mercredi 8 février 2012

Êtes-vous en situation de spécificité ?


Il y a quelque temps – ici même, je crois bien –, je me divertissais de ce que les invalides et les infirmes s'étaient d'abord transformés en handicapés (sans que cela ne les aide d'ailleurs à se mouvoir plus facilement), avant de devenir des personnes en situation de handicap – formule charabiesque qui ne signifiait plus rien. Et je pronostiquais que, dans un proche avenir, ce mot de “handicap” deviendrait lui-même inacceptable. Eh bien, l'avenir est devenu présent, le changement c'est maintenant et toutes ces sortes de choses. Voici ce que je lis, dans mon magazine de télévision, à propos d'un documentaire diffusé ce soir :

« Après une année difficile, Ronnie et Donnie Galyon, deux frères siamois, ont décidé de déménager dans une maison adaptée à leur spécificité. »

La rédaction souhaite beaucoup de bonheur à ces jumeaux spécifiques. Et attend avec impatience le prochain palier linguistique.

13 commentaires:

  1. On dit les "personnes à mobilité réduite".

    Et en plus vous n'imaginez pas les "spécificités" en question pour des siamois. Par exemple, dans les toilettes, il faut des trônes juste à côté et un porte-revues de chaque côté même si un seul est constipé.

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  2. Ah! Ma petite clientèle est donc bourrée de spécificités, la principale et non la moindre étant de porter à merveille le paletot de sapin, enfin...potentiellement!

    Pluton connaît pas la crise.

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  3. Il existe depuis longtemps dans l'Éduc' nat' des « élèves à besoins particuliers ». Que pourrait être la prochaine étape dans l'ellipse générale du réel ? « Élèves à besoins » serait un peu aventuré, certes, mais on sait bien que tout ce qui est aventuré finit par advenir, de nos jours.

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  4. Nicolas, vous êtes ignoble…

    Pluton : du sapin ? Mais pourquoi discriminer le chêne, alors que – c'est connu à Paris – tous les bois se valent ?

    DF : je pensais que les élèves “à besoins particuliers” étaient ceux qui demandaient à aller pisser chaque fois qu'une interro se profilait à l'horizon.

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  5. 2 par jour...? pour un type qui voulait fermer ya pas longtemps...

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  6. Le précédent ne compte pas, il était de Lévi-Strauss…

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  7. A vue de nez, le nombre d'individus en situation de connerie s'alourdit dangereusement.

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  8. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  9. Ben moi je le trouve un peu violent ce mot. Le pronnoncer me donne des crampes dans la machoire.
    Un peu comme le mot civilisation.

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  10. C'est encore du langage d'énarque...

    "Spécificité" c'est moins stigmatisant que "siamois"...

    Les mots n'ont plus de sens, la politique non plus, et finalement c'est toute la société qui s'effondre...

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  11. Est-il permis de discriminer entre le petit et le gros besoin ?

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  12. Un commentaire supprimé à une heure du matin par vous Didier ?
    alors, c'est que ça devait être du saignant qui vous a tenu éveillé jusqu'à ces heures bien tardives ou plutôt matinales…

    Complètement d'accord, cher Skandal : les mots n'ont plus de sens, et le plus grave, c'est l'auto-censure.

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  13. Emma : le commentaire date d'une heure du matin (un anonyme qui faisait de la retape pour son propre blog…), mais je ne l'ai supprimé que ce matin en le découvrant.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.