vendredi 26 février 2010

Dans le petit bois de Trousse-Chemise...

C'était ce soir. Entre Levallois-Perret et Mantes-la-Jolie (La Jolie... Cette petite ville flaubertienne, devenue un dégorgeoir à nègres et à bougnouls (allô ? Le Mrap ? Je viens de dire des choses ignobles ! Exprès ! Saisissez-moi, bande de cons, saisissez-moi !)). Donc, tout soudain, je me suis mis à penser à Charles Aznavour (l'écoutant) et à Nicolas – tout ensemble. Nicolas n'aime pas Aznavour, il l' a dit déjà. Et, assis dans ma voiture, je me demandais comment on pouvait NE PAS aimer Aznavour.

Quelques kilomètres plus loin (en Normandie, laissant les cailleras à capuche derrière moi...), j'ai cru comprendre. En vérité, je n'aime pas davantage Aznavour que Nicolas, je pense. J'aime cet Aznavour des années cinquante et soixante. Poussons davantage : j'aime cet Aznavour contenu dans les quelques 45 tours qui se trouvent être chez mes parents depuis toujours.

Pour le coup, je vais raconter une histoire que je crois avoir déjà dite ici – tant pis pour vous, anciens lecteurs : Didier Goux radote. C'était à Châlons-sur-Marne, ville où je suis né, ville transformée par de purs crétins en Châlons-en-Champagne : j'adorerais que les cons qui m'ont fait cela meurent d'un cancer et, si possible, dans d'atroces souffrances. Bref...

De quoi parlions-nous ? De Charles Aznavour. Finalement, je crois n'aimer pas tellement Aznavour. J'aime l'Aznavour des années cinquante et soixante, comme je viens de le dire. Et un petit peu du début des années soixante-dix.

En réalité, et on se retrouve au début de ce billet imbécile, je n'aime qu'une chose : les chansons d'Aznavour se trouvant gravées sur les 45 tours de mes parents. Partant de là, je pourrais bien vous expliquer comment et pourquoi Aznavour est entré dans ma vie, lorsque j'avais quatre ou cinq ans, dans ce petit jardin de la rue Saint-Éloi de Châlons-sur-Marne.

Tiens, je vous raconte, bien que l'ayant déjà fait, je crois. Mes parents, très pauvres alors, savaient (pensaient savoir) qu'un jour ils seraient plus “à leur aise”. À cette époque, les gens pauvres savaient qu'ils allaient devenir moins pauvres, que leurs enfants franchiraient une sorte de barre sociale : il n'en est plus ainsi aujourd'hui. Donc, voici : mes parents, à peine capables de nourrir eux-mêmes et leur fils aîné (moi), avaient décidé d'acheter un ou deux 45T par mois, pour avoir de quoi écouter, le jour où ils auraient la possibilité d'acheter un électrophone. Ils n'en avaient pas les moyens, ils continuaient d'acheter un ou deux 45T par mois.

Et un jour... Un jour, un ami de mon père, partant pour tout le week-end je ne sais où, lui a proposé de lui prêter son électrophone. Et l'appareil en question est en effet arrivé rue Saint-Éloi, à Châlons-sur-Marne – chez nous. Et, d'après mes parents, je n'en ai évidemment nul souvenir, j'ai passé ces deux jours assis près ce cet appareil, à écouter les disques laborieusement achetés par mes parents – dont Aznavour, principalement. Et je les entends encore aujourd'hui, je vous prie de me croire.

24 commentaires:

  1. "Nicolas n'aime pas Aznavour". Je ne crois pas l'avoir dit mais j'ai dit que je n'aimais pas les quelques chansons qu'on entend le plus souvent dans nos radios.

    Bon. Je vais lire la suite du billet pour savoir ce que je viens faire dans cette histoire.

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  2. Ah ! J'y suis ! "les gens pauvres savaient qu'ils allaient devenir moins pauvres, que leurs enfants franchiraient une sorte de barre sociale" C'est un billet gauchiste.

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  3. Il s'agit du retour au nom historique et non d'une crétinerie. Le nom avec sur Marne n'apparaît qu'à la fin du XVIIIe s., quelques années avant la Révolution. Il est alors en concurrence avec le nom plus ancien. Auparavant, c'était Chaalons-en-Champaigne sur les cartes ou les écrits hors de la généralité, sinon Chaalons tout court dans la province. L'histoire du nom a été retracée par le conservateur des musées, feu Jean-Pierre Ravault, élève de l'école des Chartes et docteur en histoire.

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  4. Les chansons sont souvent rattachées à des souvenirs précis et il en émane forcément beaucoup de nostalgie. Sur mon blog, je suis en train de me remémorer mes souvenirs ( années 50 et 60). Si le cœur vous en dit, vous pouvez venir, la porte est ouverte !

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  5. Oui, très drole cette transmission de pensée :)

    Bonne fin de semaine

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  6. C'est une sorte de Madeleine Aznavour alors ? Est ce que ça ne fait pas ça avec à peu près toutes les chansons qui nous marquent ? On mémorise les moments d'écoute plutôt que la ritournelle…
    :-))

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  7. Dominique : Mince alors ! Toutes mes certitudes volent en éclats, là...

    Bon, dans ce cas, je retire ce que j'ai dit et présente mes plus plates excuses au membres du Conseil municipal châlonnais (ou chaalonnais, comme on voudra...).

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  8. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  9. OOps fausse manip.
    Je disais:
    "j'adorerais que les cons qui m'ont fait cela meurent d'un cancer et, si possible, dans d'atroces souffrances. Bref..."
    Vous êtes un grand humaniste (SMILEY)

    @ Dominique:
    Alors il fallait l'appeler Chaalons-en-Champaigne.
    Je pense que les cons dont parle Didier ignoraient ce nom historique. Ils sont plutôt preneur du prestige que leur confère, selon eux, l'appellation de Champagne, plus pétillante que la Marne, moins bonne dans les coupesles jours de fête.

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  10. Marine, l'accent circonflexe n'était pas encore employé systématiquement à l'époque, il ne se répand qu'au XVIIIe s. Le a long est alors noté ainsi, mais il existe toujours quelques communes françaises avec deux a comme Maast.

    La graphie Champaigne côtoie celle de Champagne à cette époque, le i note juste la mouillure de la consonne selon les conventions du temps (passez-vous aussi les Oignons de Bechet). Les deux avaient la même prononciation alors, voir Montaigne et montagne, Philippe de Champaigne.

    Seule l'orthographe a été un peu modernisée, mais autrement c'est bien le nom qui a été utilisé au cours des siècles.

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  11. mon chien aussi (désolé pour le pseudo)26 février 2010 à 12:00

    Quand Aznavour chante Dimey, j'aime. Sinon, c'est de la chanson, point barre.
    Mais vous aimez encore ce genre de provoc' : caillera, capuche, dégorgeoir à nègres ?...(en plus, c'est un joli mot, bien moins moche que "Black" ou "Noir", enfin bon...)
    Vous m' semblez plus intelligent que toutes ces conneries et sûrement plsu sensibles que ceux qui applaudissent à ces conneries. Pourtant, j' suis pas un amoureux du rap, de la "banlieue" et de toutes ces âneries qui n' servent personne.
    Châlons-sur-Marne, ouais, pas mal.
    Mantes-la-jolie, j'évite parce que les choses sont mal faites et que les socialos se sont comportés comme des hommes de droite : populisme et pognon.

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  12. On ne peut pas aimer un chanteur pour tout, surtout sur des carrières de 40 ou 50 ans. D'accord avec vous pour Aznavour. Dans le même genre : Becaud, pour moi celui du tout début des années 70 (La vente aux enchères, Charlie, t'iras pas au paradis, Un peu d'amour et d'amitié, L'Indien). Je reste marqué par un tas de chansons populaires correspondant à une époque précise de mon existence et un évènement particulier, douloureux : mon retour chez mon père (du paradis à l'enfer) l'été 72 (j'avais 9 ans). Je me raccrochais à la radio et j'écoutais les chansons avec beaucoup d'attention. Ça a duré comme ça jusqu'en 76 à peu près, en s'amenuisant. La plupart des chansons de ces années-là, pas les plus populaires forcément, me rappèlent des moments extraordinairement précis, mais où il ne se passe rien cependant, sauf que je suis présent par tous les sens.

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  13. Nicolas,
    A part "mon père était vétérinaire" et "la bite à Dudule", tu connais quoi à la variété française ?

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  14. Tiens, Mon père était vétérinaire, j'la connais pas, celle-là...

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  15. Didier ! Inculte bonhomme !

    Votre père n'a jamais soufflé dans l'trou d'balle des ch'vaux ?

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  16. Je n'aime vraiment pas Aznavour, mais à vous lire, je comprends évidemment que vous éprouviez de la tendresse pour lui. N'importe qui à votre place aurait gardé le même attachement sentimental. D'ailleurs, à bien observer ses photos, il a quelque chose d'épagneul, touchant.

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  17. Tonnégrande,

    Rien, pourquoi ?

    Yanka,

    J'ai une autre version.

    Didier,

    Mon père était vétérinaireeee,
    Il soufflait dans l'derrière des ch'vaux,
    Avec un petit tube en veeeeerre,
    Afin qu'ils deviennent plus gros.

    Un jour, un ch'val récalcitrant,
    Dans l'petit tube lacha un vent.
    Mon père, qu'était vétérinaireee,
    D'une asphyxie, mourut lent'ment, mourut lent'ment.


    Mais ça nous éloigne du sujet du billet.

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  18. Didier : http://www.youtube.com/watch?v=ALFOGzCecsk
    :-))

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  19. Le regretté Pierre Dac était natif de cette belle ville. Du fait de sa confession judaïque, il pensait que cette belle ville aurait du s'appeler "Shalom sur Marne".

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  20. Chalon-sur-Champagne : voilà qui me rappelle le destin de Villefranche-sur-Saône deviendu "Villefranche en Beaujolais".

    Il s'agit voyez-vous d'oeuvrer pour le rayonnement z'international de la commune (avec une histoire de pinard évidemment).

    Je propose à ce sujet de renommer la ville girondine : Bordeaux-en-Bordelais.

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  21. Balmeyer : oui, oui, oui, et re-oui ! M. dominique a beau dire, je reste peesuadé que ces connards ne savaient absolument rien du nom de leur ville au XVIIe siècle, mais qu'ils ont en effet joué sur le côté "festif" du mot "champagne".

    Or, i!l ne s'est jamais, au grand jamais, produit une bouteille de vin-à-bulle dans la région de Châlons !

    Châlons-en-Côtes-du-Rhône, tiens, pendant qu'on y est, me plairait bien...

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  22. Les puristes ne mettent pas de "s" à Côte"s"-du-Rhône car on ne dit pas: donnez-moi un verre à plusieurs côtes-du-rhône mais un verre de côte-du-rhône, ce qui n'empêche point de prendre succéssivement plusieurs verres mais au départ ça change tout et ça ne fait pas mauvais genre,par ailleurs.

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  23. Joli billet qui me rend mélancolique. Ce n'est pas dans Tortilla Flat qu'il y a une femme qui promène dans toute la maison qu'elle vient de balayer un aspirateur silencieux en disant: mon amant qui est riche m'a offert l'aspirateur, et quand il sera très riche, il fera mettre l'électricité ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.