dimanche 6 mai 2012

Dyane par les chemins qui bifurquent

« Un de mes souvenirs, non pas les plus anciens, mais les plus insistants, et les plus clairs malgré son caractère nocturne, est celui d'une symphonie de Mahler, ou plus exactement de son lied final, entendu à la radio de bord de la petite Dyane décapotée malgré le froid (problème technique ou affectation lyrique, je ne sais) qui me ramenait de là vers Landogne, par une nuit de pleine lune, sous les étoiles et la voûte des branches, le long de la plus haute Dordogne – ou bien n'est-elle encore que la Dore, à ce stade, ou la Dogne ? »

(J.-R.-G. du Parc & Denise Camus, Travers Coda, Index & Divers, éditions P.O.L, p. 95.)

Et le lecteur, tout prosaïquement, se demande s'il est réellement possible d'entendre une symphonie de Mahler à l'intérieur de cette voiture approximative qu'était la Dyane – laquelle produisait à peu près le même brinquebalant barouf qu'une 2 CV de haute époque –, qui plus est décapotée. De même s'autorise-t-il quelque doute quant à la qualité de restitution sonore que pouvait offrir la radio de bord. Mais ses questions sont rapidement balayées, par leur insignifiance même, et il retourne se perdre dans la forêt églogale, avec ces signaux lumineux qui ne renvoient qu'à d'autres signaux – et parfois à eux-mêmes –, ses chemins qui bifurquent, ses sentes en trompe-l'œil et ses échos qui ne l'attirent que pour mieux l'égarer encore. Un énorme et touffu taillis de mémoire, avec, en son centre, l'absence, qui brille par elle-même.

3 commentaires:

  1. Cela confirme le vieil adage:
    "a quelque chose Malher est bon"

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  2. Moi, électeur nauséabond du premier tour, contre lequel il convient d'avoir une idée nouvelle chaque jour, ai voté en ce 6 mai.
    L'enveloppe, légère comme le duvet d'un poussin, a virevolté une fraction de seconde dans l'urne aux trois-quarts vide.
    Qu'ils se démerdent.

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  3. Où est passé le lecteur ?

    Il est dans l'églogue.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.