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lundi 12 août 2024

De la convergence des fantasmes


 Il est curieux et divertissant de constater que les féministes actuelles ont adopté, sans s'en aviser le moins du monde, les façons de “penser” (les guillemets sont de prudence...) des racistes old fashion.

Pour Vanessa et Céleste, en gros, il y a d'un côté les hommes,  groupe nombreux et toujours menaçant, perpétuellement violent et violeur dès que possible, oppresseur et méprisant, bâtisseur de plafonds de verre et consolideur de patriarcat en béton.

De l'autre côté, existent quelques hommes, ceux qu'elles connaissent et fréquentent quotidiennement, dont elles affirmeront fort volontiers que ça n'a rien à voir, qu'ils sont différents  des autres, qu'ils les traitent en parfaites égales, se montrent respectueux, gentils, “à l'écoute”, et jamais ne se risqueraient avec elles à lancer des plaisanteries grossièrement machistes, encore moins à tenter des gestes déplacés — ces gestes déplacés que, pourtant, elles souhaiteraient parfois, confusément, qu'ils fissent.

Bref, on retrouve la même dichotomie tranquille que celle qu'on rencontrait naguère, et qu'on rencontre peut-être encore, chez ce sacré Robert et ce bon vieux Jean-Paul, lesquels ont toujours affirmé une solide détestation des bougnoules et des nègres, mais sont constamment fourrés avec Mohammed et Kofi, parce que, eux, tu comprends, ils ne sont vraiment pas comme les autres.

Les féministes ont leurs bon mâles comme les racistes avaient leurs bons immigrés. 

Et les unes comme les autres doivent parfois se dire que c'est vraiment un sacré coup de bol d'être tombés justement sur ces exceptions, quand l'immense masse de tous les autres persiste à être si répugnante et hostile.

dimanche 5 mai 2024

Simple conseil aux jeunes mâles d'aujourd'hui


 Si, malgré tous vos efforts d'auto-déconstruction, vous persistez à répandre autour de vous les effluves paludéens de votre masculinité toxique, l'astuce consistera à ne jeter votre dévolu sexuel que sur des femelles restées toxicomanes, voire toxicolâtres :

elles sont encore beaucoup plus nombreuses que vous-mêmes ne le croyez et que ne le proclament les criailleries de leurs sœurs phallifuges et mal-sevrées.

vendredi 23 février 2024

Les MeTouffes à fouet et talons aiguilles


 Les mâles commencent à s'adapter aux humeurs et aux lubies de ces dames, apparemment. Chez Élodie, je tombe sur cette petite annonce touittérienne : 

« Je suis soumis aux femmes féministes. Anciennement macho et raciste, les femmes m'ont remis à ma place de chien. J'adore les pieds aussi. » (J'ai rétabli orthographe et ponctuation.) 

Évidemment, la sourcilleuse Élodie ne cite cette publication que pour s'en offusquer, prouvant par là, s'il était besoin, le néo-puritanisme qui les fait se raidir, elle et ses sœurs-de-plainte. 

Personnellement, je le trouve plutôt amusant et astucieux, ce maso-opportuniste. Souhaitons-lui de rencontrer l'âme sœur (et pas de plainte…), c'est-à-dire une femme qui, elle, fera semblant d'être MeTooQuelquechose, pour leur plus grande satisfaction à tous les deux.

mardi 6 février 2024

Tu survivras longtemps sans visage sans yeux


 Que demandent-elles, qu'exigent-elles, les bigotes puritaines du post-féminisme (je serais bien tenté de les baptiser “MeTouffes”, mais je me retiens...) ? De pouvoir déambuler sans fin dans le monde en restant constamment et partout à l'abri des prédateurs phalloïdes, de leurs questions incitatrices, de leurs attouchements furtifs et même de leurs regards plus ou moins explicites. 

En somme, elles souhaitent devenir protégées de tout désir qui n'aurait pas été dûment notifié par contrat officiel et préalable. Elles veulent devenir invisibles ; sexuellement, érotiquement invisibles. 

Donc, si demain une république islamopithèque et turbanophile venait à s'installer sur nos rives, elles devraient logiquement adopter le voile intégral avec soulagement, reconnaissance, voire enthousiasme. 

Au nom, bien évidemment, de la trilogique liberté-égalité-sororité que leur refuse avec cynisme cette brute rétrograde de mâle européen.



vendredi 19 janvier 2024

MeTout à l'égout


 La femme post-moderne et son petit mari déconstruit ? 

Une MeToororiste et un MeTooToo à sa mémère.

vendredi 12 janvier 2024

Petit billet passablement gynophobe


 Don Quichotte n'est pas uniformément fou. Sa folie chevaleresque est comme une mer certes agitée, voire furieuse, mais parsemée d'îles tranquilles qui sont ses moments de lucidité, voire de sagesse. La sagesse de don Quichotte lui fait par exemple apprendre ceci à Sancho : 

« Un sage de l'Antiquité disait qu'il n'existe dans le monde entier qu'une seule honnête femme ; et il recommandait à chaque mari, pour vivre en paix, de penser que c'était la sienne. »

Maxime prudente et louable, malgré ses fragrances gynophobiques, et qui, curieusement, par de mystérieux biais, entre en résonance avec une devinette idiote, prise hier au vol chez Dame Ternette, alors que je m'y occupais de tout autre chose :

« Quelle est la différence entre une femme et une tornade ? Réponse : aucune. Quand elles arrivent chez toi, elles sont chaudes et humides ; quand elles repartent, elles emportent ta maison et ta bagnole.

Je vais en rester là pour aujourd'hui.

dimanche 31 décembre 2023

Petite devignette ou : mes prédictions pour 2024

 

        Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,
        La Femme aura Gomorrhe et l'Homme aura Sodome,
        Et, se jetant, de loin, un regard irrité,
        Les deux sexes mourront chacun de son côté.

dimanche 17 décembre 2023

À sexiste, sexiste et demi…

 

 

On peut tomber sur cette photo, d'apparence anodine, sur quelques sites féministes où les vigilantes ne dorment toujours que d'un œil – et jamais le même. Notamment dans la boîte-à-touitte de “Pépite sexiste”. Qu'est-ce donc, se demande le mâle rétrograde et ligoté dans ses préjugés de genre, que cette Pépite sexiste ? La Pépite se présente elle-même :

 « Asso de sensibilisation au sexisme ordinaire et aux stéréotypes diffusés par le marketing »

Maintenant, revenons à la photo qui a soulevé l'indignation de Pépita. Observons-la avec attention et scrupule. Que voyons-nous ? Deux sachets contenant des bougies de la marque Sainte-Lucie, les unes bleues, les autres roses. Les premières coûtent 2,59 €, les secondes 2,75 €.  Et ce sont évidemment ces seize centimes de surcoût, tout le monde le comprend d'instinct, qui ont aussitôt provoqué la tempête sous le crâne pépitoïdal.

Or, tout le monde peut voir que les emballages de ces bougies scandalogènes ne portent aucune indication supplémentaire, en dehors de la marque et du prix. Aucun public potentiel n'est explicitement visé. Par conséquent, pour y voir une discrimination sexiste, il faut soi-même considérer que le bleu est forcément la couleur des garçon tandis que le rose est réservé strictement aux filles ; ce qui est, ma chère Pépite, délicieusement suranné ou furieusement rétrograde, selon le point de vue qu'on adopte.

Féminisme bien ordonné commençant par soi-même, il conviendrait donc d'extirper les stéréotypes des cervelles-en-lutte avant que de se pencher sur les manœuvres sournoises d'un marketing insidieusement patriarcal.

Je sais, je sais : la vie des combattantes n'est pas rose tous les jours…

mercredi 25 octobre 2023

Le calvaire de Dame Budé

 

J'ai toujours beaucoup aimé cette anecdote – authentique ou controuvée, peu importe – concernant Guillaume Budé, à qui un de ses valets, affolé, vient annoncer que la maison est en feu, et qui, sans lever le nez du livre qu'il est occupé à lire, lui répond tranquillement : « Avertissez ma femme, vous savez que je ne me mêle point du ménage. » 

Je m'en amuse, tout en sachant que je devrais sans doute m'en offusquer plutôt. Car la remarque dénote chez l'ignoble Bill un sexisme parfaitement inacceptable : quel déplorable exemple pour nos chères têtes blondes crépues, que ce refus méprisant d'un généreux partage des tâches ! Et personne pour se demander comment la pauvre Dame Budé s'est tirée de ce mauvais pas...

Sait-on seulement comment elle s'appelait, cette triste victime du patriarcat de style Renaissance ? Gertrude Budé ? Solange Budé ? Guillermine Budé ? Rien, pas un mot à son sujet, même chez Dame Ternette ! Encore une pauvre invisibilisée, sacrifiée sur l'autel d'un mâle probablement cisgenre et arrogamment content de l'être !
 
Bien heureuse encore si, entre deux déchiffrements de grimoires hellènes, son prédateur d'époux ne se soit pas, sur l'agnelle sans défense ni recours, livré à quelque viol conjugal récréatif, selon la triste habitude de ces butors à pourpoint et haut-de-chausse qui pullulaient en cette sombre époque.

mercredi 10 mai 2023

Cet obscur et taraudant désir des femmes


 Y cherchant une chose précise que je n'y ai jamais trouvée, je relisais rapidement ce matin le Mensonge romantique et vérité romanesque de René Girard. Au passage, lors de cet inutile “survol”, je me disais qu'il était bien dommage que Girard n'ait jamais, à ma connaissance, soumis à l'éclairage de ses hypothèses les récents avatars du féminisme. Peut-être faut-il y voir un effet de prudence…

Quelqu'un d'autre en tout cas, un genre de disciple, pourrait le faire à sa place, ce serait sûrement fort instructif. Notamment en partant de cette idée que les haines s'exacerbent à mesure que le “modèle obstacle” se rapproche, c'est-à-dire que les différences, très réelles au départ, s'amenuisent à ce point qu'elles deviennent purement fantasmagoriques. 

Et de même que chez Proust, les snobs trépignent d'autant plus hystériquement que le “monde”, objet de tous leurs rêves, a moins de réalité, et même plus aucune, de même ces dames sont-elles plus “vent debout” que jamais contre un patriarcat totalement en miettes, si tant est qu'il ait jamais existé sous nos latitudes. 

Lorsqu'elles dressent inlassablement le portrait de l'homme en tyran oppresseur, violeur et sanguinaire, elles ne font qu'exprimer leur obscur mais taraudant désir de prendre sa place – ou plus exactement la place, largement imaginaire désormais, où elles l'ont installé, ce trône de toutes les abjections d'où elles l'empêchent de descendre pour mieux s'offrir le plaisir de l'y crucifier avant d'elles-mêmes s'y asseoir.

jeudi 6 avril 2023

Des verges pour se faire battre


 Au fond, nos jeunes post-féministes d'aujourd'hui, celles qui clouent chaque matin un vieux mâle exténué sur la porte de leur grange pour apaiser leur soif de tribunaux et de galères, celles-là ne font que réagir mécaniquement contre la liberté sexuelle imprudemment prônée par leurs soixante-huitardes grands-mères – qui elles-mêmes, du reste, vivaient largement d'illusions. 

Ce qu'elles exigent, ces bigotes new style, c'est le retour à un puritanisme “de combat” – mais camouflé sous des habits qu'elles croient neufs –, basé sur un séparatisme et un encadrement des sexes aussi stricts que possible. En cela, elles ne sont pas très éloignées de ce que réclament nos frères musulmans, et qu'ils appliquent déjà en grande partie dans leurs divers territoires annexés. 

Qu'un régime islamique s'installe demain par ici, on verra un bon nombre d'entre elles s'en accommoder fort bien ; et même s'épanouir étrangement sous la férule nouvelle.

samedi 28 janvier 2023

Plaidoyer pour les femmes exotiques


 À la fin de 1992, il y a donc trente ans plus une poignée de semaines, Philippe Muray notait ceci dans son journal, que je refeuillette depuis quelques jours :

 

« […] la métamorphose des femelles occidentales, dans les trente ou quarante dernières années, a rendu désirables toutes les femmes du monde sauf celles d'Occident.

« Qui, de gaîté de cœur, choisirait de vivre avec une Française ou une Américaine ?

« Qui peut rêver, rêver d'une Française ? D'une Allemande ? D'une Suisse ? D'une Américaine ? D'une Hollandaise ? Et maintenant, hélas, depuis que leurs pays montrent tant d'ardeur pour l'Europe, qui peut rêver d'une Italienne ou d'une Espagnole ?

« Femmes occidentales, horribles petites cafteuses françaises, désastreuses Européennes et vos grandes sœurs frénétiques, les abominables Américaines, vous savez que vous n'avez plus aucune chance avec les hommes ! Votre seul espoir, c'est de refiler au plus vite la disgrâce de votre émancipation au reste de l'humanité féminine ! Par Saint Nietzsche, par Saint Sade et par tous mes saints, on vous en empêchera ! »


C'est par l'optimisme presque béat de sa dernière phrase que Muray date fâcheusement. Car si j'en juge par l'atonie virile des hommes de moins de quarante ans actuels, ces élégantes et fluettes larves paritaires, ce n'est pas demain qu'ils seront en mesure d'empêcher quoi que ce soit, ni même d'oser l'imaginer, dès lors que leurs dragons reproductibles auront haussé un sourcil. Je peux les comprendre : même si c'est peu valorisant pour l'amour-propre, ou ce qui en reste, il est tout de même moins dolore de se faire traîner dans la boue que devant un tribunal.

C'est une réflexion assez semblable à celle de Muray que Catherine et moi nous faisons régulièrement, lorsque nous regardons une série télévisée américaine dans laquelle on nous laisse entrevoir ce que peut être la vie familiale, avec ou sans enfants, mais de préférence avec, de tel ou tel personnage ; réflexion sous forme interrogative : 

« Mais comment les mâles américains ont-ils encore le courage, ou l'inconscience, ou le masochisme, de se lier par contrat nuptial avec leurs compatriotes femelles ? » 

Car quel que soit le genre, la tonalité, l'esprit de ces séries, il en va toujours, ou presque toujours (les exceptions sont rares) de même : l'épouse ne sait faire que deux choses, alternativement et selon des dosages qui varient finalement assez peu : pleurnicher ou récriminer. Et s'il est une expression qu'un mari américain a intérêt à apprendre dès le lendemain de sa nuit de noces, car elle lui servira presque quotidiennement jusqu'à ce que mort ou divorce s'ensuive, c'est bien : I'm sorry !

On me dira que cette vision du couple – forcément caricaturale – émane de l'indécrottable misogynie du mâle blanc et obtus qui bidouille les scénarios. Que nenni ! Nombre de ces séries sont en grande partie écrites par des femmes… qui œuvrent exactement dans la même tonalité que leurs confrères. Ce qui laisserait à penser que non seulement c'est la réalité qu'elles décrivent, mais qu'en plus elles la trouvent suffisamment satisfaisante pour ne pas se soucier de la dissimuler,  ou au moins de l'arranger un peu.

Du reste, peut-être bien qu'elles l'arrangent ; et que, in real life, tout est encore bien pire.

Pour en revenir à Muray, on terminera en constatant que, dans son appel à négliger les harpies d'Occident au profit des femmes et filles exotiques, il annonçait les romans de Michel Houellebecq – en particulier Plateforme –, qui, en cette année 1992, étaient sur le point de naître.

lundi 6 juin 2022

Moi Léon, toi Jane…

Il arrive à chacun, je suppose, de se demander parfois, avec Villon et nostalgie : Mais où sont les neiges d'antan ?

On peut en rencontrer certaines dans les différents livres de souvenirs publiés par Léon Daudet entre 1914 et 1930 approximativement. 

Ainsi, dans Paris vécu, qui date de 1929, surgit soudain le fantôme de Jane Hading, toute ruisselante de sa beauté d'alors, ou du moins de celle que lui prête le déjà vieux Daudet lorsqu'il se souvient de ses émois d'étudiant des années 1880 touchant à leur terme.

Jane Hading (1859 – 1941) était cette comédienne qui créa la Sapho d'Alphonse Daudet. Saphique, elle ne l'était point, en tout cas pas à plein temps, puisqu'elle vivait avec Victor Koning – dit “le ver de noisette”… –, directeur de théâtres de son état.

Contrairement à ce que son nom de scène pourrait laisser croire, Jane Hading était marseillaise. On comprendra aisément le recours à ce pseudonyme lorsqu'on aura dit qu'elle s'appelait Alfredine Tréfouret, patronyme difficile à porter pour n'importe quelle femme, et encore plus pour une actrice, vu les forts soupçons qui pèsent, ou pesaient, généralement sur la rectitude de leurs mœurs. 

Mais enfin, Alfredine ou Jane, Hading ou Tréfouret, le sémillant Léon en était tombé amoureux, comme on tombe amoureux à dix-huit ans. Une passion dont les ondes se font encore sentir quarante ans plus tard, lorsqu'il écrit Paris vécu :

« Épris de Mme Hading, comme d'une madone inaccessible, comme Pétrarque pouvait l'être de Laure, j'allais guetter ses sorties en voiture tout au bout du boulevard Malesherbes, où elle vivait conjugalement avec le ver de noisette. C'était le temps des coupés à chevaux. Elle passait, camée fugitif, rieuse ou préoccupée (je la préférais encore préoccupée) et je la saluais sans qu'elle me reconnût. »

C'est à ce moment que le lecteur de 2022 a l'impression de quitter les boulevards pour sauter à pieds joints entre les pages de Proust. Car ce timide et embrasé jeune homme, qui vient tous les jours, sans lassitude, se poster au coin de la rue où doit surgir “Elle, la Seule, l'Incomparable, la Divine”, ce n'est plus Léon : c'est Marcel-le-narrateur, sortant chaque matin de l'appartement familial pour voir passer et saluer la duchesse de Guermantes en ses équipages…
 

vendredi 15 avril 2022

Gustave et les femmes


 « Ce que je leur reproche surtout, c'est leur besoin de poétisation. Un homme aimera sa lingère, et il saura qu'elle est bête qu'il n'en jouira pas moins. Mais si une femme aime un goujat, c'est un génie méconnu, une âme d'élite, etc., si bien que, par cette disposition naturelle à loucher, elles ne voient pas le vrai quand il se rencontre, ni la beauté là où elle se trouve. Cette infériorité (qui est au point de vue de l'amour en soi une supériorité) est la cause des déceptions dont elles se plaignent tant ! Demander des oranges aux pommiers leur est une maladie commune.

« Elles ne sont pas franches avec elles-mêmes, elles ne s'avouent pas leurs sens. – Elles prennent leur cul pour leur cœur et croient que la lune est faite pour éclairer leur boudoir. Le cynisme, qui est l'ironie du vice, leur manque, ou, quand elles l'ont, c'est une affectation. La courtisane est un mythe. – Jamais une femme n'a inventé une débauche. – Leur cœur est un piano où l'homme artiste égoïste se complait à jouer des airs qui le font briller, et toutes les touches parlent. Vis-à-vis de l'amour en effet, la femme n'a pas d'arrière-boutique ; elles ne gardent rien à part pour elles, comme nous autres qui, dans toutes nos générosités de sentiments, réservons néanmoins toujours in petto un petit magot, pour notre usage exclusif. »

G. Flaubert, lettre à Louise Colet, 24 avril 1852.


On imagine avec une certaine jubilation le rictus du pénible bas-bleu recevant ce bouquet d'orties, elle qui, quelques jours avant, demandait à son amant rouennais de “lui dire des tendresses” ! Dire des tendresses… Quelle débandaison brutale, pour ce malheureux Gustave, recevant une aussi pitoyable sommation ! Le plus comique, pour son lecteur d'aujourd'hui, est que, plein de bonne volonté, dans la même lettre dont j'ai cité deux paragraphes plus haut, il s'y essaie en effet. Comme il y est malhabile ! Comme il s'y montre emprunté ! Quel mal il semble avoir à se branler le cœur ! Si l'on n'était pas séparé de Croisset par une grosse cinquantaine de kilomètres, on entendrait d'ici ses ahanements de bon bœuf attelé à une charrue trop lourde.

Et ce n'est pas là tout son calvaire. Car s'entendre dire des tendresses n'est pas la seule exigence de la poétaillonne parisienne : elle veut aussi qu'on lui en fasse ; ce qui implique rencontre, journées et nuits communes, toute la lyre. Pour parer à ce demi-cauchemar, Gustave a son excuse toute prête ; toujours la même, burlesque à force d'être constamment resservie, mais efficace. On peut la résumer ainsi : « Il me reste à écrire cinq pages pour finir ma première partie ; donc, je ne pourrai pas bouger d'ici avant sept à huit semaines. Mais alors, quel délice de te revoir, etc. »

En somme, ce grand lâche – mais ne le sommes-nous pas tous, un peu ? – se cache derrière les jupes d'Emma Bovary pour tenter d'échapper à la griffe de Louise Colet. Pour achever d'horripiler la femme de chair qu'il vient de repousser aux calendes, il ne cesse de lui parler en long et large de celle de papier.

Et c'est précisément ce qui nous rend ces lettres à Louise Colet si précieuses.

mardi 13 avril 2021

La femme syndicale


 « On n'est jamais traité de misogyne par celles à qui on plaît, comme c'est curieux. Ce sont toujours les autres, celles qu'on ne désire pas, qui parlent au nom de celles qu'on désire. Technique syndicale, elles se sont elles-mêmes nommées déléguées, elles revendiquent la place des employées. En se plaignant au nom de celles-ci, elles se donnent l'illusion d'être celles que vous désirez ; mais elles savent bien que ce n'est pas vrai, elles vous injurient donc avec une énergie redoublée. »

Philippe Muray, Ultima necat III, Les Belles Lettres, p. 306.

 

Quelques pages plus loin, ce très bref dialogue, qui n'a rien à voir avec ce qui précède, mais bon je fais ce que je veux :

« – Quand je n'aurai plus que quatre ou cinq ans à vivre, j'écrirai une biographie de Balzac, ce sera mon dernier livre.

– Comment sauras-tu que tu n'as plus que quatre ou cinq ans à vivre ?

– Je le saurai. »

 

Ben non…


P.S. : Si ce billet-de-feignasse est en outre dénué d'illustration, c'est que Blogger, assez mystérieusement, me refuse la possibilité d'en “importer” la moindre.

mardi 29 janvier 2019

Féministes, mes sœurs de combat, réveillez-vous !


Déjà qu'il ne semble guère régner une parité scrupuleuse chez nos vaillants piquets de ronds-points, parmi lesquels on rencontre nettement plus de moustachus couperosés que de souriantes ennichonnées, il faut encore que le vocabulaire rabaisse un peu plus nos sœurs de combat fluo, en les amalgamant dans un masculinisme de piètre aloi. Gilet jaune, Huguette ? Gilet jaune aussi, Priscilla ? Gilet jaune encore Marie-Blandine ? Au même titre, exactement, que Fernand, Kevin et Charles-Gontrand ? Certainement pas ! 

Je somme donc mes ex-confrères de la presse, qu'elle soit torchonnée ou bafouillée, d'adopter dès ce matin l'expression : Gilète jaune. Afin de rendre justice à toutes ces héroïques piquètes de ronds-points (qu'on se gardera de confondre avec les piquettes qui s'y consomment plus ou moins en douce) : les comptes rendus dominicaux de leurs exploits y gagneront en vérité, même s'ils en deviennent forcément un peu plus rasoirs.

mardi 18 septembre 2018

La Païva n'avait pas la langue dans sa poche… et heureusement pour ses finances


Elle fut, du second XIXe siècle, l'une des plus prestigieuses courtisanes : c'est ainsi que l'on nommait les putes dépassant un certain tarif horaire. Je n'emploie pas cette dernière expression au hasard, ni par goût de choquer les âmes prudes : elle est directement reliée à l'anecdote qui m'a mis en joie ce matin, et que je vais vous faire partager sur l'heure.

Un jour, la Païva se retrouve face à un homme fort riche et affectant cette muflerie que l'argent donne parfois aux esprits pas assez solides pour en supporter l'abondance. Celui-ci lui déclare tout de go qu'il veut l'avoir depuis longtemps et qu'il l'aura. Sans se démonter, la Païva lui répond sur le même ton dépourvu de fioritures : « Une demi-heure, dix mille francs* ! » Le lendemain, le gros sac d'or arrive dans le fameux hôtel des Champs-Élysées, se fait recevoir par la maîtresse des lieux dans sa chambre et, sans un bonjour, ni aucun autre mot, jette négligemment une liasse de billets de banque sur le lit. Pensant écraser définitivement sa future partenaire sous son mépris d'imbécile, il laisse tomber en même temps : « Vous devriez les recompter avant… »

Alors, la Païva, du tac au tac : « Non, je compterai pendant : ça m'occupera… »

On s'amuse d'un rien, n'est-ce pas ?

* dix mille francs de cette époque représentent approximativement vingt à vingt-cinq mille euros de la nôtre…
 

jeudi 19 octobre 2017

Enfin quelqu'un qui ne se moque pas du monde…

Danielle D., 1er mai 1917 – 17 octobre 2017.

Une centenaire sérieuse, comme on les aime : 
ni pas assez, ni trop d'années.

jeudi 10 novembre 2016

Il faut laver cet affront, mes sœurs !


Je comprends la double déception des féministes (nos “petites sœurs de parité”, disait Muray), et aussi leur amertume. Première désillusion : elles s'attendaient à voir l'une des leurs entrer à la Maison-Blanche en janvier prochain, une ère toute de caresses et de lingettes hypoallergéniques allait s'ouvrir. Une femme dans le bureau ovale, c'était l'assurance d'une politique maternante, ouatée de rose, avec tout plein de petites lumières clignotantes autour, ainsi que l'ont déjà amplement démontré dès qu'elles en ont eu l'occasion Mmes Golda Meir, Indira Gandhi, Margaret Thatcher, Benazir Bhutto, Angela Merkel et une poignée d'autres. Au lieu de ce rêve pur sucre, seconde déception, corollaire de la première : c'est une brute, un monstre, un incube antédiluvien, dont elles vont devoir, durant quatre ans et plus si affinités, supporter les saillies patriarcales et l'humour de cro-magnon.

Heureusement, je connais le moyen de leur faire relever le menton et d'accrocher de nouveau un sourire fier à leurs frimousses enchafouinées. Non, mes sœurs de combat, mes chères walkyries du partage des tâches, voir un mâle obtus et méprisant accéder aux plus hautes responsabilités des États n'est pas une fatalité. Prenez votre destin en main, relevez les robes longues et faites un beau plongeon synchronisé dans l'avenir gorgé de futur : en avril et mai prochain, dites un grand “non” à tous ces porteurs de gonades en breloques et envoyez massivement Marine Le Pen à l'Élysée. Ainsi, et ainsi seulement, pourra être, à grande eau brune, lavé l'affront américain.

mercredi 11 mai 2016

Dragueurs lourds, suivrons-nous d'ahan…


Tout le billet est à lire, avec lenteur, recueillement même, tant il est un concentré presque chimiquement pur de bigoterie néo-féministe, d'aigreur pro-pénale, d'auto-aveuglement immature et, finalement, d'incurable désarroi. Il est ici. Dès la deuxième phrase, se donne à voir une sorte de “panique conceptuelle”, si je puis ainsi jargonner. Relisons-la :

Nous avons énormément de mal à bien nommer les choses en matière d'agressions sexuelles parce que nos définitions ne prennent jamais en compte une chose ; le fait de ne pas tenir compte du consentement de la victime.

Madame Georgette Crêpe invente, ou au moins réhabilite, sans s'en apercevoir la phrase cacophonique : avoir du mal à bien nommer est déjà très joli, chez quelqu'un qui, pourtant, ne conçoit pas que le bien et le mal puissent avoir intimement à faire l'un avec l'autre ; ne pas prendre en compte le fait de ne pas tenir compte est encore plus beau ; la bouillie du sens atteint un parfait moelleux avec le consentement de la victime : somptueuse aporie.

Ensuite, tout l'effort de Mme Georgette Crêpe va consister à déblayer totalement le terrain, à repousser aussi loin que possible l'un de l'autre le bien et le mal, pour établir entre eux un désert barbelisé. Car dans l'univers de Crêpe, jamais aucune femme n'a fait mine d'accueillir avec froideur des avances masculines, soit pour préserver son image de fille “pas facile”, soit pour tester un peu les “motivations” du candidat. Jamais ! Ça ne se peut pas, ça ne doit pas exister. Si une femme dit “non”, c'est toujours un “non” intangible et éternel ; et si elle envisage de dire “oui”, elle est tenue de le faire immédiatement, d'une manière totalement dépourvue d'ambiguïté et de clair-obscur ; on le sent bien : l'idéal pour Mme Georgette Crêpe serait que les deux futurs partenaires signassent un contrat écrit en la double présence d'un huissier et d'une huissière.

La suite de ce long texte (les crêpes de Mme Georgette sont souvent très épaisses : on sent qu'elle ne pleure pas la pâte) pourrait être elle aussi décortiquée paragraphe par paragraphe, presque ligne après ligne ; à quoi bon ? Je n'ai pas toute la journée non plus… Le but, de toute façon, reste le même de bout en bout, même si notre dialecticienne croit varier ses prises de vue et ses angles d'attaques : il s'agit de coudre un très grand sac, que l'on nommera “agressions sexuelles” et d'y fourrer tout ce qui passe, depuis le viol en réunion jusqu'à la petite phrase qui pourrait vaguement faire penser, chez le mâle, à une légère insistance. (« Eh, M'dame, je peux t'offrir un café ? – Non, merci, c'est gentil, mais je suis pressée… – Allez, M'dame, juste un petit café : ça vous engage à rien ! » : c'était, en direct, un exemple d'agression sexuelle.)

La conclusion est trop prévisible pour être vraiment savoureuse ; la voici : 

Vos amis "draguent lourdement" ?  Stoppez-les.  Il n'y a pas de si, il n'y a pas de mais. On a tous et toutes connu de ces gens qu'on nomme dragueurs lourds car on n'ose penser que nos potes ou collègues sont des agresseurs sexuels.

Le message est limpide : ne pas être un agresseur sexuel vous-même n'est évidemment pas suffisant, ne pensez pas vous en tirer à si bon compte. Il va s'agir de revêtir l'uniforme de l'agent de police – ou la blouse du psy – et de faire rentrer vos amis dans le rang, après avoir dûment répertorié l'historique de leurs comportements intolérables. Et si ces dangereux prédateurs refusent d'entendre raison et de repasser dans le rang des dragueurs légers, nuageux, évanescents, impalpables, éthérés, alors il vous faudra vous transformer, pour le bien de chacun et du monde, en impitoyable délateur lanceur d'alerte : Mme Georgette Crêpe saura certainement vous indiquer la procédure.