Le franc avait, entre beaucoup d'autres, cet avantage de cacher sous le muscle lingual les merdes au chat langagières. Il en va différemment depuis que l'euro a disposé autour de nous, comme mines dans un champ, les pièges phonétiques de sa voyelle initiale. Ainsi, la boulangère de Levallois, qui, avant, vous réclamait benoitement deux francs vingt – si vous désiriez acquérir deux baguettes “tradition” – ou huit francs – si vous veniez d'opter pour un sandwich au saucisson et un autre garni de thon et de crudités, cette brave femme vous demandera désormais deux heuros vingt ou huit heuros, avec les h franchement aspirés. Je peux à la rigueur comprendre l'abandon de l'antique liaison dans le cas de la première somme, dans la mesure ou “deux” se prononce effectivement deu. Mais le cas de “huit” m'est plus mystérieux puisque, pour parvenir à s'extraire de la glotte ce “huit heuros” malsonnant, il faut d'abord avoir été capable d'arracher son t à huit pour le transformer en hui ; ce que bien sûr ma boulangère ne songerait nullement à faire si d'aventure elle devait prononcer seul le chiffre en question. Faut-il, alors, voir chez cette femme, par ailleurs assez placide, une volonté délibérée et farouche d'extirper la moindre liaison de son parler, comme on le ferait de son environnement immédiat pour un ennemi personnel et farouche ?
Le plus étrange est que la petite mitronne qui l'aide au moment du “coup de feu” de midi, érigeant sans doute son employeuse en intangible modèle, s'est mise à faire exactement la même chose et à farcir de h aspirés toutes les sommes qui s'approchent par trop de son tiroir caisse. Heureusement, pendant ce temps, la qualité des sandwichs reste stable.
ben , vous avez du bol
RépondreSupprimerpasqu'ici , les sandouiches, c'est pas le bonheur
Oui, enfin, je ne suis pas très exigeant non plus, hein !
Supprimerhuit heuros, nom de Dieu, cela fait : 8 x 6,5 = 52 francs le sandwich.
RépondreSupprimerIl est au foi gras et caviar car si ce n'est pas le cas, changer de boulangerie car c'est un sacré coup de hache qu'elle vous met.
Pour la lettre H aspirée, ça vaut bien les liaisons comme "teuros',"neuros"zeuros" etc...
Mais lisez correctement, bon sang de bois ! C'est huit heuros pour DEUX sandwichs !
SupprimerCela fait quand même 32 francs mais je reconnais mes torts
Supprimerfranc, mais que je suis mauvais, cela doit être la pluie sur Paris
Supprimer26 balles quand même, Didier. Quant aux sandwichs, préféreriez-vous en avoir pour huit zeuros ?
SupprimerJ'ai déjà entendu, bien sûr, le huit z'euros. Mais il se trouve qu'à la boulangerie de Levallois on s'est spécialisé dans le h aspiré…
SupprimerC'est justement le h qui augmente le prix du sandwich..
SupprimerMais arrêtez de bouffer des merdes !
RépondreSupprimerJe suis un anar de droite, je bouffe ce que je veux !
SupprimerVous êtes trop charitable avec "deux 'euros", tout aussi loufoque que "deux 'amis" sans liaison. Le fait de ne pas prononcer la consonne finale dans "deux" isolé n'est en rien une justification. Suivez votre heureux penchant, et anathématisez cette absurde boulangère, qui ne vous vendrait jamais "deux 'éclairs" sans liaison. Ni la fleuriste "deux 'œillets". Ni le diplomate ne proférerait "deux 'euphémismes". Et celui qui vous parle ne fait guère de liaisons optionnelles. Mais les obligatoires, ça se respecte !
RépondreSupprimerNous sommes évidemment d'accord. Mais, tout en étant aussi fautive que l'autre, reconnaissez avec moi que l'absence de liaison s'explique mieux avec deux qu'avec huit.
SupprimerC'est à ces petits détails alacon qu'on reconnaît les bonnes boulangeries.
RépondreSupprimerEvidemment, les étrangers ne peuvent pas comprendre.
J aime bien ma boulangere ...malgré les prix!!! Dites j ai trouvé par hasard un site ou une femme, ecrit ainsi : " agentEs" j ai pensé a mme mime!!!
RépondreSupprimerEn plus ils ont l air bien atteints!! Le nom c "les aza " . Allez donc voir !
Et que disiez-vous pour désigner 5 Francs autrefois ? Cink francs ou cin francs ?
RépondreSupprimerMoi je disais cinq dollar, alors…
RépondreSupprimerLe pauvre Didier mange des sandwiches quand j’ai la flemme de faire des bentos. Et là, j’ai trop chaud, même pour éplucher une petite salade.
Et le lien pour ceux qui ne connaitraient pas mes bentos http://catherineirrempe.blogspot.fr/search/label/Bento
Des bentos ? Mais c'est un truc d'étrangers, ça ! Vous êtes la honte du réactionnariat !
SupprimerEt bien moi, Catherine, c'est maintenant que je dis "five dollars" avec un accent de premier ordre, mais ça ne vaut pas grand chose où j'habite, à peine 50 centimes d'euro. Pour les bentos vous m'avez convaincu. Dimanche je vais essayer le modèle "moules marinées dans du citron, de la sauce soja et du gingembre, une feuille de salade et un demi gambas".
SupprimerBar, ah mais je disais bel et bien "cinq dollar", avec un bel accent québécois ! Je suis bien contente que vous vous lanciez dans les bentos, c’est vraiment délicieux.
SupprimerMat, étranger peut-être, mais d’un peuple civilisé !
Donc, si je comprends bien, un bento, c'est une assiette carrée et noire avec des trucs dedans ?
RépondreSupprimerC’est la gamelle d’ouvrier modernisée et « japonisée ».
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