lundi 25 août 2014

La dangereuse permanence des billets de blogs


Ce n'est pas uniquement pour dire le contraire de Nicolas que je prends céans la plume ; c'est surtout parce que je viens de recevoir le mail suivant :

Vous reprochez à Marcel Aymé son jugement sur Balzac et Simenon, mais je vous mets au défi de fournir la référence exacte de cette formule. Bien des spécialistes de Simenon et de Aymé s'y sont cassés les dents. Autrement dit, pour moi, elle n'est pas de Marcel Aymé.

Michel Lécureur, biographe et éditeur Pléiade de Marcel Aymé

Décidément, c'est un billet que j'aurais aussi bien fait de ne pas écrire, vu ce qu'il m'attire comme avanies et menues humiliations. Dans un premier temps, c'est Michel Desgranges qui avait protesté, de ce que j'assassinais le jeune Balzac avec trop de vigueur à son goût : il avait raison, et force m'a été de venir à résipiscence il y a quelques semaines. Et voilà que je dois subir une nouvelle attaque en piqué, venue cette fois du camp ayméen ! Là encore, j'ai battu ma e-coulpe par retour d'électronique courrier, bien forcé de reconnaître que j'avais sottement reproduit une phrase qui me traînait dans la mémoire, sans prendre la peine de vérifier si elle avait été réellement prononcée, et par celui à qui je l'attribuais indûment.

Des sentences de ce types, imaginaires, fausses, déformées, tronquées, mal comprises, attribuées à Paul quand c'est Jacques qui l'a dite, etc., il en traîne beaucoup, dans les arrières-cours de nos cervelles ; il serait amusant et instructif d'en dresser un jour la liste. En voici en vrac trois ou quatre, comme elles me viennent :

– L'État c'est moi ! (Louis XIV),
– Après moi, le déluge… (son arrière-petit-fils),
– Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas (Malraux),
– Ils n'ont pas de pain ? qu'ils mangent de la brioche ! (Marie-Antoinette),
– Etc.

Quand cela serait fait, on pourrait alors dresser également la liste des citations que l'on pense erronées alors qu'elles sont exactes et correctement attribuées.

Il reste que l'on s'imagine bien à tort que ce qu'on peut écrire de bévues dans nos blogs disparaît, à peine sèche l'encre virtuelle dont on s'est servi, alors qu'il n'en est rien : le billet sur lequel M. Lécureur a pointé un index vengeur date d'octobre 2012…

22 commentaires:

  1. Moi qui comptais sur vos billets pour me culturer... La fin d'une idole...

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    1. Maintenant que je suis tombé de mon pied d'estal, il n'y a plus qu'à me balayer sous le tapis…

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    2. Ho : "Estale" pas "estal". Inculte.

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    3. Ach ! merdum ! Il faut m'excuser : je viens juste de passer en deuxième année de blogofrançais…

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  2. Qui a prononcé ? :

    “Moi Président je… euh… Le retournement, il est maintenant !”

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  3. Cela prouve surtout que les "Didier Goux" d’un seul folio A4, fussent-ils "datés", se lisent ou relisent autant que les ouvrages de référence qui s’empoussièrent sur les plus hautes étagères…

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  4. Autre citation dont la paternité est délicate à déterminer : « Ce matin, le temps se gâte. » Et pourtant, et pourtant, la phrase a bel et bien été prononcée, je peux en apporter la preuve.

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  5. "Passez-moi le sel", Rimbaud, le 27 juillet 1885, Harrar.

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  6. "Quand est-ce qu'on arrive ?" les enfants dans la voiture !

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  7. Tiens, ça fait deux fois que je fais la même blague que Jegou. Je pense me suicider, sauf s'il a le bon goût de le faire avant moi.

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    1. Ne faites pas ça, Marco ! ça ferait trop plaisir à Robert !

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    2. Ah oui, Robert. Il nous manque.

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  8. Bonjour Monsieur Goux
    En tout cas ce Monsieur Lécureur; qui "a pointé un doigt vengeur" sur votre blog, a un nom de famille prédestiné pour creuser et curer dans les douves, immenses et médiévales, de votre indispensable (en tout cas pour moi) blog.

    Signé : Ana Maria, biographe de personne, éditrice de rien, mais qui a une pléiade de vaisselle à laver.

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  9. "Je démissionne !" : Arnaud Montebourg

    Pas désolé
    Duga

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  10. Je signale au passage que "les Français n'ont pas la tête épique" n'est, en général, pas attribué à la bonne andouille.

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  11. Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? 
    C'est pire qu'un crime, c'est une faute.
    Dieu est mort !
    Honi soit qui mal y pense.
    Il ne faut pas être plus royaliste que le roi.
    Je préfère avoir tort avec Sartre que raison avec Aron.
    J'y suis, j'y reste.
    La Fayette, nous voici !
    La tolérance ? Il y a des maisons pour ça.
    Le calembour est la fiente de l'esprit.
    Le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument.
    Le rugby : un sport de voyous pratiqué par des gentlemen.
    Les capitalistes sont si bêtes qu'ils nous vendront jusqu'à la corde qui va servir à les pendre.
    Messieurs les Anglais, tirez les premiers !
    Nous sommes ici par la volonté du peuple et […] nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes !
    Ô temps ! suspends ton vol.
    On devrait construire les villes à la campagne car l'air y est plus pur.
    Quand le bâtiment va, tout va.
    Si je pouvais vivre à nouveau ma vie, je commettrais plus d'erreurs.
    Si l'écho de leurs voix faiblit, nous périrons.
    Soldats ! Songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles nous contemplent !
    Soudain, joyeux, il dit : Grouchy – C'était Blücher.
    Tant pis pour les faits.
    Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.
    Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs par jour !

    Je n'ai guère eu à chercher sinon dans le fouillis de mon galetas car ces citations inventées de toutes pièces, attribuées au fil du temps à d'autres que leurs auteurs, ou bien encore empruntées à ces auteurs par ceux qui ont fini par en endosser la paternité sont tirées d'un ouvrage paru il y a trois chez Albin Michel, Petit dictionnaire des vraies fausses citations, écrit par Paul Desalmand et Yves Stalloni, déjà auteurs d'un Petit inventaire des citations malmenées. Si l'on veut bien passer sur cette mode un peu horripilante à la longue des Petits bidules et machins-trucs, ce joli petit livre s'avère aussi plaisant qu'instructif.

    Je ne vous ai d'ailleurs recopié que vingt-cinq des cinquante-six citations que compte ce livre, toutes évidemment agrémentées d'un développement.

    (sinon, je ne voudrais pas faire mon mauvais esprit, mais votre biographe et éditeur Pléiade a-t-il réellement écrit Bien des spécialistes de Simenon et de Aymé s'y sont cassés les dents ou bien est-ce vous qui, sous le coup de l'émotion après ses remontrances, vous êtes laissé aller à commettre pareilles bizarreries ?)

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    1. Mon cher, vous êtes toujours un commentateur aussi précieux !

      Pour ce qui concerne notre pléiadier, les fautes sont de son cru…

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  12. "Que d'eau, que d'eau", non c'est pas Hollande et pourtant ce losser est un faiseur de pluie qui aurait eu sa place dans un album de Luky luke.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.