vendredi 13 juillet 2012

Les buveurs d'eau sont des barbares et le resteront


À Nicolas, qui sait se tenir à l'abri du danger.

« Des hommes qui boivent de la bière et des femmes qui mettent des enfants au monde : Joyce a raison d'avoir réuni sous le même toit ces deux phases de la vie. Chaque sexe accomplit là sa fonction la plus spécifique. L'un produit des êtres, l'autre élabore des sociétés. Être attablé à boire de la bière ou du vin (ou tout autre breuvage disponible dans la contrée) a toujours été l'une des activités masculines les plus sérieuses et les plus fécondes. Ce n'est certes pas uniquement grâce à l'hydromel que les sociétés furent élaborées, mais les boissons fermentées figurent parmi les agents civilisateurs les plus notables, comme en témoignent toutes les religions et toutes les légendes. »

Frank Budgen, James Joyce et la création d'Ulysse, Denoël, pp. 238 et 239.

Le chapitre dont il est question ici, le quatorzième, se déroule en effet à la maternité de Holles Street : tandis que les parturientes poussent des cris stridents de douleur à l'étage, les hommes – tous célibataires à l'exception de Leopold Bloom – se murgent consciencieusement au rez-de-chaussée.

Par ailleurs, Budgen – qui fréquenta assidûment Joyce durant sa période zurichoise – note que l'écrivain ne rechignait jamais devant un flacon de vin blanc, mais qu'il n'en buvait du rouge qu'avec la plus extrême répugnance (si vraiment il n'y avait rien d'autre, en fait…), trouvant que celui-ci avait le goût et l'apparence d'un steak liquéfié.

43 commentaires:

  1. Frank Budgen n'a sûrement pas écrit ça à jeun. Ou alors, il était lui-même célibataire, ou bien sa femme n'a jamais mis le nez dans ses écrits. Ou bien,ce qui semble le cas, il était contemporain de Joyce. C'était bien pratique, ce genre de théorie qu'on ressortait en même temps que le flacon d'old bourbon ou en vidant la cuisine des bouteilles vides.

    Les nouveaux pères assistent leur compagne en gésine et ne se murgent surtout pas. L'accoucheur non plus.
    (oui, je sais, fuck les nouveaux pères...)

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    1. Je vous rappelle que, dans cette scène, les buveurs ne sont nullement les compagnons des femmes qui accouchent à l'étage et encore moins les pères de leurs futurs chiards : pour boiure en toute bonne conscience, ça aide…

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    2. Se murger la gueule pour les nouveaux pères (de leur premier enfant) est aujourd'hui encore un devoir : c'est la dernière fois où ils n'auront pas leur grosse dans les jambes pendant quelques jours (et pour le ou les gamins suivants ils devront garder le ou les ainés ou se taper les beaux-parents à la maison).

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  2. Oui, c'est vrai, mais les jeunes pères jadis avaient aussi l'habitude de. (Quand ce n'était pas la sage-femme qui les saoulait pour ne pas les avoir dans les jambes)

    Mes vieilles voisines boivent souvent un petit coup de fine après le café, quand elles le prennent ensemble. Il est vrai que s'il y a un homme, on lui sert d'abord du cidre et du rouge avant le café et la fine, tandis qu'aux femmes non, ce ne serait pas correct.

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  3. Merci pour la dédicace. Je me mets doublement à l'abri du danger : je me murge la gueule consciencieusement d'une part et j'évite les enfants et toute possibilité d'en fabriquer d'autre part.

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  4. Qu'est ce que mes commentaires foutent à nouveau dans les spams ?

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    1. Ah mais déjà hier, vous étiez de retour dans les spams !

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    2. C'est le bordel. J'ai changé de nom (en gardant le caleçon) pour essayer mais je reste chez les spams chez Suzanne. C'est à n'y rien comprendre.

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    3. (Fel)Ici aussi…

      Vous êtes sûr que Blogger ne serait pas une boîte sarkozyste, des fois ?

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    4. Je ne sais pas. Je suis mis en spam depuis l'élection de Hollande. A mon avis, il cherche une solution désespérée pour contenir ses troupes de blogueurs de gouvernement.

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    5. Tiens ! Je vais essayer de commenter avec mon vrai blase.

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    6. Ah ben c'est pareil. Je suis maudit, tous mes compte Blogger sont verrouillés. Ah ! J'en ai un troisième secret. Je vais essayer.

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    1. Sinon, ça ne vous gêne pas de causer tout seul et de m'obliger à passer mon après-midi dans le déspameur ?

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    2. Parce que vous avez autre chose à foutre, peut-être ? (désolé, mais je cherche la solution au problème... J'ai presque trouvé).

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  6. L'illustration est elle de William Hoggart?
    (Mes commentaires à moi ne vont pas dans les Spams!!
    C'est sans doute à cause de leur haute tenue… pas comme certain, Tsss…)

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  7. Bien trouvé .
    Notons tout de même que dans certains cas , le rôle des hommes est indispensable pour permettre à certaines Femmes d'accomplir leur propre rôle .

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  8. " Les buveurs d'eau sont des barbares et le resteront ".

    On ne le dira jamais assez, les aquaphiles sont la lie de l'humanité. D'ailleurs, il suffit de regarder comment se sont comportés, et se comportent les pays qui pratiquent la tempérance pour s'en rendre compte. Le puritanisme protestant, qu'il soit du fait des pays anglo-saxons ou néerlandophones, a généré bien plus de massacres dans les colonies que le catholicisme. Quant à l'islam, que ce soit lors des conquêtes, que pour l'esclavage, il n'y a pas photo.

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    1. Oui, d'ailleurs, on se demande pourquoi Budgen parle de TOUTES les religions…

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  9. Que nenni Monsieur Y,

    Vous vîtes en illustration Les Buveurs de vins,
    de Jacques Autreau.

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    1. Merci d'avoir répondu : j'avais déjà oublié de quel peintre il s'agissait…

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  10. Ce chapitre est cocasse par ailleurs, puisque Joyce utilise un style épique moyenâgeux, celui de Geoffrey Chaucer, je crois bien, considéré comme le père de la littérature anglaise. Il est souvent question des pères et des fils dans "Ulysse". Il y a dans ce livre plusieurs niveaux de correspondance, c'est sa richesse.

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    1. J'aime aussi beaucoup l'avant-dernier, bâti sous forme de questions et de réponses, aux précisions techniques et scientifiques parfaitement saugrenues.

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  11. Oui ! Et celui théâtre absurde en 3 D du bordel de Bella Cohen, qui est un résumé de la journée et des thèmes abordés (récurrence des chiens... Joyce avait une peur bleue des chiens).

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    1. Et celui du café avec le Citoyen et la sortie cataclysmique de Bloom ! Et la scène sur la grève, l'exhibition de Gertie McDowell et Bloom qui se... hein. Les mouettes, le feu d'artifice, l'affreux poupon ! La déception de Bloom, constatant que Gertie boîte. Scène banale a priori, si bien décrite.

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    2. Ah, les filles sur la grève, avec leur langage "Nous Deux", c'est magnifique et jouissif ! Et celui qui prend la langue en plein Moyen Âge pour l'amener tout tranquillement jusqu'au plus bas des argots modernes (modernes en 1904…) est tout à fait hallucinant. Et c'est bien sûr là, surtout là, qu'on regrette de ne pouvoir le lire en anglais.

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    3. Je l'ai lu en anglais pour le seul plaisir, sans tout comprendre au mot, parce que, hein... mais je connaissais déjà bien l'histoire. La langue est sonore à souhait et d'une richesse lexicale et rythmique inouïe. Beaucoup d’assonances. Bien plus de fantaisie et d'argot qu'en français. D'ailleurs, si vous avez l'occasion de lire les lettres de Joyce à sa femme Nora... C'est parfois hard !

      Le début d'"Ulysse" lu en anglais :

      http://www.youtube.com/watch?v=Kc0x2MaaDAc&feature=related

      Les 50 dernières lignes du monologue de Molly Bloom lues par Marcella Riordan :

      http://www.youtube.com/watch?v=_sEOK0En6Pk

      James Joyce lui-même lisant des extraits de Finnegans wake :

      http://www.youtube.com/watch?v=JtOQi7xspRc

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  12. En fait j'aime presque tous les bidules fermentés. Il n'y a guère que la joie de la parturiente dont certains mâles se disent férus qui échappe à ma logique d'alcoolique dégénéré. Dans le genre, j'aime le "steak liquéfié". Belle image. A boire et à manger.

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    1. Belle image peut-être, mais qui me donne plutôt envie de m'en tenir au vin blanc…

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    2. A ce propos,récemment j'étais sur Nantes, en compagnie de B.mode et, vrai de vrai, sa collection de vins blancs est d'une très bonne tenue. Je ne vous dis rien sur ses petits rosés... Auparavant, la veille, nous nous sommes attardés sur un whisky de haute volée. Nous avons refait la moitié du monde en nous disant que l'autre moitié serait pour plus tard : le poids devenant trop lourd pour nos épaules, nous nous sommes quittés au bord de La Loire effondrés par le spectacle lumineux de quelques réalisations de Buren dont le moins qu'on puisse dire... Bref !

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    3. Pour supporter Buren, il faut être solidement burré… ou complètement burro.

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    4. Burro, pas trop, mais b(o)urré (s), ça oui !

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  13. C'est vrai que c'est hard et hot tout ça.

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  14. J'ai bu de l'eau, une fois. C'est pas bon !

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    1. Votre témérité vous perdra. Ici, on attend Woland et sa petite famille : je n'ai pas prévu d'eau.

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    2. Je vois que les négociations pour l'unification de la réacosphère s'intensifient. Il faudra bien un jour songer à une assemblée constituante !

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    3. Je vois que les négociations pour l'unification de la réacosphère s'intensifient. Il faudra bien un jour songer à une assemblée constituante !

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  15. A la naissance de mon premier enfant, j'ai pris une une biture infernale en compagnie de collègues de travail, le lendemain j'avais encore 4 grammes de sang par litre d' alcool.

    Quand les suivant vinrent, j' attendais que les mioches soient couchés pour vider quelques bouteilles de bière, des belges pour la plupart.

    Il existe un site réservé à l'eau:

    http://lebaraeau.com/

    ou, ici

    Colette Bar à eau

    213, Rue Saint-Honoré - 75001 Paris

    J' ai bien essayé de faire du café avec de l'alcool mais ça n' a pas fonctionné.

    Eaurevoir

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  16. "L'eau ne fait rien que pourrir le poumon" comme le disait une vieille chanson !

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  17. Et les buveurs de coca light comme un certain Nicolas ?
    Et vous avez goûté le mélange vin rouge-coca, il parait que les chinois adorent ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.