surdosages...

Le triomphe de la végétation est total

Ayant refermé le roman de Houellebecq sur sa dernière phrase – laquelle me sert de titre –, j'en suis arrivé à me persuader que le personnage le plus important en était le chauffe-eau : même Robbe-Grillet dans ses plus mornes productions n'avait su accomplir un tel exploit.

Dans l'épilogue d'une cinquantaine de pages, qui, tout comme dans Les Particules élémentaires, s'échappe dans le futur, la lacération maniaque, l'éparpillement subi par le cadavre de Michel Houellebecq apparaît comme une préfiguration du sort de l'humanité dans son ensemble, et encore davantage de ce qu'on appelle les œuvres humaines.

Que dire de plus, à propos de La carte et le territoire ? Rien pour le moment. Laissons du temps au temps, comme balbutiait la vieille momie, et offrons-nous le luxe d'une seconde lecture d'ici quelques mois. Rien sinon ceci, que ce roman n'étend pas le champ de son auteur, qu'il serait même plutôt un retour “sur ses bases”, celles des Particules justement, une variation. C'est dire que les lecteurs de Houellebecq vont très probablement l'aimer, et que les réfractaires le demeureront. – Et maintenant, revenons à Alexandre Zinoviev.

mercredi 8 septembre 2010

Enterré, Houellebecq !

On le sait, dans le dernier roman de Michel Houellebecq, l'un des personnages est Michel Houellebecq soi-même – ou bien quelqu'un d'autre mais qui est écrivain, s'appelle Michel Houellebecq et a écrit les mêmes livres que lui. Au début de la troisième partie, il est sauvagement assassiné, si sauvagement que la description des modalités du crime n'est pas sans dégager une certaine drôlerie.

« L'enterrement avait été fixé au lundi suivant. L'écrivain avait laissé à ce sujet des directives extrêmement précises, qu'il avait déposées devant notaire, en les accompagnant de la somme nécessaire à leur réalisation. Il ne souhaitait pas être incinéré, mais très classiquement enterré. “Je souhaite que les vers dégagent mon squelette”, précisait-il, s'autorisant une notation personnelle dans un texte de facture par ailleurs très officielle ; “j'ai toujours entretenu d'excellentes relations avec mon squelette, et je me réjouis qu'il puisse se dégager de son carcan de chair”. » (La carte et le territoire, p. 317.)

Trois pages plus avant, ce thème est repris et approfondi. Ou pour mieux dire : humanisé et désincarné. Cependant il ne l'est pas par le personnage de Houellebecq mais par l'un des policiers chargés d'élucider les circonstances de sa mort, le commissaire Jasselin :

« De fait, il se rendait compte en y pensant qu'il désapprouvait totalement la tendance modeste, moderne, consistant à se faire incinérer et à disperser ses cendres en pleine nature, comme pour mieux montrer qu'on retournait en son sein, qu'on se mêlait à nouveau aux éléments. (...) L'homme ne faisait pas partie de la nature, il s'était élevé au-dessus de la nature, et le chien, depuis sa domestication, s'était lui aussi élevé au-dessus d'elle, voilà ce qu'il pensait au fond de lui-même. Et plus il y réfléchissait plus il lui paraissait impie, bien qu'il ne crût pas en Dieu, plus il lui paraissait en quelque sorte anthropologiquement impie de disperser les cendres d'un être humain dans les prairies, les rivières ou la mer, ou même, comme l'avait fait il s'en souvenait le guignol Alain Gillot-Pétré, qui avait été considéré en son temps comme ayant donné un coup de jeune à la présentation télévisée du bulletin météo, dans l'œil d'un cyclone. Un être humain était une conscience, une conscience unique, individuelle et irremplaçable, et méritait à ce titre un monument, une stèle, au moins une inscription, enfin quelque chose qui affirme et porte aux siècles futurs témoignage de son existence, voilà ce que pensait Jasselin au fond de lui-même. »

Lorsqu'il est assassiné, le personnage Houellebecq a quitté l'Irlande depuis quelques mois pour revenir vivre dans la maison de son enfance, située près de Montargis et qu'il a rachetée. Son meurtrier, après lui avoir tiré une balle au cœur, a d'abord détaché très soigneusement la tête du tronc, au moyen d'un très coûteux et rare laser de chirurgie, utilisé pour les amputations lourdes, qui permet de cautériser les chairs à mesure de la découpe, évitant ainsi les pertes de sang. Puis, il a littéralement éparpillé le reste du corps dans toute la pièce, le lacérant en fines lanières de chair, façon “barbecue coréen”.

Si bien que, au moment de l'enterrement, ce que les divers protagonistes voient apparaître dans l'église puis au cimetière, parce que suffisant pour contenir ce qui reste du mort, c'est un cercueil d'enfant.

mardi 7 septembre 2010

Mais à quoi peut bien ressembler l'intérieur d'un asile d'aliénés ?


Certainement à ce blog. Ne vous fatiguez pas à lire l'interminable et indigeste pensum que je vous mets en lien – ou alors les quinze ou vingt premières lignes, à titre d'échauffement. Ensuite, dégustez lentement les commentaires : dans le genre islamolâtre et antisémite décomplexé, je ne pense pas qu'on puisse faire beaucoup mieux, d'autant que ces pépites sont enchâssées dans un épais clafoutis de bêtise. Savoureux, vraiment.

Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire

La factrice (facteure, en français modernœud) a déposé il y a un peu plus d'une heure deux livres dans la boîte idoine : L'Avenir radieux, d'Alexandre Zinoviev, que j'ai remisé pour plus tard – ce qui est bien le moins pour un avenir, surtout radieux – et La Carte et le Territoire, le nouveau roman de Michel Houellebecq. J'ai commencé par pester contre l'éditeur, Flammarion, pas même foutu de composer un titre en respectant les règles typographiques, puisqu'il a choisi d'écrire : La carte et le territoire – ou alors c'est pour “faire genre”. Puis, je me suis avisé de ce que ce titre avait d'étrangement camusien, impression renforcée dès la première page où l'on découvre le personnage principal aux prises avec une chaudière récalcitrante, et pestant contre les plombiers incapables de respecter leur propre parole en honorant les rendez-vous qu'ils ont eux-mêmes fixés. Puis, j'ai commencé à lire.

Je ne vous dirai bien entendu rien de ce roman, n'en ayant pas dépassé les quinze premières pages. Mais en voici tout de même un court extrait, d'un houellebecquisme toujours revigorant, surtout lorsqu'on a passé cinquante ans :

« Une demi-heure plus tard, sans même qu'une pensée ait traversé son esprit, Jed raccompagna son père jusqu'à la station de taxis. Il n'était que dix heures du soir, mais Jed savait que les autres pensionnaires de la maison de retraite considéraient déjà son père comme un privilégié ; d'avoir eu quelqu'un, quelques heures, pour Noël. « Vous avez un bon fils... », lui avait-on déjà fait, à plusieurs reprises, remarquer. Après son entrée en maison de retraite médicalisée, l'ancien senior – devenu, de manière enfin irréfutable, un vieux – se retrouve un peu dans la position de l'enfant pensionnaire. Parfois, il a des visites : c'est alors le bonheur, il peut découvrir le monde, manger des Pépito et rencontrer le clown Ronald McDonald. Mais, le plus souvent, il n'en a pas : il erre alors tristement, entre les poteaux de handball, sur le sol bitumeux du pensionnat déserté. Il attend la libération, l'envol. » (P. 25.)

Bon, j'y retourne.

lundi 6 septembre 2010

Zut ! j'ai marché dans la lumière ! (Du pied gauche, heureusement...)


Vous voyez, j'ai eu raison de pousser un grand cri d'alarme, hier matin, à propos de l'inquiétant silence de notre Mater vertuosa. Se rendant probablement compte de l'angoisse qui me rongeait à cause d'elle, elle a eu aussitôt à cœur de me tranquilliser, en pondant – le verbe a été soigneusement choisi – l'un de ces petits billets tout en nuances dont elle a le merveilleux secret.

De plus, en observant les photos qu'elle publie pour l'occasion, j'ai compris pourquoi la Céleste Dame aimait tant se mêler à ces cortèges de zombis tout embarbouillés de miel : c'est parce que, si on la compare à la majorité des manifestants qui l'entourent, elle paraît toute jeune.

Mais j'arrête avant de sombrer dans le racisme anti-vieux. Ah, non, c'est vrai : celui-là, on y a droit – il est même fort bien vu, dans ce monde de l'éternelle et toujours innocente jeunesse.

Les voix de Jérôme Vallet (les mots, ça console et ça venge)

Plus je l'écoute et plus il me semble que Jérôme Vallet est un compositeur d'opéra. Parce que les voix sont maîtresses, dans chaque pièce. Voix humaines (intelligibles), voix semi-humaines (inintelligibles, soit par éloignement soit par l'utilisation d'une langue étrangère, soit encore par combinaison des deux), voix musicales ou “bruitales” (je n'ai pas de mot adéquat) qui, étrangement, sont bel et bien des voix par la manière dont elles s'enroulent à celles purement humaines, les soutiennent (parfois) ou au contraire les interrompent (plus souvent), les contredisent, sous-entendent autre chose que ce qui se dit – toute proportion gardée comme les leitmotive de Wagner contredisent les chanteurs, les protagonistes, le drame exprimé en mots.

Je ne connais presque rien de ce champ musical qu'on appelle “concret” ou encore “électro-acoustique”, mais du peu que j'ai écouté, il me semble que Jérôme Vallet est le seul à être un compositeur lyrique, en tout cas celui qui sait le mieux – comme je l'ai peut-être déjà dit – faire chanter les voix qui parlent, créer entre elles des contrepoints qui, eux-mêmes, disent des choses sans besoin de paroles (je ne suis pas tellement capable de m'exprimer plus clairement).

J'ai parlé tout de suite de Wagner. Et il me semble que la piste est féconde, dans ce jeu de lutte et d'interruption, de surenchère et de contradiction, de soulignement et de remise en cause, entre la voix et l'orchestre. On me dira qu'il n'y a pas d'orchestre, et même qu'il n'y a pas de voix, ici. Si, bien sûr, il y a. C'est juste que, dans cette musique-là, ce n'est pas l'orchestre et ce ne sont pas les voix qui expriment la musique, une musique préexistante ; mais la musique qui organise (et il y a "orgue", là-dedans, dans ce verbe) des voix pêchées ailleurs puis rassemblées, opposées, appariées, triolisées, quartettisées – et finalement orchestrées.

Il y a aussi des voix solistes. Identifiables (Carlos Gardel, André Dussolier, ....) ou non. Celles qui ne le sont pas peuvent l'être, selon votre degré de culture (cette musique est scandaleusement discriminante...), ou non. Mais ces voix-là sont toujours un cri, toujours, et jamais un cri d'allégresse, elles sont violentes et éruptives : elle rompent le tissu musical, elles déchirent ce qui a tant de peine à se tisser.

(Il faudrait aussi parler de l'humour qui parfois fait irruption – et même du burlesque, car il y en a.)

Mais il faut revenir à ces voix. Qui disent des choses mais, aussi, ne sont rien par elles-mêmes, ne valent que par ce contrepoint serré qui seul les fait chanter, même quand elles parlent, et surtout quand elles parlent, s'additionnent, semblent s'annuler alors qu'elles se renforcent, se multiplient.

Et enfin il y a ces courts passages de piano et d'orgue qui nous rappellent qu'il y a un compositeur, c'est un peu sa signature au bas du tableau, ces notes-là.

dimanche 5 septembre 2010

50 000 modernœuds selon les organisateurs ; 4 zombis d'après la police.


Ils z'ont, les zombis, manifesté, donc. Hier, toute la journée et partout en France. Contre la xénophobie, cette plaie purulente de notre pays qui continue d'attirer sur nos rives les étrangers par bateaux entiers. Pas n'importe quels étrangers, attention. Jamais ceux qui envisagent de redresser chez eux une situation catastrophique et qui, pour cela, se sortent un peu les doigts du cul, comme on dit dans cet élégant français post-moderne qui est désormais notre seule langue. Non, non : les autres. Ceux qui viennent nous faire profiter d'une culture tellement forte, tellement pregnante, tellement... Enfin bref.

Mais les zombis ont défilé. Tellement clairsemés et peu assurés sur leurs guiboles que nul n'en a entendu parler. Faites l'expérience, si vous avez envie de rire un peu. Parcourez les billets écrits par nos blogrolleurs de gauche jeudi et vendredi : ça trompettait à tous les carrefours pour vous appeler dans la rue. Il s'agissait de sauver la liberté, la république, les droits de l'homme, la main de ma sœur et d'autres choses encore, au moins aussi précieuses. Il s'agissait d'abattre la xé-no-pho-bie, ce mal sans cesse renaissant – tel le sida chez les enculés de profession. Allez lire les mêmes aujourd'hui : rien. Pas un mot, de billet point. Pas un compte rendu, pas une allusion, que dalle. Il ne s'est rien passé, circulez.

Et c'est vrai qu'il ne s'est rien passé. Nulle part. Ces clowns se sont vu administrer la preuve que le pays était contre eux. Même pas : sans eux. Qu'ils pouvaient brailler tant qu'ils le voulaient, aucune oreille ne tressaillait dans les contrées fertiles. Ils piaillent encore, nos célestes volatiles, mais ils sont probablement déjà morts – ils ne tiennent plus que la télé, c'est dire.

Donc, pas de grand élan d'indignation populaire, pas de manifestation, pas de soulèvement contre notre racisme intrinsèque et constitutif. Tout juste quelques lâchers de ballons multicolores pour se faire croire qu'on existe et pour faire patienter les gosses qui s'emmerdent et qui commencent à avoir faim.

Pauvres cons.

Rendez-nous Mère Céleste, bon sang !


Mais enfin, qu'est-ce qui lui arrive, à notre Mater vertuosa ? Que veut dire cet inquiétant silence ? Nicolas Sarkozy instaure tranquillement le fascisme – avec happy hour entre 17 et 19 h : pour chaque Croix de Fer achetée, une gratuite –, on étripe des Roms (pardon : des Rroms, voire des Rrrrrroms, pour les plus discriminés d'entre eux...) à chaque carrefour, on stigmatise du muzz dès qu'on a une minute de libre entre la fin du boulot et le premier pastis, et Céleste se tait ! Que lui arrive-t-il à la Grande Mère de Toutes les Douleurs ? Sont-ce les lépreux de Kuala Lumpur qui nous l'auraient kidnappée ? Ou les oursons noir et blanc de Koala Lumpur ? Et pourquoi ? La revendre au poids ? La découper en reliques à porter sur soi pour se prémunir contre le racisme-qui-tue ? La momifier ? Ou la mômifier en icône de l'enfance éternelle du monde, avec offrandes de bidoche hallal, chaque matin, au pied de son petit autel enguirlandé de loupiotes de Noël ? On ne sait, mais une chose est avérée : le silence de cette inoxydable conscience devient insupportable. Et j'ai beau passer chaque jour dans sa petite villa familiale (avec jardin et vue sur le centre de rétention provisoire), afin d'y frotter au Mirror le grand miroir de son alcôve citoyenne, pour qu'elle s'y trouve toujours aussi belle quand elle rentrera, je ne parviens pas à me rassurer tout à fait : qui pourra encore nous dire le Bien et le Mal, si elle nous faut ?

samedi 4 septembre 2010

À Évreux, tous unis et debout contre la vilaine xénophobie – Reportage dans un fauteuil


On a eu de la chance, les camarades liguards et moi : il a fait beau. Ce fut un bien édifiant défilé, et nous avons pu sans choper le moindre rhume ni refroidissement humide des voûtes plantaires clamer notre solidarité avec tous les gentils pouilleux que sécrète cette planète – laquelle n'en est point avare, heureusement pour nous autres, les sans cause fixe, les nantis honteux, les tétanisés de la lutte, les enthousiastes de la génuflexion. Même les enfants étaient émerveillés de se découvrir si gentils, presque autant que papa et maman. Papa brandissait une banderole sur laquelle il avait écrit à la peinture rouge : « Nous sommes tous les sans-papier du monde ! », et de l'autre côté : « Sarkozy en Hongrie ! » Et il avait même laissé sa carte d'identité et son permis de conduire à la maison, par “solidarité active”, qu'il a dit, bien que maman ne trouvât pas ça très prudent, des fois qu'il y aurait eu une contre-manif des fachisses et une descente de CRS pour clore le tout. Finalement, il a bien fait, papa, car une fois de retour à la cité, il s'est aperçu qu'on lui avait chouré son portefeuille. Pourtant, y avait pas un seul rom, dans cette manif. Papa a dit que son portefeuille avait très bien pu tomber de sa poche tout seul, et c'est vrai que c'est possible.

vendredi 3 septembre 2010

Appelez-moi Basil, je vous prie

Et le temps semble venu de céder un peu la parole à l'excellent et très recommandable G. K. Chesterton :

« Évidemment, j'excuse ce cher vieux Cholmondeliegh, dit Lord Beaumont, tout en nous aidant à enlever nos pardessus. Il n'a pas l'esprit moderne.
– Qu'est-ce que l'esprit moderne ? demanda Grant.
– Oh !... c'est un esprit de lumière et de progrès, qui envisage sérieusement les réalités de la vie. » À ce moment, un autre accès d'hilarité éclata derrière la porte.
« Je demande cela, dit Basil, à propos de deux de vos récents amis qui avaient l'esprit moderne : l'un croyait mal de manger des poissons, l'autre croyait bien de manger des hommes. Pardon... c'est par ici, si je me rappelle bien.
– Savez-vous, dit Lord Beaumont avec une sorte d'exaltation fiévreuse, en trottinant derrière nous, je n'arrive pas à comprendre de quel côté de la barrière vous êtes. Quelquefois, vous paraissez tellement libéral et quelquefois tellement réactionnaire. Basil, êtes-vous un homme moderne ?
– Non », dit Basil à voix haute et joyeusement au moment où nous pénétrions dans le salon rempli de monde.

Le Club des métiers bizarres, Gallimard – L'Imaginaire, p. 61.

jeudi 2 septembre 2010

Du calme, le fan club, ou je dissous le bazar !

Je me suis laissé dire, il y a une petite heure, que mon fan club du deuxième étage râlait plus ou moins parce que je n'ai rien publié ici depuis deux jours. D'abord, je leur ferai observer, à ces jeunes impudents, sûr d'eux-mêmes et dominateurs, que j'ai mis un lien, avant-hier, vers mon journal de juillet, lequel ne doit pas compter beaucoup moins de cinquante pages. Donc, camembert.

Ensuite, il se trouve que je viens de passer un long et bon moment à lire un article à deux voix, consacré aux États-Unis, au rôle de l'État, à l'assistanat généralisé et aussi à cette pratique dont j'ignorais tout : le homeschooling. Les anglophones l'auront compris, il s'agit d'éduquer ses enfants à la maison, de manière à les soustraire à l'influence néfaste du corps professoral, au bourrage de crâne modernœud, etc. L'idée me semble d'autant plus séduisante que, au nombre des raisons que je me suis forgées de n'avoir pas d'enfant, l'obligation de les livrer sans défense à une cohortes d'imbéciles incultes et en état de démence idéologique avancée en était une sérieuse. Voici ce qu'en dit, par exemple, le père Joseph Fessio, théologien mondialement réputé dont j'ignorais encore l'existence il y a vingt minutes :

« L'école à la maison est un signe d'espoir. En Europe, au temps des invasions, les moines abritèrent la civilisation pour un temps. Lorsque le calme fut revenu, la société médiévale put s'épanouir, en ressortant des bibliothèques de ces moines toutes les connaissances préservées. Pour moi, à l'aube du troisième millénaire, ces milliers d'écoles à la maison sont les monastères d'une fin de siècle troublée. Elles vont abriter les prochaines générations et des êtres formés ressortiront quand le calme sera revenu. Les maisons-écoles sont les graines de tout possible renouveau ».

Je vous invite à lire le long article que j'ai mis en ligne plus haut. Parce que ça fait toujours du bien de redresser ses idées tordues. L'invitation vaut pour les lecteurs normaux.

Pour le fan club du deuxième, c'est un ordre. Rompez, vous pouvez fumer.