« Festivus festivus, je le répète est un possédé. Le Possédé. Comme tel, il souffre. Tout ce qui ne lui plaît pas le fait tellement saigner qu'il porte plainte ; mais il jouit encore tellement lorsqu'il porte plainte qu'il est incapable de se voir en train de porter plainte et de rire de lui-même. C'est ainsi qu'il est comique, d'un douloureux comique que plus personne n'ose nommer ainsi. C'est un comique de doléance, comme il y a un comique de répétition, et ce nouveau comique, absolument inconnu des anciennes littératures, est souvent très réussi. Par exemple comme en mai dernier, je vous en ai déjà parlé, quand une militante se réclamant du "Fonds de lutte contre l'homophobie" se plaignait non seulement de "l'idéologie hétérocentriste" véhiculée par "Loft Story", mais encore de la "prime à l'hétérosexualité" que ce programme lui paraissait coupablement proposer et de "l'incitation" à la "couplitude hétérosexuelle" qu'il recelait. Cette personne était évidemment très comique ; mais pas davantage que la nommée Savigneau, un peu plus tôt, dans Le Monde, concluant une de ses inénarrables post-critiques ainsi : "Les homosexuels s'irriteront de cette affirmation fanatique d'hétérosexualité qui ne va pas sans homophobie" (immaginons la phrase inverse pour continuer à bien rire : les hétérosexuels s'irriteront de cette affirmation fanatique d'homosexualité qui ne va pas sans hétérophobie). Tous ces gens sont très drôles. Comme le sont tous les malheureux dont la damnation est de ne pas pouvoir ne pas se prendre au sérieux. Comme le sont aussi les non moins inénarrables Chiennes de garde quand elles lancent sur leur site Internet un "appel à témoignages" qui n'est qu'un pur et routinier désir de remplir le sac universel à délations : "Il vous est arrivé d'être insultée sur votre lieu de travail par un homme hiérarchiquement supérieur, inférieur ou égal (...) Votre témoignage intéresse les Chiennes de garde", etc. Et le brave type qui, encore dans Libération, mais cette fois à propos de la lutte contre la pédophilie, écrivait il n'y a pas longtemps qu'«apprendre aux enfants leurs droits face à l'adulte, et le poids de leurs mots face aux mots des "grandes personnes", est aussi le moyen de préparer des générations futures qui trouveront naturel de dénoncer les crimes de leurs semblables» (je souligne) était aussi très drôle ; d'autant que, dans la foulée, il se défendait textuellement "d'inciter à la simple délation de précaution" et de "promouvoir un climat de suspicion généralisée". Tout cela fait partie des extases actuelles du judiciarisme. »
ahh merde, ya pas de justice
RépondreSupprimeril nous manque le salaud!
Yes, Sir...
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