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vendredi 27 octobre 2023

Homme libre toujours tu chériras la grammaire (billet instructif)


 Le maniement du participe passé associé à l'auxiliaire avoir est parfois un peu délicat, notamment lorsqu'il est suivi d'un verbe à l'infinitif dans une proposition subordonnée. Cela vaut également pour les verbes pronominaux, ainsi que je m'en vas le montrer tout à l'heure.

La règle veut que ce participe s'accorde avec le complément d'objet direct de la proposition principale uniquement si celui-ci est également sujet du verbe à l'infinitif. J'en vois déjà qui haussent les épaules, pensant qu'il s'agit là d'un byzantinisme hors de saison, et que l'important est “que tout le monde comprenne”.

Mais justement…

Prenons ces deux phrases presque identiques d'apparence mais de sens tout à fait différents :

Je vous présente la femme que j'ai laissée peindre

Je vous présente la femme que j'ai laissé peindre

La première signifie en gros : “la femme que j'ai autorisée à se mettre à la peinture” ; alors que la deuxième veut dire : “la femme dont j'ai permis que l'on fasse le portrait”. Dans le premier cas, la femme est sujet de peindre, dans le second elle n'en est que l'objet.

(On notera que, pour lever d'un coup toutes les difficultés, il suffit de faire preuve d'un peu d'autorité mâle, d'abord en supprimant à cette pétasse tout ce qui peut ressembler à un pinceau, d'autre part en virant de chez soi le barbouilleur prétendant la portraiturer ; d'autant plus qu'il est très certainement son amant.)

C'est la même chose, disais-je, avec les verbes pronominaux, lorsqu'ils sont eux aussi suivis d'un verbe à l'infinitif. Ainsi, la malheureuse de tout à l'heure, privée de peinture, devra écrire à sa meilleure amie : “je me suis fait niquer” ou, plus correctement : “je me suis laissé avoir”,  sans accorder son participe, vu que qu'elle ne s'est pas eue elle-même – encore moins niquée. En revanche, elle devra écrire : “je me suis vue piquer ma crise”, car c'est bien elle qui risque de se rouler par terre en bavant et avec des cris suraigus.

Pour finir, on notera que s'il est un domaine où les hommes conservent un net avantage sur leurs compagnes, n'en déplaise aux dragonnes égalitairolâtres, c'est bien celui de l'accord des participes passés. 

Ce qui est assez réconfortant.

samedi 26 février 2022

Du français aberrant


 Il y a tout de même, dans notre beau parler françois, certaines aberrations auxquelles l'homme de bien a quelque peine à se résigner. Puisqu'il est près de midi, prenons par exemple les repas : à la suite de quelle panne de cerveau collective avons-nous abandonné le souper ? Comme on aurait pu le prévoir, le dîner s'est empressé de venir occuper cette place laissée vacante autour de la table, cependant que le déjeuner montait lui-même en grade et en dignité pour s'installer au milieu du jour ; ce qui nous a contraint à forger ce ridicule petit-déjeuner, source de confusions : si, entre onze heures et la demie de la même heure, je m'enquiers si vous avez déjeuné, vous serez dans l'impossibilité de savoir si je me soucie de votre collation du matin ou si je pense que vous avez pu prendre en avance votre repas de midi. (On notera que cette panne encéphaloïde a heureusement épargné nos voisins belges et suisses ainsi que nos cousins du Québec.) Mais il y a pis.

Quel démon malfaisant, tout fraîchement vomi des Enfers, est venu un jour nous suggérer de remplacer nos si commodes et si logiques septante, octante et nonante par ces monstres patauds et mal articulés que sont soixante-dix, quatre-vingts et quatre-vingt-dix ? Et pourquoi avons-nous rendu les armes si facilement, contrairement, là encore, à nos voisins et cousins déjà cités ?

Encore pouvons-nous estimer nous en être tirés à bon compte, et remercier le dit démon de n'avoir pas poussé plus loin sa plaisanterie. sinon, il nous faudrait aussi nous débattre avec trois-vingts pour dire soixante, nous colleter à quarante-dix quand nous voudrions dire cinquante, affronter vingt-dix et deux-vingts dès que trente et quarante surgiraient dans nos comptes.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Le mystère est par trop insondable, je donne ma langue au chat ; lequel risque fort de la recracher, la trouvant peu à son goût et pas loin d'être inassimilable.

lundi 16 avril 2018

Vous avez aimé « au final » ?


Vous devriez adorer et chérir son digne rejeton (c'est moi qui souligne, évidemment) :

Ce que montre Caplan, c’est que si le diplôme est payant pour ceux qui arrivent à terminer la course, au global la société enregistre des pertes immenses.

(Trouvé ici.)

mercredi 26 février 2014

Toi aussi, apprends à parler le français post-moderne


Lorsque la température de la terre reste stable durant quinze ans, dire que le réchauffement climatique continue, mais qu'il est en mode “pause”, c'est-à-dire, je suppose, en RTT ou quelque chose d'approchant.

Quand le nombre de chômeurs a augmenté de presque neuf mille têtes de pipe depuis le mois précédent, affirmer que l'inversion de la courbe se confirme. Si l'on se sent d'une humeur sapinesque, c'est-à-dire charabiote et plaisantine, on ajoutera : « Ce qui compte, ce sont les tendances, ce qui se passe mois par mois n'a pas d'intérêt. » Voilà qui va faire plaisir aux neuf milles gugusses évoqués plus haut. Si les micros sont restés branchés, vous pourrez même glisser la phrase dont tous vos potes avaient parié que vous n'auriez pas le front de la sortir : « L'inversion est derrière nous. » Ça ne veut strictement rien dire, et c'est bien pour ça que les potes en question sont morts de rire sous le plafond à moulures de votre bureau, pendant que vous faites le guignol sur le perron.

Ce qui compte, ce sont les tendances, ce qui se passe mois par mois n’a pas d’intérêt
Read more at http://www.atlantico.fr/pepites/chiffres-chomage-8-900-demandeurs-emploi-plus-en-janvier-2014-994551.html#gROepeusfJERzW31.99
Ce qui compte, ce sont les tendances, ce qui se passe mois par mois n’a pas d’intérêt
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Ce qui compte, ce sont les tendances, ce qui se passe mois par mois n’a pas d’intérêt
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mardi 7 mai 2013

Gay comme un mammifère marin à moustaches


Comme je m'y attendais plus ou moins en utilisant l'expression “pédé comme un phoque”, dans le billet précédant de peu celui-ci, un distingué commentateur me fait observer que la véritable comparaison serait “pédé comme un foc”, à cause d'une histoire de voile qui ne prendrait le vent que par derrière.

C'est non seulement controuvé mais tout à fait absurde. Les comparaisons de caractère ou de nature, chez l'homme, n'utilisent le plus souvent comme comparatifs que des animaux, ce qui doit nous venir, j'imagine, des bestiaires médiévaux, du Roman de Renart, etc. C'est ainsi que l'on est jaloux comme un tigre, fort comme un bœuf, méchant comme une teigne, rusé comme le renard, justement, ou malin comme le singe, féroce comme un loup ou bourru comme un ours. On peut aussi avoir un regard d'aigle  et une patience de fourmi, ce n'est pas incompatible. 

Certes, il y a quelques exceptions : tel homme sera dit solide comme un chêne ou tremblant comme roseau ; et il arrive que, nous rencontrant, Nicolas et moi finissions la soirée ronds comme des queues de pelle. Mais ces exceptions me semblent trop peu nombreuses pour infirmer la règle, et comparer un homme à une voile de navire est à ce titre hautement improbable. D'autant que, si c'était le cas, il faudrait bien que l'expression “pédé comme un foc” ait pris naissance dans l'univers des marins avant de se propager dans le monde terrien et d'y être déformé par ignorance. Or, d'après les fort modestes recherches auxquelles je viens de me livrer, on n'en trouve nulle trace dans la langue vernaculaire des gens de mer. En outre, comme disait Éole, il semble bien que le foc soit fort loin de prendre le vent exclusivement par derrière. Par conséquent, nous maintiendrons l'expression classique contre vents et marées. 

Au moment de conclure, je me demande soudain si les phoques, du fait de leurs dépravations stigmatisées par le langage populaire, n'auraient pas droit, eux aussi, au mariage pour tous. Et si les otaries sont gouines ou pas. Notre monde n'est qu'un vaste océans de questions sans réponses, dont les points d'interrogation sont les algues dansantes.

mercredi 29 août 2012

De l'importance gastronomique et cannibale de la virgule


Depuis hier, une affichette a fait son apparition sur l'un des murs de la salle du rewriting. Elle ne comporte que deux phrases, qui sont les suivantes :

Et si on mangeait les enfants ?

Et si on mangeait, les enfants ?

Chacun aura compris que la première a été éructée par un socialiste tenté par le Front de Gauche, cependant que la seconde a été tendrement murmurée par une irréprochable mère de famille catholique aux lèvres purpurines…

samedi 9 juin 2012

Trabaille, Camille, Patry


C'est fou comme, certains soirs, l'abstention paraît finalement assez désirable…

Comme quoi, si la diversité c'est le mal, la consanguinité n'est pas non plus une solution.




(Merci à Tonnégrande et à Nicolas…)

dimanche 17 juillet 2011

Pascal Barbier, héros de la France d'avant

À Renaud Camus, pour qu'il sache que ça existe encore…

Pascal Barbier ne passera pas à l'histoire : pas assez important. Pascal Barbier dirige une petite entreprise, comme il doit y en avoir cent mille en France (chiffre lancé au hasard), à Pacy-sur-Eure : plomberie, couverture, chauffage – enfin vous voyez le genre.

Nous faisons affaire depuis dix ans ans avec ce petit héros des temps modernes. Parce que nous avons une maison, une chaudière, des fuites, etc. Quand on l'appelle, il dit qu'il viendra tel jour à telle heure – et il vient. Ensuite, devis fait et signé, son assistante nous appelle et nous demande si nous serions disponibles pour une visite tel jour à telle heure. En général, nous disons oui.

Parfois, le jour dit, un quart d'heure avant le moment fatidique, notre téléphone sonne. C'est l'assistante qui nous avertit que son ouvrier, ayant eu un petit problème chez le client précédent, aura probablement une ou deux dizaines de minutes de retard sur l'horaire prévu. Elle nous prie de l'en excuser et nous demande si l'ouvrier en question peut venir tout de même. Sciés par une question aussi peu en rapport avec la grossièreté de l'époque, nous répondons généralement oui, d'une voix que nous avons peine à reconnaître nous-mêmes.

Les différents artisans de l'entreprise Barbier, quand le hasard a fait que nous eussions à discuter avec eux, nous ont souvent dit que ouaf ! le patron, hein ! c'est pas ce qu'on a connu de plus commode ! C'est sans doute vrai, puisqu'ils le disent à peu près tous. Mais, dix ans après, ce sont les mêmes spécialistes que l'on voit arriver chez nous, dès lors que l'on fait appel à l'entreprise : ils doivent être masochistes pour supporter un tyran pareil depuis tout ce temps.

Il y a quelques mois, l'un des employés-piliers a perdu son permis de conduire. La patron-qui-ne-rigole-pas ne l'a pas viré : il lui a adjoint une très charmante jeune fille dont le travail consiste à conduire la camionnette à sa place et à attendre qu'il ait fini son intervention, ici ou là. Jusqu'au temps où il récupérera le précieux permis – ce qui ne devrait d'ailleurs plus tarder maintenant.

Les employés de l'entreprise Barbier (et de beaucoup d'autres, j'espère), quand on parle avec eux et qu'on se plaint de ce qu'il est de plus en plus difficile d'obtenir des interventions rapides, nous disent tous la même chose : ils ont les plus grandes difficultés à trouver des stagiaires à former, et quand ils en trouvent, ceux-ci fuient à toutes jambes au bout de quelques semaines, dès qu'ils se rendent compte qu'il va leur falloir se lever à six heures et demie du matin et travailler parfois jusqu'à des huit heures du soir.

Ces artisans, jeunes pour la plupart, ne sont pas racistes et se foutraient bien que leur aide soit berrichon ou marocain. Seulement, berrichon ou marocain, ils n'en trouvent pas. Et ces gens sont les premiers à nous expliquer, sans qu'on leur ait rien demandé, que les jeunes qu'ils aimeraient former préfèrent émarger aux aides sociales que venir travailler avec eux. « Vous comprenez, c'est fatigant, et on n'a pas beaucoup de temps libre. Pourtant ceux qui en veulent gagnent bien leur vie, vous savez ! » Oui, on se doute.

On sent bien bien que ces Franchouillards sont totalement intoxiqués par la propagande sarkozyste. Et puis, hein, des fois, pour changer un malheureux robinet, il faut se faire des dix à quinze bornes. Alors que, pour émarger, c'est à la Madeleine, chez nous, juste en bas de l'immeuble où on vit chez Maman-qui-fait-des-ménages.

Pour revenir à ce que je disais au début : Pascal Barbier semble être un homme qui a décidé de respecter sa parole. S'il ne le sait pas, il doit sentir que la préciosité de la parole donnée est la condition première de la prospérité d'un pays ; qu'on ne bâtit rien de solide ni durable sans parole et confiance en celle-ci. Peut-être même sait-il, mais ce n'est pas sûr que ça l'intéresse – il a autre chose à faire : votre robinet, ma douche, le mur du voisin… –, que les pays où la parole des hommes ne vaut rien ou peu de chose sont voués à s'enfoncer dans la misère et la crasse. En règle générale, ils y sont d'ailleurs déjà.

Pascal Barbier est une espèce de résistant.