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dimanche 23 février 2014

Le perchiste réactionnaire


Si le réactionnaire veut en effet, comme il le lui est sottement reproché à la moindre occasion, revenir en arrière, c'est à la manière du perchiste : pour prendre un nouvel élan et se donner ainsi une chance supplémentaire de franchir cette maudite barre, là, juste en avant de lui.

dimanche 12 janvier 2014

Qui est progressiste ? Et qui réactionnaire ?


A priori, cette double question ne mérite même pas trois lignes dans un blog : est progressiste toute personne se situant à gauche d'un centre imaginaire, réactionnaire celle qui a pris place à droite de la ligne de démarcation. Mais qu'en est-il dans les faits ?

Si l'on en juge d'après les “luttes” qui prétendent se mener aujourd'hui, en ce moment même peut-être, les “combattants” n'ont guère qu'un seul slogan, qu'il s'agisse de la question des retraites, de la réforme de l'État, de celle des territoires, du statut des fonctionnaires, de la question sociale, des licenciements massifs, du traitement du chômage, de l'Éduc' nat', etc. : il faut préserver les avantages acquis. Ce qui, on en conviendra je pense, n'est pas d'un progressisme bien virulent. On peut être totalement tendu vers l'avenir, ainsi qu'ils aiment à se peindre, tout en s'arcboutant sur un présent en train de virer au passé.

Sur toutes questions relevant plus ou moins de la science, c'est encore pis. L'idéal progressiste consiste à mettre un terme à l'énergie nucléaire et à ne surtout engager aucune recherche sur le gaz de schiste, au profit de moulins post-modernes qui, non contents de ne produire que fort peu d'énergie, sont en outre incapables de transformer le moindre grain de blé en farine. Cela au nom des bougies qu'ils ont allumées devant leur nouvelle icône, le principe de précaution – qui est le nouveau nom de l'obscurantisme. Qui est “pour” l'énergie nucléaire et la recherche massive à propos des gaz en question ? Moi, le vilipendé réactionnaire.

Il en va de même pour les fameux OGM, qui n'ont jamais, en plus de 20 ans de culture intensive, causé le moindre décès, mais dont nos progressistes détournent leurs regards avec force indignation. Ne parlons même pas des biotechnologies lorsqu'elles concernent l'homme… Qui est “pour” les OGM et l'exploration systématique des ressources que la génétique laisse entrevoir ? Moi.

On atteint au plus pur comique lorsque l'on voit les troupes progressistes se mobiliser pour empêcher les commerces d'ouvrir le dimanche, ce qui revient, in fine, à défendre le Jour du Seigneur et son repos sacré.

Sauvegarde des avantages acquis, application aveugle du principe de précaution (grâce auquel nos  très lointains ancêtres se seraient soigneusement gardés de domestiquer le feu, car c'est quand même un truc vachement dangereux) : si c'est cela, être progressiste, et en effet ce l'est, je ne suis pas près de cesser de me vautrer dans le réactionnariat, je vous le dis.

mardi 4 juin 2013

Un nouveau blogueur réactionnaire sur orbite


Il ne s'agit nullement de Guillaume Budé (mille quatre cent quelque chose – mille cinq cent à peine moins), mais enfin l'illustration n'est pas sans quelque rapport avec cet Iconoclaste réactionnaire qui vient de faire son apparition dans la galaxie. Amis trolls de gauche et autres modernœuds volants, laissez-lui le temps de souffler et de s'installer dans ses meubles avant de vous déchaîner en meute. 

lundi 24 décembre 2012

Noël du pauvre, my ass !

 À Elody-pleine-d'o…

Eh bien, puisqu'il paraît que je suis grincheux, grinchons ! D'ici une couple d'heures, les Héberto-Plessistes que nous sommes vont festoyer dignement et d'importance, comme tout un chacun ici-bas – sauf dans les pays-pas-vrai où il n'y a rien à becqueter. L'une des chaisières de la blogosphère (pas de lien pour les punaises de sacristie progressiste !), à l'occasion de ce réveillon, essaie de nous refourguer cette tarte à la crème hypocrite de la part du pauvre. Si, si, vous savez : au moment de dresser la table, on y pose ostensiblement une assiette supplémentaire, afin que si un mendigo puant et mal élevé vient à frapper à la porte entre les huîtres et la dinde, on puisse l'inviter à prendre place, avec des mines dégoulinantes de componction. Auparavant, la cuisinière a pris soin de prévoir un peu plus de bouffe que nécessaire, afin de pouvoir la lui emplir, son assiette, au pouilleux postillonnant (en réalité, c'est parce que cette feignasse espère ainsi n'avoir pas à se remettre aux fourneaux le lendemain et refourguer les restes à sa bande d'alcoolos en redescente sévère). Quant à la menace du va-nu-pied qui débarque, il va de soi qu'on a bien pris soin de mettre la musique suffisamment fort pour ne point risquer d'entendre la sonnette.

Eh bien, ici, je vous le dis tout net : pas d'assiette surnuméraire ni de verre en trop. Et si d'aventure un pauvre s'imaginait que sous prétexte de naissance divine il allait pouvoir se licher mon Chablis premier cru, je lui dis tout de suite qu'il se fourre son gros doigt crevassé dans son œil purulent : il n'aura rien ! Pas une goutte, pas une miette. Car cette année, comme concept, on a décidé de tenter le réveillon de gros cons égoïstes – je suis sûr que ça va être très bien, très fun.

samedi 1 septembre 2012

Comment je suis devenu réactionnaire sans douleur ni même m'en apercevoir

Renaud Camus, écrivain cristalliseur…

Hier, le jeune Gaël (je ne sais pas son âge, mais je sais qu'il est assez nettement plus jeune que Nicolas, et donc a fortiori que moi), sur son blog De tout de rien, me disait, en réponse au commentaire que je venais de lui laisser, qu'il pensait justement à moi et se demandait où je pouvais bien en être, sur le plan idéologique, dans ces années quatre-vingt-dix qu'il évoquait, et à quel moment j'étais passé “du côté obscur de la force” – selon sa propre expression. Bien entendu, il a employé cette formule par humour ; néanmoins, elle reflète très bien ce que pensent plus ou moins consciemment tous les gens de gauche à propos de ceux qui ont abandonné les idées auxquelles eux continuent de s'accrocher : que notre changement de perspective ne peut être qu'une chute, un lâcher-prise ; qu'en disant adieu à tous les idéaux plus ou moins fumeux, nous succombons à je ne sais quel bas instinct, qui se nicherait en tout homme et qu'il importerait de combattre vigoureusement. Pendant ce temps, bien entendu, nous autres pensons – tout aussi sincèrement – que nous avons enfin accédé à la lucidité, que nos yeux se sont décillés ; et nous plaignons les malheureux progressistes de continuer à errer comme ils font dans les brouillards de leur jeunesse attardée. 

Bref, j'ai botté en touche, comme disent mes confrères en journalie, et lui ai dit que la réponse à sa question était assez difficile à donner, y compris à moi-même, mais que j'allais tenter de l'éclaircir, au moins dans mon journal. Ma première tentation, si je réponds vite et sans trop examiner la question, serait de dire que je suis devenu réactionnaire (mot employé faute de mieux et qui ne recouvre pas exactement ce que je crois être) sur le tard, assez précisément en 2006, le véhicule de ma “conversion” ayant été les livres de Philippe Muray dans un premier temps, et ceux de Renaud Camus juste après. C'est ce que j'ai d'abord pensé. Ensuite, il a commencé à me sembler qu'il y avait quelque chose d'un peu étonnant dans un changement de point de vue à la fois aussi tardif et à ce point radical, massif, comme dirait l'autre en parlant de l'ennui qui naît immanquablement chez le lecteur de mon journal. Il devait bien y avoir autre chose.

Petit à petit, en repensant à certaines de mes réactions face à tel ou tel événement précis du passé, j'en suis arrivé à me dire que, sans doute, mes lectures de Muray et Camus avaient opéré en moi non pas une quelconque conversion mais une cristallisation, qu'elles m'avaient servi à réunir et à structurer des éléments disparates et épars qui, pour cette raison même, m'étaient jusqu'alors demeurés invisibles, ou en tout cas pas assez signifiants pour remettre en cause une appartenance au “camp” de la gauche, posée par moi comme un indiscutable a priori, un postulat à la remise en cause impensable. Je me suis alors rendu compte que mon réactionnariat était beaucoup plus ancien que je ne le croyais ; et peut-être même que mon “progressisme” n'avait jamais existé plus profondément qu'au stade de la pure et simple jactance. Jactance qui, je le crains fort, m'avait été inspirée par un banal conformisme sécrété par l'époque à laquelle je fus jeune. Plus guère de doute : j'avais été, durant des années, un réac-avant-l'âge, mais affublé du gros nez rouge de la révolution et coiffé de la perruque jaune paille des lendemains qui chantent.

Sinon, comment expliquer, dès le début des années quatre-vingts, mon admiration jamais démentie pour le pape Jean-Paul II ? Mon enthousiasme, à la même époque, pour la montée en puissance de Solidarnosc ? Ma satisfaction, en 1984, de voir réélu Ronald Reagan, au prétexte qu'il était le plus anticommuniste des candidats à la Maison-Blanche ? Ma très force suspicion devant la farce sandiniste au Nicaragua ? Et mon dégoût instinctif pour l'éducation permissive, qui commençait d'exercer ses ravages chez les jeunes parents ?

Mais, tous ces éléments, ces petits faits isolés, il ne me serait pas venu à l'esprit de les relier entre eux, de les réunir afin qu'ils dessinent mon portrait. Pour cela, il a fallu le “coagulant” que furent les lectures conjointes de Muray et de Camus. Et ce qui m'amuse aujourd'hui, c'est de voir certains individus, notamment chez les blogueurs, qui sont eux-mêmes, en ce moment, dans cette situation prémurayenne, antécamusienne, où j'étais alors : ils se disent et se pensent sincèrement toujours-de-gauche, mais dès qu'ils expriment une opinion, ou mieux : une réaction, celle-ci est quatre fois sur cinq en opposition radicale avec ce qu'ils prétendent être.

Comme suis un bon garçon, je ne donnerai pas de noms.

samedi 26 novembre 2011

De la Vendée à Vichy : balade révisionniste


Il est des magazine qui ne coûtent pas très cher à l'achat, mais qui se révèlent finalement onéreux, en raison de ce que l'on pourrait appeler les “dépenses induites” ou encore les “frais dérivés” Il en va ainsi de la Nouvelle Revue d'Histoire – NRH pour les pratiquants. Dès le premier feuilletage rapide du numéro de novembre-décembre (oui, la dame est bimestrielle…), j'ai su que je ne résisterais pas à l'appel de la commande pour deux des ouvrages recensés. Tout d'abord le livre de Reynald Secher intitulé Vendée. Du génocide au mémoricide, dans lequel, nous dit-on, l'auteur montre, en s'appuyant sur des archives jamais encore exploitées par les historiens, que le massacre global des Vendéens fut bel et bien programmé sciemment par les dirigeants de la Convention, Robespierre au premier chef – génocide qui fut ensuite tout aussi sciemment occulté par les historiens, à commencer par Michelet qui a ouvert la brèche de dénégation dans laquelle tous les autres ou presque se sont engouffrés.
Pour que cet ouvrage ne se sente pas trop seul dans son petit panier Amazon, je lui ai adjoint la copieuse Nouvelle Histoire de Vichy, de Michèle Cointet. Parce que je commence (euphémisme) à être exaspéré de voir cette période de l'histoire traînée à tout bout de champ devant tous les tribunaux progressistes, par des belles âmes dont on comprend, après lecture de deux ou trois lignes de leur charabias idéologique, qu'ils n'ont pas la moindre idée de ce qui a pu se passer alors, des tenants et aboutissants, des causes et des effets, tout satisfaits qu'ils sont de remâcher des slogans souventes fois déglutis. On me dira que, moi non plus, je ne connais à peu près rien de cette époque ? C'est vrai, d'où la commande du livre de Mme Cointet.

Ma hâte est telle de recevoir ces deux livres que je songe dès à présent à rebaptiser ce blog. Peut-être l'appellerai-je Didier Goux habite Vichy, ou bien C'est mon chouan, ou encore, plus lapidairement, Vendée Blog – mais pour ce dernier, je suis presque sûr qu'il existe déjà, du côté de La Roche-sur-Yon ou de Fontenay-le-Comte.

mardi 22 novembre 2011

Deux ruines parmi les ruines – mais avec de l'esprit

Hier après-midi, alors que, lestés d'un excellent déjeuner pris à l'auberge voisine, le sire de Marchenoir et moi-même cheminions en devisant parmi les splendides restes de l'abbaye de Jumièges (“deux ruines parmi les ruines”, ne manqueront pas d'ironiser d'aucuns), que l'Irremplaçable dans le même temps fixait de son œil implacable sur sa pellicule virtuelle,  me vint au détour d'une phrase le terme de réactionnariat. Comme notre hôte me fit l'honneur de le trouver drôle et assez bien venu, je me suis décidé à le mettre en circulation – libre de tous droits, comme c'est l'habitude de la maison.

S'en serve qui voudra.

mardi 28 juin 2011

Modernœud et Groréac sont dans une voiture : fable

Ils sont assis tous les deux à l'avant ; ils ne se parlent pas ; on les sent un peu crispés. Ils doivent être dans une voiture d'auto-école car chacun dispose, à sa place, de deux pédales, accélérateur et frein : on en déduit qu'il s'agit d'un véhicule à boîte de vitesses automatique. La bizarrerie est qu'il y a également deux volants : ils sont couplés de telle manière que lorsque l'un est en action, l'autre devient tout à fait inopérant – et réciproquement.

Modernœud et Groréac roulent sur une très longue portion rectiligne de route déserte, dans une campagne très vallonnée, limite montagneuse si on voulait dramatiser. Ils voient très bien que là-bas, tout au bout, ils vont devoir affronter des virages serrés et dangereux, bordés tantôt d'un côté, tantôt de l'autre par un ravin abrupt – et chacun se demande comment il va pouvoir neutraliser son co-pilote afin de garder la pleine maîtrise du volant, dans le but de préserver leurs deux vies. Car chacun, il convient de bien le noter, a conscience de devoir œuvrer pour le bien commun de leur minuscule communauté, d'être responsable pour l'autre qui, nul n'en doute, perdra le contrôle de lui-même et du véhicule à la première difficulté périlleuse.

La route est peut-être droite mais elle n'est pas horizontale, pas du tout. Au contraire, elle suit une pente assez forte, et qui va encore s'accentuant à mesure que l'on se rapproche de la succession de virages. Le problème est que – jeu de la brume ? Miroitement de la lumière ? Traîtrise des plans et des couleurs ? Aberration optique des protagonistes ? – il est impossible de savoir si cette pente est ascendante ou son contraire.

Voyant nettement la route monter vers des sommets où le soleil lui semble triompher de la brume, Modernœud se dit qu'ils doivent prendre de la vitesse s'ils ne veulent pas caler dès le second ou troisième virage : il enfonce l'accélérateur – mais progressivement, pour ne pas faire hurler son compagnon de voyage, toujours prompt à s'émouvoir du moindre changement. De son côté – c'est lui qui tient la place du mort –, Groréac est bien certain que la route dévale vers la zone dangereuse : voulant l'aborder aussi lentement que possible, voire immobiliser la voiture en bout de ligne droite si la chose est encore possible, le voilà debout sur le frein.

Chacun ne tarde pas à comprendre la manœuvre de l'autre et se met à agiter son volant en tous sens, dans l'espoir d'ôter à son voisin la maîtrise du véhicule. Le seul résultat est que les deux volants, maniés simultanément et au mépris de toute contingence mécanique, les deux volants se déconnectent avec un ensemble parfait. Modernœud et Groréac se rendent compte alors que tout est foutu et qu'il ne leur reste plus qu'à imputer à l'autre la totalité du désastre imminent, en sautant en marche de la voiture juste avant le premier virage. Ils relâchent tous deux la pédale qu'ils enfonçaient du pied et ouvrent chacun sa portière, juste à l'amorce du premier virage – un méchant, bien serré à gauche, avec un peu de gravillons en bord de bitume.

Et le ravin est là, juste en face.

La voiture plonge dans la brume crémeuse, désormais en léger contrebas ; il fait un soleil superbe.

vendredi 10 décembre 2010

L'amiral a vraiment mauvais esprit


Voici ce qu'il ose écrire sur son blog, ce bougre de marin d'eau saumâtre :

« J’ai appris que les primaires du parti socialistes était ouvertes à tous. Donc je fais le même appel que Rush Limbaugh même si je n’ai pas de favoris pour la présidentielle de 2012, même si je n’irais d’ailleurs sans doute pas voter, allez tous voter pour le candidat le plus improbable du PS! Rien que pour le plaisir de foutre le merde, rien que pour retourner la pseudo-démocratie contre elle-même, rien que pour faire trembler la gueuse sur ses grosses jambes pataudes. Quand les petits candidats à demi-attardés auront fait des bons scores, les gros seront obligés de leur donner des gages de bonne volonté, ou ils se déchireront.

« Que du bonheur comme disent les animateurs de télé au sourire de figue éclatée.

« De toutes façons, bien malin qui est capable de dire où nous en serons dans 2 ans. Statu quo ou explosion de l’euro? Soulèvement populaire ou pérennisation du totalitarisme soft? On verra bien. En attendant autant rigoler un peu en faisant pleurer les autres. »


Je trouve une telle idée parfaitement ignoble. Mais bien tentante tout de même.

vendredi 19 mars 2010

Le Pélicastre est en grande forme

Si vous ne me croyez pas, allez donc savourer son abécédaire...

mercredi 8 avril 2009

Palinodie, Doudou, dis donc !

Après Lomig, Criticus ! Ce matin, il ne reste plus, pour faire partie du déjà fameux réseau Renovatio occidentalis, et à l'exception de l'excellent Opus XVII, que des blogs qui penchent en effet d'un côté où je ne souhaite pas aller. Par conséquent, « je me retire à mon tour », comme disent les étalons épuisés en plein milieu du gang bang. Tout en déplorant que ce mouvement de retrait se soit effectué dans la précipitation, et comme sous l'injonction et les menaces à peine voilées des procureurs de la vertu agissante.

Didier Goux prend donc à nouveau ses aises tout seul : retour au statu quo ante – et les vaches sacrées continueront d'être bien gardées.

samedi 21 mars 2009

Les Délires du gros réac

Finalement, j'ai restitué une “blogroll” complète, ou presque complète. Avec des tas d'entrées réactionnaires. C'est-à-dire une longue liste de malades. Car les réactionnaires sont des malades – je le sais, on me l'a affirmé ; et je n'ai aucune raison de ne pas le croire.

Ainsi, sans doute, pensant à autre chose, il y a quelques jours, le Rital généreux admettait du bout des lèvres avoir, à l'issue d'une discussion absurde, quelques aspects “réactionnaires”. Mais aussitôt, il prenait bien soin de préciser que, plus ou moins d'accord avec moi sur tel point précis, il ne me suivrait jamais dans mes autres délires.

Délires, donc. Là, j'ai compris. Ces jeunes gens ont, eux, des idées – forcément généreuses –, des pensées – je suppose –, des pensées d'avenir – c'est bien le moins, à leur âge ; cependant que, moi, je suis en proie à des délires. Je suis fou, donc. Ils sont intelligents, brillants, ouverts, sympathiques, mignons à s'en pisser dans les braies : je suis en proie à des délires. Pas des opinions différentes, certainement pas des idées méritant qu'on les examine ; non, juste des délires. Des dysfonctionnements qui vous valent d'être enfermés – avec tous les égards dus à des délirants, mais enfermés néanmoins.

On me pardonne, plus ou moins, parce qu'on a les idées larges (plus larges que les épaules, en tout cas), et aussi parce que je suis plutôt rigolo – pour mon âge. Et, surtout, on se protège un peu de l'avenir, on s'assure une petite gérontophilie, au cas où... Des fois que le vent tournerait... Mais, vous comprenez bien : ça reste du délire.

dimanche 8 février 2009

De la contradiction en milieu réactionnaire (ou supposé tel)

Peut-on lire, aimer à la fois l'un et l'autre de ces deux écrivains ? Sans doute, puisque je le fais et ne suis pas le seul, loin de là. Mais qu'ont-ils en commun, hormis cette syllabe qui termine l'un avant de commencer l'autre ? Ce qui les rapproche saute aux yeux, pour ainsi dire : une même vision peu optimiste de notre avenir, le constat cinglant de ce que Renaud Camus appelle La Grande Déculturation, constatée aussi par Philippe Muray, quoique sur un mode plus cynique peut-être – ou plus rigolard, si on m'autorise le mot. En tout état de cause, un même refus de se satisfaire du monde tel qu'il est, et surtout tel qu'ils le voient s'éteindre, sans doute irrémédiablement.

Ils ont aussi bien des détestations communes : le bruit perpétuel et imposé que l'on nomme désormais musique, la destruction quasi systématique des paysages (plus aiguë et plus douloureuse chez Camus), la fête obligatoire (considérablement plus importante chez Muray), le mépris des "élites" et des idiots utiles qui leur font cortège depuis quarante ans, pour avoir attisé les feux de la repentance sanglotante, de l'auto-dénigrement, de la haine de soi, etc. Pour faire bref et rapide, on peut dire qu'ils sont tous les deux, aux yeux des progressistes de profession, de fieffés réactionnaires, assurés que l'humanité court à l'abîme et qu'elle s'y précipite en chantant d'une seule voix des hymnes à l'avenir radieux et aux lendemains chargés de paix et de lumière.

L'affaire devient plus problématique dès que sont abordées les causes de ce naufrage européen, et donc français en premier lieu. Chez Camus, l'immigration et ses effets délétères – pour ne pas dire mortifères – tient on le sait une place centrale. Non pas qu'il fasse des immigrés eux-mêmes une sorte de bouc émissaire commode en les chargeant de tous les péchés, encore moins par "racisme", mais parce que l'indifférenciation rapide de tous les êtres humains, leur brassage perpétuel, leur uniformisation radicale (appelée désormais "diversité") lui semble être sinon la cause de cette déculturation qu'il observe et dont il pointe inlassablement les symptômes, mais son plus formidable accélérateur, ce qui fabrique le malheur de tous, aussi bien des populations hôtes que de ces déracinés que l'on déverse jour après jour sur nos côtes, en les assurant d'un "paradis pour tous" que nous sommes hors d'état de pouvoir leur offrir bien entendu ; et que nous n'avons, du reste, pas de raison particulière de leur devoir.

Passant chez Philippe Muray, qu'observe-t-on ? La disparition soudaine de l'Immigré qui, en tant que symbole, ne tient absolument aucune place dans sa vision du monde occidental et de ses transformations. L'islam pas davantage. Le principal danger qui nous menace, qui a déjà commencé de nous dissoudre, et sérieusement, s'appelle chez lui Festivus festivus. Pour le dire très vite, c'est un jeune homme casqué et monté sur rollers, qui aime Bertrand Delanoë et consulte chaque matin son reflet dans son miroir magique afin de s'avoir s'il est toujours le merveilleux humaniste qu'il est bien assuré d'être. C'est l'homme pour qui et par qui les violences et les soubresauts de l'Histoire vont se dissoudre dans la fête généralisée. Lorsqu'il ne "fait" pas la fête, Festivus festivus réclame des lois pour faire taire toute voix un tant soit peu dissonantes de la sienne - des voix dont on entend également l'écho lancinant chez Camus, en particulier dans son Communisme du XXIe siècle.

En fait, tout se passe comme si la pensée de Muray se déployait en aval de celle de Camus, comme s'il venait après lui ; comme si tous ce que celui-ci croit voir se produire était pour celui-là advenu ; comme si Festivus festivus avait déjà résorbé les dernières tensions, les ultimes violences entre les hommes ; comme si toute haine, tout ressentiment, toute tension historique étaient à jamais dissouts dans l'acide festif. Philippe Muray semble assuré d'une chose : l'individu post-moderne (Festivus festivus, donc) a vaincu le catholicisme, de la même manière il viendra à bout de l'islam. (L'obsession névrotique des "jeunes" des banlieues pour les marques et leur véhicule obligé, la thune, semblerait d'ailleurs lui donner raison.) Peut-être pourrait-on résumer, sur ce sujet précis, la pensée de Muray en citant la dernière phrase de son Chers Djihadistes, sorte de lettre ouverte parue quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001, et qui se clôt par ses mots : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus morts. »

Une mort, la nôtre, la nôtre en tant qu'Européens, que Muray semblait tenir pour assurée, presque avérée même, et à laquelle Camus ne peut ou ne veut encore se résigner. Mais dont ils constatent tous deux, par des chemins différents, qu'on nous la présente chaque jour comme hautement désirable.

Finalement, les différences entre les deux écrivains ne sont peut-être que de surface, au regard de l'enjeu. Chez Renaud Camus, l'indifférenciation générale, la transformation planétaire de l'Autre en Même (qui ne peut, nous renseignent Hobbes et René Girard, que déboucher sur une violence indistincte et globale) amènera nécessairement le dépérissement puis la mort de la culture ; chez Philippe Muray, c'est la Fête qui se chargera de la besogne. Dans un cas comme dans l'autre, il semble temps de replier les gaules.

mercredi 17 décembre 2008

La paix des cimes

« Pour en terminer avec cette Nuit blanche, une anecdote si vous le voulez bien : à quelque temps de cette sainte Nuit-là, on a appris que le chef de service des cimetières de la Ville de Paris venait d'être viré par le maire adjoint à l'environnement, un Vert nommé Contassot, sous le prétexte qu'il avait eu le culot de s'opposer à la volonté du dit Contassot d'inclure le Père-Lachaise dans l'opération Nuit blanche. Par quoi l'on peut une fois de plus vérifier que le festivisme est un despotisme. Et ce despotisme devient même furieux lorsqu'on l'empêche de transformer en friches à raves les grands cimetières sous la lune. Delanoë c'est : J'irai karaoker sur vos tombes. »

Philippe Muray, Festivus festivus, Fayard, p. 252.

(Je laisse les commentaires fermés encore un jour ou deux : la Mère Tapedur et ses divers corollaires sont très agités ces temps-ci et cherchent le meilleur moyen de m'expédier dans le plus proche cul de basse-fosse : il faut bien qu'envie de pénal se passe...)

dimanche 14 décembre 2008

Tu reviendras à Philippe Muray

« Festivus festivus, je le répète est un possédé. Le Possédé. Comme tel, il souffre. Tout ce qui ne lui plaît pas le fait tellement saigner qu'il porte plainte ; mais il jouit encore tellement lorsqu'il porte plainte qu'il est incapable de se voir en train de porter plainte et de rire de lui-même. C'est ainsi qu'il est comique, d'un douloureux comique que plus personne n'ose nommer ainsi. C'est un comique de doléance, comme il y a un comique de répétition, et ce nouveau comique, absolument inconnu des anciennes littératures, est souvent très réussi. Par exemple comme en mai dernier, je vous en ai déjà parlé, quand une militante se réclamant du "Fonds de lutte contre l'homophobie" se plaignait non seulement de "l'idéologie hétérocentriste" véhiculée par "Loft Story", mais encore de la "prime à l'hétérosexualité" que ce programme lui paraissait coupablement proposer et de "l'incitation" à la "couplitude hétérosexuelle" qu'il recelait. Cette personne était évidemment très comique ; mais pas davantage que la nommée Savigneau, un peu plus tôt, dans Le Monde, concluant une de ses inénarrables post-critiques ainsi : "Les homosexuels s'irriteront de cette affirmation fanatique d'hétérosexualité qui ne va pas sans homophobie" (immaginons la phrase inverse pour continuer à bien rire : les hétérosexuels s'irriteront de cette affirmation fanatique d'homosexualité qui ne va pas sans hétérophobie). Tous ces gens sont très drôles. Comme le sont tous les malheureux dont la damnation est de ne pas pouvoir ne pas se prendre au sérieux. Comme le sont aussi les non moins inénarrables Chiennes de garde quand elles lancent sur leur site Internet un "appel à témoignages" qui n'est qu'un pur et routinier désir de remplir le sac universel à délations : "Il vous est arrivé d'être insultée sur votre lieu de travail par un homme hiérarchiquement supérieur, inférieur ou égal (...) Votre témoignage intéresse les Chiennes de garde", etc. Et le brave type qui, encore dans Libération, mais cette fois à propos de la lutte contre la pédophilie, écrivait il n'y a pas longtemps qu'«apprendre aux enfants leurs droits face à l'adulte, et le poids de leurs mots face aux mots des "grandes personnes", est aussi le moyen de préparer des générations futures qui trouveront naturel de dénoncer les crimes de leurs semblables» (je souligne) était aussi très drôle ; d'autant que, dans la foulée, il se défendait textuellement "d'inciter à la simple délation de précaution" et de "promouvoir un climat de suspicion généralisée". Tout cela fait partie des extases actuelles du judiciarisme. »

dimanche 30 novembre 2008

1438

Dieu n'est pas dans le monde comme un rocher dans un paysage tangible, mais comme la nostalgie dans le paysage d'un tableau.

mercredi 26 novembre 2008

1234

N'espérons pas que la civilisation renaisse, tant que l'homme ne se sentira pas humilié de se consacrer corps et âme à des tâches économiques.

samedi 15 novembre 2008

698

L'idée du « libre développement de la personnalité » paraît admirable tant qu'on n'est pas tombé sur des individus dont la personnalité s'est librement développée.

jeudi 13 novembre 2008

745

Afin d'entretenir l'ardeur réactionnaire de ce blog peu fréquentable, j'ai décidé hier soir, dans les vapeurs enivrantes de la Contrex, de vous gratifier chaque matin d'un aphorisme / pensée de Nicolàs Gòmez Dàvila, comme j'avais commencé à le faire voilà quelques mois. Tous seront extraits d'un recueil paru en français aux éditions Anatolia - du Rocher, sous le titre Les Horreurs de la démocratie. Chaque pensée est numérotée et ce numéro servira de titre. Chaque fois, le texte même de Dàvila apparaîtra en bleu, pour le différencier d'éventuels commentaires que je m'autoriserai à faire (ou non). Le fait de choisir tel ou tel aphorisme n'impliquera pas forcément ma totale adhésion. Il pourra arriver que l'un ou l'autre soit choisi parce qu'il m'aura semblé avoir été écrit contre moi. Ou, plus simplement, parce qu'il me sera resté obscur et que j'aurai espéré de vous quelque lumière...


Ne médisons pas du nationalisme.
Sans la virulence nationaliste il y a beau temps que l'Europe et le monde seraient soumis à un empire technique, rationnel, uniforme.
Faisons crédit au nationalisme d'au moins deux siècles de spontanéité spirituelle, de libre expression de l'âme nationale, de riche diversité historique.
Le nationalisme aura été le dernier spasme de l'individu avant la mort grisâtre qui l'attend.

mercredi 24 septembre 2008

Tu reviendras à Toulouse

À Orage

On me demandait, hier, en commentaire du billet précédant celui-ci, de préciser les raisons pour lesquelles Toulouse est une ville qui ne me plaît qu'à demi. Je vais tenter de m'exécuter, après cette seconde visite qui n'a fait que confirmer les impressions de la première, effectuée il y a deux ans. En réalité, il serait sans doute plus juste de dire que Toulouse est une ville qui me plaît, mais où il ne me conviendrait pas de vivre.

Elle me séduit pour ce qu'on sent qu'elle a été, et demeure par maint côté. Monuments, églises, placettes triangulaires, ruelles, musées, lacis médiévaux, opulence des hôtels particuliers, grande beauté des façades, etc. : elle m'attire par ses vestiges, principalement. Toulouse est une ville que l'on a envie d'avoir connue.

Dans ce cas, pourquoi ne pas vouloir y vivre ? Pourquoi cette satisfaction de la quitter et la quasi-certitude que l'on n'y reviendra plus ? Parce que, à l'instar des petits villages de Brassens, Toulouse a un point faible, et c'est d'être habitée. Pour dire les choses rondement, cette ville est trop jeune pour moi, à chaque tournant de rue elle me fait savoir mon incongruité, brandit l'arrêté d'expulsion. Je n'ai bien entendu consulté aucune statistique, mais je parierais volontiers pour une moyenne d'âge inférieure à 35 ans. Il s'ensuit des conséquences lourdes.

Les artères - celles du centre - prennent un aspect grouillant, bruyant, dépenaillé et, paradoxalement si l'on se réfère aux individus composant cette foule qui avance sans cesse, unicolore. Du coup, la rue ancienne, encore discernable par endroits, se transforme en décor pour ce théâtre de rue perpétuel : les cybercafés détrônent les bistrots, les boutiques de fringues les magasins de vêtements, les kebabs les restaurants, les échoppes à paninis les boulangeries, les officines de piercing les salons de coiffure, etc. Ne venez pas me dire que je généralise : je le sais parfaitement. Je voulais juste exprimer une impression assez vague mais tenace, essayer de décrire ce léger glissement vers le factice qui m'a frappé et, au bout du compte, gêné puis déplu.

L'une des conséquences de cela est que Toulouse m'a fait l'effet d'être assez putassière à force d'être ouverte, quand j'aime qu'une ville soit a priori un peu austère ; sinon fermée, du moins légèrement dédaigneuse envers le voyageur. Cela pourrait sembler former un paradoxe avec ce que je disais plus haut, concernant mon impression de rejet ; ce ne l'est pas : une prostituée fait toujours très bon accueil à l'hypothétique client, le racole puis le renvoie au néant de sa condition avec la même facilité. En quoi elle n'a d'ailleurs pas forcément tort, mais c'est un autre sujet.

Coupons court : la prochaine fois, on ira à Bordeaux, qui a l'air d'une ville moins «sympa», moins cool, moins fun que sa rivale régionale. Et nous ne reviendrons pas à Toulouse, n'en déplaise à l'âme de Juan Benet.