vendredi 29 mai 2015

Lectures induites et voyages collatéraux

Samuel Pepys, 1633 – 1703

La lecture, hier, du Fouquet ou Le Soleil offusqué, de Paul Morand, m'a donné grande envie de retourner à Vaux-le-Vicomte ; mais, bizarrement, beaucoup moins à Saint-Mandé, bien que, dans cette dernière charmante petite citée suburbaine, j'aie passé de nombreuses soirées fort agréables, voilà un peu plus de trente ans ; j'y ai notamment suivi le match France – Allemagne de 1982, à Séville.

Depuis ce matin, quittant Fouquet mais conservant Morand, je me suis embarqué pour son Londres (1933), suivi, dans l'édition que j'ai, du Nouveau Londres (1961) ; l'évocation qui y est donnée, de la Grande Peste puis du Grand Incendie, m'a fait aussitôt descendre de son étagère le Journal de Samuel Pepys.

À propos du premier livre cité, le Fouquet, il m'a permis de prendre conscience d'une chose, à savoir que les titres formés sur ce modèle (très courant dans les époques passées, presque plus de nos jours) étaient en fait deux titres, unis par la conjonction “ou”, et non un seul : c'est ce que prouve indubitablement l'emploi des majuscules initiales dans la seconde partie. À y réfléchir un peu, c'est d'une logique assez élémentaire, et j'aurais pu m'en aviser plus tôt.

39 commentaires:

  1. A mon humble avis, il s'agit là d'une formule en deux volets sémantiques. Dont le deuxième serait appelé à compléter les donnée du premier, à les étendre ou à les approfondir.
    Didier Goux ou l'infatigable orfèvre des mots ...

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    1. Après cela, reste-t-il encore quelque chose à dire ? On verra bien !

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  2. Fouquet
    Ministre des finances de Louis XIV donne une fête somptueuse à Vaux-Le-Vicomte , le Roi se sent humilié par le faste ; peu après il fait arrêter son ministre qui avait. comme devise " Usque non ascendam " .
    Tout pour justifier le second titre
    Le Soleil offusqué
    Le Roi Soleil bien sûr .

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  3. Et il y a de fort beaux titres conçus sur ce modèle. J'aime beaucoup Elise ou La vraie vie, énormément Félicia ou mes fredaines (la majuscule à Mes, je ne la sens pas).
    Maurice Poissard (le retour)

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  4. J'ai oublié Isabelle ou L'arrière-saison : sublime, dans le genre mélancolique.
    Maurice Poissard

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  5. Ça y est, j'ai compris le jeu ! J'ai trouvé "Amélie, ou Le duc de Foix", avec une virgule après Amélie, une majuscule à Le, mais une minuscule seulement à duc. Dommage !

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  6. Sans oublier Félicie ou Si...

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  7. Jamais de majuscule avec l'article défini dans les titres (mais il se met en italiques, bien sûr).

    « Fouquet ou le Soleil offusqué »
    Dans son roman « le Rouge et le Noir » Stendhal écrit, etc.

    Majuscule à l'adjectif seulement s'il précède le nom : « Maurice et les Belles Dames », « Maurice et les Dames idiotes ». Titre avec phrase verbale : « Maurice part à la chasse », « le Vieux Maurice part à la chasse », mais « Un vieux chasseur se lève tôt ».

    Autre exemple : Montherlant, dans « les Jeunes Filles », dit que, etc.

    Règles fort complexes, mais logiques et subtiles.

    L'article défini dans les titres est particulier en ce sens qu'il peut être escamoté. On dit : les journalistes du « Monde » et non : les journalistes de « Le Monde ».

    Pour plus de détails, voir « Orthotypographie », de Jean-Pierre Lacroux.

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    1. D'accord avec certaines choses, mais pas avec d'autres, dans ce que vous dites : je tâcherai d'y revenir dans le cours de la journée, quand j'en aurai fini avec mes pensums de FD et quand j'aurai fait ma page de Paludes

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    2. @ Ygor Yanka

      Croyez-vous qu'il vous sied bien de casser la baraque à notre "infatigable orfèvre des mots' ?

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    3. Oh, mais Maître Yanka ne m'a rien cassé du tout ! Et, fort heureusement, pas la baraque, dans laquelle il lui arriva de séjourner…

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    4. Jamais cassé la moindre baraque. Ce n'est pas à ce grand âge parvenu que je vais m'y mettre, surtout celle d'un monsieur qui, de fait, m'hébergea naguère, et qui depuis, curieusement, a pris quelque envergure littéraire : du bâtiment « la Case » au palace des Belles-Lettres.

      Disons que je suis présentement occupé par des soucis de mises en page professionnelles sous InDesign et que j'ai bouffé ces derniers temps 58 km de manuels typographiques.

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    5. Fredi : mais je ne vous ai pas précisé quand j'allais y revenir. J'aurais d'ailleurs dû vous en avertir : pas avant quelques mois.

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    6. Ygor : le problème est que les typographes, correcteurs, etc. qui pondent ce genre de manuels ne représentent aucune autre autorité que la leur : Jacques Drillon ne cesse de le répéter, dans son irremplaçable traité consacré à la ponctuation. C'est une corporation qui décident des règles qui les arrangent dans le cadre de leur métier, rien de plus.

      Pour revenir à votre commentaire précédent, l'argument de l'article amovible est évidemment très recevable. Cependant le trouve gênant de le priver de sa majuscule quand on la conserve au mot qui le suis (j'ai relu la Chartreuse de Parme).

      Votre second exemple, en revanche, ne me paraît pas recevable du tout. Il faut écrire, je crois : Maurice et les belles dames, sans majuscule nulle part, puisqu'il ne s'agit que d'un seul titre. En revanche, j'écrirais : Maurice ou Les Belles Dames. Sinon, d'accord avec la suite, sur la place de l'adjectif.

      (Dans le cas du Rouge et le Noir que vous citez, vous auriez pu signaler aussi cette exception que constituent les titres symétriques qui font que l'on met également une majuscule au second nom commun : Le Truc et le Machin, Le Jour ni l'Heure, etc.)

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    7. @Didier Goux, sur la corporation des typographes
      Il y a sûrement du vrai dans ce que vous dites, mais il me semble que certains se préoccupent aussi d'esthétique, ce qui les conduit à éviter les À et les Ô qui sont assez laids, surtout le À.
      A mon avis. Et c'était avant que le politiquement correct n'écrase tout.

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    8. @ Didier Goux
      Faudrait-il aussi incriminer "les typographes, correcteurs, etc." pour "...une corporation qui décident des règles qui les arrangent..." ainsi que pour "du mot qui le suis ", ou bien ? Comme m'avait appris à le dire Jazzman du temps où il avait moins de doutes sur la pureté de ma race, et où il daignait encore me parler.

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    9. @Mildred
      Je le redis, ce n'est pas une question de race, mais de façon d'agir. Il se trouve que c'est souvent corrélé avec des caractéristiques raciales, ce qui justifie une méfiance à priori, rien de plus.
      Vous avez parlé de me claquer le museau et vous vous imaginez que je vais continuer à vous adresser la parole comme si de rien n'était ? Votre sentiment de supériorité vous égare.

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    10. Pour moi, la règle est "majuscule jusqu'au premier substantif si l'article est défini". Double majuscule si nom composé. La Véritable et Magnifique Après-Midi triste de Paul et son tabouret.
      Suivent quelques subtilités : les titres symétriques, comme tout le monde l'a déjà dit (Le Rouge et le Noir) et les titres doubles (Candide ou l'Optimisme). Vous déduisez de mon exemple entre parenthèses que je suis Ygor sur l'absence de capitales à l'article dans tous les cas (hormis bien entendu en début de phrase). En revanche, Émile ou De l'éducation, car la clarté l'exige ("ou de" ne se comprend pas correctement sinon).
      Au Lacroux d'Ygor, j'ajoute le Jouette comme prescripteur en renfort de notre position.

      Je ne comprends pas bien l'argument de Didier sur l'autorité des manuels de typographie (ou son absence). Qui d'autres avons-nous ? Pourquoi ne serait-ce pas aux typographes d'édicter les règles de typographie, précisément fruits des contraintes et des exigences du métier ?
      Ainsi du très mauvais exemple de Jazzman (ce doit être mon côté politiquement correct) : les typographes exigent au contraire l'emploi des capitales accentuées. L'absence d'accent sur celles-ci ne s'expliquait que par la hauteur fixe des caractères d'imprimerie, qui entraînait une difficulté : tout signe diacritique placé sur une capitale impliquait de modifier l'interlignage de la ligne supérieure, ce qui était jugé, à raison, laid et fastidieux. Cette difficulté étant entièrement aplanie par la composition moderne, l'habitude n'a plus lieu d'être (et a presque totalement régressé en pratique ; vous ne verrez plus beaucoup d'éditeurs la recommander).
      Les contraintes de la corporation évoluent, et avec elles les règles. Je ne vois pas bien ce qui pourrait justifier une autre marche.

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    11. En ce qui concerne votre premier paragraphe, nous sommes à peu près d'accord, et je ne me ressens pas de me battre pour, la majuscule à l'article.

      En revanche, votre second m'amuse beaucoup. D'abord, vous confondez les règles qui régissent la langue avec les "exigences" de tel ou tel métier : ce sont aux métiers qui ont affaire à elle de se plier à la langue et non l'inverse. Ensuite, juste après, vous me confortez dans mes arguments, à savoir que les typographes édictent des règles qui n'ont d'autre but que de leur faciliter la vie ; et vous en donnez même un exemple très convaincant !

      En un mot, on se fout des contraintes de telle ou telle corporation : c'est à elles de s'adapter aux règles qui régissent la langue qui est leur outil, et non l'inverse.

      (Et puis, tout de même, je vous rappelle que les typographes sont des ouvriers ; c'est-à-dire qu'ils sentent mauvais sous les bras et ont longtemps eu tendance, ces connards, à être communistes, quand ce n'était pas trotskystes.)

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    12. benj (sans majuscule selon lui) ne m'a pas compris, je ne parlais que du A et du O que j'avais vu sans accent dans un recueil de poésie. En poésie les lignes commençant par A et O sont fréquentes.
      Les autres majuscules sont naturellement accentuées et le reste de son argument ne tient pas puisqu'on dispose depuis longtemps de petites capitales qui permettent de conserver l'interlignage, par exemple lorsqu'on cite un titre dans un texte.
      Lorsqu'il s'agit d'un titre, l'interlignage est un argument encore plus stupide puisque le corps des titres est généralement différent du corps du texte. De plus soit le titre est en tête de page, soit on ajoute de toute façon un espace supplémentaire à la fin du paragraphe précédent.
      J'ai une assez grande expérience en typographie numérique.

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    13. (C'était moi, benj ; peu importe, mais c'est habituellement comme ça que Google me reconnaît par ici.)

      Je ne crois pas confondre, et j'ai dit, dès le début, que ce sont bien les typographes qui édictaient ces règles. Là où je ne vous suis plus, c'est que je ne vois pas qui d'autres ? On ne parle pas de langue, ici (du moins pas au sens restreint), mais uniquement de typographie ! La règle de capitalisation des titres d'œuvre est une règle purement typographique, et la langue ne s'était jamais prononcé sur la question avant qu'elle ne vienne se poser aux typographes. Elle ne s'entend pas et n'aurait aucune raison d'être, ou si peu, hors de l'imprimerie. Si les typographes ne l'avaient pas édictée, il n'y en aurait donc tout simplement pas (et pourquoi y en aurait-il une ?). Chacun ferait ce qu'il voudrait en la matière.
      (Qu'ils soient communistes et sentent sous les bras, voilà en revanche ce que personne ici ne contestera. Raison de plus de leur accorder autorité sur les affaires de Capital.)

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    14. @Didier Goux ce sont aux métiers qui ont affaire à elle de se plier à la langue
      Pourriez-vous expliquer par quels mécanismes la langue définit la typographie ?

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    15. ... et en plus ils dépensent tous leurs émoluments en boisson, au tiércé et à la coinche.

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    16. Jazzman, voulez-vous dire que vous connaissez des recueils dans lesquels les A et les O ne sont pas accentués, mais les E, oui ? Cela me paraît curieux !
      Les petites capitales n'ont jamais servi à régler l'interlignage, qui ne devrait pas varier quoi qu'il arrive. Elles servent à produire une distinction entre majuscules et capitales et ne sont donc jamais employées en début de phrase (car il y faut une majuscule). Où avez-vous vu ça ? Leur emploi est beaucoup plus spécifique. Il est par exemple de coutume d'inscrire les noms propres en petites capitales dans les bibliographies, ce qui permet, en utilisant une "grande" capitale pour la première lettre, de conserver leur majuscule. Mais jamais, Ô grand jamais, on n'utiliserait une petite capitale pour le "À" de "À l'auto-école, je m'étais très mal conduite" venant dans le corps du texte.
      Par ailleurs, mon "argument" n'en est pas un, il s'agit d'une réalité historique : la hauteur fixe des caractères d'imprimerie a longtemps empêché les typographes d'employer des capitales accentuées, voilà tout.
      Ensuite, un titre d'œuvre cité dans le corps du texte est composé en bas-de-casse, pas en petites capitales. Pourquoi le serait-il ?
      Enfin, qu'est-ce que les titres viennent faire là ? Nous parlions des titres d'œuvre, pas des titres de chapitre, de paragraphes ou autres.

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    17. @tcheni
      C'est vous qui avez commencé à parler d'interlignage, et je sais déjà que vous allez dire oui, mais etc. etc. et ça finira en historique de la typographie et du dessein de fonte à travers les âges en passant par la parenthèse de la machine à écrire...
      Oui je possédais un recueil de poésie (une édition du XIX de Verlaine sauf erreur) dont j'avais noté que seuls les A et les O n'étaient pas accentués, mais j'ai dû le revendre, donc l'histoire s'arrête là.

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    18. L'accent des majuscules sur les lettres de plomb (surtout le À) étaient très fragile en cas de chute et pouvaient même casser au serrage ; et comme ces lettres coûtaient la peau des fesses, certains imprimeurs s'en passaient volontiers. Je préfère la grammaire à la radinerie... Avec le numérique, plus d'excuse. Les capitales prennent toutes l'accent... sauf le « i », veuf de son point (mais c'est un usage, pas une règle).

      La typographie est le métier des typographes, et c'est un noble métier. Le capitaine est le roi sur sa péniche, mais au passage de l'écluse, l'éclusier commande et le capitaine obéit ! La typographie n'interprète pas le texte, mais le met en valeur. Lacroux était un maître en ce domaine, et son manuel complète et illustre en détail les recommandations de l'Imprimerie Nationale. Il n'existe pas de règles typographiques, mais des usages. Qui valent loi. J'ai bien le « Ramat de la typographie », mais il ne dit rien des cas très particuliers que l'on rencontre souvent.

      Pour être à travailler sur des textes, je me dois de m'en tenir à certaines normes. Et un bête texte à mettre en page de façon pro peut causer bien du souci — d'où la nécessité d'un peu de rigueur. Le lecteur en saura gré à l'artisan de l'ombre. Et c'est une bénédiction pour les fondus de la belle mise en page que de pouvoir travailler avec des outils comme InDesign (ou Quark Xpress) qui permettent au moins de jouer sur les espaces très finement, sinon un cauchemar sous Word et autres traitements de texte.

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  8. Bijoutier de Famille30 mai 2015 à 11:21

    Je suis arrivé sur votre blog en cherchant Guy Birenbaum infatigable orfèvre des mots pour ma thèse en DEUG de coiffure qui traitera du crêpage de chignon en milieu littéraire 2.0 pré-modéré (Najat et Jack sont emballés). Alors, elle est pas belle la vie ?

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    1. Vous m'aurez au moins appris que Guy Gé est un orfèvre des mots (et infatigable, qui plus est), ce qui ne m'était pas, à le lire, apparu dans toute sa netteté.

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    2. Serait-ce à dire que Google me serre de si près qu'il sache déjà que je qualifie un certain monsieur G. "d'infatigable orfèvre des mots" (voir ma première intervention en haut de page) ?
      Il faudrait par conséquent que je sois plus allusive, plus énigmatique, plus mystérieuse encore pour semer l'omniscient ...
      Mais le voulons-nous vraiment ?

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    3. Oui, enfin, Google ou un de ses supplétifs, rien qui nécessite une surcharge de mystère. À mon avis.

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    4. Personne n'a relevé Alors, elle est pas belle la vie ? titre de l'émission de Proust (et c'est ce soir en plus) pour faire plaisir au taulier qui aime bien qu'on l'y compare.

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    5. Jazzman, vous avez bu : c'est mal.

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    6. Ah! les accords du Jazzman, mettant subtilement en valeur les oukases du Maître. Une sorte de prescience mélodique qui semble déjà annoncer la parole de l'infatigable orfèvre des mots ...

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    7. Madame Schreyer, serait-ce trop vous demander que de n'intervenir que quand vous avez réellement quelque chose à dire et que vous avez trouvé le moyen de le dire clairement ?

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    8. Aïe, aïe, aïe ! Ça sent le "claquage de museau !

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    9. Admonestation imméritée dans un cénacle de distingués bavards.

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  9. Vous avez vu ce qu'étaient les petits-déjeuners de Pepys ?

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.