dimanche 14 octobre 2012

M. Hollande se serait-y pas un peu fait enfumer ?


« Comme tous les voyageurs de passage à Dakar, François Hollande devrait se rendre à Gorée, île inscrite au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Or, ce n’est pas pour y visiter un des plus beaux sites de l’Afrique de l’Ouest, lieu dégageant une impression envoûtante, mais pour y sacrifier à la sempiternelle repentance.

« Gorée est en effet présentée comme ayant été une des bases de la traite par laquelle des millions de malheureux esclaves auraient transité. Les voyagistes américains proposent même au public afro américain la visite pèlerinage de l’île qui aurait vu passer leurs ancêtres ; au mois de février 1992, lors d’un voyage au Sénégal, le Pape Jean-Paul II lui-même accrédita la légende de « Gorée l’île aux esclaves ».

« Le « clou » de la visite est la tristement célèbre « Maison des esclaves » où les chaînes qui retenaient les captifs sont encore en place. L’histoire de ce bâtiment est racontée avec lyrisme par des guides auxquels aucun superlatif n’est étranger. Ils racontent ainsi qu’elle fut construite par les Hollandais au XVII° siècle, que ce fut à l’origine une « esclaverie », qu’elle fut le cœur du honteux système esclavagiste régional centré sur l’île de Gorée. Ses murs ont vu passer des centaines de milliers ou même des millions de Noirs arrachés à leur terre. La visite détaillée permet d’ailleurs de se faire une idée des épouvantables conditions de vie des malheureux. Elle se poursuit par la découverte des cellules des hommes, de celles des femmes et même, moment particulièrement émouvant, de celles des enfants. Le cachot n’est pas oublié dans lequel étaient enchaînés et enfermés les sujets rebelles.

« Cette maison a fière allure depuis qu’elle a été restaurée. Une plaque apprend ainsi au visiteur que, parmi les mécènes figure une association prestigieuse, la Fondation France Liberté, présidée par Madame Danielle Mitterrand, veuve d’un ancien président de la république française.

« Le seul problème, mais il est de taille, est que la « Maison des esclaves » n’en n’était pas une et que Gorée ne fut pas un centre important de la traite esclavagiste !

« La véritable histoire de la « Maison des esclaves » a en effet été écrite notamment par deux historiens de l’IFAN (Institut fondamental de l’Afrique noire), Abdoulaye Camara, préhistorien et archéologue, ancien conservateur du Musée de Gorée puis du Musée d’Art africain de Dakar, et par le père jésuite Joseph Roger de Benoist, spécialiste de l’histoire du Sénégal. Le lecteur curieux pourra se reporter à ce sujet au journal Le Monde en date du 27 décembre 1996 et à l’article intitulé « Le mythe de la Maison des esclaves qui résiste à la réalité ».

« L’histoire racontée par ces historiens est bien différente de la légende officielle de Gorée pieusement récitée par les guides locaux :

1) Ce ne seraient pas les Hollandais qui construisirent la « Maison des esclaves » au XVIIe siècle, mais les Français et cela en 1783, donc à une période où la traite européenne avait cessé dans la région de la Sénégambie depuis plusieurs décennies. Une traite subsistait certes à cette époque, mais elle était à destination de l’Afrique du Nord et elle était pratiquée par des esclavagistes arabo-musulmans. Gorée ne fut pas concernée par elle.
2) Cette maison aurait été commandée par Anna Colas, une signare, c’est à dire une riche métisse.
3) Les « cellules » auraient été en réalité des entrepôts de marchandises.
4) Comme toutes les demeures coloniales de cette époque, la maison abritait une nombreuse domesticité et certainement même des esclaves qui y assuraient les tâches les plus ingrates, mais ce n’était pas une « esclaverie ».
5) A l’époque de la traite florissante, Gorée ne fut pas un centre esclavagiste. Au maximum du mouvement, c’est à dire au XVIIe et peut-être au début des XVIIIe siècles, les historiens estiment en effet entre deux cents et cinq cents le nombre d’esclaves qui y transitaient annuellement.

« François Hollande a donc à son tour cautionné un montage historique. Et pourtant, il ne manque pas de lieux, réels ceux-là, où il est possible de voir comment était véritablement organisé l’odieux commerce des esclaves.

« J’en citerai un seul dans cette Afrique de l’Ouest littorale qui vit tant de royaumes africains esclavagistes vendre plusieurs millions d’hommes, de femmes et d’enfants à leurs partenaires européens. Il s’agit du fort de Cape Coast, situé au Ghana, à environ 200 kilomètres à l’ouest d’Accra et qui fut le principal point d’exportation des esclaves vendus par le royaume Fanti aux négriers anglais, hollandais et même suédois qui s’y succédèrent. Il serait également possible de citer, entre autres, Elmina à l’est de Cape Coast et Christiansborg (ou Osu) à Accra.

« La « mauvaise monnaie chassant la bonne », les petits arrangements avec l’Histoire sont peut-être favorables à l’industrie touristique de Gorée, mais, outre le fait qu’ils décrédibilisent ceux qui les cautionnent, ils risquent de faire le lit de ceux qui nient la traite esclavagiste ou qui la relativisent. »

Bernard Lugan
12/10/10 

15 commentaires:

  1. Qu'importe la véracité des faits, elle est anecdotique car le but n'est en rien de se repentir auprès des africains, il est de continuer à culpabiliser les français. Un peuple qui se sent coupable est un peuple à qui l'on peut faire avaler ce que l'on veut. Nos gouvernants l'on bien compris depuis fort longtemps. Quant aux petites manipulations de l'histoire… c'est tout une histoire.
    C'est notre faute c'est notre faute, c'est notre très grande faute! alors fermons là!

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    1. Je persiste pourtant à croire, incurable optimiste que je suis, que le peuple, en l'occurrence, ne se sent coupable de rien du tout.

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    2. Cela s'appelle la rédemption : "tous coupable et mort aux riches…"
      C'est un restant, une réminiscence, de cette ancienne religion oubliée— le catholicisme, qui dit-on à jouer un rôle dans la construction de ce pays : le Frankistan… c'était il y a bien longtemps mais les historiens n'en sont plus certain… Leurs Imams à l'époque s'appelaient des "curés". Bizarre non?

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  2. Si on vous dit que c'est un haut lieu de la traite négrière, c'est un haut lieu de la traite négrière. Et puis c'est tout. Quel mauvais esprit !

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    1. Du reste, la traite, c'est plutôt nous qui en sommes victimes, vaches à lait que nous sommes !

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  3. Au nom de quoi Bernard Lugan, et donc Didier Goux puisqu'il s'en fait le relai, pourrait-il aller à l'encontre d'une vérité vraie. Puisque la bien pensance socialiste nous dit que c'est la maison des esclaves et toussa, c'est que c'est vrai, ça ne se discute pas. capice ?

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    1. Oh mais les socialistes ne sont pas seuls en cause, hélas ! Les politiciens de droite sont tout aussi doués pour battre leur coulpe pour un oui ou pour un non.

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  4. Je vous signale à Tonnégrande !

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    1. Signalez-lui directement Bernard Lugan : il n'y a pas de raison que ce soit toujours moi qui offre l'apéro !

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  5. Je me souviens de Dieudonné, mettant en balance le négationnisme de Faurisson avec la négation du rôle de cette maison... (Faurisson d'ailleurs ne faisait que l'évoquer comme un mythe célèbre, voulant montrer qu'on peut se tromper souvent, n'est-ce pas, et que partant de là...)

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    1. On avait dit : pas d'amalgame !

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    2. Mince, je ne m'étais même pas rendu compte que j'amalgamais...

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  6. Ce cher Lugan, c'est bien le vilain professeur d'université qui vient en cours avec un casque coloniale et une chasse-mouche.

    C'est le même vilain qui en novembre 2003,témoigne en tant qu'expert appelé par les avocats de la défense des génocidaires présumés au Tribunal pénal international pour le Rwanda siégeant à Arusha (Tanzanie).

    C'est aussi ce même vilain dont les lunettes ont vu l' Afrique à la différence de certains spécialistes qui ne la connaissent que des salons parisiens.

    Une pointure dans sa partie.

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    1. Je confirme : il est très méchant. Il paraît qu'il lui arrive même de manger un ou deux petits enfants noirs, quand l'occasion se présente à lui.

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    2. Je ne savais pas qu'il s’était mis au régime.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.