mercredi 2 octobre 2019

Le coup du pape François


J'apprends avec une sorte de jubilation mauvaise que le consternant pontife dont sont coiffés mes amis catholiques a inauguré, dimanche dernier, sur la place Saint-Pierre, une statue en hommage aux migrants. Plus exactement, il s'agit d'un groupe statuaire, représentant, dans une barque que l'on suppose associative, 140 migrants “de différentes cultures et périodes historiques” (ben voyons…). La chose s'appelle Angels Unaware, ce qui signifie, apprends-je par ailleurs, “anges inconscients”. C'est presque trop beau pour être vrai, on aimerait avoir soi-même inventé un truc pareil. 

Mais, d'un autre côté, pourquoi faire preuve d'une telle timidité ? Pourquoi s'être arrêté au milieu du chemin en faisant de tous les pouilleux de la terre de simples “anges” ? Il faut les proclamer dieux vivants ! clones christiques ! duplicatas sacrés ! Ainsi, la boucle sera bouclée et la messe, dite : quiconque, alors, émettra la moindre réserve quant à l'opportunité de l'invasion en cours pourra être automatiquement convaincu de blasphème et traîné de suite devant les tribunaux de l'inquisition new look, laquelle fait chaque jour davantage la preuve de sa belle efficacité. Les mauvais esprits, les négateurs de la nouvelle religion en resteront sonnés comme après un coup de gourdin derrière la nuque. C'est ce qu'on pourrait appeler : le coup du pape François.

Du reste, nos migrants séraphiques ne sont pas les seuls à se voir sanctifier par le nouveau monument, le même pape, décidément en grande forme, ayant ensuite balbutié la phrase suivante (je souligne) : « Et c’est vrai, il ne s’agit pas seulement d’étrangers, il s’agit de tous les habitants des périphéries existentielles qui, avec les migrants et les réfugiés, sont des victimes de la culture du déchet ». Qui, un jour, n'a pas rêvé de quitter définitivement les grandes villes de l'âme pour aller se faire construire un modeste pavillon dans une gentille périphérie existentielle ? Là ousque le miel diversitaire coule à gros bouillons dans les caniveaux, tel le lait dans les ruisseaux de Chanaan ?

Par contre, je me demande où notre pape, tout existentiel et périphérique qu'il puisse être, a vu que nous pratiquerions la “culture du déchet”. À tout le moins, il aurait dû développer un peu, ses propos risquant d'être vicieusement interprétés par quelques antédiluviens, rétifs à la grâce des anges modern style du Vatican. Culture du déchet, culture du déchet… Ça vous a de ces relents, mon Père !

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