jeudi 19 juillet 2012

Michèle D. ou la gueule de lamproie

Donc, voilà, d'après la grande modernœuse bordelaise nommée Michèle Delaunay, devenue ministre des vieux kroumirs et des cacochymes réunis – sans doute après avoir fait première dans un concours de circonstances –, comme c'est vachement triste de vieillir, il devient absolument nécessaire d'arrêter de le faire : la sénescence, c'est plus maintenant. Désormais, nous avancerons en âge. Il est vrai que c'est beaucoup mieux. Rien que ce verbe, avancer, ça vous a un petit côté progressiste bien dans son époque qui devrait plaire. Et puis, quand on avance en âge au lieu de vieillir, les artères se bouchent moins vite, j'ai remarqué. 

Il reste que l'inconséquente baderne des bords de Gironde ne va pas au bout de son raisonnement (?) ni de son propos. Car enfin, à quoi sert-il d'avancer en âge si c'est pour continuer de mourir quand on a fini d'avancer ? Mourir est indigne de notre temps ! Pas à la hauteur de l'immense espoir soulevé par le président Hollande ! Il devient donc urgent de trouver une expression douce, moelleuse, tintinnabulante, pour remplacer l'horrible verbe des temps glaciaires et ténébreux.

Je propose pour ma part : s'endormir en CDI.

51 commentaires:

  1. moi je propose
    "devenir de droite"

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    1. ou
      "cesser d'être de gauche"

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    2. monsieur Y, je trouve que vous avez la mort triste : j'aurais dit l'inverse.

      Amicalement.
      Al.

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  2. C'est un tour de passe-passe langagier pour nous préparer l'avancée terminale de l'économie.

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  3. Surtout que "avancé en âge", ça a comme un relent de pourriture assez dégoûtant. Ne dit-on pas d'une viande qu'elle est un peu avancée avant de la jeter aux chiens ? Les fruits qu'on dit avancés sont toujours trop avancés pour faire des confitures.
    Un bon vin est vieilli en fût de chêne. Vieux livres, vieux pommiers, vieux paysages, vieilles pierres, c'est du bon tout ça. Dire d'un vieux, d'un ancien, qu'il est avancé en âge, c'est à peu près ce qu'on pouvait trouver de pire.

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    1. Oui mais "Vieux" est devenu une insulte…
      pas assez conforme à l'idée du "changement" qui nous est servi comme plat du jour à chaque élection.

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    2. Tiens, le Nouvel Obs dit tout keskondit, même pire. (avec menace fasciste inside)

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    3. Le nouvel Obs est en train de gravement viré à droite… (je ne sais si c'est comme ç a qu'il faut le dire)

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    4. Oui c'est bien comme ça qu'il faut le dire mais certainement pas l'écrire.

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    5. Le Nouvel-Obs, c'est un magazine de pêche?

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  4. Il parait même qu'il ne faut plus "tomber" amoureux, il faudrait plutôt "monter". Il est vrai que l'un et l'autre peuvent aller de paire. Mais "monter amoureux" me fait penser à Saint-Denis, la rue.

    Et il ne faudra plus non plus "tomber" enceinte. Estimons-nous heureux, elle n'a pas encore pensé à "avorter", qui vous a un petit relent d'aiguille à tricoter auquel il faudrait mettre bon ordre avec une expression bien sentie.

    Avec tout ça je ne sais plus comment faire pour avoir des enfants moi.

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    1. Elle m'a rappelé ce cher vieux Clémenceau : " Le meilleur moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier ".

      Mais quelque chose me dit que j'ai tout faux.

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  5. Au temps pas si lointain où j'étais PD (Professeur Documentaliste), il m'arrivait de m'endormir au CDI. Et de m'y réveiller...

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  6. Il y a un bon moment déjà qu'on ne meurt plus !
    On nous quitte. Ou on part…

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    1. on dit aussi : " il est décédé ".

      Je suis sûr que cela fait plaisir à notre hôte.

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  7. "l'inconséquente baderne"

    ça c'est bien, le reste est à chier.

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    1. Le prétexte était bien mince pour venir "commenter" ici ! Le commentaire a de l'envergure.

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  10. Didier, vous êtes le prince du verbe, le roi de la formule, l'empereur du bon mot.
    Si, si.
    Je lance officiellement la souscription pour vous ériger une statue (en plâtre, faut pas déconner non plus).

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  12. Tiens ! Gauche de Combat a fait un billet sur le même sujet. Honte sur Didier Goux.

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    1. Et le lien vers chez GdC, c'est moi qui m'en occupe, du lien vers chez GdC ?

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    2. Désolé, je n'ai pas accès à son blog du bureau (ce qui m'attriste, je ne peux plus commenter bêtement chez lui). J'ai pu lire son billet dans mon agrégateur de flux.

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  15. Pour ce qui est de la novlangue, nous rejoignons nos cousins canadiens. Ils ne disent plus troisième âge, trop connoté. Ils préfèrent "âge d'or", ça fait tout de suite plus précieux.

    Quand je pense que le foyer du troisième âge à Vincennes s'est appelé "foyer des vieux" jusqu'en 1975, je regrette de plus en plus de ne pas être né plus tôt. A une époque où on appelait un chat, un chat et une bite...

    Quelle époque misérable où l'on vide les mots de leur sens, parce que cela pourrait choquer quelques précieuses ridicules. Ridicule dont on regrette amèrement qu'il ne tue plus.

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  16. Ah, au lieu de prendre notre main dans la gueule, ce qui ne serait en effet pas juste, puisqu'il y a peu de chance qu'elle fasse l'effort de la prendre, nous dirons qu'elle va recevoir notre main dans la gueule, c'est fou comme changer quelques termes redonne un peu de couleurs au Français.

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  17. Cieux miséricordieux ! Qu'est-ce qui est arrivé dans les commentaires de ce billet ? Vision de désolation !

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  18. Mourir, cela n´est rien
    Mourir, la belle affaire!
    Mais vieillir… Oh! vieillir

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    1. En même temps, vieillir ça aide sans doute à mieux accepter la mort.

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    2. Tous les jours vont à la mort : le dernier y arrive.

      Montaigne

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    3. Mourir, c'est partir un peu.

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  19. Six commentaires supprimés. Auriez- vous peur des mots?

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  20. Toujours de Brel,

    Parole de Les Vieux:
    Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
    Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux
    Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan
    Que l'on vive à Paris on vit tous en province quand on vit trop longtemps
    Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier
    Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leur perlent aux paupières
    Et s'ils tremblent un peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent
    Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit : je vous attends

    Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés
    Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter
    Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit
    Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit
    Et s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide
    C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide
    Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent
    Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, et puis qui les attend

    Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps
    Ils se tiennent par la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
    Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
    Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer
    Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin
    Traverser le présent en s'excusant déjà de n'être pas plus loin
    Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent
    Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui leur dit : je t'attends
    Qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non et puis qui nous attend

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  21. Cela n'a rien à voir mais je me permet de signaler le billet de Georges "Eyes wide shut", qui est fort drôle…

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    1. Si, si ! Son billet est en plein dans cette question angoissante de "l'avancée en âge". Il faut aller le lire (il faut toujours lire Georges) puis revenir ici pour lire la génèse que je propose à ce texte. Le mieux serait d'avoir la photographie sous les yeux.

      Dans un premier temps Georges voit le joli profil de la dame, les yeux plissés par l’attention (ils assistent à une démonstration d’une poêlle anti-adhésive), puis Georges, que la sève n'a pas encore délaissé, voit le rival potentiel au premier plan ; qui pourrait n’être, au fond, qu’un frère, un cousin. Comment expliquer autrement la distance qui les sépare en ce moment d'intense tension ? Mais non ils n’ont pas le même tranchant dans le profil, ni rival ni proche donc. Mais le voisinage spatial et putativement familial a distillé son poison ; le col roulé de l'ex-rival fait pièce a l’important foulard de l'objet convoité surmonté d’un chech avec des légumes (ou d’autres symboles de soumission) en cuir cousus dessus : le « code vestimentaire bobo ». Georges lui-même porte la barbe et a l’air d’un baba… il se voit immédiatement dans la photographie, mais il comprend vite que si il était assis à côté de la fille, la légende implicite serait : continuité/rupture : un vieux baba s’apprête à acheter une poêlle antiadhésive à sa fille bobo. On supposerait accessoirement que ladite poêlle bénéficie d’un bilan carbone irréprochable, qu’elle n’utilise pas de matières grasses voire qu’elle dispense de cuisson. Eh bien non ! Georges lui ce qu’il voit c’est « qu'ils sont en quelque sorte ignifugés, imperméables au réel, insensibles aux leçons de l'histoire et de la géographie. ». La seule chose que Georges voit désormais, c’est qu’il ne peut plus entrer dans une photographie autrement que sous les traits d’un vieux baba et qu’il s’agit là, pour lui, d’une impossibilité radicale qu’il décrit ainsi : « Ils (les clients des poêlles à frire) sont des êtres chimiquement purs, des êtres réellement nouveaux, qui nous ressemblent, certes, mais qui sont radicalement et définitivement différents de nous. ». Relisez à nouveau ce texte qui est bien en lien direct avec « l’avancée en âge » dont on mesurera mieux les ravages. Seule la dédicace mérite le silence, malgré son impudeur.

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    2. Sacrebleu, Leon tu me plais de plus en plus ...

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    3. Bien vu de la part de Léon.
      L'image de Georges provient je crois du site d'Ali Devine.
      Et c'est bien un spectacle pour bobos que nos deux caricatures admirent.

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    4. Merci pour la référence au site d'Ali Devine. La photographie en meilleure résolution me conduit à modifier fondamentalement la génèse proposée : il n'y a point de chech, c'est la chevelure elle-même qui en tient lieu. C'est dire à quel point l'idéologie mise au jour par Georges a été incorporée dans ces êtres chimiquement purs.

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  22. L'expérience ultime de la pertinence du texte de Georges consiste à regarder les photographies des autres participants à cette vente au déballé de poêlles à frire, en relisant soigneusement le texte. Eh bien, c'est confondant d'exactitude, en particulier avec celle des trois "garçons", mais peut-on encore discriminer par le sexe des individus qui ont atteint un tel degré de pureté ?

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  23. Tenez , pour compléter la liste.
    Certaines sont pas mal, je trouve.

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    1. Très bonne liste. Et finalement, peut-être que le gouvernement est déjà entrain de plancher sur le sujet.
      Car ils sans le montrer, le ps joue sans cesse avec les mots. Tantôt rend une expression plus complexe, plus technique ("vieillir" par exemple), et d'un autre côté vulgarisent, reprennent des éléments du quotidien; s'en servant même très bien: le tweet par exemple.
      Non, vraiment en communication, ce sont les rois! Pour le contenu on repassera, mais ils sont habiles dans l'exercice.
      L'autre jour à l'assemblée, les degôches parlaient du "coppé comedy club"!! Et bien ça y est, on y est... Je ne dis pas ça pour Coppé, ça m'est égal que ce soit la cible directe. Mais la comparaison de la droite au comédy club, ne sentez-vous pas à la fois le mépris pour la droite, et aussi pour le comédy club? Ils sont forts pour vous bichonner à gauche, et vous niquer en catimini. Des gens de toute bonne foi..
      Le mélange des genres, la désacralisation du pouvoir, on est en plein dedans! D'ailleurs j'ai lu que mr Hollande veut que le président de la grosse raie publique puisse être entendu comme témoin lors d'un procès. Quelle merveilleuse idée.. Surtout quand on voit de quelle manière on s'arrange avec la présomption d'innocence, il y a pas mieux pour que le chef soit perçu comme un guignol;;

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