dimanche 6 juillet 2014

Les mésaventures d'une chenille aveugle ou le duel avorté

« Étant monté un moment à l'Œil-de-Bœuf *, j'y causais avec quelques personnes, nommément avec cette chenille aveugle de Moreton de Chabrillan, quand la conversation dégénéra en dispute. Il fallait finir vite, n'eût-ce été qu'à cause de la sainteté du lieu ; rendez-vous donné et accepté avec la même gravité. Béon et son cousin, le marquis de Chabot (celui qu'on appelait le gros chat) me firent sentir le ridicule de spadassiner avec un homme qui y voyait si peu clair, qu'on lui avait fait embrasser en plein midi, à Fontainebleau, un cent-suisse colossal pour une danseuse de l'Opéra. À Metz, il se précipita de toute la vitesse de son cheval sur des escadrons qu'il prenait pour une pelouse verte et riante que quelques vapeurs venaient de rafraîchir. À la suite d'une querelle très vive, on l'avait fait battre contre un manteau rouge placé sur un piquet. Son adversaire, qui se tenait à dix pas, déclara qu'il était blessé ; les témoins qui connivaient à cette scène des boulevards le firent convenir qu'il était content. Il n'y avait pas pour moi un honneur infini à acquérir dans cette bataille, et cette rixe finit par un déjeuner ; le plus mauvais vaut mieux que le meilleur duel. »

Comte Alexandre de Tilly, Mémoires pour servir à l'histoire des mœurs de la fin du XVIIIe siècle, Mercure de France, Le Temps retrouvé, p. 472.

Ce réjouissant combat de la “chenille aveugle”, contre un piquet affublé d'un manteau, a immédiatement fait surgir devant mes yeux la troupe de nos courageux résistants actuels qui continuent inlassablement de spadassiner contre le fascisme, cependant que leur adversaire, le vrai, se tient tranquillement à dix pas. C'est une scène des boulevards qu'ils ne se lasseront jamais de rejouer ; la différence avec celle racontée par Tilly est que les témoins n'ont même plus le cœur et l'esprit de conniver. En outre, elle ne se termine jamais par un déjeuner.


* Le salon de l'Œil-de-Bœuf était une antichambre créée en 1701 ; les courtisans y attendaient d'être introduits dans la chambre royale, sous l'œil vigilant non d'un bovidé mais d'un garde-suisse, ce qui ne constitue pas forcément une différence fondamentale.

28 commentaires:

  1. Enfin!
    Vous citez l'admirable Tilly!
    Continuez!!!

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    1. Admirable est le mot : je m'en délecte depuis plusieurs jours !

      Et je viens de constater que, par une sorte de correspondance silencieuse, vous citiez vous aussi des mémoires…

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  2. "Moreton de Chabrillan"

    Beau pseudo, libre de droits: qui n'en veut ?

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  3. Les antifascistes d'opérette ressemblent à ces soldats japonais qui continuaient de se battre dans la jungle, alors que la guerre était finie. On les appelle les stragglers (traînards). Voilà ce que produit l'idéologie en matière de type humain.

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    1. C'est une comparaison que j'ai failli faire dans le corps même du billet. Finalement, j'ai préféré vous la laisser…

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  4. On dirait que vous ne voulez pas comprendre que le progressisme exige que vous tourniez le dos à 1500 ans d'histoire de France pour "construire notre avenir", comme dit Julien Dray, avec les nouveaux Français, et non ressasser sans cesse toutes ces vieilles aventures ou mésaventures qui ne peuvent être comprises d'un cerveau moderne.

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    1. Malheureuse, vous savez qu'avec cette nouvelle police de la pensée progressiste qui est la pour nous éduquer, évoquer Julien dray peut vous valoir quelques soucis.

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    2. Moi, je suis à l'abri : je ne sais même pas qui est Julien Dray.

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    3. Il me semble qu'il est cadre au FN.
      Information à vérifier.

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    4. La biographie de ce monsieur ? Comme ça, dès le matin ?

      Joker…

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  5. Ah mon Dieu ! Quels beaux esprits fréquentent ce blog.

    On s'aime, on se congratule, on se réjouit, on se félicite, on s'enculerait presque du bonheur de se retrouver ensemble entre savants ou réactionnaires cultivés qui aiment tant claironner dans la haute cour qu'ils sont des êtres supérieurs.

    Le ridicule n'a jamais tué. Dommage car ce blog de fats pouvait parfaitement représenter l'antichambre de la mort...
    .
    .

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    1. Je dois vous accorder que faire partager une lecture que l'on a appréciée est d'une prétention à la limite du supportable. C'est en tout cas une tare dont vous semblez tout à fait à l'abri.

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    2. Robert Marchenoir7 juillet 2014 à 10:07

      C'est marrant, cette obsession des gauchistes pour l'enculade.

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    3. À mon avis, ça doit pouvoir s'expliquer assez facilement.

      (« La finance est notre amie ! », hurlait pendant ce temps l'un des principaux ministres socialistes…)

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    4. Parfait exemple qui illustre votre précédent billet Didier.
      Excellent!
      Merci Cui-Cui pour votre bonne volonté.

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    5. Cui-Cui, "toujours prêt" ! Comme les scouts.

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  6. Si je puis me permettre, ne doit-on pas lire "avec" plutôt que "avait" dans la phrase suivante?

    "Béon et son cousin, le marquis de Chabot (celui qu'on appelait le gros chat) me firent sentir le ridicule de spadassiner avait un homme qui y voyait si peu clair,
    Bien cordialement,
    Nathalie

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  7. Pendant que " nos courageux résistants actuels continuent inlassablement de spadassiner contre le fascisme", vous spadassinez contre nos joyeux résistants. Le fascime spadassine-t-il contre vous? Dans ce cas on tournerait en rond ...

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  8. Votre lien.

    Modernœuse ébouriffée découvrant les charmes de l'islam : c'est beau comme une allégorie médiévale.

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  9. Deux commentaires de lecteurs:


    y'a des choses quand même étranges ... les métro commencent à circuler à 5h du matin et elle venait de rentrer... 5 mecs barbus se balladent dans la rue à 5 du mat avec des tondeuses (donc sans fil et bien chargé ) elle appelle des amis pour dire qu'elle est bien arrivé , mais elle n'a plus de batterie pour appeler les flics..... puis poster son histoire sur facebook en ayant pas encore porté plainte .... je veux bien croire son histoires mais il y a des zones d'ombres.

    Écrit par : cecile | 07/07/2014 | Avertir le modérateur


    1er métro place de Clichy le dimanche:

    ligne 2: 5 h51
    ligne 13: 5h 54

    Amina Sboui prétend avoir été agressée à 5h en sortant du métro (1 heure avant son arrivée !!!) et par ailleurs sur ses photos elle a déjà des cheveux très très courts avant même "l'agression"

    il y a comme un problème .............

    Écrit par : j-j | 07/07/2014 | Avertir le modérateur
    --------

    Majeur

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  10. Robert Marchenoir7 juillet 2014 à 21:03

    J'adore les anonymes sortis de nulle part, capables de vous prouver qu'une femme qui se plaint d'une agression par des musulmans est une affabulatrice, sous prétexte que les Arabes ne se baladent jamais avec des tondeuses chargées dans le métro.

    Voilà qui rappelle furieusement ceux qui vous expliquent que le 11-Septembre n'a pas eu lieu à cause de la température de fusion de l'acier.

    Comme s'il était invraisemblable qu'une musulmane ayant pris publiquement des positions anti-musulmanes soit agressée par des musulmans ! Comme si les musulmans n'agressaient jamais personne, et les femmes plus particulièrement !

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  11. Robert Marchenoir

    En revanche la "cohérence interne de votre discours en prouve la véracité."!

    Majeur

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  12. Robert Marchenoir félicitations pour votre plaidoirie. Votre cliente a des cheveux à se faire, mmhouai.. .


    Majeur


    Une ex-Femen mythomane en garde à vue

    L’ancienne Femen tunisienne, Amina Sboui, a été placée en garde à vue mardi. Elle avait porté plainte lundi 7 juillet, accusant des islamistes de l’avoir agressée, Place de Clichy, et de l’avoir rasée les sourcils et les cheveux.

    Elle a été dans un premier temps convoquée au département d’investigation judiciaire (DIJ) de la brigade des réseaux ferrés (BRF). Les policiers voulaient recouper ses déclarations. Finalement, c’est sous le régime de la garde à vue qu’elle est actuellement entendue. Des inexactitudes avaient été soulevées lors de son dépôt de plainte.
    Michel Janva. Le Salon beige

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  13. Robert Marchenoir16 juillet 2014 à 16:05

    Majeur :

    Je maintiens ma position. Il n'y avait aucun fait concret pour étayer la version de l'affabulation à l'heure où ces lignes avaient été écrites. Vous m'excuserez de rechercher la vérité, plutôt que de chercher à tout prix à me retrouver dans le "bon camp".

    D'ailleurs, pour ceux qui ne font pas partie de la police, il n'y a toujours aucun fait concret qui permette de conclure à l'affabulation. Amina Sboui a été mise en garde à vue. Si tous les gardés à vue étaient coupables, ça se saurait...

    En réalité, Amina Sboui est une Femen, et les Femen sont dans le "mauvais camp" aux yeux de l'extrême-droite. Il faut donc qu'elle ait menti. Elle ne peut qu'avoir menti. Il est impossible qu'elle ait été victime d'une agression, et plus encore d'une agression politique.

    Contrairement à ce que vous prétendez, il est au contraire, et il est toujours, extrêmement probable qu'une femme ayant pris les positions d'Amina Sboui soit agressée un jour ou l'autre par des musulmans. C'est même le contraire qui serait étonnant. Cela étant, il est toujours possible qu'elle ait inventé son agression. Tout est toujours possible. Mais quand on ne sait pas, on se tait. On ne calomnie pas les gens, même quand on n'est pas de leur bord.

    Moi je soumets mes jugements aux faits dont je dispose. C'est assez inattendu pour pas mal de gens, mais figurez-vous que dans certains cercles c'est censé se faire.

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  14. Vous biaisez Robert!

    Les informations que j'ai transmises faisaient état de l'invraisemblance suivante: cette femen affirmait qu'elle venait d'être agressée à la sortie du métro ce dimanche à 5h30, après avoir téléphonée à ses amis pour leur indiquer qu'elle était bien arrivé.
    Alors que le dimanche le métro ouvre à 5h et des poussières.
    et qu'elle n'a prévenu la Police que plusieurs heures après avoir fait "le compte rendu" de son "agression'" sur son blog.
    Soumettez votre jugement aux faits, Robert.
    - Ceux que vous n'avez pas pu ne pas voir.
    - Ainsi que ceux qui préludent à l'existence même de ce mouvement Femen, qui sont l'outrance, l'agressivité et l'absolu irrespect de tous. (oui, je sais ce n'est pas juridique)
    La calomnie c'est de s'en prendre avec mépris à ceux qui rapportent des faits.
    Et vous faites, là, un exercice d'école systématique.

    Majeur

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.