
Hier soir, l'Irremplaçable et moi avons bien ri en imaginant le prochain Kremlin des blogs. On voyait les vingt ou trente convives réunis à la Comète et moi, tout seul, planqué à l'Aéro, en face. Et, régulièrement, au fil de la soirée, l'un ou l'autre des blogueurs s'éclipsant discrètement de la Comète, avec cet air faussement désinvolte que l'on prend pour se rendre aux chiottes, afin de venir en loucedé s'en jeter un avec moi – tremblant d'excitation devant l'interdit, et de peur d'être découvert fraternisant avec le proscrit.
Enfin, voilà, on s'est bien amusé et il y a même eu un début de castagne, comme quand on était beau, Jef, comme quand c'était le temps d'avant qu'on soit poivrot. Dans vingt ans, si on est encore de ce monde de merde, on y repensera avec émotion, les soirs sans lune, et je dirai à l'Irremplaçable, en bavochant dans mon dentier : « Tu te rappelles, notre dernière altercation dans un bistrot ? C'était quand, déjà ? En tout cas c'était le bon temps... » Et on se reprendra une tasse de Viandox pour fêter ce souvenir.