jeudi 29 janvier 2015

Pâques aux tisons, journal en décembre


C'est là-bas

23 commentaires:

  1. Adorable hérisson, bonjour le printemps ...
    Qui a fait cette sublime photo ?

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  2. Pour votre premier roman, n'essayez pas de pondre plus de 300 pages, hein, sinon je risque de refuser de le lire (ce qui j'en suis sûr vous chagrinerait). Et si vous avez besoin d'un modèle pour un personnage élégant autant qu'intelligent, n'hésitez pas, je suis libre et volontaire.

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  3. Extrait du journal de Suzanne:

    Jeudi 29 janvier, 13h15.

    Je lis le Journal de Didier Goux, en ligne. Pauvre Catherine ! Ils ont déjà morflé en problèmes de santé, et ça continue. Je n'ose même pas imaginer comme ça doit faire mal, une épaule démantibulée.
    Sinon, il écrit un livre. Quel genre de livre ? Un roman, sans doute. Il a déjà dit quelque part, il y a longtemps, qu'il avait écrit un "vrai" livre. Je ne me souviens plus s'il avait été édité ou pas, mais l'entreprise n'avait pas été couronnée de succès. J'espère qu'il ne souffre pas trop en l'écrivant, j'espère aussi que ça marchera un peu. Il n'arrête pas de répéter qu'il n'est pas écrivain, mais "écrivain en bâtiment", et c'est une situation périlleuse. Un peu comme l'oncle Albert, qui avait été primé au concours de Rome et qui était certainement un grand artiste, ou qui du moins "aurait pu" s'il avait été reconnu pour son travail. Mais par qui ? Le monde de la peinture, des galeries, quand on est un bouseux des Beaux-Arts de province, laisse tomber. L'enseignement l'a rendu à moitié fou, et avant de tuer un môme, il avait tenté l'entreprise de peinture-décoration. Le problème est que ça a trop bien marché. Il a peint pendant des années des imitations de fresques romaines, des tas de trucs sur les murs, sur les portes... et il soignait comme un malade ses coloris, ses nuances, les clients ne se rendaient pas compte du travail qu'il effectuait. Puis quand il a eu assez de fric, il a tout balancé pour se remettre à la vraie peinture et là, il expose à Limoges. Il n'y a pas grand monde à l'écouter quand il se plaint de la douleur qu'il avait à peindre des fenêtres avec un petit oiseau dans le coin. L'exécution était magnifique, oui mais voilà... Je pense qu'il aurait été moins malheureux en étant pâtissier. Enfin, je suis curieuse de voir ce que ce blogueur en écriture va nous pondre, il est capable de surprendre. Moi, je fais partie ce ceux qui ne veulent rien savoir d'un écrivain. Rien d'autre que leurs livres. Souvenir du vieux Gracq, quand j'étais allée le voir avec Amélie. C'est bien parce qu'Amélie était bigleuse et qu'elle avait du mal à se déplacer. Il ne recevait pas beaucoup d'inconnus, le père Julien, et encore moins d'inconnus qui lui envoyaient un manuscrit. La pauvre Amélie a cassé sa pipe avant d'avoir lu les réponses -sans doute négatives- des éditeurs potentiels, mais Julien Gracq, pendant l'entretien, n'a parlé que du vin qu'il allait acheter dans un vignoble du village d'à côté, de son parquet ciré qui se mettait à craquer inexplicablement, d'un fou qui lui téléphonait sans cesse. Je m'en voulais d'être là, j'en voulais à mon amie d'espérer je ne sais quelle perfusion de cette rencontre. Je ne raconterai pas ça à Didier, en plus il n'aime pas Gracq. Je vais essayer de lui dire plutôt quelque chose de gentil et d'encourageant.

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    1. Excellent !

      (Mais quelle idée, d'aller voir ce vieux raseur de Gracq ?)

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    2. D'où l'expression "aller se faire voir chez las Gracq".

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    3. Que d'enseignements à tirer de cette livraison ! D'abord la réduction drastique de vos consommations d'alcool et de tabac m'amène à me demander si vous resterez fréquentable. Ensuite, vos commentaires sur Anna Karénine m'inclinent à penser que, sauf grande disette, les chances que je lise jamais les deux volumes de cette œuvre aussi immortelle qu'ennuyeuse en ma possession depuis magnifiques lurettes. Il n'y a heureusement pas le feu au lac vu que j'alterne Waugh et Wodehouse et que le printemps finira bien par venir avec ses travaux agrestes et bâtimentaux...

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    4. Oui, enfin, n'exagérons rien : le roman de Tolstoï reste un grand roman. Mais avec des passages ennuyeux.

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    5. À propos de Tolstoï et plus précisément de ses derniers jours très étranges qui le voient s'enfuir nuitamment de sa demeure de Iasnaïa Polina pour mourir une semaine plus tard dans la petite gare d'Astopovo, je vous signale un petit livre d'Alberto Cavallari que j'aime beaucoup et qui est disponible dans la collection de poche 10 / 18 : "La fuite de Tolstoï".

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    6. Il y a aussi le charmant ouvrage de Ivrina Perstovkaïa préfacé par Léopold Touninsky et bellement réédité aux éditions du Crépuscule par Arnaud Plessis, dans une traduction exemplaire de Françoise de Bonodry. Hector Malthès en a dit le plus grand bien dans le dernier numéro de la Revue des Deux mondes que j'ai acquis récemment à la librairie de Paul Duchemin.

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    7. Je n'en reviens pas. Anna Karénine ennuyeux (ou même "avec des passages ennuyeux"), vraiment, je m'en tape le cul par terre d'étonnement !

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  4. Je garde cet extrait pour un usage ultérieur : " J'ai l'impression que je vais finir par cesser totalement de boire".

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    1. Je savais que ça se retournerait contre moi, je le savais !

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    2. Pas tant que cela, je pense que l'état d'esprit que vous décrivez correspond assez bien à cette indifférence lasse qui nous fait abandonner les choses auxquelles on peut s'attacher un temps, cela de façon bien plus efficace que les bonnes résolutions prises à l'encontre d'un désir qui s'en trouve ainsi renforcé.

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  5. Je l'ai bien aimé votre journal.
    Décembre ressemble un peu aux arbres à cette période de l'année ... un peu déplumé :-)

    Tolstoï, sans doute faut il être très consciencieux pour venir à bout de ses 4 romans, je n'ai jamais pu y arriver, perdue que j'étais au milieu de toutes ses analyses philosophiques et politiques, j'en ai perdu le fil plus d'une fois.

    Quant à Zola, j'ai bien aimé Lourdes, Rome, Paris.

    Quel est le sujet de votre prochain livre ?

    hélène

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    1. « Quel est le sujet de votre prochain livre ? »

      C'est la question que je me pose dix fois par jour depuis deux mois et demi.

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    2. C'est pourtant simple. Le sujet du prochain livre de Didier Goux c'est sur comment la France elle est devenue bien plus cool que de son temps.

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  6. J'ai grand hâte de découvrir votre prochain livre. Tous mes encouragements !

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    1. Tempérez votre hâte, mon ami : l'enfant semble se présenter par le siège, le cordon ombilical enroulé autour du cou, et on ne sait pas si on va parvenir à le sortir de là vivant…

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    2. Oh, le con, i va sortir tout bleu avec des vergetures sur la tranche ?

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  7. Alors, je vous souhaite ....oh pis non

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  8. N'y a-t-il pas contradiction entre: le " on aurait dit moi hier soir " et " Car, d'alcool, je ne bois quasiment plus "... Je pose la question...

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.