Elle s'appelait comme ça : Brigitte Bichoux.. Elle vivait alors à Châteaudun (Eure-et-Loir), et moi aussi. Elle était extrêmenent jeune, et moi aussi. C'était en 1971 (peut-être 72, on s'en fout un peu).
Je crois que Brigitte Bichoux m'aimait bien. Je crois que j'étais trop con pour m'apercevoir que Brigitte Brichoux m'aimait bien.
Je vais vous dire : Brigitte Bichoux avait une merveilleuse peau blanche et de somptueux cheveux noirs. Elle avait également (mais j'avais juste 15 ans, et elle m'excitait beaucoup) des seins (deux) et un cul, pommé comme il est défendu.
Brigitte Bichoux avait une particularité : enfant, elle avait posé sa langue sur une prise électrique branchée, et avait perdu une partie de l'organe en question (je ne plaisante pas : elle avait une demi-langue, elle me l'a montrée souvent, et elle ne me plaisait pas moins pour autant : j'aimais bien cette petite langue atrophiée - et quand j'y pense encore aujourd'hui...).
Un jour : dans un cours (dont tout le monde se fout), elle et moi étions assis l'un près de l'autre. Et elle m'a demandé (à voix basse) quelle fille de la classe je trouvais... je trouvais quoi ? bandante ? non, on ne parlait pas comme ça, à cette époque. Elle était assise à ma gauche (je ressens encore sa chaleur, aujourd'hui, en cet instant). Laquelle je trouvais... je trouvais...
Et j'en ai désignéé une (dont je me foutais), et j'ai balancé son nom, alors que, bien sûr, Brigitte Bichoux voulait que je lui dise "toi", ce que je mourais d'envie de lui dire. (Ça paraît si simple, quand on est adulte, hein ? ) Et j'avais très envie de lui dire : "toi". Souvent, le soir, dns mon lit, je me branlais en pensant à elle (une petite robe jaune, que je revois encore aujourd'hui, sur des cuisses dorées, des espoirs de choses encore jamais vues, et pas seulement ça : ce sourire, cette rondeur de visage, cette jeunesse que nous avions...).
Elle avait pris sur elle pour me poser cette question, je suis sûr, elle espérais une réponse, et j'ai été pitoyable.
D'autant plus pitoyable (mais, bon, j'avais 16 ans, hein...) qu'elle me faisait invraisemblablement bander, tout le temps. Je me souviens avoir effleuré ses seins, une fois ou deux, sans le faire exprès, vraiment, et m'être de cela excusé ; et, elle, avec un sourire qui, 35 ans après me crucifie, me dire (mais d'une voix ! avec un regard d'une douceur...) que, non, je n'avais aucune raison de m'excuser...
Une invitation. Sois gentil, montre-toi un homme, ou au moins une tentative... Regarde-moi... Vois ce que signifie mon sourire...
Bien. Brigitte Bichoux a été l'une des premières filles qui m'aient fait me sentir vaguement mâle. Le pire, c'est que je crois... (je ne sais même pas pas comment le dire)... ce n'est même pas que je crois : JE SAIS. Elle m'a fait comprendre des choses qu'elle ne savait pas elle-même, qu'elle ne sait sans doute toujours pas.
Où est-elle ? Qui est-elle ? Se souvient-elle qu'elle m'a, un jour, rencontré ? À quoi ressemble-telle, aujourd'hui ?
N'importe quel mec comprendra ce que je veux dire (et, je suppose, les filles aussi) : jusqu'à la fin de ma vie, Brigitte Bichoux ...
En réalité, je ne sais plus trop ce que je voulais dire. Je me souviens juste du sourire de Brigitte Bichoux - et de sa demi-langue, et du désir pitoyable que j'avais pour elle. Et je pense parfois - pas très souvent - à ce qu'est devenue Brigitte Bichoux. Que j'aime encore, malgré tout. Parce qu'on ne cesse jamais tout à fait d'avoir 16 ans.
Je crois que Brigitte Bichoux m'aimait bien. Je crois que j'étais trop con pour m'apercevoir que Brigitte Brichoux m'aimait bien.
Je vais vous dire : Brigitte Bichoux avait une merveilleuse peau blanche et de somptueux cheveux noirs. Elle avait également (mais j'avais juste 15 ans, et elle m'excitait beaucoup) des seins (deux) et un cul, pommé comme il est défendu.
Brigitte Bichoux avait une particularité : enfant, elle avait posé sa langue sur une prise électrique branchée, et avait perdu une partie de l'organe en question (je ne plaisante pas : elle avait une demi-langue, elle me l'a montrée souvent, et elle ne me plaisait pas moins pour autant : j'aimais bien cette petite langue atrophiée - et quand j'y pense encore aujourd'hui...).
Un jour : dans un cours (dont tout le monde se fout), elle et moi étions assis l'un près de l'autre. Et elle m'a demandé (à voix basse) quelle fille de la classe je trouvais... je trouvais quoi ? bandante ? non, on ne parlait pas comme ça, à cette époque. Elle était assise à ma gauche (je ressens encore sa chaleur, aujourd'hui, en cet instant). Laquelle je trouvais... je trouvais...
Et j'en ai désignéé une (dont je me foutais), et j'ai balancé son nom, alors que, bien sûr, Brigitte Bichoux voulait que je lui dise "toi", ce que je mourais d'envie de lui dire. (Ça paraît si simple, quand on est adulte, hein ? ) Et j'avais très envie de lui dire : "toi". Souvent, le soir, dns mon lit, je me branlais en pensant à elle (une petite robe jaune, que je revois encore aujourd'hui, sur des cuisses dorées, des espoirs de choses encore jamais vues, et pas seulement ça : ce sourire, cette rondeur de visage, cette jeunesse que nous avions...).
Elle avait pris sur elle pour me poser cette question, je suis sûr, elle espérais une réponse, et j'ai été pitoyable.
D'autant plus pitoyable (mais, bon, j'avais 16 ans, hein...) qu'elle me faisait invraisemblablement bander, tout le temps. Je me souviens avoir effleuré ses seins, une fois ou deux, sans le faire exprès, vraiment, et m'être de cela excusé ; et, elle, avec un sourire qui, 35 ans après me crucifie, me dire (mais d'une voix ! avec un regard d'une douceur...) que, non, je n'avais aucune raison de m'excuser...
Une invitation. Sois gentil, montre-toi un homme, ou au moins une tentative... Regarde-moi... Vois ce que signifie mon sourire...
Bien. Brigitte Bichoux a été l'une des premières filles qui m'aient fait me sentir vaguement mâle. Le pire, c'est que je crois... (je ne sais même pas pas comment le dire)... ce n'est même pas que je crois : JE SAIS. Elle m'a fait comprendre des choses qu'elle ne savait pas elle-même, qu'elle ne sait sans doute toujours pas.
Où est-elle ? Qui est-elle ? Se souvient-elle qu'elle m'a, un jour, rencontré ? À quoi ressemble-telle, aujourd'hui ?
N'importe quel mec comprendra ce que je veux dire (et, je suppose, les filles aussi) : jusqu'à la fin de ma vie, Brigitte Bichoux ...
En réalité, je ne sais plus trop ce que je voulais dire. Je me souviens juste du sourire de Brigitte Bichoux - et de sa demi-langue, et du désir pitoyable que j'avais pour elle. Et je pense parfois - pas très souvent - à ce qu'est devenue Brigitte Bichoux. Que j'aime encore, malgré tout. Parce qu'on ne cesse jamais tout à fait d'avoir 16 ans.
15 ou 16 ans?
RépondreSupprimerNon, parce que là, s'agirait d'être précis. A ces âges, un an, ça fait toute la différence parfois.
Des bizettes
Magnifique texte, Didier !
RépondreSupprimerEt vous n'avez pas essayé avec "Copains d'avant" ?
RépondreSupprimerVous me tirez les larmes un lundi matin, c'est pas très gentil, Didier Goux ! ...
RépondreSupprimerEn tant que fille que valide 100% de ce que vous venez de dire et confirme que si ça se trouve elle n'avait et n'a encore aucune conscience de ce qu'elle disait, voulait ou ressentait ...
... ça s'appellerait comment, ça déjà ? L'instinct, ou quelque chose comme ça ... de plus proche de l'animal que de l'humain, si vous voulez mon avis (et sinon, tant pis pour vous, je vous le donne quand même !) ... donc, pour tout dire, très SAIN .
Voilà.
Les entretiens de Bichoux ...
RépondreSupprimerOui je reconnais bien là le côté intellectuel de ces conférences à deux où l'on échange des données médicales de base !
iPidiblue et les entretiens de Bichat-Goux
Oui les filles comprennent ! Et vous étiez tellement ému que vous avez doublé le é de désigné.
RépondreSupprimerJe crois que beaucoup d'hommes peuvent se reconnaitre dans ce récit (et de femmes).
RépondreSupprimerLarguez illico ce qui vous a semblé irremplaçable (vous savez cuisiner non ?) et partez à la recherche de Brigitte Bichoux... Sinon, vous le regretterez.
RépondreSupprimerJ'ose
C'est délicat, cher anonyme, très délicat...
RépondreSupprimer"Cher anonyme" ou "Chère anonyme" ? Autant il s'agit de Brigitte Bichoux...
RépondreSupprimer"Cher anonyme"…
RépondreSupprimerComme disait l'autre, c'est extra...
RépondreSupprimerTiens, vous l'avez tellement bien exprimé, je me sens comme vengé par votre texte...
Damned, personne ici pour défendre les droits de l'Irremplaçable ?
RépondreSupprimerA mon avis, cher Didier, mieux vaut laisser Brigitte Bichoux là où elle est, c'est-à-dire dans vos rayonnants souvenirs, où elle se trouve toute auréolée de sa grâce adolescente et toute pétrie de vos fantasmes. Car qui sait si la VRAIE Brigitte Bichoux s'avèrerait irremplaçable, elle, hein ?
Balmeyer, merci de votre appréciation (et les autres aussi !)
RépondreSupprimerPétronille : à mon âge, on sait très bien qu'il ne faut SURTOUT PAs chercher à touiller la cendre pour y chercher des braises...
Effroyablement juste Didier... Sauf l'abominable: "elle espérais"...
RépondreSupprimerBeau texte qui me fera revenir peut-être, je me suis éloigné pour des raisons qui vous sont étrangères: (votre âme damnant, qui d'ailleurs n'en finit plus de s'avilir... J'en suis véritablement chagriné (vous n'y pouvez rien, ce n'est pas le sens de ces remarques vous l'aurez compris)