mardi 27 août 2013

La daube française conserve sa fraîcheur


Il y a un moment, après avoir pris connaissance, entre les pages du magazine idoine, des films que nous proposaient pour ce soir les diverses chaînes mises à notre disposition, Catherine a, comme elle le fait presque chaque jour, poussé un long soupir de désespérance. Puis elle a dit : « C'est terrible, j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus plus de films français… » Je lui ai alors expliqué qu'il s'agissait là, très probablement, d'une simple illusion d'optique, provoquée par le fait que, si nous visionnons très volontiers des œuvres américaines, britanniques, italiennes à l'occasion, japonaises, coréennes, voire espagnoles ou russes, nous fuyions comme la vérole les pellicules hexagonales, à moins qu'elles n'affichent leurs cinquante ans de cave. « Si bien que, ai-je conclu (parce qu'enfin, on n'allait pas non plus passer la journée là-dessus, d'autant que la pluie s'était mise à tomber dru et qu'il s'agissait d'aller dépendre le linge), la télévision reprogrammant toujours les mêmes films sans désemparer, les productions étrangères, le plus souvent déjà vues lors d'un précédent passage, prennent des allures de réchauffé et que notre œil ne les remarque même plus lorsqu'elles reviennent en plat du jour ; tandis que la daube française, religieusement ingoûtée, conserve toute sa fraîcheur. » Elle m'a alors lancé un long regard crépitant d'une admiration difficilement contenue.

12 commentaires:

  1. Comment savoir que ce n'est pas bon sans avoir gouté ?

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    1. Disons que lorsqu'un plat vous a donné une fois des hauts-le-cœur, deux fois, trois fois, vous êtes fondé à penser que vous n'êtes pas fait pour lui et à vous tenir éloigné de ses fumets.

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  2. "Elle m'a alors lancé un long regard crépitant d'une admiration difficilement contenue."

    Et vous avez eu droit à une gaterie ?

    En tout bien, tout honneur évidement....

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  3. Qu'ouïe-je ? Vous maugréâtes sur la pellicule française !
    Le cinéma français est "Intouchable", Monsieur, hautement subventionné, et assez petit-bourgeois.
    De façon générale, le cinéma est un art mineur, un peu comme la bande dessinée.
    Voilà voilà.

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    1. Intouchable ! Samedi dernier, j'ai passé un long moment, déjeunant avec des amis, à chercher le nom de ce film : nous étions au moins deux à l'avoir sur le bout de la langue et il n'est jamais sorti !

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  4. Robert Marchenoir27 août 2013 à 18:00

    Mais quel horrible multiculturalisme cinématographique. Tant d'ouverture à l'Autre, ça me révulse.

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  5. Pour commencer, cette photo pleine d'affreuses tomates est répugnante...
    et j'en connais qui feraient mieux de lire Lysander Spooner plutôt que regarder la "télévision".

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    1. Eh bien figurez-vous, mauvaise langue que vous êtes (langue sale, dirait un Québécois…) que je suis dedans depuis hier, en alternance avec Pastoureau.

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    2. N'est-ce pas plutôt le téléviseur, que l'on regarde ? Ce billet, quant à lui, me laisse dans un abîme de perplexité : me voilà bien incapable d'avoir un avis ! Car si "la daube française, religieusement ingoûtée, conserve toute sa fraîcheur", on peut en dire autant de quelque blockbuster américain ou des menus d'insectes (on me dit dans l'oreillette que c'est plein de protéines et que ça fait fureur) exotiques.

      Amicalement.
      Al.

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  6. De toute façon dès que c'est français et récemment produit, je fuis.

    Pourtant le plat en photo est appétissant avec une bonne bière.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.