dimanche 3 février 2013

Les belles esclaves, ces femmes d'exception et de rêverie intense

La Diane du château d'Anet, de Jean Goujon – actuellement au Louvre.

Il fallait bien cela, cette lecture, pour sauver la journée de la grisaille et des fracas inutiles auxquels elle semblait vouée dès le matin. Le livre a été déposé vendredi soir à la maison, sans doute par désir de mener à satiété notre fringale spirituelle, par El Desdichado qui y avait été convié afin de rassasier en notre compagnie celle du corps. Les Belles Esclaves : ainsi Jean de La Varende a-t-il nommé ce recueil de textes consacrés chacun à une femme d'exception de l'Ancien Régime, de Diane de Poitiers à Madame Récamier (mais peut-on dire que Madame Récamier appartient à l'Ancien Régime ? Par de nombreux côtés, assurément), en passant par Gabrielle d'Estrées, Louise de La Vallières, la Grande Mademoiselle et une poignée d'autres. Lecture incitant à une rêverie puissante, à un alanguissement des sens que l'on pourrait presque qualifier d'amoureux, tant la passion nostalgique de La Varende pour les figures qu'il appelle affleure à chaque phrase.

Et comme elles vivent, ces femmes ! Comme elles sont fières, fortes et libres, en même temps que souffrantes et enchaînées ! On pourrait se lancer, bien sûr, dans un petit parallèle amusant avec nos modernes “libérées”, mais même cela, pourtant tout à leurs gloire et avantage, serait leur faire injure ; les expulser sans ménagement d'Anet ou de Chenonceau pour le pavillon suburbain – on s'en gardera. La mémoire du lecteur tient à les conserver intactes, d'esprit et de chair, telles que La Varende a voulu et su nous les offrir ; ou, pour dire plus justement, nous les recomposer. Laissons nos contemporains dévaler les pistes skiables et restons bien calfeutrés avec ces neiges d'antan.

11 commentaires:

  1. Je suis ravi de voir que le charme poétique de ces belles dames ne vous laisse pas indifférent.

    Pour ma part, j'arpente le département de la Lozère, tout peuplé de légendes, d'églises romanes aux statues sulpiciennes, de barons pénitents portant des pierres la nuit sur les montagnes, et d'ignares qui font retirer le crépis de leurs demeures. Un périple étonnant.

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    1. C'est amusant que vous ayez commencé par celui-ci car, hier, lisant La Varende, je me disais que le livre de lui que je tenais n'étais pas sans rapport avec certains de Camus, dont ce “Département”, justement.

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    2. Retirer le crépi de sa demeure est un signe d'ignorance en Lozère ?
      Décidément, les moeurs régionales sont bien énigmatiques.

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    3. @ Mat: Lozère, partie granit ou partie schiste?

      @ dsl: je crois bien que lorsque l'ouvrage est fait en pierres de schiste, le crépis extérieur à base de chaux et de sable de rivière participe à la solidité du gros œuvre (vu qu'en fait, les murs maçonnés sont plutôt rares dans ce coin).

      C'est la pierre sèche quoi.

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  2. La plus belle chanson sur une belle esclave, du très très injustement oublié Hervé Cristiani:

    http://youtu.be/kjcIGT4RWUU

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    1. Très oublié... pas pour tout le monde, et surtout pas cette chanson.

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    2. Dans un monde qui tournerait rond, c'est Cristiani qui passerait à la téloche et pas les nazes usuels qui squattent maintenant la boîte à cons.

      Il a d'ailleurs fait une chanson à la fois rigolote et joliment grave sur le sujet:

      http://youtu.be/d8osD3XTrZc

      Moi, j'adore.
      A noter Souchon et Cabrel en soutiens amicaux.

      De son dernier album, ces deux-là sont aussi très belles:

      http://youtu.be/G9yben0bZc8
      http://youtu.be/Uw9gNWMAOzA

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  3. Il en est de pas moins belles de nos jours au prix où s'arrachent les images du ex-première dame chanteuse nue.
    Mais la fonction n'est pas abandonnée aux carrabosses si l'on en croit les archives :
    http://i15.servimg.com/u/f15/11/63/41/65/triern10.jpg
    La reconnaissez-vous ? Elle avait 33 ans, m'a-t-on dit.

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  4. La dernière concubine de France en "belle esclave" ? Je n'y aurais pas pensé. Mais alors vraiment pas du tout !

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  5. N'est ce pas le genre de livre qui fait partie des lectures érudites légèrement chiantes pour après midi pluvieux et interminable?

    Si oui, il me le faut!

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.