vendredi 27 septembre 2019

Dis, quand reviendras-tu ?


Son maître a quitté la maison, pour aller se livrer à de passionnantes activités dont le chien ne soupçonne nullement l'importance : acheter six tranches de jambon pour envelopper les endives de ce soir, faire provision de cigarettes, passer à la pharmacie pour un renouvellement des médicaments qui l'empêchent de mourir trop promptement…

Alors, il s'est installé dans le fauteuil du maître, lequel se transforme illico en observatoire de la rue, par où le Luminaire céleste devrait finalement réapparaître. Tant de fidélité tirerait bien des larmes, mais une question surgit, insidieuse : le chien s'est-il installé là pour garder la place du souverain, lui conserver sa suprématie, barrer la route aux éventuelles usurpatrices… ou au contraire a-t-il dans l'idée de lui ravir son trône, de devenir Luminaire à la place du Luminaire ? 

Un léger doute subsiste.


lundi 23 septembre 2019

Les appétits et la raison de Mr Johnson

Samuel Johnson, 1709 – 1784

 « Vendredi Saint, 1764.

« Je ne me suis pas corrigé. J'ai vécu oisif et inutile, sensuel dans mes pensées, et plus que jamais adonné au vin et à la nourriture. Mon indolence, depuis que j'ai reçu le sacrement la dernière fois, n'a fait que croître pour devenir aujourd'hui une paresse grossière ; elle est à présent coupable négligence. Mes pensées sont assombries par la sensualité. Et, bien que j'aie fait effort depuis le début de cette année, pour me priver de boissons fortes, mes appétits ont toujours vaincu ma raison. Une étrange sensation d'oubli envahit mon esprit si bien que je ne sais ce qui s'est passé dans l'année qui vient de s'écouler. Tout passe sur moi sans laisser de traces. Ce n'est pas la vie que le Ciel m'avait promise. »

Ce court texte, extrait des Méditations de Samuel Johnson, est cité par James Boswell dans son admirable Vie de Samuel Johnson (page 108 de l'édition donnée par Gallimard en 1954). Elle est intéressante dès le départ, cette Vie de Samuel Johnson ; ce qui, déjà, constitue une sorte de petit exploit : celui de nous intéresser à la vie d'un intellectuel anglais du XVIIe siècle, dont on n'a jamais lu la moindre ligne, même si on savait qu'il était l'auteur unique du plus prestigieux dictionnaire de la langue anglaise : une sorte de Littré d'Outre-Channel, et cent ans en avance sur le nôtre. Elle devient véritablement passionnante aux alentours de la page 90 (sur un peu plus de 400, dans l'édition indiquée plus haut), c'est-à-dire lorsque le jeune James Boswell rencontre en effet Samuel Johnson et devient rapidement l'un de ses intimes.  J'y reviendrai sans doute dans quelques jours (oupa, comme disent les cons de la blogoboule), c'est-à-dire quand j'aurai parcouru toute la vie du modèle et la plus grande partie de celle de son biographe.

James Boswell, 1740 – 1795

mercredi 18 septembre 2019

Moi, un manuscrit


Je viens de consacrer toute cette matinée – moins une quarantaine de minutes, distraites pour aller, par voies et chemins, faire gambader Charlus – à ce petit livre original et fascinant. Il s'agit d'un récit d'aventures s'étalant sur environ mille ans, à côté de quoi les pérégrinations d'un Indiana Jones passeront pour de simples promenades d'après-dîner. En dehors du “personnage” central, on en croise une foule d'autres, dont certains fort célèbres : Érasme, Henri Estienne, Thomas More, pour ne citer que les trois noms qui me viennent à l'esprit, et d'autres qui, bien que plus obscurs au profane, n'en sont pas moins, au regard de notre histoire, d'une importance capitalissime, comme aurait dit Proust. Pour en savoir plus…

Eh bien, ma foi, pour en savoir plus, on commencera par “cliquer” sur l'illustration ci-dessus afin de l'agrandir, ce qui rendra lisible le texte de couverture, lequel n'est rien d'autre que le début du premier chapitre. Ensuite, il n'y aura plus qu'à embarquer et à sillonner l'Europe en tous sens, à la suite de cette Anthologie palatine, vieille dame millénaire encore capable de séduire, d'amuser, d'instruire, et peut-être même de choquer.

mercredi 11 septembre 2019

Pour une nouvelle croisade féministe


Depuis quelques jours, la progressistosphère est toute bruissante d'indignation, en raison d'une vague d'homophobie – ne devrait-on pas plutôt dire, dans ce cas précis : une ola d'homophobie ? – qui déferlerait sur les tribunes et les pelouses des stades, semant la mort, le chaos et la désolation, telle une peste noire dans la France médiévale. Homophobie car, si j'ai bien compris, supporters, joueurs, arbitres, marchands de glaces en cornets : tout le monde s'entre-traiterait volontiers d'enculé. Ce qui semblerait signifier que, dans l'esprit de ces êtres, sans doute un peu frust(r)es, l'enculage serait un domaine exclusivement réservé à nos frères pédés.

Pour mettre fin à de tels préjugés, évidemment inacceptables (on est quand même en 2019, quoi, merde !), je pense qu'il est grand temps que nos sœurs de combat, nos défonceuses de plafond de verre, nos vaillantes féministes en un mot, se lancent dans une nouvelle croisade, en exigeant des pouvoirs publics la mise en place d'une sodomie strictement paritaire.

mardi 10 septembre 2019

Les forçats du travail de deuil


Bel éclat de rire tout à l'heure, à propos de cette affaire de Caravelle, abîmée en mer entre Nice et Ajaccio en 1968, dont j'ignorais absolument tout et pour laquelle Macron vient de demander la levée de je ne sais quelle classification “secret défense”. De toute façon, mon hilarité ne venait pas du dossier lui-même, dont je me fous rigoureusement, mais de la phrase prononcée par l'avocat niçois qui s'occupe de cela, et qui ne semble pas du tout effrayé par la menace du ridicule. Voici ce qu'a déclaré Me Sollacaro : « Tous les feux sont au vert pour qu'il y ait une reconnaissance politique pour dire voilà ce qu'il s'est passé. Les morts pourront reposer en paix, et les familles faire leur deuil. »

Bon, on lui accordera par indulgence spéciale le cliché fourbu de ces feux qui ont l'amabilité de passer au vert quand on leur demande, y compris en pleine mer. On trouvera déjà plus incongru le fait que les morts aient pu continuer à s'agiter durant tout ce temps au lieu de reposer en paix comme c'est habituellement leur tendance. Mais ce que je trouve irrésistible, c'est cette conclusion à propos des familles qui vont pouvoir “faire leur deuil”. On peut en effet imaginer leur soulagement : 51 ans passés à attendre, à se retenir de rire et de sourire, à se contraindre à la triste figure, à verser des torrents de larmes chaque matin, comme si c'était toujours le premier depuis l'accident… tout cela parce qu'il n'était pas question de “faire son deuil” avant de tout savoir sur les circonstances du crash. Comme il a dû leur paraître long, ce demi-siècle, à nos toujours sanctifiées familles-de-victimes ! Comme il devait leur tarder qu'il finisse, ce Jour des morts éternel !

Le pis est que, sans doute, leur calvaire n'est pas terminé, mais va seulement changer de nature. Parce qu'enfin, après un demi-siècle passé sous les crêpes noirs, on peut imaginer que nombre de ces affligés à perpète doivent aujourd'hui avoir, à la louche, entre 90 et 120 ans : allez donc vous attaquer à un travail de deuil digne de ce nom à des âges pareils ! En tout cas, voilà un record de “deuil en longueur” qui va être bien difficile à battre, c'est déjà une belle consolation. 

À moins qu'on ne retrouve inopinément, un de ces jours prochains, quelque par entre Castille et Estrémadoure, une ou deux familles-de-victimes des marins de ce galion espagnol coulé dans des circonstances mal élucidées au large de Saint-Domingue, en l'an de grâce 1562… Mais comment dit-on travail de deuil, en langue cervantessienne ?

dimanche 8 septembre 2019

Transmutation oblique de l'Un un en Un plusieurs

Ne reculant devant rien, j'ai choisi pour titre de ce billet à haute concentration philosophique celui de la thèse soutenue autrefois par Anicet Broutard, titulaire de la chaire d'ontologie créative au Collège de France, et accessoirement l'un des plus réjouissants personnages du nouveau roman de Michel Desgranges. Pour ceux qui ont eu le bon goût et le plaisir de lire Une femme d'État, du même et chez le même éditeur (Les Belles Lettres), il s'agit là du second tableau de ces Mœurs contemporaines dans l'étude desquelles notre auteur s'est courageusement et brillamment lancé. Et Dieu seul sait, peut-être, jusqu'où cette exploration le mènera !

D'emblée, le lecteur des Philosophes est plongé dans la tragédie la plus radicale. Anicet Broutard, déjà évoqué, se trouve dans un rayon de supermarché, son philosophone à la main et dûment branché, lequel appareil vient de lui rappeler qu'il est censé rapporter à Mélanie, sa douce épouse (et savoureux personnage, elle aussi !), un bidon de produit adoucissant pour le linge. Et c'est le drame :

« Il n'y avait pas un bidon du produit recherché, mais exactement onze, de marques et de contenances différentes, qui semblaient tous avoir les mêmes qualités, et de manière également superlatives. Il se trouvait donc devant ce que son École nommait un être-totalité plurielle et ses collègues mathématiciens un ensemble, et il allait devoir rassembler forces, énergie et même courage pour provoquer dans ladite totalité une rupture radicale en en extrayant un élément ; […] »

On ne déflorera aucun suspense en révélant qu'Anicet Broutard va piteusement échouer dans cette mission. Mais, dès ces deux ou trois premières pages, le lecteur se retrouve plongé dans un monde délirant, asilaire, psychiatriquement administratif, auquel, en essayant de le penser, nos malheureux philosophes ne font qu'ajouter un peu plus de confusion, une rasade d'irréalité supplémentaire. Et le lecteur, déjà réjoui par le sens du cocasse et du saugrenu que déploie l'auteur, et qui semble inépuisable, se dit qu'il se trouve en face d'une pochade qui va lui faire passer un bien agréable moment d'hilarité bon enfant. 

Il se trompe.

Oh ! certes, il va rire beaucoup et souvent, ce lecteur ! À chaque paragraphe, en vérité. Mais, parallèlement, il va sentir poindre en lui une sourde inquiétude. Quelque chose comme cette à peine perceptible amorce de douleur que l'on ressent juste avant qu'un mal se déclare pour de bon. Car ce monde totalement fou, pris dans les rets d'une bureaucratie qui aurait fait reculer Kafka lui-même, il va se mettre assez vite à lui en rappeler un autre, et de plus en plus à mesure que les pages se tournent. Le nôtre, évidemment. Pas le nôtre dans tant de mois ou dans X années : non, le nôtre maintenant. Michel Desgranges n'est pas un caricaturiste, c'est un portraitiste. Ou, si l'on préfère, un paysagiste. Il rend compte très scrupuleusement de ce qu'il voit autour de lui, autour de nous, mais en ayant pris soin de faire tomber les palissades équitables et bariolées qui tentent de dissimuler la réalité des villes, et s'être employé à laver les couches de maquillage citoyen dont nos contemporains se peinturlurent la face avant de s'exhiber à l'air libre.  Si bien que ce que l'on prend d'abord pour les trouvailles cocasses d'un satiriste hors pair sont en fait les observations objectives d'un moraliste qui n'estime même plus nécessaire de se moquer : il lui suffit de mettre dans la lumière ce que nous ne voyons pas encore tout à fait distinctement pour outrager le monde, ainsi que le recommandait Philippe Muray. 

Je ne donnerai qu'un exemple (après en avoir coché des dizaines…) de ce phénomène. On le rencontre aux pages 166 et 167 du roman. Le passage met en scène Laurent, ancien haut fonctionnaire, le seul transfuge du roman précédent, Une femme d'État. Pour des raisons que le lecteur découvrira, et qui n'importent pas ici, notre énarque a décidé de faire élire Anicet Broutard à l'Académie française. Et il voit se dresser devant lui un obstacle de taille :

« […] il découvrit qu'une forte bourrasque de parité réparatrice menaçait de perturber les prochaines élections académiques. Tout était né de quelques touitts glapis par des associations bien en cours (collectifs de poétesses violées, ethnologues abusées et romancières harcelées) qui avaient observé que s'il était bien gentil d'élire désormais autant de femmes que d'hommes, quid du passé ? D'un passé où il crevait les yeux que les différentes classes de l'Institut avaient été peuplées depuis leur création d'un nombre d'hommes infiniment supérieur à la quantité de femmes auxquelles fut octroyé un habit vert ? Il était facile de faire le compte (il fut fait, par un collectif de doctorantes en muséographie) et d'en déduire combien de femmes devraient désormais siéger dans les diverses Académies pour que soit pleinement réparée une aussi sexiste injustice (selon les estimations d'un collectif d'intermittentes du spectacle et statisticiennes du dimanche, ce n'est qu'à partir de l'an 3029 que l'on pourrait à nouveau autoriser un homme à entrer à l'Institut). »

Se produit là le phénomène que j'évoquais plus haut. Dans un premier temps, le lecteur laisse fuser un petit rire sardonique, tout en rendant hommage à l'imagination de l'auteur. Aussitôt après son rire se fige, lorsqu'il acquiert l'intime mais absolue conviction que, au moment même où Michel Desgranges écrivait le paragraphe qu'on vient de lire, quelque part en Europe, ou en Amérique du Nord, les membres et membresses d'une quelconque association lucrative sans but étaient bel et bien en train de réfléchir à cette même parité réparatrice. Et de le faire très sérieusement, avec le soupçon d'indignation vertueuse nécessaire. Et il en va à peu près de même pour les situations et péripéties a priori cocasses qui ne cessent de survenir à flot presque continu : c'est parce qu'elles ne sont cocasses qu'a priori qu'elles deviennent rapidement inquiétantes, ou au moins refroidissantes.

Il s'ensuit que le lecteur, d'abord enclin à se moquer des malheureux philosophes qui se débattent dans cette gabegie et tentent de la penser, ce lecteur se met à s'apitoyer sur eux, éprouverait bientôt le besoin de les réconforter. Bref, s'il continue à bien voir leur imposture, et s'il n'est pas encore prêt à faire d'eux des héros, il lui semble nettement qu'ils sont perdus dès le départ, condamnés d'avance. Et il se sent tout disposé à les regarder comme de simples victimes.

Ce serait trop se presser. Car le livre de Michel Desgranges n'est pas un simple tableau descriptif des aberrations contemporaines, même s'il est aussi cela, et avec une puissance comique difficile à égaler : c'est surtout un roman. Ce qui revient à dire qu'il va s'y passer des choses qu'aucun des protagonistes n'aurait jamais pu prévoir, même dans ses plus lovecraftiens cauchemars. Et ce qui survient soudain va chambouler le jeu des pensionnaires de l'asile-monde aussi sûrement que le Woland de Boulgakov débarquant dans la Moscou stalinienne. Son nom, à ce Diable, à cet ancestral et implacable ennemi des philosophes depuis des amas de lustres, est encore plus terrible qu'aucun de ceux que l'on connaissait dans les siècles passés, nul ne peut le prononcer sans trembler, tant sont noires les perspectives de destruction qu'il fait planer sur notre château de cartes biseautées.

Il s'appelle… le RÉEL.

Parvenu à ce stade, le critique ne peut que s'arrêter et rentrer dans le silence. Car les effets de l'irruption que l'on vient d'évoquer passent les pouvoirs de sa plume – et même les touches de son clavier ont tendance à sauter toutes seules hors de leur support métallisé. Et puis, il sait que ce n'est pas à lui, ni même à l'auteur,  d'apporter la réponse à la question posée dès l'entrée du roman, « imposteurs ou héros ? ». C'est désormais au lecteur de s'y coller. Qu'il pense à se munir d'une gourde de gnôle et d'un gilet de sauvetage : ça va tanguer méchamment durant la traversée.

mercredi 4 septembre 2019

Shaw must go on

G.B. Shaw, 1856 – 1950

Socialiste, végétarien, antialcoolique : a priori, George Bernard Shaw possède tout ce qu'il faut pour déplaire à l'homme de bien, une sorte de trinité infernale. Mais ce même homme de bien, incarné pour l'heure en votre serviteur, est capable de passer outre ses puériles préventions et d'affirmer que les Écrits sur la musique, de ce turbulent Irlandais sont une lecture constamment excitante, souvent cocasse, toujours pertinente. Chacune de ces chroniques – qui s'étalent de 1876 à la mort de leur auteur – est un zakouski aux épices éternellement fraîches, que l'on savoure avec la gourmandise de l'affamé qui a déjà hâte de mordre dans le suivant.

Bien vite se pose la double question : pourquoi et comment puis-je m'intéresser à des chroniques journalistiques vieilles de plus d'un siècle, rendant compte de concerts où de toute façon, vivant à cette époque, je ne serais point allé – même étant londonien de souche – et au cours desquels, souvent, furent joués des musiciens dont je connaissais à peine l'existence, et parfois pas du tout ? Aussitôt, un nom, double lui aussi, a surgi à mon esprit somnolent : Paul Léautaud / Maurice Boissard ; dont j'ai lu et relu les chroniques théâtrales, pratiquement contemporaines des articles de Shaw, avec la même sorte de jubilation, alors qu'elles aussi concernaient des événements et des auteurs dont je me fichais comme d'une cerise.

C'est évidemment que, quand des articles de journaux ou de revues ont le bonheur d'être nés sous la plume non de journalistes mais d'écrivains, leur sujet n'importe presque pas – je mets ici un “presque” parce que, tout de même, je me sens plus d'appétit pour telle chronique de Shaw si elle parle de Wagner ou de Toscanini, que si elle a pour prétexte un obscur noircisseur de portée écossais ou une soprano germanique dont je n'avais jamais entendu parler. Cependant, même celles-là, je me garde de les “sauter” (je parle évidemment des chroniques…), car toutes sont susceptibles de renfermer des perles précieuses, ou quelque poche sous-textuelle de gaz hilarant – exactement de même que chez Léautaud / Boissard. 

Ajoutons, pour en terminer, que Shaw connaît aussi bien la musique que Léautaud le théâtre, ce qui semble autrement difficile au béotien que je suis en ce domaine. Mais il n'est nul besoin d'être un éminent déchiffreur de partitions pour savourer les 1500 pages de ce volume “Bouquins” : le bonheur et le plaisir sont ailleurs. Du reste, Shaw lui-même disait que son ambition était de réussir à être lu par des sourds. Par conséquent, tout comme je l'ai fait, vous pouvez y aller. Et, même s'il s'agit de musique, y aller sans mesure.

dimanche 1 septembre 2019

De Londres au Suffolk


Il se trouve que mon mois d'août fut très anglais
Surtout vers la fin.