jeudi 28 février 2008

Mongo, Johnny, go !

Une cigarette au bas de l'immeuble, il y a deux minutes. Je suis seul à être tout seul, les autres sont en groupes de deux à quatre, et ils parlent, parlent, au point de ne pas s'entendre. Passe un homme d'une soixantaine d'années, coiffé d'une casquette, vêtu d'une sorte de parka bon marché (je suppose, à l'oeil nu) verte.

Derrière lui, marche un garçon à qui il est difficile de donner un âge précis, en raison de son faciès manifestement mongoloïde, mais on peut supposer qu'il s'agit de son fils. Il est coiffé d'un bonnet. (Pourquoi la plupart des mongoliens portent-ils des bonnets ?)

Passant devant l'immeuble, celui que l'on appellera le fils de l'homme tourne sa pauvre figure vers nous, pas très longtemps, et ne manifeste pas plus d'intérêt que nous n'en méritons en réalité (ce qui est peut-être bien une preuve d'intelligence de sa part).

J'en suis à la moitié de ma cigarette et, jusqu'à l'extrême du mégot, je me demande si ce garçon n'est pas plus heureux que nous, nanti d'un père probablement omniscient (dans le brouillard qui est le sien), circulant dans un monde d'une grande et limpide simplicité.

Ou bien, au contraire, est-il profondément misérable et souffrant, parce que Dieu ou le hasard lui ont donné juste assez d'entendement pour se rendre compte que la totalité qui l'entoure lui échappera toujours, et sans qu'il ait rien fait pour mériter cela ?

13 commentaires:

  1. Mais dans quel état j'erre ?


    iPidiblue en propédeutique appliquée (se trouve sous les rayons du bas).

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  2. J'en connais peu, mais c'est un régal d'entrer en contact avec eux.

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  3. Une phrase qui sous-tend les Frères Karamazov (je la ais de mémoire, donc peut-être altérée) : "Nous sommes responsables de tout, vis-à-vis de tous".
    Donc, vis-à-vis de lui.

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  4. Trève de... Le peu que j'en sais me dit que ce sont des personnes douces et aimantes.

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  5. En gros vous vous interrogez sur le bonheur : faut-il avoir nécessairement conscience de son bonheur (et par conséquent de son malheur) pour être heureux ?

    Les enfants et adultes trisomiques semblent davantage plongés dans la béatitude et la félicité, que dans le bonheur. Leurs plaisirs restent peut-être éphémères et ils n'en n'ont qu'une conscience spontanée (et encore, là, je m'avance certainement beaucoup !) : en sont-ils davantage heureux en comparaison à ceux qui ont pleinement conscience de leur bonheur (et en arrière plan de leur malheur) ? C'est peut-être une histoire de présence vécue du sujet à lui-même et à son rapport au monde ?

    (Bon et puis j'arrête d'écrire des bêtises !)

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  6. On est toujours le mongolien de quelqu'un. D'ailleurs, vous, moi, Georges... orphelins s'égarant..

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  7. Faut dire aussi que comme on fait des restrictions sur tout, les hôpitaux poussent vers la sortie des gens pas encore capables d’affronter la vie citadine.

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  8. Didier,
    Je te sens quelque peu dépressif et partiellement en état de mal-être...Le spleenc'est ce qui nous menace Nous Les Artistes...
    Passe écluser quelques mousses à la Comète...Certes le risque de coma existe mais au moins on pourra se dire : on a crevé Heureux

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  9. Didier,
    Le père avait Ici Paris sous le bras ?

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  10. Pourquoi portent-ils souvent des bonnets ? Eh bien, c'est simple : parce que ce sont des êtres dépendants. En effet, lorsqu'ils sortent, leur mère (ou leur tuteur) croit bon de leur visser un bonnet sur la tête, manière de lprotection contre on ne sait quoi (e froid ?). Mais aussitôt mis, il est aussitôt oublié, et le sujet malade le porte jusqu'au coucher.

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  11. La vraie question qui me taraude est en fait la suivante : comment sk?ns fait-il la petite croix de son pseudonyme ?

    (Mais j'ai hautement apprécié les autres contributions, hein !)

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  12. C'est le Mystère de la Croix, mon cher Didier ...


    iPidiblue en prière les mains jointes devant l'ineffable

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.