vendredi 12 juillet 2013

Pas de réconciliation possible


On me le demande pourtant avec gentillesse, on insinue fraternellement, on insiste dans la douceur ; on semble s'inquiéter réellement pour moi – j'en pourrais être touché, par moment. Mais c'est non. Je vous l'assure, changeons de sujet, voulez-vous ? : non, je ne me réconcilierai pas avec le monde ; non, je ne partirai pas en noces avec mon époque, qui est d'ailleurs plutôt la vôtre, si je vous en crois, et dont je vois bien que vous essayez de me la refiler sous couvert d'ordonnances, de principes de précaution, de vaccins de campagne et de soins palliatifs. Malgré vos dithyrambes, je m'obstine à lui tourner le dos, ce qui est, j'en conviens tout de suite, une manière bien sotte de ne pas voir le précipice terminal ; comme vous semblez ne pas le voir davantage, je m'en console.

Cependant, laissez-moi vous dire : il n'y a jamais eu brouille, entre votre monde et moi, nullement. Il s'est produit qu'un jour – très incertain dans ma mémoire, ce jour –, il s'est évanoui devant moi, il a cessé d'exister et même d'être possible ; il s'est mué en scène et j'ai toujours eu horreur du théâtre, sans doute en raison de ce fameux contact avec le public dont se gargarisent les batteurs de planches : je ne veux pas que ces haut parleurs établissent le moindre contact avec moi ; je ne veux même pas être un public. Je préfère, à tout envisager, que la vie qui me reste ressemble à une soirée privée, interdite au commun hilare, rideaux tirés, invisible de la rue et de ses fêtes, strictement réservée à une élite érigée par moi seul, et que je sais par avance fort peu nombreuse : ma soirée ne sera pas courue, et le monde restera consigné à ma porte malgré toutes vos sollicitudes. 

Pour que je puisse un jour me dédire et envisager la réconciliation dont vous me faites prévenance, il faudrait que le monde se remette à exister un peu ; qu'il commence, entre autres, par sentir à nouveau les siècles plutôt que l'ambre solaire : le risque semble mince.

39 commentaires:

  1. Mais qu'est-ce que vous reprochez à l'ambre solaire ?

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    1. C'est un produit inutile (il suffit de rester à l'ombre) et qui pue. Or, comme il est de notoriété dans la blogosphère, je déteste profondément tout ce qui est nauséabond.

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    2. Tout à fait Monsieur Goux :
      l'ambre solaire ça ne sent pas bon, et, en plus, l'ami Wikipedia nous apprend que ça tue les coraux : "Les filtres chimiques polluent gravement l'eau et sont difficiles à être éliminés par les stations d'épuration, tandis que les filtres minéraux sont biodégradables. L'utilisation de la crème solaire est l'une des causes importantes responsables du blanchiment et de la mort des coraux 13. En se déposant sur le corail, la crème forme une pellicule qui étouffe cet organisme vivant." Tous les bisounours écolos degôche qui nous font la morale, mais abusent de l'ambre solaire, devraient finir rôtis à petit feu. Non mais.

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    3. Prenez de la graisse à traire, c'est aussi efficace contre le soleil, et pas cher en pot d'un ou deux kilos, foi de berger.

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  2. Je vous trouve l'air bien accablé sur la photo, faites gaffe quand même...

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    1. Alors, là, moi qui ai déjà le vertige debout sur une chaise, ce n'est pas demain que l'on me verra assis là !

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    2. C’est ce que j’ai pensé en voyant la photo. déjà, tu devais être limite en la choisissant !

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    3. Exact ! Même maintenant, j'évite de trop la regarder…

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    4. Robert Marchenoir12 juillet 2013 à 17:55

      Je comprends pourquoi il y a toujours de la poussière sur le dessus du lustre.

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  3. Didier revenez , j'ai des "Panzani" qui chauffent sur le fourneau, des pâtes , des pâtes oui mais des "Panzani". De toute façon, le Monde , on s'en fout, il continuera sans nous.

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    1. OK, mais il faudrait peut-être prévoir quelques flacons pour faire glisser tout ça, non ?

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    2. Je ne sais pas si le Tokay se marierait bien avec les pâtes sinon le Lambrusco, je sais c'est pinard pétillant et italien de surcroît mais il en existe du bon voire du "Sang de taureau d'Eger":

      http://www.histoiresdevins.fr/story.php?num=30

      Toujours des vins hongrois.

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    3. J'aimerais autant éviter le pétillant, mais enfin… en temps de guerre, n'est-ce pas…

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  4. C'est dommage, la vie est si drôle et si légère avec Skippy.
    On dirait que personne n'a réussi à réenchanter vos rêves.

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    1. Skippy le Grand Gourou ?

      (On a les références culturelles qu'on peut…)

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  5. Campeur juilletiste12 juillet 2013 à 14:39

    Il ne converse le Goux qu'à l'imparfait du subjonctif. Ce sont des modes périmées, ça coupe la chique à tout le monde!
    Il est temps qu'il décampe!

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    1. Pas un seul imparfait du subjonctif dans ce texte, grosse bouse ignorante !

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  6. Affranchi de la dépendance du monde on fait tout dépendre de soi nous dit La Rochefoucauld dans « De la retraite », et c'est très bien ainsi.

    Surtout ni égalité, ni réconciliation, quelle horreur !

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  7. Ah, ces petits jeunes qui ne savent pas apprécier le futur riant qui se dessine pour eux... Bon, ca pétille un peu aussi mais je vous offre le cidre !

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  8. "Je préfère, à tout envisager, que la vie qui me reste ressemble à une soirée privée, interdite au commun hilare, rideaux tirés, invisible de la rue et de ses fêtes, strictement réservée à une élite érigée par moi seul, et que je sais par avance fort peu nombreuse : ma soirée ne sera pas courue, et le monde restera consigné à ma porte malgré toutes vos sollicitudes."

    Serait-ce encore un pastiche de Proust : Mme Verdurin parlant de son "petit clan" ?

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  9. Le monde (ou en tout cas un monde) cherche à s'imposer, on ne sait pour quoi, pour qui. Mais vous savez cher M. Goux, celui que vous tenez au quotidien, avec ses belles distances, ses variétés & nuances, sans minauderie, sans comédie, c'est un monde plein, solide, même si perdu dans cet autre honni, plus vaste ô combien ! mais aussi plus creux. Complètement creux. Comment pourriez-vous vous accorder ? les liens sont perdus. Et ce n'est pas cette sollicitude poisseuse qui pourrait vous retenir.
    Je vous découvre et c'est un plaisir de vous lire.

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  10. Elegante leçon de style pour prendre congé,

    quant à l'imparfait du subjonctif , " il faudrait que..." le commande (dit le pion).

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    1. Le pion a parfaitement raison ! Mais, avec l'âge, je suis devenu moins sensible à ce genre de commandements : de plus en plus, je trouve que le rythme, le sens, les sonorités peuvent primer sur la règle. (C'est Léautaud qui m'a aidé à cette émancipation.)

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  11. Vous semblez vraiment au bord du gouffre.

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    1. C'est rien que de la poudre aux yeux, en fait : je suis un redoutable escroc !

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  12. Je me suis souvent accroché avec Georges, ici. D'ailleurs il a dû me dire que j'étais le dernier des crétins. Mais le lien qu'on trouve aujourd'hui sur son blog dans votre blogroll (Roman) est stupêfiant de vérité et de cruauté. Et il n'est pas sans rapport avec votre entrée d'aujourd'hui, au moins pour les mélomanes.

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  13. J'espère que c'est un photoshop, parce qu'on a l'impression que le promontoire ne demande qu'à se casser suivant le pointillé...
    Moi aussi ça me donne le vertige. C'est l'oreille interne
    Au fait, Yanka ? Il ne devait pas se faire opérer ?

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  14. Pour parler d’autres choses, un scoop. Des amis qui travaillent dans les services de secours m’ont appris qu’à leur arrivée sur les lieux du sinistre de Bretigny, ils sont tombés sur des rats qui dépouillaient les blessés. Des médecins urgentistes ont même été agressés et délestés de leurs portables. Par ailleurs un ou deux jeunes d’une cité de Bretigny étant blessés, des bagnoles ont été cramées.

    Jusqu’à présent, silence média.

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    1. Un article du quotidien de référence que le monde entier nous envie : http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/07/13/bretigny-cuvillier-n-a-pas-connaissance-de-pillage-de-victimes_3447226_3224.html

      Le ministre a parlé, sa parole a plus de valeurs que celle de mes amis qui étaient sur le terrain. Normal, il est ministre, donc il sait tout mieux que tout le monde, il a fait l'ENA.

      En revanche, les commentaires sont intéressants.

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    2. Faites-en donc un billet rapidement !

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  15. Robert Marchenoir13 juillet 2013 à 13:41

    La presse :

    Nathalie Michel, du syndicat de police Alliance, raconte la scène : "A 17 heures 30, alors que nos collègues interviennent, ils voient un groupe de jeunes qui approchent et qui semblent porter secours aux victimes. Très rapidement, ils se rendent compte que ces individus sont présents pour dépouiller les victimes et notamment les premiers cadavres".

    Le ministre des Transports :

    Le ministre a fait état d'"actes isolés", d'"une personne interpellée", d'"une tentative de vol de portable" au préjudice d'un secouriste, de "pompiers qui, par petits groupes, ont été accueillis de façon un peu rude". Mais de "véritables actes commis en bande, non", a dit le ministre qui a ajouté qu'"à (sa) connaissance", il n'y avait pas eu "de victimes dépouillées".

    Wikipédia :

    Le jeudi 1er septembre 2005 au soir, des unités de la Garde nationale de l'US Army arrivent sur les lieux [des inondations de la Nouvelle-Orléans] pour empêcher les pillages, qui se sont généralisés, avec ordre de tirer pour tuer.

    Alors ? Qu'est-ce que vous préférez ? Les valeurs de la République ? Ou la loi de la jungle de l'ultralibéralisme anglo-saxon ?

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  16. Chaque événement fait pousser un nouveau ministre. Mais ce Cuvillier manque encore d'expérience, le mensonge manque de poids, Cuvillier ne maîtrise pas encore le plus-c'est-gros-plus-ça-passe : aucun caillasse, ces cailloux sur la rue, mais c'est du ballast voyons ! les trains ça déménage ! Une intervention policière ? ah non, pas à ma connaissance, mais je vais me renseigner. Et pour quelle motif d'abord ? Pillage ? allons donc ! Des victimes ? Un accident ? mais quel accident ? Allez ! reformez les rangs ! demain on a défilé.

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  17. 24h après les faits, pratiquement aucun article dans la gauchosphère, relatif au déraillement du train à Brétigny. Seul E.Arié semble appeler un chat, "un chat". Un autre billet nous explique que la réacosphère se serait précipité pour récupérer un évènement qui en fait n'aurait pas eu lieu.
    Bref du grand classique.

    Et l'on voit bien que la discussion devient impossible. On sent bien de plus en plus qu'il n'y aura "pas de réconciliation possible", pour reprendre le titre de ce billet. C'est triste et ça pue.

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    1. Je tiens à préciser que je me suis borné à parler de "quelques cas isolés", et que mon français n'est pas assez subtil pour saisir la différence entre un "jet de projectiles" (qui a bien eu lieu) et un "caillassage"; bref, à ne me baser que sur le bilan final dressé par le Ministre des Transports:

      ""Sur i-Télé, le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a déclaré n’avoir pas eu connaissance «de victimes dépouillées», faisant simplement état «d’actes isolés», de la personne interpellée pour le vol de portable et de «pompiers qui par petits groupes ont été accueillis de façon un peu rude»."

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    2. Lorsqu'un ministre ou un président arrive sur place, il ne met jamais les pieds dans la merde. Il reste au PC sécurité, va serrer quelques louches de blessés présentables et a droit au résumé des faits par le préfet et quelques pontes départementaux. Il ne va jamais écouter ceux qui étaient sur le terrain et qui ont pu voir une petite trentaine de détrousseurs isolés, comme de juste. Ceux-là, ils sont mis de côté, d'abord ils sont tous suspects, normal ils sont tous blancs. Les pompiers se font caillasser ? Ça n'a rien à voir avec la choucroute puisqu'on nous dit que c'est devenu banal dans l'a-France d'aujourd'hui. On n'a pas parlé des bagnoles cramées, bizarre. Rien, il ne s'est rien passé, puisqu'on nous le dit.

      Ceci dit, il faudra un jour qu'on m'explique pourquoi de plus en plus de secouristes vont au taf avec une matraque télescopique planquée dans leur poche. Bien sûr, on peut penser que c'est une marque de paranoïa. D'autres y verront juste la marque de notre époque où ce genre de faits deviennent banals. Et puis il y a les salauds qui aiment la civilisation française, enfin ce qui en reste, et qui voient là-dedans le signe de la fin de cette civilisation livrée aux bêtes sauvages d'importation.

      Il n'y a pas à dire, c'est beau la diversité et son enrichissement culturel et civilisationnel. C'est le retour de la tuberculose et autres saloperies qu'on croyait disparues, le retour des attaques de diligences, la multiplication des cours des miracles autrement appelés "quartiers" dans les journaux propres sur eux, les tournantes, les crimes d'honneurs, les mariages forcés, etc. L'aculture de l'a-France moderne. Miam miam.

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  18. Peut-être qu'il y a des bêtes sauvages d'importation mais ils ne valent pas les pillards blancs détrousseurs de contribuables à l'agonie comme Sarkozy, Tapie, DSK, Cahuzac, Guéant, Woerth et...la liste est longue.
    De plus, ceux-là passent pour des gens qui travaillent pour la grandeur du pays. L'anarque est autrement plus éhontée, non ? Ils pillent des gens qui pourraient encore vivre si on ne les pillaient pas.

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  19. Le gouvernement (Hollande, Valls) affirme donc que l'hypothèse d'un sabotage ne peut en aucun cas être privilégiée. Que ce n'est pas la piste number one.
    Comme si ce genre de trucs était totalement inenvisageable aujourd'hui en France.
    Ceci s'est pourtant produit en France deux jours avant Brétigny (vu chez LB):

    http://www.lepopulaire.fr/limousin/actualite/departement/haute-vienne/2013/07/12/fromental-les-anti-nucleaires-font-derailler-une-loco-1625724.html

    Donc si l'on ne peut évidemment en tirer aucune conclusion, il n'est pas interdit d'observer que ce genre de choses puisse (doive) être envisagée par des services d'investigation, dignes de ce nom.
    Ce gouvernement est malhonnête, tout comme tous les mange merde qui le soutiennent.

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  20. Extrait de l'article:

    "Des boulons ont été démontés et la locomotive empruntant une petite voie ferrée servant à aller à Areva a quitté sa voie".

    Hein? Quoi? Non, rien, circulez, circulez! on vous dit gentiment.

    De deux choses l'une, soit il s'agit d'une communication de "camouflage", à savoir qu'on ne veut pas éveiller les soupçons de groupes sur lesquels on enquête (cela s'est déjà vu, mais je préfère laisser cette hypothèse aux gogos qui croient encore en l'impartialité de la presse et en l'honnêteté de leurs dirigeants), soit il ne me reste plus qu'à vous souhaiter la bienvenue en union soviétique.

    Fort heureusement tout va bien, un immonde complot nazi vient d'être déjoué en Corrèze.

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.