samedi 27 octobre 2012

Extrait du journal du jour (ne touchez pas l'assiette, c'est très chaud !)


Samedi 27 octobre

Huit heures moins le quart. – Pas d'entrée hier, pour cause de retour de Catherine au bercail et d'apéro consécutif, dont la générosité a fait que je suis allé directement du salon à la chambre, sans passer par la cuisine ni par ce journal. Aujourd'hui, retour à une vie plus saine, au moins sur le chapitre de l'alcool, qui est resté dans les placards. Ce n'est d'ailleurs pas pour cela que j'ai plus de chose à raconter, ayant passé l'essentiel de la journée à lire le Balzac romancier de Maurice Bardèche, ce que j'ai annoncé sur le blog hier et que, bien entendu, les deux ou trois petits caniches moralisateurs habituels me reprochent vertement aujourd'hui, avec des suffocations de pucelle. Car il est bien entendu, dans ce que je n'ose appeler l'esprit de ces personnages, qu'il faut absolument s'interdire de lire ce qu'un vil collabo négationniste peut avoir à dire sur Balzac ou sur Proust, même s'il s'agit de deux livres également remarquables. Mais comment font-ils pour être aussi stupides et bornés ? Et comment n'éclatent-ils pas de rire en entendant leurs propres énormités ? Le précieux comique de l'affaire est qu'après m'être déjà fait traîner dans la boue en raison de mon philosémitisme affiché et revendiqué, me voilà derechef plongé dans la sanie – et par les mêmes, bien entendu –, mais cette fois pour sympathies négationnistes ! Là encore, comment font-ils pour être bêtes à ce point ? C'est à vous coller le vertige…

37 commentaires:

  1. "…Là encore, comment font-ils pour être bêtes à ce point ? "

    Ils apprennent l'histoire, ils lisent la biographie des personnes sur Wilipédia et puis font Copier.coller… et voilà!

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  2. "Maurice Bardèche, grand intellectuel, dont il ne faut pas parler, parce qu'il s'est trouvé être lié à Brasillach"

    Il me semble que c'est vous qui avez mis le sujet sur le tapis, mélange des genres toujours, comme si les compétences incontestables de Bardèche en littérature rachetaient plus ou moins ses convictions, fascistes et antisémites.

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    1. Il n'y a rien à racheter. Ce sont des opinions qui en valent bien d'autres. Après tout, je ne me souviens pas que l'on ait intenté des procès en nauséabonderies à tous les connards qui ont pleuré la mort de Staline ou de Mao. Je ne me rappelle pas de cris d'orfraie poussés lorsque des salopard patentés, journalistes au Monde, applaudirent l'entrée des khmers rouges dans Phnom Penh. Et pourtant, il y aurait eu matière, car au niveau du bilan, le fascisme fait figure d'amateur à côté du communisme.

      Vous me direz que le communisme français n'a rien à voir avec celui des grands frères russes ou chinois. Moi je veux bien vous croire, mais alors pourquoi planquer 5.000 fusils avec chargeurs et cartouches ? Ils attendaient l'ouverture de la chasse ?

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  3. Mais vous avez parfaitement le droit de lire Bardèche! Il y a même des choses intéressantes dans Mein Kampf... Le problème, c'est le " fraternellement" qui entretient l'ambiguité... Et puis vous devriez savoir qu'on peut être antisémite et proisraélien... Il y a même des juifs antisémites! C'est compliqué...

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    1. Des juifs antisémites, bien entendu : cela s'appelle la haine de soi, un mal que nous connaissons bien par chez nous aussi. en revanche, des proisraéliens antisémites, j'ai plus de mal à voir à quoi cela peut bien correspondre.

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    2. Ce sont des gens qui détestent encore plus les arabes que les juifs. Ils n'aiment pas fréquenter des juifs (ou diffusent sur eux les stéréotypes habituels) mais considèrent qu'un mètre carré conquis sur un arabe, c'est toujpurs cela de pris. Rebatet a été un peu comme cela sur la fin. Je ne pense pas qu'il ait changé d'opinion sur les juifs internationalistes de son enfance (aspect racial compris), mais un juif qui défend son territoire national, cela, au moins, mérite le respect.

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  4. Mais vous avez parfaitement le droit de lire Bardèche!

    Euuh...merci pour l'autorisation.

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  5. "C'est à vous coller le vertige…"

    Bah... autant passer à autre chose avec du grand art. Allez, roulez musique!
    http://www.youtube.com/watch?v=LJP4ICgu-6g

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  6. Je crois que, face à des auteurs comme Bardèche, Brasillach, Drieu ou Céline, il y a une double distinction à opérer, l'une exacte, l'autre fausse:

    -celle, nécessaire, entre l'écrivain, dont on peut admirer l’œuvre (c'est mon cas pour Céline, beaucoup moins pour Drieu que je tiens pour un écrivain mineur; je n'ai jamais lu Brasillach ni Bardèche)et celle de l'homme social, responsable comme tout un chacun, y inclus devant la Justice, de ses actes et de ses prises de position publiques, et pour lesquels la qualité de leur œuvre littéraire ne saurait constituer une circonstance atténuante;tout cela est bien banal;

    -et l'erreur, dans laquelle il faut éviter de tomber, de cliver son œuvre entre "ce qui est bien" (le Voyage, Mort à Crédit, D'un château, etc.)et "ce qui n'est pas bien" et qu'il faudrait éviter de lire (les répugnantes Bagatelles);il est difficile de comprendre totalement les premières si on oublie qu'elles ont été écrites par le même homme qui a écrit les secondes (l'antisémitisme si intégral de Céline ne se comprend que comme une variante de sa haine envers toute l'humanité, et particulièrement envers lui-même, et ce dernier point éclaire beaucoup l'ensemble de son œuvre)

    Il serait donc intéressant que vous nous disiez, votre lecture achevée, si l'antisémitisme revendiqué de Bardèche éclaire (ou obscurcit), de quelque façon que ce soit, sa perception de l’œuvre du juif Proust: il serait étonnant qu'il n'en soit rien.

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    1. Je viens de ressortir Proust romancier de son rayonnage : je vous tiendrai au courant…

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  7. Peut-être que tout le mal vient de ce que vous n'avez pas précisé si ce Bardèche, qu'apparemment personne n'a lu, était homosexuel ou non.
    L'aurait-il été, que ses plus féroces détracteurs, ici, lui auraient sans doute trouvé des tas de circonstances atténuantes.

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    1. Dans la mesure où il avait épousé la frangine Brasillach, on peut penser qu'il ne l'était pas. Mais allez savoir…

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  8. Maurice Bardèche, Nuremberg ou la Terre promise (Extrait).

    " Le vrai fondement du procès de Nuremberg, celui qu'on n'a jamais osé désigner, je crains bien que ce ne soit la peur : c'est le spectacle des ruines, c'est la panique des vainqueurs. Il faut que les autres aient tort. Il le faut, car si, par hasard, ils n'avaient pas été des monstres, de quel poids ne pèseraient pas ces villes détruites et ces millions de bombes au phosphore ? C'est l'horreur, c'est le désespoir des vainqueurs qui est le vrai motif du procès. Ils se sont voilé le visage devant ce qu'ils étaient forcés de faire et pour se donner du courage, ils ont transformé leurs massacres en croisade. Ils ont inventé à posteriori un droit au massacre au nom du respect de l'humanité. Etant tueurs, ils se sont promus gendarmes. A partir d'un certain chiffre de morts, nous savons que toute guerre devient obligatoirement une guerre du Droit. La victoire n'est donc complète que si, après avoir forcé la citadelle, on force aussi les consciences. A ce point de vue, le procès de Nuremberg est un appareil de la guerre moderne qui mérite d'être décrit comme un bombardier. "

    Tout est dit : " Forcer les consciences "... depuis 1945 nous vivons sous l'emprise de Nuremberg, il suffit de lire les commentaires nombreux pour s'en convaincre.

    Seulement, un petit problème se pose aux tenants de la "parole sainte" qui n'est pas parole d'Evangile, loin s'en faut... ils sont doublés par les blogs intempestifs qui remettent en cause les légendes dorées, ces constructions a posteriori voulues par les vainqueurs, et de l'histoire univoque nous sommes sortis : fini le bon vieux temps du mensonge prodigué à jet continu par les barbichus à tête carrée de l'école de la République, fini le bon vieux temps des maîtres papelards éduquant au prêt à penser. Tout ça est mort.

    Un vent de liberté nous éloigne des remugles rances de la confiture républicaine, je m'en réjouis.

    Toutes les lois mémorielles distillées par Big Brother depuis quatre décennies ne visent qu'un but, endiguer la libre parole.

    L'histoire est un enjeu de taille, aussi nous ne devons pas abdiquer devant la grandeur de l'objet.

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    1. Attention tout de même à la tentation, toujours présente, de renvoyer le balancier trop loin de l'autre côté, par un effet de symétrie vengeresse.

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    2. Il faut laisser parler Danny, c'est intéressant,il va nous ressortir tout le catéchisme nazi,la force, les untermensch, les juifs, le lebensraum etc., et rien sur les camps,sur le génocide, les crimes de guerre (ou seulement ceux des alliés); il existe encore des Danny!

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    3. Tiens, puisque l'on est dans les citations, je ne résiste pas à l'envie de continuer à faire souffler "le grand vent de la liberté qui nous éloigne des remugles rances de la confiture républicaine" en citant un autre passage de ce livre "prophétique" de Bardèche (écrit en 1948) :

      "Toute la question est de savoir si nous pouvons admettre le distinguo allemand en ce débat. Or voici ce qu'un Français ne peut éviter de se demander. Les juifs sont originellement des étrangers, qui ont été d'abord admis dans notre pays avec prudence, puis en nombre de plus en plus grand à mesure que certains d'entre eux obtenaient de l'influence. En dépit de cette hospitalité qui leur était accordée, ils ne se sont pas abstenus de prendre part aux discussions politiques de notre pays : et lorsqu'il s'est agi de savoir si nous transformerions l'invasion de la Tchécoslovaquie ou la guerre de Pologne en une guerre européenne, ils n'ont pas hésité, ce sont eux qui nous l'affirment actuellement, à combattre tout esprit de conciliation, c'est-à-dire à entraîner notre pays dans une guerre désastreuse mais souhaitable, parce qu'elle était dirigée contre un ennemi de leur race. Nous avons cessé d'être aujourd'hui une grande nation, nous avons peut-être même cessé d'être en réalité une nation indépendante, parce que leur richesse et leur influence ont fait prévaloir leur point de vue sur celui des Français attachés à la conservation de leur terre et qui voulaient maintenir la paix. Nous les avons trouvés opposés ensuite à toutes les mesures raisonnables qui pouvaient préserver nos vies et nos biens, et en même temps leurs propres vies et leurs propres biens. Et plus tard encore, nous les avons trouvés en tête de la persécution et de la calomnie contre ceux de nos camarades qui avaient voulu protéger des rigueurs de l'occupation ce pays où nous sommes installés depuis plus longtemps qu'eux, où nos parents étaient installés, et que les hommes de notre race avaient fait un grand pays. Et ils disent aujourd'hui qu'ils sont les véritables époux de cette terre que leurs parents ne connaissaient pas, et qu'ils comprennent mieux que nous la sagesse et la mission de ce pays dont certains savent à peine parler la langue : ils nous ont divisés, ils ont réclamé le sang des meilleurs et des plus purs d'entre nous, et ils se sont réjouis et ils se réjouissent de nos morts. Cette guerre qu'ils ont voulue, ils nous ont donné le droit de dire qu'elle fut leur guerre et non la nôtre. Ils l'ont payée du prix dont on paie toutes les guerres. Nous avons le droit de ne pas compter leurs morts avec nos morts." (Nuremberg ou la Terre promise, pages 189 et 190)

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    4. Allez-y, Emmanuel F. et Danny, allez au fond de votre pensée, on peut tout dire sur ce blog, où le diriez-vous sinon? Et puis il n'y a pas d'antisémites ici, c'est bien connu.

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    5. Eh bien, voilà un texte qui me dispensera à tout jamais de lire le livre que vous citez ! On y retrouve tous les poncifs des années trente sur le fameux complot juif mondial. N'y manque plus que le Protocole des sages de Sion, si prisé, aujourd'hui, de nos amis arabes.

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    6. La citation, comme l'a bien compris Ludovic12 (smiley), visait à relativiser "le grand vent de liberté" dont parlait Danny, et le passage que je cite est loin d'être le plus virulent ! Cela dit, les commentaires de Bardèche sur Balzac ou Flaubert sont fort intéressants (je ne connais pas son livre sur Proust).

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    7. Je viens tout juste de commander son Flaubert

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    8. La deuxième édition, revue et corrigée, de son "Flaubert" (parue en 1988 à La Table Ronde) est nettement supérieure à la première, auto-éditée par Bardèche ("L’œuvre de Flaubert" Les Sept couleurs, 1974). Son "Stendhal romancier" est aussi très bon (réédition à La Table Ronde, 1977).

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    9. Chez Bardèche, il y a effectivement les deux. Une dénonciation délirante du complot juif mondial et une critique parfaitement fondée et visionnaire de l'idéologie antiraciste. Alors, on fait quoi? On lit ? On lit pas ?

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    10. Je signale que l'on peut voir actuellement sur YouTube l'intégralité d'une émission d'Apostrophes de 1987 consacrée à "La responsabilité des intellectuels", avec, entre autres, Maurice Bardèche (qui présente son ouvrage sur Céline), Matzneff et Bernard-Henri Lévy. Il ne faut pas trop attendre si on veut la voir, car si les radars de l'INA la repèrent, ils ne devraient pas tarder à en demander la suppression... C'est ici.

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    11. L'émission que signale Emmanuel F. est effectivement très bonne. On y voit BHL jeune, mais déjà très à l'aise dans son rôle de trou du cul prétentieux avec des envolées:
      ...blablabla...un intellectuel doit avoir la trahison dans le sang...blablabla...un exemple au hasard, l'affaire Dreyfus...blablabla...6 millions (oui, comme Caroline Fourest)...

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    12. La fidélité de Bardèche à son beau-frère peut certes inspirer le respect, mais il pousse tout de même le bouchon un peu loin en présentant la fameuse recommandation que Brasillach adressait (dans un article de "Je suis partout") aux responsables des rafles de prendre garde "de ne surtout pas oublier les petits" comme l'expression d'un souci humanitaire de ne pas voir les familles séparées...

      Je suis aussi frappé par la grande classe de Pivot qui interroge Bardèche "normalement", tranquillement, en lui permettant de parler de son livre sans jouer au procureur ni tenter par tous les moyens de le coincer. Quand on pense à ce qu'il en serait aujourd'hui dans les différents "talk-shows", on mesure à quel point nous avons régressé.

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    13. Au début de l'émission, Bardèche rappelle bien qu'il ne peut pas dire ce qu'il voudrait pour se justifier, à cause des lois Fabius-Gayssot.

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  9. Attention quand même à votre consommation d'alcool. La faculté précise qu'avec trois verres de vins quotidiens on
    frise l'alcoolisme.
    On voudrait vous garder intact le plus longtemps possible.

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    1. Vous me dites ça à moi, qui suis repassé en mode “eau minérale” depuis deux jours !

      De toute façon, la faculté, je lui dit merde.

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  10. Avant tout, je me réjouis du retour de Catherine.

    --

    Etre juif, c'est quoi ? Quand on ne me le demande pas, je sais exactement ce que c'est. Dès qu'on me le demande, je ne sais plus rien.

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    Quand je pense qu'aujourd'hui, pour se rendre en Allemagne, il faut payer son billet !

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    Bon dimanche à tous, dans l'ère commune.

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    1. "Etre juif, c'est quoi ? "

      Très simple: c'est être considéré par les autres (juifs et non-juifs) comme juif (parfois avec admiration, parfois avec mépris, parfois sans l'un ni l'autre)alors que, soi-même, on ne se considère pas comme tel (athée, antisioniste, connaissant le caractère non-scientifique de la notion de "race", etc.), parce qu'il est impossible d'avoir raison contre tout le monde, même si on a raison dans l'absolu.
      Si Didier Goux n'est pas juif, mais que tout le monde décidait demain de le considérer comme juif,il ne pourrait rien contre le trop grand nombre.

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    2. Robert Marchenoir28 octobre 2012 à 18:09

      Ca ne tient pas debout. Vous êtes en train de nous dire qu'aucun Juif ne se considère comme juif.

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    3. Non, je suis en train de vous dire que peu importe, pour être Juif, de se considérer Juif ou pas.

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    4. Robert Marchenoir28 octobre 2012 à 23:57

      C'est absurde.

      "Si Didier Goux n'est pas juif, mais que tout le monde décidait demain de le considérer comme juif,il ne pourrait rien contre le trop grand nombre."

      Ca arrive en effet très souvent.

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    5. Très rarement, mais c'est une méthode classique pour discréditer un politique dans certains pays connaissant une poussée antisémite (Hongrie et Grèce actuelles, par exemple): faire courir le bruit qu'il aurait une arrière-grand-mère juive; même si c'est faux, le type est politiquement mort.

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    6. Robert Marchenoir29 octobre 2012 à 15:56

      Dans ce cas, vous attirez l'attention sur une méthode de discrédit des gens, dûe au fait que ça ne se voit pas sur sa tronche si on est juif. D'accord.

      Mais cela décrit seulement cette occurrence marginale. Cela ne recouvre pas les situations, beaucoup plus nombreuses, des Juifs authentiques, avec toute la palette des opinions qu'ils peuvent avoir par rapport à l'identité juive, la religion juive et la politique d'Israël.

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  11. Comme je suis de nature conciliante et peu enclin au dogmatisme des tenants de la "parole sainte", dont je n'ai que faire, on le sait. Et comme comme nous n'avons pas encore tout à fait pénétré la matrice de la ferme des animaux, bien que cela ne saurait tarder au train où vont les choses... je livre à la réflexion de tous, sans ostracisme comme vous l'observerez, ce passage tiré du papier d'A. Bordiga, " Auschwitz ou le grand alibi ". 1960 :

    " Ce sont d'abord les impérialistes du camp allié qui s'en sont servis (de l'exploitation des morts) pour justifier après leur victoire le traitement infâme infligé au peuple allemand. Comme on s'est précipité sur les camps et les cadavres, promenant partout d'horribles photos et clamant : voyez quels salauds sont ces Boches ! Comme nous avions raison de les combattre ! Et comme nous avons raison maintenant de leur faire passer le goût du pain ! Quand on pense aux crimes innombrables de l'impérialisme; quand on pense par exemple qu'au moment même (1945) où nos Thorez chantaient leur victoire sur le fascisme, 45 000 Algériens (provocateurs fascistes !) tombaient sous les coups de la répression; (...)

    En même temps tous nos bons démocrates antifascistes se sont jetés sur les cadavres des Juifs. Et depuis ils les agitent sous le nez du prolétariat. Pour lui faire sentir l'infamie du capitalisme ? Non, au contraire : pour lui faire apprécier par contraste la vraie démocratie, le vrai progrès, le bien-être dont il jouit dans la société capitaliste ! Les horreurs de la mort capitaliste doivent faire oublier au prolétariat les horreurs de la vie capitaliste et le fait que les deux sont indissolublement liés ! Les expériences des médecins S.S. doivent faire oublier que le capitalisme expérimente en grand des produits cancérigènes, les effets de l'alcoolisme sur l'hérédité, la radio-activité des bombes " démocratiques ". Si on montre les abats-jours en peau d'homme, c'est pour faire oublier que le capitalisme a transformé l'homme vivant en abat-jour.(...) C'est le travail, la vie même de l'homme, que le capitalisme a transformé en marchandise. C'est cela la source de tous les maux. Utiliser les cadavres des victimes du capital pour essayer de cacher la vérité, faire servir les cadavres à la protection du capital c'est bien la plus infâme façon de les exploiter jusqu'au bout. "

    Article publié en français dans le n°11 de la revue Programme Communiste.

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