vendredi 7 mai 2021

Bodyguard aussi (yapadréson…)

Depuis qu'il est devenu un éminent netflicard, Nicolas nous gratifie de billets parlant des séries qu'il enfourne tel un goinfre compulsif (et en V.F., ce qui est un péché quasi mortel, mais bon). Tout récemment, il en a pondu un sur une série anglaise intitulée Bodyguard.

Voilà des mois, nous avions, Catherine et moi, commencé à regardER cette chose, que nous avions abandonnée au seuil du deuxième épisode. Nous avons donc, subissant l'influence délétère de l'ogre du Kremlin, décidé de repiquer au truc et, cette fois, nous avons avalé les six parties de l'œuvre…

… À mon corps et mon esprit défendant ! Toute britannique qu'elle soit, Bodyguard est presque aussi ratée qu'une série française de modèle courant : scénario à la fois embrouillé et ennuyeux, rythme à peu près inexistant, acteurs approximatifs – notamment celui qui campe le personnage central de l'histoire, un transfuge de Game of Thrones et d'une série consacrée aux Médicis, pas terrible elle non plus malgré la présence de Dustin Hoffman.

Mais tout cela est compensé par un respect scrupuleux, tatillon même, du politiquement correct le plus exigeant. (Je pense d'ailleurs que l'expression n'est plus adaptée : il me semble qu'on devrait plutôt parler, désormais, de “politiquement forcé” ou de “politiquement contraint”. Passons.) Ayant rapidement cessé de suivre les piteux méandres d'une histoire sans intérêt, j'ai commencé à m'intéresser aux à-côtés. Et j'ai alors appris des choses que j'ignorais totalement.

Par exemple que, si l'on en croit ce que nous montrent les réalisateurs, la police anglaise est désormais composée à 50 % au moins de femmes, y compris les unités d'intervention armée – genre BAC ou GIGN – ce qui est bien sûr hautement crédible. Bref : une parité impeccable.

D'autre part, il apparaît, toujours si l'on se base sur ce qu'on voit, que la société anglaise comprend aujourd'hui environ 50% de noirs et d'Indiens, plus quelques Extrêmes-Orientaux pour faire bonne mesure. Et c'est un “dosage” qui est strictement respecté, y compris parmi les figurants les plus fugitifs (scènes de rue, passage dans une salle d'attente d'hôpital, etc. : à chaque fois, on est sûr de voir une moitié d'individus négro-indiens et une moitié de femmes – certains figurants ayant évidemment la chance de cumuler ces avantages).

L'affaire se retourne un peu contre les scénaristes. Car lorsqu'ils essaient de nous faire croire que tel assistant de LA ministre est bel et bien le méchant poseur de bombes, le téléspectateur avachi et plus ou moins somnolent n'y croit pas une seconde. Pourquoi ? Parce que ce personnage est joué par un acteur indien ! Or, le politiquement contraint exige que les méchants, les tordus, les traîtres, etc. soient des Anglais de souche, des blancs. Ce qui, bien entendu, se vérifiera dans le dernier épisode.

Finalement, je ne regrette pas d'avoir regardé Bodyguard : on se divertit comme on peut.

35 commentaires:

  1. C'est une excellente remarque que de dire que le politiquement forcé remplace le politiquement correct.

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  2. C'est quoi, un "Anglais de souche": un Angle, un Saxon, un Frison, un Normand ? Et Picts et les Scots, aussi? Ou bien tout simplement un Blanc, fût-il immigré d'Espagne depuis 15 jours ? Et un Juif descendant d'une famille implantée en Angleterre depuis bien avant l'arrivée de Guillaume le Conquérant est-il un Anglais de souche ? Et Sa Gracieuse Majesté Elisabeth II, d' origine germanique assez récente ?

    Les souches et le jardinage, c"est compliqué...

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    1. (suite) et n'oublions pas le peut-être futur roi d'Angleterre Charles ( si Dieu lui prête vie...), fils d'un naturalisé anglais ( Philipe devenu duc d'Edimourg, ayant dû abandonner sa nationalité de prince de Corfou et sa religion grecque orthodoxe pour devenir anglican).

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  3. Z'êtes un peu compliqué. Depuis le début ou presque, on sait qu'il y a un gros bordel (disons une lutte d'influence) au sein de la hiérarchie des services de sécurité rosbifs. Vous ne voudriez pas, non plus, que le chef de la police soit un musulmans pure souche ?

    En outre, c'est bien une gonzesse la coupable ce qui prouve que cette série n'est pas égalitariste, d'une part, et que les bonnes femmes sont incapables de diriger sans foutre la merde, d'autre part, ce qui devrait vous plaire.

    Quant à la fabricante de bombe, je crois me souvenir qu'il s'agit d'une envoilée bien bronzée..

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    1. La gonzesse, la "cheffe" du héros, n'est qu'un second couteau. Les vrais méchants sont bien des hommes (le chef de la Sécurité et le ministre par intérim).

      Quant à la fabricante de bombe, il fallait tout de même respecter un minimum de crédibilité. Mais on sent que ç'a dû leur être très pénible, aux auteurs, de "stigmatiser" ainsi la merveilleuse religion musulmane. Et on se dit que s'ils avaient pu la remplacer par une "catho tradi" sans faire éclater de rire tout le monde, ils l'auraient fait avec empressement.

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    2. Et puis, j'aurais aussi pu vous rétorquer que, en impeccables "politiquemernt contraints" qu'ils sont, les auteurs ont eu à cœur de respecter leur parité fantôme jusque chez les méchants : deux hommes + deux femmes dont une racisée.

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    3. Il manque donc un homme racisé ce qui est une abominable discrimination.

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    4. Un scénariste d'extrême droite masqué avait dû réussir à se glisser dans le staff…

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  4. C'est affligeant en effet : "commencé à regardé", à regardER, infinitif voyons ! Y'a du relâchement ces temps-ci...

    Je suis tombée sinon récemment sur quelques pages d'une interview du comédien Alec Guinness dans un Paris Match de la fin des années 80. Pas inintéressant. À propos de l'Angleterre, à la question posée dont je n'ai plus le souvenir, il répondait, pas trop content : "Elle est surtout devenue plus sale et j'ai du mal à voir ce qui a changé en mieux !". Il remarquait que Hyde Park auparavant restait ouvert toute la nuit sans problème, tandis que maintenant... Et également : "Aujourd'hui il faut s'excuser de tout !" (= être un Européen, blanc, post-quinquagénaire, etc.). Tout était donc déjà bien en place et perceptible Outre-Manche il y a trente ans passés (pour info, Alec Guinness est mort en 2000). Nous sommes dans la continuité.

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    1. Un vrai suppôt de Hitler, votre comédien !

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    2. Tout en subtilité, il faut lire entre les lignes disons.

      Son nom ne vous dit plus rien ? (né en 1914), ses films ne doivent pas passer sur Netflic, à part "Stars War" j'imagine (jamais vu aucun), où il s'était engagé un peu par hasard et dont le succès monstre l'horripilait... Sa grande époque fut surtout l'après-guerre.

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    3. Mais si, bien sûr que je le connais ! Et pas seulement par La Guerre des étoiles, je vous assure.

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    4. Encore mieux , j’ai vu Aida et Amonasro en marionnette squelette avec les artistes lyriques qui leur donnaient leur voix, se fondant au mieux dans leurs ombres.

      « Lotte de Beer a choisi de s'intéresser à l'histoire « de cet opéra », relue avec « la pensée de l'Europe sur son passé colonial »...

      Extrait à voir sur YouTube
      https://m.youtube.com/watch?v=NxtDmSQOxG4

      Hélène

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  5. Nous sommes encore quelques uns à posséder les clés qui permettent de dénoncer ce genre d'imposture. Pas pour longtemps, car de nombreux jeunes amis avalent sans malice cette fausse vision du monde réel (le "faussel" selon Renaud Camus) et s'étonnent de ce qu'on fasse une remarque au sujet de ces "contraintes narratives". A propos de la présence, dans la série "L'Affaire Bridgerton" d'une souveraine anglaise métissée, d'aristocrates sombres de peau et de figurants plus Nigérians que Gallois, rien à dire parce que rien vu.
    Je propose que désormais on ajoute le N de netflix à GAFAM qui deviendra donc GAFAMN.
    Signez la pétition !

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    1. Votre interprétation est fausse : ignorez- vous donc que les classes privilégiées étaient les seules à pouvoir s'offrir quelques semaines de bronzage à St.Tropez?

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    2. Oui, les jeunes générations (jusqu'aux trentenaires mettons) n'y voient que du feu, formatés qu'elles sont depuis leur naissance : pour elles c'est la norme, elles n'ont rien connu d'autre, ne se rendent comptent de rien. Malléables au possible. C'est voulu.

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    3. J'ai beau chercher, je ne vois pas ce que Saint-Tropez vient foutre ici ! En tout cas, je ne vois pas le rapport avec ce que disait M. Cicéron…

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    4. Astuce vaseuse, pour démontrer que les bronzés, c'était l'élite sociale...En fait, simple anachronisme, puisque,jusqu'au XIX ème siècle, les paysannes travaillaient et étaient bronzées,et les dames de l'élite portaient une ombrelle, pour conserver une peau diaphane prouvant qu'elles n'avaient pas besoin de travailler.

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    5. Notons bien qu'Arié ne se prénomme plus Elie mais Elle... (il a fallu que je modifie les filtres pour virer automatiquement ses commentaires ce qui est fatigant).

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  6. A vous et à "l'ogre du kremlin" je conseille Wanted comme série. Un truc sur des gonzesses en Australie.
    Cette série m'a bien plu car les Aussies sont plus allumés que les rosbeefs. elle est pas si longue et assez dépaysante.

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    1. Il me semble bien avoir essayé le ou les premiers épisodes… et n'avoir pas insisté. Mais peut-être confonds-je avec autre chose ?

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    2. Je l'ai dans ma liste de courses.

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  7. Une autre lectrice8 mai 2021 à 17:41

    Je vais me permettre aussi de vous conseiller une excellente (à mon humble avis) série britannique, the Peaky Blinders.

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    1. Peaky Blinders est en effet une excellente série anglaise, au moins dans ses trois premières saisons : après, lorsque la famille Shelby se met à fréquenter la "Haute", il m'a semblé que ça devenait moins bon.

      Sinon, pour rester en Angleterre, et si on aime le fantastique plus ou moins "gothique", il ne faut surtout pas manquer les deux premières saisons (la troisième et dernière est à mon avis ratée) de Penny Dreadful.

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  8. Je ne comprends pas cet attachement aux séries,qui vous coincent plusieurs soirs de suite dans le même milieu, et dont,à vous lire les uns et les autres, les vraiment bonnes se comptent sur les doigts d'une main, et rarement pour tous les épisodes;c'est un vieux truc pour fidéliser le cochon de payant,découvert dès l'apparition de la presse et qui s'appelait le roman-feuilleton... qui n'étaient pas tous l'oeuvre d'un Eugène Sue ou d'un Ponson du Terrail !

    Alors que, quoi qu'on en dise, les bons films sont assez nombreux à la télé pour qu'on puisse les enregistrer et disposer en permanence d'un stock qu'on peut regarder quand on veut, comme des DVD, en choisissant à la dernière minute celui qui convient le mieux à l'état d'esprit du soir, rarement le même toute la semaine.

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    1. Mais savez-vous que rien ni personne ne nous oblige à regarder la même série plusieurs soirs de suite ?

      J'ajouterai que, depuis quelques années maintenant, les bonnes séries (HBO notamment) sont nettement plus nombreuses que les bons films – je parle des films récents bien entendu.

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    2. Peut-être pas plusieurs soirs de suite,mais vous regardez plusieurs épisodes de la même série ( sauf si le 1er est exceptionnellement mauvais),alors que vous regardez un film une seule soirée: c'est le seul but des séries.

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  9. En complément à mon remarquable commentaire sur séries vs. films que vous avez inexpliquablement squeezé: vu cette semaine sur Arte "Brève rencontre",de David Lean, d'après Noël Coward:1948 (j'avais déjà 10 ans),rarement autant le sentiment d'à quel point le monde a changé: pas un seul baiser,alors qu'il serait impossible aujourd'hui de refaire le même film sans plusieurs scènes de cul.

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  10. J'aime beaucoup vos billets bien sur, mais je viens aussi chez vous pour votre blog liste qui est pas mal du tout. Fredi M avait une bonne place dans votre liste mais je crois que depuis quelques jours son blog ne fonctionnait plus. Je l'ai retrouvé ici dans un blog tout neuf. https://chezfredim.blogspot.com/ Vous pouvez donc le réepingler sur la colonne de gauche si le coeur vous en dit.

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    1. Merci et si l'oncle Etienne passe par ici en descendant de sa colline, j'espère qu'il pourra faire de même.

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  11. J'ai regardé cette série quand elle est passée sur une chaine nationale. Je l'ai trouvé assez moyenne avec quelques longueurs mais je suis allé au bout tout de même. Pour continuer dans les 50% de cette série, les 3 premiers épisodes ont été réalisé par un français.

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