jeudi 13 octobre 2022

J'ai les mémoires qui flanchent…

 Une même question me revient chaque fois que je lis un livre du genre “mémoires” – en ce moment, par exemple, les Confessions de Rousseau : comment font-ils ? Comment font ces gens pour avoir gardé présents et ordonnés dans l'esprit autant de souvenirs, d'anecdotes, de pensées qu'ils ont eu trente ou quarante ans plus tôt, avec leur chronologie, leurs enchaînements, etc. Il me semble que si on me mettait devant une page blanche (qui d'ailleurs serait plutôt un clavier…) avec pour mission de rédiger les miens, de mémoires, on ne tirerait pas dix pages de moi. Et il ne faudrait pas s'attendre à découvrir une sorte de fleuve dans sa continuité et la logique de son cours : ce serait plutôt quelques ilots secs et lointainement parsemés sur une mer immense dans laquelle l'essentiel de mes jours resterait englouti.

Bien sûr, on peut supposer que, parmi ces mémorialistes, certains ont pu s'appuyer, le moment venu, sur la masse de documents qu'ils avaient pris soin de collecter et conserver durant leur vie, du journal qu'ils tenaient depuis leur plus jeune âge, etc. Mais ce n'est pas le cas de tous. 

Rousseau par exemple, au moins dans sa jeunesse, que je parcours à sa suite actuellement, a mené une vie assez itinérante, voyageant de Turin à Annecy, d'Annecy à Paris, puis à Lyon en passant par Genève ou Vevey, et ainsi de suite, se déplaçant presque toujours à pied et, donc, avec un très mince bagage : on ne le voit pas s'encombrer d'une masse de documents le concernant, année après année. Du reste, s'il avait eu cette habitude, ou s'il avait tenu un journal, il n'aurait sans doute pas manqué de nous le dire, précisément dans ces Confessions qu'il a écrites en son vieil âge. 

Enfin, bon : le mystère demeure entier pour moi, fait d'incompréhension mêlée d'une assez forte  et respectueuse admiration devant des cervelles si bien ordonnées.

95 commentaires:

  1. A pied ? Il devait être équipé chez Décathlon ou le vieux campeur !

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    1. Autre époque, mon cher ! Et puis, je crois savoir que Jean-Jacques Rousseau était très soucieux de son empreinte carbone…

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  2. Ce que vous nous décrivez, Parrain, se résume en un mot : le talent !

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    1. Non : mémoire et talent ne sont nullement substituables l'un à l'autre.

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  3. Ils tenaient peut-être un journal de blog ?

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  4. Personnellement, je pense être en mesure de reconstituer grosso-modo la chronologie de ma déjà un peu longue vie parce que celle-ci fut marquée par bien des changements de situation qui se sont enchaînés de manière assez logique, l'un entraînant l'autre. Cela dit, je ne me vois aucunement mettre sur le papier (ou un document Word) tout cela dans la mesure où je répugnerais à raconter certains épisodes peu glorieux et surtout que je doute que mes joies et mes peines intéressent un quelconque lectorat. Cette divergence d'avec Mme Ernaux compromet, j'en suis conscient, mes chances de jamais recevoir le prix Nobel de littérature.

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    1. Plusieurs points :

      1) reconstituer "grosso-modo" la chronologie de sa vie et la raconter dans le détail de ses péripéties de façon cohérente et suivie sont deux choses fort différentes ;

      2) Écrire ses mémoires n'implique pas forcément de TOUT raconter de sa vie.

      3) Ce n'est pas à l'auteur de décider si le récit de sa vie intéressa ou non, et qui : c'est une bouteille qu'on lance à la mer, rien d'autre.

      4) pour le prix que vous désespérez d'obtenir, attendez patiemment que ces cons de Suédois créent un Nobel du bricolage, ce qui ne devrait plus tarder.

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    2. Par grosso-modo, j'entens que je ne saurais dire exactement ce que je fis le 13 octobre 1973 mais que je dire où je me trouvais et ce qui me préoccupait.
      " c'est une bouteille qu'on lance à la mer, rien d'autre." bien entendu.
      Pour le Nobel, ayant vécu 72 ans sans l'obtenir, je pense pouvoir survivre sans.

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    3. Cela étant, on aimerait quand même bien savoir ce que vous foutiez, ce 13 octobre 1973 : il y en a marre, de ces cachotteries !

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    4. Puisque vous insistez, dans la soirée du 13 octobre 2013,comme tous les soirs à cette époque, je discutais à n'en plus finir le bout de gras avec Arthur Jarvis qui avec sa femme Shirley m'avaient recueilli à mon arrivée à Plaistow, (London E 13) faute d'un autre logement. Ce n'est qu'un an plus tard, à Paris, que j'ai compris pourquoi Arthur manquait d'empressement à rejoindre sa légitime et passait tant de temps en ma compagnie : il entretenait une relation avec une gamine de l'âge de sa fille (19 ans) qu'il me présenta alors, fier de lui. J'en fus un peu peiné pour Shirley que j'aimais bien aussi. Quand je lui demandai s'il était sur de ce qu'il faisait, il m'a répondu que oui... Je me souviendrai à tout jamais de cette dernière soirée car, ayant beaucoup causé comme d'habitude, n'y ayant plus de métos, je dus rejiondre le 2e à la porte de Saint-Cloud où j'avais garé ma voiture, à pied, sous une pluie battante dont me protégea partiellement un parapluie ramassé dans un caniveau vers Saint-Michel. A ces souvenirs mémorables, je pourrais attacher des dates précises, histoire de faire plus vrai mais cela n'ajouterait rien à leur poignante historicité...

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    5. Eh bien, vous voyez, quand vous voulez !

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  5. Cette question a été répondue et fait désormais autorité et c'est un concept qu' on ne peut remettre en question, le fameux Lejeune a répondu à cette question en pondant le concept de pacte autobiographique qui consiste à croire à 100% et sans remise en question tout ce qui écrit dans un livre dans le titre duquel il y aurait le mot mémoire...en gros, c'est ferme ta gueule et prends ce que j'écris pour argent comptant et si tel est n'est p

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  6. suite du précédent commentaire, envoyé par erreur...et donc si tel n'est pas le cas, c'est ferme ta gueule et tais-toi et de toute façon je m'en fous de ta remise en question 1/ parce que je suis mort et enterré depuis des années voire des siècles et 2/ c'est très mal poli d'interroger l'honnêteté des gens de lettres qui sont morts...Pour conclure, vous vous posez une question que vous n'avez pas le droit de vous poser car un certain Lejeune en a décidé ainsi et que tous les théoriciens de la littérature ont repris son concept...

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    1. Eh bien, vous direz à votre ami Lejeune que son "concept" ne tient pas la route. Simplement parce que, dans le cas de gens aussi célèbres que Rousseau, par exemple, nous disposons de nombreux moyens de vérifications de leurs dires – et aussi de leurs erreurs. Comme en témoignent par exemple les abondantes notes explicatives qui ornent Les Confessions dans la Pléiade.

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    2. vous aurez compris que Lejeune n'est évidemment pas mon ami et que si je me souviens de cette histoire, c'est que j'ai eu les confessions de l'ami Jean_Jacques au bac Français et qu'en l'étudiant donc j'avais posé cette question que vous vous posez, à savoir l'exactitude du récit (dans un même genre, quand je lis de la SF je me pose la question de la cohérence scientifique...bref) au professeur de Français qui m'avait donc opposé le fameux Lejeune et son pacte autobiographique...pour simplement dire, on ne remet en question les mémoires...évidemment que ça ne tient pas, qui pourrait prêter foi à un type comme BHL au funeste jour de la sortie de ces mémoires, ou encore pourrait-on remettre en cause l'autobiographie de Bernard Tapie ou de la dernière starlette de téléréalité...

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    3. Rassurez-vous, je ne vous soupçonnais nullement d'avoir pris ce cuistre au sérieux !

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  7. @Jacques Etienne: vous ne pourriez en aucun cas égaler les propos abjects et le nombrilisme d'Ernaux.
    Orage

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    1. Je partage entièrement votre avis quant à l'abjection de la vieille harpie nobélisée. Néanmoins, je crois qu'il faut faire l'effort (pénible dans ce cas, je le reconnais) de dissocier ses propos de ses livres.

      Sinon, on donne raison aux petits censeurs qui voudraient brûler les romans de Céline à cause de son antisémitisme, abattre les statues de Voltaire en raison de son "esclavagisme", etc.

      Heureusement, d'après le peu que j'ai pu en lire, les livres en question sont hautement dispensables, ce qui nous évite cette pénible dichotomie.

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    2. @Orage : Oh, vous savez, j'ai connu des moments plutôt sordides mais je ne saurais aucunement m'en fzire gloir ni les relater.

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  8. Explication à mon avis valable… mais très partielle.

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  9. Il emmenait une quantité de madeleines aux parfums différents (il avait une pâtisserie spécialisée), et n'oubliait jamais d'en grignoter un morceau à chaque instant qu'il pensait utile de se remémorer.
    C'est d'ailleurs pour cela qu'il voyageait a pied, afin de perdre les kilos qu'il emmagasinait.
    Toc toc badaboum ! Et voilà
    Hélène

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  10. Je preferre les confessions libidineuses de Colette à celles du fou Rousseau.
    Question de gout.
    Colette était sequestré par son Pygmalion de mari pour cracher sa copie. Quel salaud !

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    1. Méfiez-vous : si vous critiquez trop franchement la séquestration des femmes, vous risquez de passer pour un islamophobe vomi par les enfers !

      Du reste, je ne serais pas surpris que les féministes à la sauce Rousseau (Sandrine) viennent bientôt nous expliquer que la séquestration est source de libération, du moment qu'elle est librement choisie par les femmes elles-mêmes.

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    2. Colette, remontée comme un coucou genevois par sa mère, a divorcé du salaud, lui a intenté un procès, qu'elle gagna pour récupérer ses droits d'auteur.
      Tout est bien qui finit bien.
      En terre d'islam, l'histoire n'aurait pas aussi bien fini.
      Le Rabouilleur

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    3. on peut bien sûr proposer l'ami Jean-Jacques et son traité sur l'éducation l'Émile et sa vie lors de laquelle il a déposé ses enfants à l'assistance publique...mais il faut bien séparer l'homme et l'oeuvre....

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    4. Abandonner ses enfants m'a toujours paru être l'un des rares signes de bonne santé mentale de Rousseau.

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  11. « on pourrait dire aussi que sur leur disque dur personnel ne se gravait que l'essentiel »

    Eh bien, précisément, je pense que c'est faux. Pour la bonne raison qu'il est à peu près impossible, sur le moment où les choses se produisent, si elles seront essentielles ou contingentes, le temps s'écoulant.

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  12. Ce qui est étonnant, ce n'est pas qu'on se souvienne de tout, mais qu'on oublie certaines choses. Car il arrive parfois qu' un épisode très ancien et totalement oublié émerge brusquement à l'occasion d'une association d'idées ou d'autre chose ( nous revoilà dans la Madeleine de Proust !). Cela signifie donc qu'il était toujours présent dans notre cerveau : alors, comment se fait- il qu'il n'émerge pas aussitôt lorsqu'on voudrait s'en souvenir et qu'on le convoque ?

    Ceci étant, je me demande s'il est possible de se souvenir en permanence de tout( et qui, je me répète, est toujours présent dans notre erveau) sans devenir fou.

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    1. Pour toutes ces questions, voyez avec le Dr Sigmund…

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    2. Je ne crois pas que le refoulement explique tous les oublis possibles.
      ( Quant à la madeleine de Proust, c'est finalement un très mauvais exemple : le fait - que j'ignorais- qu'il avait envisagé d'autres comestibles, tels que " pain rassis", prouve qu' il s'agit d'une invention à des fins purement littéraires- mais très réussie, ce qui est l'essentiel).

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    3. Non, ça ne prouve rien de tel. Ce n'est pas parce que, d'une biscotte vous faites une madeleine au moment de raconter l'épisode, que l'événement n'a pas été pleinement et d'abord vécu.

      Quant au fameux "refoulement", c'est là un de ces joujoux freudiens qui permettent de tout expliquer… c'est-à-dire rien.

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  13. Imaginez un instant la rencontre de Sandrine et de Rousseau au détour d'une allée sombre :
    "J'allais chercher des allées sombres, des réduits cachés, où je pusse m'exposer de loin aux personnes du sexe dans l'état où j'aurais voulu être auprès d'elles. Ce qu'elles voyaient n'était pas l'objet obscène, je n'y songeais même pas; c'était l'objet ridicule. Le sot plaisir que j'avais de l'étaler à leurs yeux ne peut se décrire. Il n'y avait de là plus qu'un pas à faire pour sentir le traitement désiré, et je ne doute pas que quelque résolue ne m'en eût, en passant, donné l'amusement, si j'eusse eu l'audace d'attendre."
    Ursule

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    1. Et l'on verrait alors Sandrine s'occupant d'une main de fer dans un gant d'acier à déconstruire Jean-Jacques !

      (Déconstruction : terme poli pour désigner la castration pratiquée avec un couteau ébréché et rouillé.)

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  14. Mais non : il suffit de se lancer et tout revient, par morceaux, morceaux qu'on entasse, qu'on lisse, et hop, les mémoires sont écrits !
    Je réserve d'ores et déjà le premier tome.

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    1. Oui, je sais, c'est ce qu'on dit… mais j'ai bien du mal à y croire.

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  15. C'est bizarre que vous disiez ça, car depuis que je vous lis (2007 il me semble), je trouve que vous nous avez raconté pas mal de choses personnelles de votre passé, et j'imagine que vous avez évité d'évoquer tout un tas d'événements

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    1. Disons que je dois avoir, si on met ces textes-là bout à bout, de quoi remplir une petite centaine de pages : en 15 ans, c'est maigrichon…

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    2. Vous avez peut-être une mauvaise mémoire, tout bêtement, pour les anecdotes et une meilleure pour les livres ?

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    3. Ah, parlons-en, de ma mémoire des livres ! À côté d'elle, une passoire passerait pour un modèle d'étanchéité…

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  16. "Comment font-ils ?"

    Eh bien c'est simple : ils mentent !

    Ou bien, variante, ils "fabriquent" leur passé.

    Il y a également le phénomène connu en psychologie cognitive sous l'expression de "faux souvenirs" : une abondante littérature existe à ce sujet et une illustration parfaite se trouve dans le film d'animation "Valse avec Bachir".

    Extrait ici = https://transmettrelecinema.com/video/valse-avec-bachir/

    La sortie des mémoires de JMLP -deux tomes totalisant mille pages, pardon !- m'avait particulièrement amusée. Le Menhir y allait de ses innombrables anecdotes, se rappelant du moindre détail vestimentaire de son interlocuteur, le citant jusqu'à la virgule, le tout horodaté à la seconde... Quelle rigolade !

    Un seul exemple de la frime que constituent la et le mémoire : confrontez un vieil ami à un souvenir commun... Plus c'est ancien plus l'expérience est amusante. Les deux récits ont de fortes chances de n'avoir presque aucun point commun. Généralement seuls des enregistrements tiers et matériels peuvent trancher : écrits, photos, vidéos, conversations téléphoniques enregistrées, etc.

    Ce n'est pas pour rien que dans la police judiciaire tout, absolument tout est fouillé, retourné, vérifié : ADN, traces de pas, lumière noire, empreintes digitales, poils, morceaux de vêtements... tout plutôt que le pire élément de preuve, redouté par la profession car ne valant pas tripette : le témoignage humain !

    C'est d'ailleurs une source inépuisable de sketches utilisée dans de nombreux films. Suite à un braquage par exemple : "ils étaient deux", "non, trois", "il était grand, heu non, chauve, enfin noir... je vous ai dit qu'ils étaient deux ?!", etc.

    Très souvent on voit ce qui n'est pas là (illusions d'optiques, paréidolie) et on ne voit pas ce qui est là (le fameux "gorille invisible").

    Notre cerveau ne fonctionne pas du tout comme un disque dur : à chaque souvenir correspond une émotion d'où la madeleine de Proust mais aussi le trou noir comparable à un ictus amnésique en cas de secousses sensorielles.

    L'absence de sollicitation sensorielle, son contraire, produit le même effet : pas d'émotion donc pas d'enregistrement. Or la plupart d'une vie humaine n'a que peu d'intérêt d'où engloutissement général des informations.

    Je terminerai par la "règle des détails" en histoire et archéologie : "Plus il y a de détails, plus le récit est affabulateur".

    La véritable mémoire fonctionne exactement comme votre propre description c'est-à-dire un archipel épars d'îlots décharnés dans un océan d'oubli et d'imprécision avec, çà et là, quelques petits paradis tropicaux parfaitement conservés.

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    1. Oui, je me suis moi-même plus ou moins dit tout cela (mais en moins bien argumenté…). Le problème est que, dans le cas de quelqu'un comme Rousseau, sa vie est suffisamment connue pour qu'il soit possible de vérifier la véracité ou la fausseté des anecdotes et de leur enchaînement, comme le prouvent – ou semblent le prouver – les notes de bas de page rectifiant ses erreurs, lesquelles sont finalement assez peu nombreuses.
      Mais, évidemment, ces rectifications portent surtout sur la chronologie.

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    2. Autre phénomène troublant: l'absence quasi-totale de vrais souvenirs personnels ( la plupart sont des faux) de nos 3 premières années, comparée au nombre ahurissant de choses apprises et jamais oubliées pendant cette même période : 1 et parfois 2 langues dites " maternelles ", les noms des gens de notre entourage, les apprentissages physiques ( marche), etc.

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    3. Les choses "jamais oubliées" que vous citez ne le sont pas simplement parce qu'on continue à s'en servir.

      En gros, vous confondez souvenir et pratique, qui sont deux notions différentes.

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    4. Je n'en suis pas certain : une fois qu'on a appris ( pour certains, avec beaucoup de difficultés) à nager ou à monter à vélo, c'est acquis pour toujours, même si on reste 30 ans sans pratiquer ces 2 activités

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    5. J'ai eu tort d'évoquer dans le débat l'apprentissage des activités physiques ( marché, vélo, natation), qui mettent en jeu d'autres organes que le seul cerveau.
      Mais je crois que, même pour les activités purement cérébrales, c'est plus compliqué que ça. J'ai appris et parlé l'espagnol de 4 à 8 ans, ayant vécu en Espagne ( ce n'était même pas ma langue " maternelle ", expression outrageusement féministe : Sandrine Rousseau sévissait-elle déjà ?); je n'ai plus eu l'occasion de le parler depuis; mais, lors d'un voyage à Barcelone, la soixantaine passée, je n'ai eu aucune difficulté à le reparler.

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  17. Le fait d'écrire à la main est peut-être plus structurant pour la mémoire. Et, puis, à l'époque, les sollicitations et les stimulations en tout genre n'étaient pas aussi nombreuses. Notre cerveau ne serait-il pas davantage encombré ?

    Je crains que nous n'ayons pas de réponses définitives sur ce sujet.

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  18. Tant de choses nous séparent des hommes de cette époque, et plus encore de Rousseau, que je ne saurais choisir parmi les raisons qui vous empêchent. Si j'étais critique, je dirais que peut-être ce qui vous manque le plus, c'est cette faculté d'introspection. Mettez vous donc au travail si le cœur vous en dit, et nous verrons, ce que votre cervelle recèle dans sa mémoire.

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  19. C'est étrange que personne n'ait évoqué le déterminisme social qui pourrait largement expliquer, qu'en dépit de ses capacités objectives, un auteur soit incapable de se lancer dans une oeuvre qui le mettrait personnellement en scène, alors que par avance, il juge que cela sera sans intérêt.

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    1. Malraux, cet imposteur de génie, a très bien expliqué ça dans ses " Antimémoires" ( d'où leur titre) : " Ce qui ne concerne que moi n'a aucun intérêt ", et " le vraisemblable est plus intéressant que le vrai". Ses longues conversations avec Mao et Nehru qu'il rapporte n'ont jamais eu lieu, mais c'est ce qu' ils se seraient dit s'ils s'étaient rencontrés... et c'est donc passionnant.

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  20. Je partage ce sentiment que j'ai eu récemment en découvrant Les mémoires d'outre-tombe. Bien sûr nous avons affaire à des intelligences exceptionnelles. il est possible aussi qu'ils aient été plus persuadés que nous que la mémoire soit juste et fidèle. Nous sommes moins naïfs sur la manière dont notre cerveau fonctionne. Il recompose en permanence la mémoire...

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    1. Oh, non ! La mémoire est loin d'être le seul mécanisme de l'intelligence, dont il n'existe d'ailleurs aucune définition- ou dont il existe trop, ce qui revient au même :

      https://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/11/07/15576-comment-savoir-si-son-enfant-est-surdoue




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  21. l'imbécile anonyme qui avait oublié de renseigner son nom en parlant du cerveau débile, c'est moi ! :)

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    1. Vous avez bien failli partir à la trappe !

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    2. merci de la mansuétude ! et je pense que j'avais aussi oublié de cocher la case pour savoir qu'on me répondait... :)

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  22. Vos commentateurs, habituellement si inspirés, participent-ils à la grève contre la vie chère ?

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  23. Pour en revenir à votre billet : peut-être auriez-vous gardé davantage de souvenirs de vos 15 ans si vous aviez eu une " Maman " comme Mme de Warens ?

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  24. Je me suis déjà posé ce genre de question, ayant une mémoire de moineau. Certaines personnes sont hypermnésiques ce qui leur donne la faculté de se souvenir de beaucoup de choses. Je ne sais si c'était le cas du bon Jean-Jacques, que je suspecterais plutôt de bidonner. Reste à se demander si ce sont les meilleurs écrivains.

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    1. Parmi les gens hypermnésiques, capables de citer des tas de chiffres sans consulter une note, il y a Cahuzac à la tribune de l' Assemblée, ou de Gaulle en conférence de presse télévisée en direct. Il paraît que le second entretenait sa mémoire en se récitant des poèmes à l'envers ( en commençant par le dernier mot et en remontant jusqu'au premier).

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    2. J'aimerais bien savoir où vous avez lu une telle chose (qui me semble être une ânerie, mais je puis me tromper).

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    3. Ne pratiquant pas cet exercice, j'ai oublié où j'ai lu ça...

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    4. Je puis vous dire, moi, que ça ne figure dans aucun des livres (Lacouture, Peyrefitte, La Gorce…) que j'ai pu, à une époque, lire sur le personnage.

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    5. à Anonyme : Je trouve que De Gaulle était un très bon écrivain, du moins en ce qui concerne ses " Mémoires de Guerre" : une première phrase balayant tout le temps long ( " Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France ", qui vaut bien " Longtemps, je me suis levé de bonne heure"), et des phrases- choc qu' il est impossible d'oublier (" Vers l'orient compliqué, je volais avec des idées simples ").

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    6. Coïncidence amusante : je finis à l'instant de relire les mémoires de Jacques Laurent (Histoire égoïste), livre dans lequel il taille de Gaulle en pièces… y compris l'écrivain.

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    7. Je crois que l'écrivain De Gaulle sera encore lu lorsqu'on aura oublié depuis longtemps l'écrivain Jacques Laurent.

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    8. Maque : les publicitaires, aussi, ont le sens de la formule…

      Arié : affirmation purement gratuite. Je ne sais pas (ni vous non plus) quel sera le sort de Jacques Laurent dans l'avenir, mais je ne vois pas pourquoi on y lirait davantage de Gaulle que n'importe quel politicien du passé ayant pondu des écrits à sa propre gloire.

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    9. Peut-être parce que de Gaulle avait des choses à raconter qui intéresseront toujours des gens...
      ( et je ne qualifierais pas de Gaulle de simple " politicien"...)

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    10. D'un autre côté, à en croire Malraux, un écrivain n'est pas quelqu'un qui cherche à écrire parce qu'il a une histoire à raconter, mais quelqu'un qui cherche une histoire à raconter parce qu'il a besoin d'écrire.

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  25. On dirait que même les couleurs s'effacent sur le portrait choisi pour illustrer le sujet de la mémoire qui flanche...
    c'était voulu ?
    🤔
    Bibi

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  26. Avez-vous entendu dire que "Londres", la suite des inédits de Céline vient de paraître ?
    Voilà que devrait nous changer de tous ces mémorialistes bon-chic bon-genre type Jacques Laurent, non ?

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    1. Laurent n'était pas très bon chic, et encore moins bon genre…

      Pour Céline, je vais passer mon tour.

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  27. Admettons que je me sois plantée question Jacques Laurent, quoique j'ai l'impression que Jacques Laurent tout le monde d'en fout !
    Mais pourquoi passer votre tour concernant Céline ?

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    1. Parce que le précédent, Guerre ne m'a pas vraiment convaincu, pour dire le moins.

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    2. Il paraît qu'on ne commence à comprendre quelque chose qu'au cinquième "parce que". Et là nous en sommes au premier !

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    3. À propos( même si ça n'a aucun rapport) : avez-vous remarqué que, quelle que soit la phrase qu'on vous adresse, aussi prosaïque soit-elle ( " je crois que ce vin a tourné"),vous répondez systématiquement par " Et alors?", dès le cinquième, vous vous retrouvez dans les grandes questions métaphysiques ( " pourquoi vivre, pourquoi vouloir être heureux, etc.)?

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    4. Il faut quand même reconnaître à Jacques Laurent d'avoir écrit le roman " Caroline Chérie ", d'où fut tiré le film éponyme où Martine Carol montrait ses deux seins en 1951, ce qui ètait rare à l'époque et dont je garde un souvenir ému, car j'avais alors 13 ans ( non, je n'étais pas encore né à l'époque d'' "Extase", avec Hédy Lamarr)

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    5. Le film dont vous parlez n'était nullement "éponyme" mais, plus modestement, homonyme.

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    6. Avec " éponyme", je n'y arriverai jamais ! ( pourtant, cette fois- ci, j'étais sûr de mon coup !)

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    7. Un truc tout simple : l'éponymie n'étant qu'un cas particulier de l'homonymie, bannissez impitoyablement éponyme et employez systématiquement homonyme : vous serez sûr de ne plus vous tromper.

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    8. Et, sauf le respect que je dois au Dr Arié, si on revenait à nos moutons, Parrain ?

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  28. Pourtant, le Larousse en ligne donne comme 2ème exemple d' éponyme : " Les Misérables, film éponyme du roman de V. Hugo."... tout en le qualifiant d' abusif... mais tout de même admis par l'usage, sinon il n'en parlerait pas .
    Et tant qu'on y est : Jacques Laurent n'est as son propre éponyme, puisque le roman " Caroline Chérie " est signé Cécil St. Laurent

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    1. Larousse, comme hélas d'autres dictionnaires, se borne désormais à entériner les fautes de français que font les journalistes (entre autres)…

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  29. Dois-je conclure, Parrain, que vous vous êtes servi de l'intervention - grotesque selon moi - du Dr. Arié, dans l'échange que j'avais avec vous, au sujet de "Londres", pour me "cornériser" ?
    Je vous serais très reconnaissante de vouloir bien m'ôter de ce doute car je pense avoir des choses qui pourraient vous intéresser à dire sur le sujet !

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    1. Il me semblait qu'on était arrivé au bout : Londres paraît… et je ne le lirai pas. Que voulez-vous que je dise de plus ?

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  30. Vous, vous pensez sans doute, être arrivé au bout, mais pas moi ! Et si mes quelques arguments ne suffisent pas à vous convaincre, qui vous dit qu'il n'en sera pas autrement pour vos lecteurs ?
    Comme vous, j'avais trouvé la lecture de "Guerre" extrêmement éprouvante, et si je n'avais pas eu ce portrait format 21x27, de ce jeune homme de 20 ans en uniforme avec ses deux médailles, qui me regardait droit dans les yeux, devant moi, je n'aurais pas pu lire les horreurs que le jeune Louis-Ferdinand Céline décrivait.
    Mais au moment où la guerre revient en Europe, il me paraît que cette lecture était hautement salutaire pour couper l'herbe sous le pied de tous ces fauteurs de guerre qui eux, comme par hasard ne feront jamais la guerre autre part que dans leurs salons.
    Pour ce qui concerne "Londres", je ne l'ai pas encore reçu mais j'ai en une conversation avec une personne qui l'a lu. D'après elle, il s'agit en fait d'un "portrait de groupe" des marlous du "milieu" dont la "morale" est une ligne de conduite qui date d'avant la guerre de 1914. Or par comparaison avec la boucherie de la guerre, la cruauté des malfrats se lit comme s'il s'agissait d'un roman de chevalerie. Lire que Céline s'évertue à rendre épique les crapuleries de ces malfrats "a quelque chose d'émouvant".
    En revanche, puisqu'il fait partie de ce groupe, Céline "y va à fond dans la pornographie", le boulot consistant à dresser des putes. Mais comme leur monde tend à disparaître, leur autorité sur les putes se délite aussi...
    Ajouter à cela que se faire balader dans Londres par Céline, restera une chose inoubliable.
    Bref, après cette conversation, j'ai commandé le livre.

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  31. Pour atteindre les cent commentaires, c'est tout simple : il suffit d'arrêter de publier de nouveaux billets et de laisser le champ libre à Arié et Mildred sous le dernier paru ; avec une petite relance du taulier de temps en temps ; histoire d'intéresser la partie.

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  32. Je vous signale qu'avec l'absence de tout nouveau billet depuis le 13 octobre, votre blog est en train de se réduire progressivement au journal du mois ... ( étapes suivantes : journal trimestriel, puis annuel ?)

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  33. J'attendais le 99eme pour être le 100eme, mais le flot s'est tari (comme l'eau)

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  34. J'arrive bien tard sur cette discussion et je ne sais vraiment pas comment font les mémorialistes en général pour se souvenir de tous les détails de leur vie. Pourtant, dans le cas de Jean-Jacques et de quelques autres, j'ai toujours l'intuition que leurs activités physiques, choisies ou forcées, les aidaient. Aller à pied de Genèvre à Paris et retour doit permettre de bien mémoriser ce que l'on a fait, lu ou entendu lors de son séjour. Le rythme des pas doit aider à structurer la pensée.
    Soljenitsyne allait fendre du bois pour se remettre les idées en place, Erasme philosophait en marchant également et Montaigne n'a pas écrit que dans sa tour mais beaucoup lors de ses voyages à cheval. Ma règle n'est pas générale bien sûr. M. Goux, par exemple, ne semble pas avoir besoin de beaucoup d'activité physique pour écrire avec talent le détail de ses lectures ... autre contre-exemple qui me touche: je bêche mon potager, je fends mon bois, je vais au café du village à bicyclette (11 km A/R), j'y gagne un ton rougeaud été comme hiver mais mon esprit reste tout aussi embrouillé!

    La Dive

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    1. Si vos pédalages vous mènent au bistrot place St-Sornin à Lussac, ayez un regard ému pour l'enseigne Quincaillerie ; une dame va bientôt s'emparer, tout à fait légalement, des lettres de l'enseigne, qui vivront... ailleurs...

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    2. "Au foret de précision" doit encore receler des merveilles dans ses boites en bois et ses emballages en papier kraft.
      La Dive

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  35. Un brocanteur a fait une estimation et toit va être vidé...des boîtes en papier kraft, modelées sur des boîtes en dur, l'art du grand-père de mon mari.
    Vous allez pouvoir constater de grands changements, mais je doute que la nouvelle activité soit d'un grand attrait pour vous...

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.