mercredi 7 octobre 2015

Désynchronopost


Petit pas de deux assez ridicule avec mes différents livreurs de livres (pas pu faire autrement, désolé…). Ce matin, un mail de Chronopost m'annonçant que mon colis… (là, une interminable suite de lettres et de chiffres alternés au petit bonheur) … me serait livré entre 9 h 35 et 11 h 05. La précision me laisse tout bloblotant d'admiration, évidemment. Le service public est tout de même une grande et belle chose.

À trois heures de l'après-midi, comme aucune camionnette ne s'était arrêtée devant le portail, je me suis décidé à tondre le jardin ; bien m'en a pris : à peine avais-je fini de ratiboiser le dernier carré que l'ondée cheyait. (Je sais que le verbe “choir” n'admet pas d'imparfait de l'indicatif, mais il me plaît, à moi, de lui en donner un ; au moins pour ce soir.).

L'âme apaisée et les muscles endoloris, je reviens devant cet ordinateur, et c'est alors que le téléphone sonne : message enregistré de Chronopost m'informant que son livreur n'a pas été en mesure de me remettre mon colis ce matin, comme il avait l'ardente obligation – et sans doute le violent désir – de le faire (tu parles : ni Catherine ni moi n'avons bougé d'ici, et Bergotte aboie comme une damnée dès que quelque véhicule s'arrête devant chez nous, ou seulement fait mine), que je dois me rendre sur chronopost point effère, y entrer un code long comme le bras, puis un mot de passe à six chiffres, afin de convenir d'un nouveau rendez-vous. Je fixe celui-ci à demain, en maugréant car, la biographie de Delon que j'attendais aujourd'hui, je comptais travailler dessus demain midi, durant l'heure et demie que je vais très probablement passer dans la salle d'attente du gastro-entérologue lovérien qui m'a donné rendez-vous il y a trois semaines.

Sur ce, je regagne le salon afin d'y poursuivre ma lecture des Jeunes Filles de Montherlant (terminées ce soir, juste avant le dîner). Aboi de Bergotte, déboîtement des cervicales chez votre serviteur en direction du portail : une camionnette blanche est garée devant. J'y cours, frétillant, et reçoit des mains du livreur, arrondi et de taille modeste, un paquet Amazon. Je m'étonne de le voir déjà, vu que je viens de prendre rendez-vous pour demain suite au pataquès de ce matin. Il m'informe alors que non, lui, il “est” UPS, et que mon rendez-vous manqué ce devait être avec Chronopost, parce que « Chronopost c'est vraiment de la merde ! » Là-dessus, il ajoute que je pourrais peut-être voir la concurrence arriver plus tôt que prévu, mais que je ne dois pas trop compter dessus tout de même : « Je viens de le croiser à Pacy, le gars de Chronopost. C'est un black, il a l'air de planer à quinze mille… » On se quitte bons amis, unis par une complicité goguenarde.

L'histoire se termine bien puisque, dans le colis acheminé par UPS, se trouvait la biographie delonienne, que je pourrai donc emporter demain à Louviers. Quant au paquet chronoposté, nul ne sait quand il arrivera, ni même ce qu'il contient.

18 commentaires:

  1. Attention Didier ! La phrase « C'est un black, il a l'air de planer à quinze mille… », pleine de sous-entendus qu'il vaut mieux ne pas savoir, pourrait vous attirer des ennuis.

    Alain

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    1. Ah ? ça y est ? le mot "black" est lui aussi interdit ? On ne me dit jamais rien, à moi…

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    2. Bonjour Monsieur Goux
      Quand je ne sais pas comment on dit en "politiquement correct" je vais voir ce site bien utile (mais que vous connaissez, peut-être, déjà) :
      https://bizarrex.wordpress.com/2012/07/08/dictionnaire-du-politiquement-correct-pour-les-nuls/

      Parce que nous baignons en plein dans la "novlangue" prédite par Geoge Orwell...

      A part ça j'aime beaucoup votre expression "bloblotant d'admiration", expression que je vais, sans aucune vergogne, vous voler pour en faire un usage immodéré.

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    3. Didier, ne vous en faites pas, en anglais tout passe...

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  2. Cette histoire me fait penser, Dieu sait pourquoi, peut-être est-ce ce qu'il est convenu d'appeler "l'esprit d'escalier", que j'ai vu ce soir une publicité à la télévision expliquant par A + B , qu'on pouvait garder son numéro de téléphone si on changeait d'opérateur, et même si on déménageait, à condition de rester dans la même zone géographique. Or il a fallu que je me rende à l'évidence que le cinquième étage de mon immeuble n'est pas situé dans la même zone géographique que le quatrième, puisque étant passée du quatrième au cinquième, je n'ai pas pu garder le même numéro, en dépit de toutes les démarches que j'ai entreprises où Free me disait que cela dépendait du bon vouloir d'Orange, et où Orange me certifiait qu'il n'avait rien à y avoir, et que c'était de la compétence de Free.

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    1. Passer du quatrième au cinquième étage du même immeuble, c'est en effet avoir, littéralement, l'esprit de l'escalier.

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    2. Voilà bien la preuve que, contrairement à ce que prétendent les déclinistes, l'ascenseur social fonctionne encore.

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    3. Officiellement si il n'y a pas d'ascenseur le facteur n'est pas obligé de monter.
      Je crois que c'est à partir du sixième mais pour les services postaux, pour les sociétés privées,je ne sais pas.

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  3. Que voulez-vous… les obligations mondaines…

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  4. Grâce à vous,je viens d'apprendre que le verbe "choir" ne se conjuguait pas au passé.
    Pour les colis, même soucis pourtant je suis en plein Paris et le bel ascenseur qui se trouve dans le hall fonctionne parfaitement.
    Le livreur est peut être claustrophobe.
    Du temps où le service était sous la responsabilité des fainéants de fonctionnaires, le service fonctionnait mieux.

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    1. Au passé, si (la pluie a chu), mais pas à l'imparfait.

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  5. Ne dites pas du mal de la poste au moment où elle innove, justement en matière de colis :

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/10/07/quand-la-poste-expedie-des-colis-depuis-votre-boite-aux-lettres_4784543_3234.html

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    1. La Poste pourrait commencer par refaire ce qu'elle faisait tout naturellement avant, à savoir transporter une simple lettre de n'importe où à n'importe où en France en 24 heures, et non en trois, quatre, cinq jours, comme c'est désormais le cas une fois sur deux. Elle pourrait aussi mettre fin, pour les colis, à ses tarifs ridiculement prohibitifs.

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    2. Si vous virez gauchiste, maintenant...

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    3. Disparition des trains postaux ( courrier trie dans le train), des services de nuit dans les centres de tri ( lettre verte) et cela malgré la mécanisation du tri.
      Par contre le facteur viendra chez vous donner des feuilles de sondage.

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  6. Ne critiquez pas les noirs ou la Poste, ça va me retomber dessus.

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  7. J'ai vécu exactement la même expérience avec Chronopost, plusieurs fois. Livreur qui ne prend même pas la peine de sonner à la porte (vous le savez, puisque vous êtes là) et vous fourre direct dans la boite aux lettres un petit papier vous enjoignant d'aller chercher votre colis à 40 bornes de là, ou au mieux au bureau de poste du coin. En revanche UPS toujours impeccable. Alors oui, Chronopost c'est de la merde, et dans un monde juste Chronopost devrait faire faillite, et fissa.

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    1. Chronopost est une filiale privée de la Poste, les employés sont payés au lance-pierre ce qui ne les excuse pas.
      Là où je suis, certains employés ne restent que deux mois. D'autres se comportent correctement jusqu'à l'obtention du CDI et ensuite viennent selon leurs humeurs.
      Les saints dikats les défendent surtout celui de Besancenot.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.