mardi 10 août 2021

Quand mon verre est plein…

Je fais absolument miens, et d'enthousiasme, ces deux quatrains de Raoul Ponchon (1848 – 1937), délicieux poète, prolifique et dipsomane :

 

Oh ! n'avoir jamais dans le dos

Un laquais m'offrant du bordeaux,

Surtout, je l'avoue sans vergogne,

Que je préfère le bourgogne.


Je veux la bouteille de vin

Toujours à portée de ma main. 

C'est moi seul qui dois être juge

Du rouge-bord que je m'adjuge.

 

Bien m'en souviens, c'était, hors la commande, la première volonté que j'exprimais au sommelier, à l'époque où Catherine et moi accordions volontiers notre pratique à certains restaurants hautement fréquentables : j'indiquais, assez fermement pour être obéi sans discussion, que je voulais à portée de main gauche le seau où fraîchissait le chablis ou le meursault que nous avions choisi, en précisant que j'entendais opérer moi-même le transvasement du  liquide doré de son flacon jusque dans nos verres, sans devoir attendre qu'un quelconque loufiat daignât s'approcher pour le faire ; c'était là, me semblait-il, un “geste barrière” indispensable pour prétendre à un repas réussi. Bien entendu, la consigne valait également pour la seconde bouteille.

Et, je m'en porte garant, onc ne bûmes de bordeaux lors de ces soirées-là.

14 commentaires:

  1. Ce Raoul Pochetron avait bon goût.

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    1. Et vous noterez que, bien qu'ayant picolé à peu près tous les jours de sa vie, il a tout de même frôlé les 90 piges et écrit, durant ce temps, davantage de vers que Hugo lui-même.

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  2. Moi, les trucs de pochetrons, ça me dégoute.

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  3. Oh ! je suis un timide enfant de chœur, à côté de Joseph R. !

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  4. Mais pourquoi votre main gauche? Ce n'est pas pratique, à moins que vous ne soyez gaucher.

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    1. Mais JE SUIS gaucher ! Prenez des notes, bon sang ! et faites-vous de petites révisions de temps en temps…

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  5. Un réac gaucher, ça n'existe pas.

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  6. Une autre, une autre !

    (...)

    La cave où mon vin est serré
    Est un vieux couvent effondré,
    Voûté comme une vieille église ;
    Quand j’y descends je marche droit,
    De mon vieux vin je bois un doigt,
    Un doigt, deux doigts… et je me grise ;
    A moi le mur ! et le pilier !
    Je ne trouve plus l’escalier.

    (Refrain) Bon Français, quand je vois mon verre
    Plein de son vin couleur de feu,
    Je songe, en remerciant Dieu,
    Qu’ils n’en ont pas dans l’Angleterre.

    Pierre Dupont, 1855.

    Ma Vigne sur wikisource

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    1. Ah mais non, j'ai raté mon lien intégré.

      Ma Vigne sur wikisource, là, ça devrait aller. Cela ira-t-il ?

      Certains auront peut-être reconnu dans ce refrain le quatrain que prononce Michel Simon dans La fin du jour de Julien Duvivier, au début de la séquence de la révolte des vieux.

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  7. « In vino veritas »
    Hélène

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  8. Merci pour ces quelques vers, hic !
    Rouge-bord, hic! connaissais pas, hic ! Et pour le blanc alors ? rien trouvé...
    hic !



    Bibi, hic !

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.