mardi 19 novembre 2013

Anacoluthe

Dans deux heures d'ici, je serai assis sur une chaise de plastique, dans une sorte de corridor d'attente, essayant de lire les mémoires du comte de Tilly en attendant d'être reçu par la dame-qui-sent-bon, installée derrière son petit bureau équipé d'un ordinateur ancien modèle. Lorsqu'elle consentira enfin à me faire entrer dans son cagibi – avec probablement une grosse demi-heure de retard, il convient de s'y préparer puis d'endurer, et le comte sera là pour y aider –, ce sera pour me dire à quel âge précisément je pourrai envisager de prendre ma retraite, et combien de picaillons tomberont alors dans ma flasque escarcelle.

C'est à ce genre de petits détails que l'on peut constater que jeunesse est bien loin, et que le temps léger s'est enfui sans nous en apercevoir.

27 commentaires:

  1. D'un autre côté, vous partirez à la retraite alors que vous êtes déjà sénile...

    RépondreSupprimer
  2. N'oubliez pas de prendre vos euphorisants et anti-dépresseurs dans votre poche... juste par simple précaution pour après le rendez-vous.

    RépondreSupprimer
  3. “En vieillissant, on apprend à troquer ses terreurs contre ses ricanements.”
    E.M. Cioran

    RépondreSupprimer
  4. La conclusion est presque trop belle. Je me suis donc transporté à Évreux, j'ai réussi à trouver une place de stationnement, ai parcouru quatre ou cinq cents mètres à pied ; pour tomber sur une porte close nanti d'une affichette qui disait : « Exceptionnellement, l'Assurance vieillesse fermera à 12 h 30, le 19.11. J'ai vérifié qu'on était bien le 19.11 et suis rentré chez moi. Même pas énervé, tellement c'était gros.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Robert Marchenoir20 novembre 2013 à 02:10

      Je suis outré par ce texte qui stigmatise violemment les fonctionnaires. Une fois de plus.

      Pourtant, tout le monde sait bien qu'ils sont la conscience professionnelle incarnée.

      Si vous pensez que c'est si facile que ça de ne pas fermer le 19 novembre à 12 h 30, eh ben vous n'avez qu'à vous présenter au concours d'assureur-vieillesse. Croyez-vous vraiment qu'ils ferment à 12h 30 par plaisir ? Hein ? Hein ?

      Supprimer
    2. Vous avez raison, et je bats bien humblement ma coulpe.

      Supprimer
  5. ha ha ha !
    Bon, presque un kilomètre à pied, donc. Parfait pour lutter contre les maux du vieillissement dus à trop de sédentarité.

    RépondreSupprimer
  6. Votre sens du gag, cher Didier, fait mon admiration....

    Et ce pauvre Tilly ? Pas lu ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si, une fois rentré à la maison, ce qui était plutôt mieux.

      Supprimer
  7. Bonsoir Monsieur Goux

    Et pour parachever cette "sublime" journée je crois que les sept mille euros que vous devait G. de Villiers vous pouvez définitivement vous asseoir dessus.

    http://www.lefigaro.fr/livres/2013/11/19/03005-20131119ARTFIG00275-gerard-de-villiers-devoilent-ses-dernieres-volontes.php

    C'est un certain "Benloulou" qui parle des finances de G. de Villiers....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alors, là, je rit bien haut ! Ce dont parle cet article, c'est de ses avoirs "officiels". Évidemment, aucun héritier ne pipera mot à propos des comptes numérotés qui doivent exister un peu partout.

      Supprimer
  8. Plus la joie est extrême et plus elle est fuitive ;
    Mais j'en garde pourtant la mémoire si vive,
    Que mon plaisir perdu n'est pas du tout passé.

    RépondreSupprimer
  9. Anacoluthe, je ne sais pas. Anachorète surement.

    Duga
    Anachronique

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tant que ce n'est pas analphabète…

      Supprimer
    2. Sauf erreur de ma part, l'anacoluthe est une formule stylistique - laquelle a pu m'échapper dans votre texte - alors que l'anachorète est un homme seul, ce qui correspond à la photo...

      Duga
      Analytique

      Supprimer
    3. L'anacoluthe est dans la dernière ligne du texte et n'est que l'adaptation d'un vers de Philippe Desportes (1546 – 1606, comme nul ne l'ignore) :

      Le temps léger s'enfuit sans m'en apercevoir

      Supprimer
  10. passé par la case rebeu pour fêter une journée pareille , non ?

    RépondreSupprimer
  11. Vous n'avez pas envie de prendre votre retraite et c'est tout!

    RépondreSupprimer
  12. N'en croyez rien: même Henri Emmanuelli ("l'aile gauche du PS") a dit qu'il trouvait anormal de voir de plus en plus de gens passer plus de temps à la retraite qu'à la vie active, alors...
    De toutes façons, vous continuerez à écrire pendant votre retraite, et aussi à toucher des sous: donc, ça ne changera pas grand chose, pour vous.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. « De toutes façons, vous continuerez à écrire pendant votre retraite, et aussi à toucher des sous: donc, ça ne changera pas grand chose, pour vous. »

      Qu'en savez-vous ?

      Supprimer
    2. Voyons, voyons, Didier, Elie Arié sait tout de chacun de nous. Nul recoin de nos âmes n'échappe à son regard perçant, et en même temps si humaniste. Oh, homme de peu de foi!

      Supprimer
    3. Je ne savais pas que les spécialistes du cœur sondaient aussi les âmes…

      Supprimer
    4. Quand on est accro à l'écriture, c'est pour la vie; plus difficile de s'en débarrasser que du tabac.

      Supprimer

La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.