mardi 19 août 2008

Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour / Nous n'avions pas fini de fumer nos Gitanes

Ce soir, apéro pédé. Après plusieurs années, sirotant ma bière, j'ai ressorti de ma discothèque (casiers du bas, pénible...) Le Condamné à mort, de Jean Genet, musiqué par Hélène Martin, à l'orée des années soixante-dix, et interprété par Marc Ogeret.

Michel-Ange exténué j'ai taillé dans la vie
Mais la beauté Seigneur toujours je l'ai servie

Le poème de Genet n'atteint pas les sommets. Il y a, là-dedans, des préciosité maladroites, une volonté de classicisme un peu raide, un corsetage de l'expression qui peut, parfois, presque prêter à rire. Mais on y perçoit aussi le soleil à l'aplomb, ainsi que des odeurs de sueur et de foutre assez bienvenues.

L'écoutant, je me faisais la réflexion que j'avais peut-être raté ma vocation. Être un pédé flamboyant m'aurait, s'il se trouve, davantage satisfait que ce rôle d'hétéro malchanceux et « second choix » que je me suis obstiné à jouer des années durant. Car je conçois fort bien le désir qui peut naître d'un corps d'homme, d'une bite bandée, etc. Ce qui me laisse soupçonner mon inadéquation à ces moeurs est mon impossibilité à admettre que l'on puisse tomber amoureux d'un homme. Même chez les femmes, pour dire le vrai, ce me semble être quelque chose comme une anomalie cocasse. J'ai toujours plus ou moins l'impression qu'elles se résignent, faute d'un choix plus satisfaisant pour elles.

(...) Suce mon membre dur comme on suce un glaçon
Mordille tendrement le paf qui bat ta joue
Étrangle-toi d'amour dégorge et fais ta moue
(...) Penches un peu la tête et le vois se dresser
L'apercevant si noble et si propre au baiser
Tu t'inclines très bas en lui disant "Madame" !

Tiens, on devrait apprendre ça aux jeunes filles et aux adolescents, dans les collèges de la République : ça nous ferait gagner du temps. Également ceci :

Pardonnez-moi mon Dieu parce que j'ai péché
Les larmes de ma voix ma fièvre ma souffrance
Le mal de m'envoler du beau pays de France
N'est-ce assez mon Seigneur pour aller me coucher
Trébuchant d'espérance ?

12 commentaires:

  1. Le problème d'être homo, c'est qu'il faut supporter les mecs, et ça, c'est trop difficile pour moi !
    :-)

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  2. Qui songe à ma maison du fond de sa Hongrie
    Quel enfant s’est roulé sur ma paille pourrie
    A l’instant du réveil d’amis se souvenant

    Le condamné à mort est édité dans la collection Gallimard/Poésie. Y fait suite un très beau texte en prose: Le Funambule (un des meilleurs de Genet, à mon sens)

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  3. Didier : j'ai la vague impression que le ciel bas et lourd pèse un tantinet côté du Plessis isn't it ? Non pas homo mais blogueur flamboyant vous êtes, sans aucun doute !

    P.S : la contagion menace, je commence à me poser des questions moi aussi ! ; )

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  4. Les garçons ca parle très peu d'amour, ça baise plutôt ... ou plus tard !

    Pidiblue vous met au parfum

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. Hé bé... c'est pas bien gay tout ça.
    Pluto, je vous le disais que le climat de Normandie n'était pas sain.
    Je crois qu'on est en train de le perdre...

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  7. Relax, les gens, relax : je me suis, ce matin, éveillé hétéro comme devant. Donc, pas de remise en question à prévoir de ce côté (ni de l'autre)...

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  8. Oui, mais un accident est vite arrivé. Faites gaffe !

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  9. De toute façon, je ne sors pas de chez moi et personne ne vient, alors...

    Même le facteur est une factrice !

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  10. On ne sait jamais ! Un problème de plomberie, vous vous penchez pour montrer la fuite au plombier et hop !

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  11. Oui, moi aussi je trouve ça louche et inquiétant!
    Serait-il en train de tourner casaque?
    Irrempe, venez vite, et parlez-nous-en!

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.