mercredi 6 février 2008

Zarbi début (de journée)

Parfois, ça commence comme ça : bizarre, limite pénible. Ainsi, ce matin. Je passe le péage de l'A13 (avec lequel, d'ordinaire, j'entretiens d'assez bons rapports) et le panneau lumineux immédiatement suivant m'annonce...

Poissy 31 mn

Le temps normal étant de quatorze minutes, je sens mon sphincter anal se contracter légèrement, mais sans que l'inquiétude fondamentale ne se répercute jusqu'au cerveau (lui-même en roue libre, grâce à Alexandre Tharaud jouant des pièces de Rameau).

Une dizaine de minutes après, violent ralentissement (tout le monde fout les warning, en serrant les miches, de peur que l'autre con, là, derrière, soit justement en train de composer un numéro sur son portable et ait perdu la route de vue...). En effet, comme les dieux du panneau d'affichage l'ont annoncé à l'humanité itinérante, on se retrouve tous à trente à l'heure, avec les inévitables excités qui slaloment d'une file à l'autre pour gagner treize secondes et demie (j'ai compté, faites pas chier).

À l'embranchement entre l'A 13 (d'où je viens) et l'A 14 (où je vais), nouveau panneau lumineux, avec cette indication très étrange :

A13--->BP : bouchon
Manif en cours

["BP", pour les provinciaux et les mal-comprenants, signifie "Boulevard Périphérique...]


"Manif en cours", donc. SUR l'autoroute. J'ai le temps d'y réfléchir sereinement, puisque j'emprunte quant à moi l'autoroute des riches (ainsi appelle-t-on populairement l'A 14, eu égard à son prix, qui nous évite la proximité toujours pénible des bagnoles déglinguées de pue-la-sueur). Et la question qui jaillit immanquablement, dans mon cerveau d'opulent sarkoziste est évidente :

QUE PEUVENT DONC BIEN FOUTRE DES MANIFESTANTS AU MILIEU DE L'AUTOROUTE ?



J'obtiendrai le fin mot de l'affaire en arrivant à la rédaction : manifestations des chauffeurs de taxi qui, bien entendu, ne supportent pas l'idée que les usagers puissent trouver une voiture au moment où ils en ont besoin et comptent bien continuer à organiser la pénurie.

Du coup, m'est venue (dans mon petit bouchon) une question adventice : que pensent de tout cela mes petits amis de gauche parisiens ? Vont-ils défendre les chauffeurs de taxis (victimes broyées d'avance du grand capitalisme à face de robot grimaçant), alors qu'ils pestent tous les samedis soirs de n'en pas trouver ? Mais tout en sachant que la plupart d'entre eux votent Sarkozy (à défaut de Le Pen), par haine des bougnouls et des nègres ?

Ou bien vont-ils les larguer en rase campagne parce que, au fond, mes bons amis progresso-socialistes ne se sont jamais intéressés à personne d'autre qu'aux profs, aux cheminots, aux postiers et aux électriciens, bref : aux petits fonctionnaires, seuls résidus de ce qui fut, en un siècle où j'ai vécu, la gauche ?

11 commentaires:

  1. Oh! vous pouvez toujours râler, ce n'est que le début.

    Deux choses Didier Goux: Fallait pas voter pour ça et deuzio fallait pas aller habiter si loin.

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  2. Yavékapa, un peu facile, comme argumentation, non ? Moi je n'ai pas voté Sarkozy et pourtant il est au pouvoir. J'en fais quoi là des "fallait pas "? Didier je ne dis pas ça pour vous mais pour le besse aige (?) juste au dessus, là.

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  3. Pas parisienne, et pas de gauche ... je ne peux répondre ... mais ainsi que je l'ai déjà dit ici -et je me suis fait taper sur les doigts par l'irremp et elle avait raison mais je recommence- je me demande si vous n'étiez pas plus festif quand vous consommiez davantage d'alcool ... Au moins vos pensées d'élevaient un peu au-dessus du terre à terre, en de délicieuses volutes qui arrivaient en bandes jusques à nos narines charmées ...
    ... et non, je n'ai rien picolé, moi !

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  4. Tiens, bonne idée Manue, je m'en vais me verser quelque nectar alcoolisé pour me rendre ma belle humeur !

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  5. Bad day, Didier Goux, d'abord les artisans taxis qui bloquent et le soir le VRP qui céde. Vous savez , on a tous eu un copain comme lui, petit être chétif qui se ratrappe par sa grande gueule...

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  6. Quoi ! Vous prenez l'A14 ! Vous avez les moyens !

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  7. Bien résumé : la gauche ne s'intéresse qu'à moi (mais c'est parce que je suis un être épatant)

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  8. Merci Didier pour un compliment qui va raviver mes recherches! Le terme "petit troll" est une magnifique piste. Pourquoi l'assimiler à ceux qui semblent être de jeunes parasites en soif de reconnaissance? Pourquoi une appréciation malvenue est-elle vue comme mal fondée ou puérile? C'est tout à fait le genre de réaction que j'espérais rencontrer pour ainsi approfondir le sujet! Merci de votre aide! Aussi, merci de m'avoir rajeunie d'une 30aine d'années cela m'a fait sourire jusqu'aux pointes de mes oreilles...

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  9. Quel bonheur en vous lisant que d'avoir pris la décision de quitter le neuvième. Pas d'autoroute entre M° Anvers et Montparnasse où je travaillais, je le concède, mais trop de monde tout le temps à Paris qui finit par donner des envies génocidaires, des rêves de tsunami de la seine qui laisse la capitale déserte. Que cette ville serait merveilleuse avec quatre millions d'habitants en moins et plus de franciliens, un accès dégagé jusqu'au Touquet et Dauville pour le week-end.
    Les bouchons : mon cauchemar.

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  10. Mais je n'ai pas râlé, moi, contre ce bouchon ! (J'avais Rameau dans les oreilles, je m'en foutais, en fait). Et je ne râle pas non plus contre la pénurie de taxis, puisque je ne mets plus les pieds à Paris, bien que travaillant à Levallois.

    Manue, pas de provoc !

    @ Les Pitous : finalement, c'est vous les plus heureux, tiens !

    Yael, vous êtes sûre de ne pas vous être trompée de message, là ?

    Ludo, j'ai vénu quinze ans à Paris, donc je vous comprends. Et encore : c'était avant Delanoë et les Verdâtres !

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  11. Mais nous aussi nous avons eu la manif des taxis , à Orléans , sur la nationale 20 , un beau foutoir !
    Je tais les pensées pas très douces qui m'animent .

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La boutique est rouverte… mais les anonymes continueront d'en être impitoyablement expulsés, sans sommation ni motif.