Samuel Johnson, 1709 – 1784 |
« Vendredi Saint, 1764.
« Je ne me suis pas corrigé. J'ai vécu oisif et inutile, sensuel dans mes pensées, et plus que jamais adonné au vin et à la nourriture. Mon indolence, depuis que j'ai reçu le sacrement la dernière fois, n'a fait que croître pour devenir aujourd'hui une paresse grossière ; elle est à présent coupable négligence. Mes pensées sont assombries par la sensualité. Et, bien que j'aie fait effort depuis le début de cette année, pour me priver de boissons fortes, mes appétits ont toujours vaincu ma raison. Une étrange sensation d'oubli envahit mon esprit si bien que je ne sais ce qui s'est passé dans l'année qui vient de s'écouler. Tout passe sur moi sans laisser de traces. Ce n'est pas la vie que le Ciel m'avait promise. »
Ce court texte, extrait des Méditations de Samuel Johnson, est cité par James Boswell dans son admirable Vie de Samuel Johnson (page 108 de l'édition donnée par Gallimard en 1954). Elle est intéressante dès le départ, cette Vie de Samuel Johnson
; ce qui, déjà, constitue une sorte de petit exploit : celui de nous
intéresser à la vie d'un intellectuel anglais du XVIIe siècle, dont on
n'a jamais lu la moindre ligne, même si on savait qu'il était l'auteur unique du plus prestigieux dictionnaire de la langue anglaise : une sorte de Littré d'Outre-Channel, et cent ans en avance sur le nôtre. Elle devient véritablement passionnante
aux alentours de la page 90 (sur un peu plus de 400, dans l'édition
indiquée plus haut), c'est-à-dire lorsque le jeune James Boswell
rencontre en effet Samuel Johnson et devient rapidement l'un de ses
intimes. J'y reviendrai sans doute dans quelques jours (oupa, comme disent les cons de la blogoboule), c'est-à-dire quand j'aurai parcouru toute la vie du modèle et la plus grande partie de celle de son biographe.
James Boswell, 1740 – 1795 |
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