lundi 24 octobre 2011

Les Français, c'est rien que des masochisses

« Je lis là actuellement tous nos “quotidiens” pleurer sur le sort des pauvres Hongrois… si on nous avait reçus comme eux ! tant larmoyé sur nos détresses, on l'aurait eu belle, je vous le dis ! dansé des drôles de claquettes ! s'ils avaient eu au prose l'article 75 ces pathétiques fuyards hongrois Coty les garderait pas souper !… merde !… s'ils étaient simples Français de France il les ferait vite couper en deux !… en dix s'ils étaient mutilos ! surtout médaillés militaires ! la sensibilité française s'émeut que pour tout ce qu'est bien anti-elle ! ennemis avérés : tout son cœur ! masochisse à mort ! »

Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre, Folio, p. 157.


Trois jours de suite des textes qui ne sont pas de moi, que je me contente de recopier, voire de copicoller comme un trou : on va dire que j'attige, que je me fous du chaland. Alors qu'au contraire il me semble faire preuve d'un grand savoir-vivre et d'une certaine délicatesse, d'un vrai souci de mes hôtes, en chargeant les buffets et les huches de nourritures fraîches et relevées, quand je suis trop occupé ailleurs pour rester victuailler avec eux.

14 commentaires:

  1. D'un autre côté, grâce à moi, tous les visiteurs de ce blog pourront désormais affirmer dans les dîners qu'ils ont lu Céline – ce qui vous pose un convive.

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  2. Céline au dîner, ah ben c'est gai ! ça te pose le convive, ça c'est sur. On attend qu'il embraye sur Cioran en avalant le vol-au-vent comme si c'était un Mac Bacon et on hésite à le saouler avant le dessert, des fois qu'au lieu de sombrer dans le coma éthylique escompté il se mette à déclamer la moitié du Journal de Kafka en pleurant.

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  3. Alors qu'au contraire il me semble faire preuve d'un grand savoir-vivre et d'une certaine délicatesse, d'un vrai souci de mes hôtes

    Et vous avez raison, bien raison.
    Les livres toujours, parlent bien mieux que nous.
    Restons humbles et admettons que ce fait est largement vérifié.

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  4. Suzanne,
    Je vous adore, mais je le dis vite, de peur de reprendre un autre coup de balai dans le cul.

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  5. ... ah.. Henriette!!! vouz'avez rien sur Henriette? ? histoire que Mildred sache ce que c'est que la vraie vulgarité, et cesse de nous assommer avec ces grossièretés qui n'en sont pas... Geargies.

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  6. Céline n'est guère plus lu que Julien Gracq. De ce dernier me revient ce passage de "La littérature à l'estomac" qui arrive juste à propos:
    " La demande harcelante de grands écrivains fait que chaque nouveau venu a l'air de sortir d'une forcerie: il se dope, il se travaille, il se fouaille les côtes: il veut être à la hauteur de ce qu'on attend de lui, à la hauteur de son époque. (...)
    Aussi voit-on trop souvent en effet la "sortie" d'un écrivain nouveau nous donner le spectacle pénible d'une rosse efflanquée essayant de soulever lugubrement sa croupe au milieu d'une pétarade théâtrale de fouets de cirque - rien à faire; un tour de piste suffit, il sent l'écurie comme pas un, il court maintenant à sa mangeoire; il n'est plus bon qu'à radoter, à fourrer dans un jury littéraire..."
    Céline n'en a rien à foutre de la littérature ou de la politique ou du monde des idées: il n'y a que cette broyeuse de mots, de sang et d'ordure qui se confond à l'Histoire avec une élégance débraillée. Céline et Gracq nous le rappellent et c'est plus important que ceci ou cela.

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  7. " Mais je vous promène tort et travers, je me laisse entraîner moi aussi !... deviendrais-je jean-foutre ?... présent, passé, je me permets tout!... si vieux, je me dis : zut! tant pis ! je pourrai pas écrire toujours, si j'en omets ?... Nimier me promettait l'autre jour : quand on vous passera en " comics " on vous coupera ceci !... cela !... " tout finira par la canaille ! " Nietzsche... parbleu, nous y sommes !... connaissez-vous rien de plus voyou que la Télévision françoise ? impossible ?... pas un mercredi que ne surgisse un affreux quelconque incapable qui me plagie éhontément et qui hurle, culot! que je n'existe pas !... "
    Louis-Ferdinand Céline, Nord (Edition définitive), Gallimard, p.303.

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  8. Excusez l'ignorance d'un pauvre musulman mais que signifie au juste la phrase :
    "s'ils avaient eu au prose l'article 75 ces pathétiques fuyards hongrois Coty les garderait pas souper !" ?
    (Je sais qui est René Coty, hein, c'est surtout la première partie de la phrase qui m'est un peu hermétique.)

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  9. Je ne saurais vous dire avec précision (et n'ai guère le temps de chercher) mais enfin, vu le contexte, cet article 75 doit concerner les gens plus ou moins poursuivis pour faits de collaboration avec les Allemands, à la Libération.

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  10. Un livre à ce sujet :

    Gaël Richard

    " Toujours l'article 75 au cul "
    Le procès de Céline 1944-1951
    Editions du Lérot. 2010.

    Et cet extrait de commentaire :

    " Avec Lucette et Bébert, en passant par Baden-Baden, ils traversent l'Apocalypse, s'arrêtent à Sigmaringen, y laissent Le Vigan et parviennent à destination, après leurs lots de misères et de malheurs où, le Céline médecin, soigne sans compter quelque soit l'endroit où il se trouve. Puis, c'est 18 mois de réclusion qui l'attendent et la " résidence surveillée " avec la promesse de ne pas quitter le territoire danois. Sept ans, avec " toujours l'article 75 au cul ", cette accusation de trahison qui pour lui, est incompréhensible, lui patriote et profondément français n'a jamais rien trahi, bien au contraire. "
    Blog : L'ombre de Louis-Ferdinand Céline.

    Ali, la prochaine fois, remuez vous le cul. Vous savez, la toile est pleine de ressources grand paresseux !

    Une chance pour vous, mon amour pour Ferdinand est sans limites !

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  11. Paresseux vous-même ! Moi j'approche des trente feuillets, écrits depuis ce matin…

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  12. Je sais bien Didier, chacun sait ici que vous pouvez être un bourreau... de travail.

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  13. Pas seulement de travail : si vous saviez ce que subissent les adolescentes égarées qui tombent entre les grosses paluches de mon Célestin Ciboire, vous en frémiriez.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.