Ainsi donc vous ne déménagerez pas. Je ne vais pas encore faire une psychanalyse que vous auriez tôt fait de qualifier de comptoir mais je note que passé un certain âge, la bougeotte chez beaucoup diminue considérablement. Il n'y a guère que ce chien fou de J-E pour tout larguer et décider qu'il avait encore le temps, avant le grand saut, de retaper une baraque à mille lieues de celle qu'il venait de rénover et semblait le combler de bonheur. Mais vous me rappelez une histoire, celle d'un ami corse (en fait un collègue de travail, mais nous avions de si bons rapports l'un et l'autre que l'on eu pu croire à de vieux amis ; c'est une illusion assez fréquente quand on fréquente durant de longues années des gens avec qui le mieux c'est encore de s'entendre). Il venait d'attraper fièrement, comme un hochet inaccessible en haut d'un mat de cocagne, la retraite, et à l'occasion de son pot de départ, trinquant avec lui, je lui dis : - Alors veinard ! Tu vas enfin pouvoir la retrouver ton Ile de Beauté ! Il possédait là-bas terres et maison, tout ce dont rêvent ceux qui vivent au nord de la Loire. Il me fit, baissant les yeux, cette réponse lapidaire de vieux chibani : - Non. Vois-tu je me suis habitué. Il s'était habitué. Habitué au bruit des bagnoles, au spectacle divertissant des parisiens qui semblent avoir toujours quelque chose d'urgent à faire, aux lumières de la ville. Sous aucun prétexte il ne serait retourné dans la solitude et le silence de ses montagnes corses ponctués de coups de fusil dont on ne sait jamais s'ils sont ceux de braconniers d'une vendetta ou d'un suicidé. Il s'était aussi tissé un réseau de relations amicales qu'il lui aurait été difficile d'abandonner. Peut-être êtes-vous dans le même cas (cf mes premières lignes) : même si la Normandie n'est pas Paris, la savoir à deux heures d'autoroute vous rassure sans doute. Paris que vous dites détester, où vous vous n'y rendez que contraint et forcé, mais où se trouvent sans doute toutes vos vieilles connaissances. Et puis, encore une fois, tout le monde n'est pas J-E.
J'ai en effet de "vieilles connaissances" à Paris. Et, même, ce qu'on appelle des amis, je crois. Mais il se trouve que nous ne nous voyons plus depuis déjà quelques années.
En réalité, ça va sans doute vous amuser, si Catherine et moi avons décidé de ne pas bouger d'ici, c'est en nous disant que nous avions tous nos médecins sous la main, et qu'en retrouver d'autres risquait d'être très emmerdant…
Oh mais rien n'est sûr ! J'ai souvent la bougeotte et des envies d'ailleurs, des fois (souvent) quand j'y suis allée, ça passe. Il faudrait quand même que nous allions faire un tour à SPM…
C'est le syndrome "c'est toujours mieux chez les autres". Pour vivre sur deux lieux je le déconseille aux âmes sensibles, c'est quelque part déstabilisant et je n'envie plus du tout les membres de la jet-set qui sont toute l'année à gauche ou à droite sans être jamais nulle part. Ceci dit l'avantage c'est qu'on peut passer pour quelqu'un de riche et se la péter mine de rien...
Geneviève Dormann avait écrit "Amoureuse Colette", une biographie que j'avais beaucoup appréciée. J'ai bien aimé les "Claudine", mais j'ai préféré "L'envers du music-hall".
Renoncer à la belle Corrèze au nom de contacts médicaux relève de la haute trahison et peut-être d'un mauvais calcul : quand tous vos praticiens auront pris une retraite bien méritée et/ou passé l'arme à gauche peut-être regretterez-vous de vous être montrés pusillanimes...
Mais qu'ont ils donc ces gens érudits à vouloir se refugier en Corrèze. Réponse simple ,mou président l'ayant déjà ruinée, il ne reviendra plus s'y établir un peu comme les sauterelles qui ne dévastent deux le même endroit
Je ne sais mais à la lecture de votre journal (et de ce blog), il me semble que la musique n'est plus très présente dans vos journées... Cette disparition, si cela en est bien une, est étrange.
C'est tout à fait exact. Cela tient sans doute au fait que, au fond, je n'écoute vraiment de musique que quand je suis seul dans ma voiture ; ce qui ne m'arrive plus guère qu'une fois par semaine au maximum.
Pour ce qui est musique, il faut surtout regretter la disparition de Georges ! Evidemment je ne suis pas prête à tondre votre pelouse ou faire votre vaisselle, Georges, mais sachez que le coeur y est, ne serait-ce que pour que vous nous envoyiez, comme autrefois, à propos de Cervantès, nous amuser d'un numéro des Marx Brothers au piano !
Même à dix heures du matin, j'en avais l'eau à la bouche en lisant le menu du restau corrézien.
RépondreSupprimerPied de porc désossé, miam miam ....
hélène dici
C'était vraiment délicieux : si vous passez par Rodez, n'hésitez surtout pas.
SupprimerAinsi donc vous ne déménagerez pas. Je ne vais pas encore faire une psychanalyse que vous auriez tôt fait de qualifier de comptoir mais je note que passé un certain âge, la bougeotte chez beaucoup diminue considérablement. Il n'y a guère que ce chien fou de J-E pour tout larguer et décider qu'il avait encore le temps, avant le grand saut, de retaper une baraque à mille lieues de celle qu'il venait de rénover et semblait le combler de bonheur.
RépondreSupprimerMais vous me rappelez une histoire, celle d'un ami corse (en fait un collègue de travail, mais nous avions de si bons rapports l'un et l'autre que l'on eu pu croire à de vieux amis ; c'est une illusion assez fréquente quand on fréquente durant de longues années des gens avec qui le mieux c'est encore de s'entendre). Il venait d'attraper fièrement, comme un hochet inaccessible en haut d'un mat de cocagne, la retraite, et à l'occasion de son pot de départ, trinquant avec lui, je lui dis :
- Alors veinard ! Tu vas enfin pouvoir la retrouver ton Ile de Beauté !
Il possédait là-bas terres et maison, tout ce dont rêvent ceux qui vivent au nord de la Loire. Il me fit, baissant les yeux, cette réponse lapidaire de vieux chibani :
- Non. Vois-tu je me suis habitué.
Il s'était habitué. Habitué au bruit des bagnoles, au spectacle divertissant des parisiens qui semblent avoir toujours quelque chose d'urgent à faire, aux lumières de la ville. Sous aucun prétexte il ne serait retourné dans la solitude et le silence de ses montagnes corses ponctués de coups de fusil dont on ne sait jamais s'ils sont ceux de braconniers d'une vendetta ou d'un suicidé. Il s'était aussi tissé un réseau de relations amicales qu'il lui aurait été difficile d'abandonner.
Peut-être êtes-vous dans le même cas (cf mes premières lignes) : même si la Normandie n'est pas Paris, la savoir à deux heures d'autoroute vous rassure sans doute. Paris que vous dites détester, où vous vous n'y rendez que contraint et forcé, mais où se trouvent sans doute toutes vos vieilles connaissances.
Et puis, encore une fois, tout le monde n'est pas J-E.
J'ai en effet de "vieilles connaissances" à Paris. Et, même, ce qu'on appelle des amis, je crois. Mais il se trouve que nous ne nous voyons plus depuis déjà quelques années.
SupprimerEn réalité, ça va sans doute vous amuser, si Catherine et moi avons décidé de ne pas bouger d'ici, c'est en nous disant que nous avions tous nos médecins sous la main, et qu'en retrouver d'autres risquait d'être très emmerdant…
Oh mais rien n'est sûr ! J'ai souvent la bougeotte et des envies d'ailleurs, des fois (souvent) quand j'y suis allée, ça passe. Il faudrait quand même que nous allions faire un tour à SPM…
SupprimerChien fou ? Pourquoi pas ? Et puis que tout le monde ne soit pas moi me rend un peu original !
SupprimerAh les déserts médicaux...
SupprimerUne plaie à soigner d'urgence !
Oh, mais Fredi M. a un don pour la narration.
SupprimerEt hop, je n'ai pas boudé mon plaisir à le lire
hélène dici
C'est le syndrome "c'est toujours mieux chez les autres". Pour vivre sur deux lieux je le déconseille aux âmes sensibles, c'est quelque part déstabilisant et je n'envie plus du tout les membres de la jet-set qui sont toute l'année à gauche ou à droite sans être jamais nulle part. Ceci dit l'avantage c'est qu'on peut passer pour quelqu'un de riche et se la péter mine de rien...
SupprimerGeneviève Dormann avait écrit "Amoureuse Colette", une biographie que j'avais beaucoup appréciée. J'ai bien aimé les "Claudine", mais j'ai préféré "L'envers du music-hall".
RépondreSupprimerC'est très bien, les Claudine…
SupprimerRenoncer à la belle Corrèze au nom de contacts médicaux relève de la haute trahison et peut-être d'un mauvais calcul : quand tous vos praticiens auront pris une retraite bien méritée et/ou passé l'arme à gauche peut-être regretterez-vous de vous être montrés pusillanimes...
RépondreSupprimerQuand mes praticiens auront pris leur retraite, je serai mort.
SupprimerMais qu'ont ils donc ces gens érudits à vouloir se refugier en Corrèze.
RépondreSupprimerRéponse simple ,mou président l'ayant déjà ruinée, il ne reviendra plus s'y établir un peu comme les sauterelles qui ne dévastent deux le même endroit
Votre argument n'est pas mauvais !
SupprimerJe ne sais mais à la lecture de votre journal (et de ce blog), il me semble que la musique n'est plus très présente dans vos journées... Cette disparition, si cela en est bien une, est étrange.
RépondreSupprimerC'est tout à fait exact. Cela tient sans doute au fait que, au fond, je n'écoute vraiment de musique que quand je suis seul dans ma voiture ; ce qui ne m'arrive plus guère qu'une fois par semaine au maximum.
SupprimerPour ce qui est musique, il faut surtout regretter la disparition de Georges !
SupprimerEvidemment je ne suis pas prête à tondre votre pelouse ou faire votre vaisselle, Georges, mais sachez que le coeur y est, ne serait-ce que pour que vous nous envoyiez, comme autrefois, à propos de Cervantès, nous amuser d'un numéro des Marx Brothers au piano !
Une équipée qui se termine en enlisement, en somme !
RépondreSupprimer"Qui n'est plus à son aise en Corrèze et s'enlise en Somme doit rentrer au bercail quand ça caille..." Euh, j'ai honte là...
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