dimanche 24 juillet 2022

De l'idéologie comme maladie mentale


 Il existe, me semble-il, une analogie – une ressemblance, des points communs – entre les idéologies et ce qu'on appelait naguère la dépression nerveuse.

D'abord, les deux ont leur siège dans le cerveau, qu'ils colonisent tel un virus ;  elles ont aussi cette capacité d'altérer, parfois gravement, sa vision du monde chez l'individu qui se trouve frappé de l'une ou de l'autre. Mais le point de rencontre le plus frappant n'est pas là.

Un homme psychiquement vérolé par une idéologie quelconque va très rapidement se trouver en proie à la plus vive stupéfaction en constatant que l'ensemble de l'espèce humaine n'a pas, en même temps que lui, ouvert les yeux et accepté comme seule recevable la vision déformée qu'il a désormais de ses semblables, de leurs interactions et de l'univers dans lequel ils se meuvent. Et plus l'idéologie dont il est la proie présentera un caractère asilaire, plus ce phénomène sera important et évolutif : la stupéfaction se muera en indignation avant d'aboutir, tout aussi rapidement, à une inextinguible soif de répression envers les non vérolés.

C'est un phénomène qui se rencontre dans tous les groupes idéologisés, mais qui est particulièrement criant, à notre époque, chez les autoproclamés “écologistes” ; lesquels, quand ils disent (et malheureusement font, si l'occasion leur est laissée) absolument n'importe quoi et proclament comme vérités révélées les plus ébouriffantes aberrations, se mettent à hurler à tous les complots dès qu'ils constatent que l'humanité entière n'est pas impeccablement rangée derrière eux, prête à baiser dévotieusement leur nouveau drapeau, leur étendard-du-jour.

Un homme plongé dans la dépression, surtout dans les premières phases de la maladie, réagira de manière quelque peu similaire. Un dépressif, c'est très souvent quelqu'un qui est persuadé que ses yeux viennent de s'ouvrir, que son esprit a enfin atteint à une forme supérieure de lucidité, laquelle lui permet de contempler enfin le monde et les hommes pour ce qu'ils sont réellement et depuis toujours : un enfer peuplé de damnés. Des damnés qui, à ses yeux, continuent de vivre dans une sorte de rêve cotonneux, ou sous l'emprise de substances sécrétées par leur propre cerveau et qui leur masquent la réalité de leur condition, que lui-même vient de découvrir dans toute son horreur.

Il existe pourtant une différence essentielle entre ces deux maux, la dépression et l'idéologite : constatant l'aveuglement obstiné de ses semblables, et le déplorant, l'homme dépressif ne cherchera pas pour autant à les faire taire ou à les enfermer ; ni même à tâcher de leur imposer taxes et interdits. Plutôt que de les accuser, il se contentera de les plaindre – et d'éprouver une persistante sensation de dégoût devant leur stupide appétit d'existence.


10 commentaires:

  1. Pas le moins du monde !

    D'ailleurs, pour être capable de cerner un tant soit peu la dépression (ou l'idéologie), il est nécessaire d'être en dehors d'elle.

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  2. L'écologie n'est là qu'à titre d'exemple, choisi parce qu'il est particulièrement caricatural, et donc frappant. Mais ça vaut aussi pour les autres "variants".

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  3. Ce qui peut prêter à sourire en vous lisant, c'est que vous puissiez vous percevoir comme une personne peu idéologisée. Sans vous connaître dans la vraie vie, je vous ai toujours considéré - à tort ou à raison - comme un anar de droite très structuré, avec de fortes références conservatrices.

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    1. Si vous saviez à quel point je suis peu "structuré", vous en souririez de pitié !

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    2. Un homme peu structuré étant plus facile à déconstruire, Sandrine Rousseau va vous proposer d'être son colistier pour sa prochaine campagne électorale.

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    3. J'ai grande hâte !

      Cela dit, je ne suis pas sûr que vous ayez raison : comment pourrait-on "déstructurer" un être ou une chose dépourvus de structure ?

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  4. J'attends avec impatience que Sandrine Rousseau, ou un de ses adeptes, vous attende avec une barre de fer à la sortie de votre domicile normand pour vous faire passer le gout d'écrire des hérésies.
    Si vous sortez vivant de cette épreuve, vous nous décrirez votre ressenti, et votre analyse.
    Vlad

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  5. Pour certains(es) cela va plus loin que l’ideologie ;
    je viserai plutôt le dogmatisme et ses ravages.(🤓).
    Hélène

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  6. Je me faisais la remarque que Stendhal avait écrit le rouge et le noir pour montrer les couleurs qui permettaient l’ascension sociale, armée et prêtrise pour notre Julien Sorel mais qu’aujourd’hui un chroniqueur de notre temps écrirait le vert et l’arc-en-ciel pour montrer les voies rapides vers les sommets…

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.