« Une des mauvaises nouvelles idéologiques que j'apporte, ou que je rappelle, c'est que, statistiquement (il y a bien sûr toutes les exceptions qu'on veut, mais elles ne sont pas pertinentes statistiquement), il n'y a, en caricaturant à peine, de gens cultivés que les enfants de gens cultivés. Ou bien, pour tourner cela différemment : culturellement, à quinze ans, et peut-être même à douze, voire à dix, tout est joué. On peut, adulte, apprendre le piano, le violon ou la danse, on ne peut pas devenir un grand pianiste, un grand violoniste, un grand danseur. On peut, adulte, se cultiver, on ne peut pas devenir vraiment cultivé (sauf cas de génie ou de talent véritablement exceptionnel, sans importance statistique). Après quinze ou vingt ans on peut apprendre à mieux parler, à pratiquer une langue meilleure, jamais on ne parlera vraiment bien si l'on n'a pas été élevé par des personnes qui n'avaient pas elles-mêmes une bonne maîtrise de la langue. »
Renaud Camus, Kråkmo – Journal 2009, Fayard, p. 213.
Cette désagréable assertion, j'étais pleinement convaincu de sa vérité bien avant d'avoir lu la moindre ligne de l'auteur qui la pose ici. J'ai toujours su (ce toujours n'est évidemment pas à prendre au pied de la lettre) que quoi que je fasse, autant de livres que je puisse lire dans ma vie, ou de musiques écouter, mes efforts ne porteraient pas tous leurs fruits, du fait d'une trop grande faiblesse des racines. Pour filer la métaphore végétale, j'ai une claire conscience de la pauvreté du sol où j'ai poussé ; d'où la faiblesse des rameaux malgré les tonnes d'engrais que je leur alloue depuis quarante ans.
À un moment de ma jeunesse, j'ai cru que l'école pourrait suppléer à l'héritage. Chaque année, dans le mois d'août, lorsque arrivaient à la maison les livres scolaires de l'année qui se profilait, je me précipitais sur le Lagarde & Michard (ou son équivalent) afin de prendre connaissance des auteurs “au programme”. Puis, à la bibliothèque locale, je raflais tout ce que je pouvais de leurs œuvres afin de les avoir lues, et si possible avant le début des cours. Ce n'était pas forcément idiot, bien sûr, mais tout à fait inutile s'il s'agissait – et il s'agissait en effet, dans mon esprit – de pallier le manque initial : la découverte ne remplace pas la familiarité. Camus écrit encore, juste après le passage qu'on vient de lire :
« L'école ne suffit pas. Elle ne suffisait pas même quand elle remplissait son rôle. L'école peut instruire (ou du moins elle le pouvait), elle ne peut pas éduquer (elle ne l'a jamais pu). L'éducation est une entreprise conjointe de l'école et du milieu d'origine. »
(C'est bien pourquoi l'appellation Instruction publique était certainement préférable à notre Éducation nationale.)
Cette sensation de manque – sur lequel la lecture de Renaud Camus m'a au moins permis de poser des mots, ce qui est une manière de le combler mais bien peu satisfaisante et très imparfaitement – a perduré et elle est toujours là aujourd'hui. Si l'on veut bien un moment considérer la culture comme un château, mettons, c'en est un où je suis toléré, parfois même invité, voire apprécié, mais dont je ne posséderai jamais les clés ; et il me semble bien, parfois, qu'on m'y fait entrer par les communs et non en traversant la cour d'honneur.
De ce manque naît le sentiment d'imposture, celui qui fait que je ne trouve jamais agréable, et même son contraire, de m'entendre dire que je suis quelqu'un de cultivé. (Remarque annexe : en réalité, on ne vous dit jamais que vous êtes cultivé, mais plutôt que vous êtes très cultivé. Par quoi il faut entendre quelque chose comme : plus que moi qui le serai toujours bien assez, qui le suis raisonnablement, dans la bonne moyenne. Passons.) Je possède très certainement des bribes de culture, voire des pans si on veut être indulgent avec soi-même, mais ce ne sera jamais qu'une sorte de culture hors-sol, en quelque sorte non fondée. C'est un peu comme faire ses délices d'un couscous, d'un ceviche de poisson ou d'un canard laqué : ce peut être délicieux mais ça restera toujours exotique, importé, greffé.
Renaud Camus, pour revenir à lui, dit souvent qu'il faut trois générations pour faire un homme cultivé (ce qui, bien entendu, ne signifie nullement que cet homme de la troisième génération sera automatiquement cultivé : il y faut ensuite la curiosité et la constance de toute une vie). Je suis, je crois, le représentant de la deuxième de ces générations ; je suis le terreau fertile. Si le hasard ou une conformation différente de mon esprit m'avaient fait avoir des enfants, eux auraient sans doute eu une chance de devenir des hommes ou des femmes cultivés. Dans le sens ancien de l'expression, il va sans dire.
On verra ça dans une existence prochaine.
Renaud Camus, Kråkmo – Journal 2009, Fayard, p. 213.
Cette désagréable assertion, j'étais pleinement convaincu de sa vérité bien avant d'avoir lu la moindre ligne de l'auteur qui la pose ici. J'ai toujours su (ce toujours n'est évidemment pas à prendre au pied de la lettre) que quoi que je fasse, autant de livres que je puisse lire dans ma vie, ou de musiques écouter, mes efforts ne porteraient pas tous leurs fruits, du fait d'une trop grande faiblesse des racines. Pour filer la métaphore végétale, j'ai une claire conscience de la pauvreté du sol où j'ai poussé ; d'où la faiblesse des rameaux malgré les tonnes d'engrais que je leur alloue depuis quarante ans.
À un moment de ma jeunesse, j'ai cru que l'école pourrait suppléer à l'héritage. Chaque année, dans le mois d'août, lorsque arrivaient à la maison les livres scolaires de l'année qui se profilait, je me précipitais sur le Lagarde & Michard (ou son équivalent) afin de prendre connaissance des auteurs “au programme”. Puis, à la bibliothèque locale, je raflais tout ce que je pouvais de leurs œuvres afin de les avoir lues, et si possible avant le début des cours. Ce n'était pas forcément idiot, bien sûr, mais tout à fait inutile s'il s'agissait – et il s'agissait en effet, dans mon esprit – de pallier le manque initial : la découverte ne remplace pas la familiarité. Camus écrit encore, juste après le passage qu'on vient de lire :
« L'école ne suffit pas. Elle ne suffisait pas même quand elle remplissait son rôle. L'école peut instruire (ou du moins elle le pouvait), elle ne peut pas éduquer (elle ne l'a jamais pu). L'éducation est une entreprise conjointe de l'école et du milieu d'origine. »
(C'est bien pourquoi l'appellation Instruction publique était certainement préférable à notre Éducation nationale.)
Cette sensation de manque – sur lequel la lecture de Renaud Camus m'a au moins permis de poser des mots, ce qui est une manière de le combler mais bien peu satisfaisante et très imparfaitement – a perduré et elle est toujours là aujourd'hui. Si l'on veut bien un moment considérer la culture comme un château, mettons, c'en est un où je suis toléré, parfois même invité, voire apprécié, mais dont je ne posséderai jamais les clés ; et il me semble bien, parfois, qu'on m'y fait entrer par les communs et non en traversant la cour d'honneur.
De ce manque naît le sentiment d'imposture, celui qui fait que je ne trouve jamais agréable, et même son contraire, de m'entendre dire que je suis quelqu'un de cultivé. (Remarque annexe : en réalité, on ne vous dit jamais que vous êtes cultivé, mais plutôt que vous êtes très cultivé. Par quoi il faut entendre quelque chose comme : plus que moi qui le serai toujours bien assez, qui le suis raisonnablement, dans la bonne moyenne. Passons.) Je possède très certainement des bribes de culture, voire des pans si on veut être indulgent avec soi-même, mais ce ne sera jamais qu'une sorte de culture hors-sol, en quelque sorte non fondée. C'est un peu comme faire ses délices d'un couscous, d'un ceviche de poisson ou d'un canard laqué : ce peut être délicieux mais ça restera toujours exotique, importé, greffé.
Renaud Camus, pour revenir à lui, dit souvent qu'il faut trois générations pour faire un homme cultivé (ce qui, bien entendu, ne signifie nullement que cet homme de la troisième génération sera automatiquement cultivé : il y faut ensuite la curiosité et la constance de toute une vie). Je suis, je crois, le représentant de la deuxième de ces générations ; je suis le terreau fertile. Si le hasard ou une conformation différente de mon esprit m'avaient fait avoir des enfants, eux auraient sans doute eu une chance de devenir des hommes ou des femmes cultivés. Dans le sens ancien de l'expression, il va sans dire.
On verra ça dans une existence prochaine.
Vous méritez un soufflet.
RépondreSupprimerStatistiquement, R.Camus a indubitablement raison. Fort heureusement, il reste des personnes (pas des gens) qui violent ces lois statistiques. Des types à l'écart en général.
RépondreSupprimerdis, ça serait pas lui (Renaud Camus) le créateur de Marie-Thérèse Bouchard ?
RépondreSupprimerPour ce qui est du thème de ton billet : il me semble que cet élitisme, cette distinction sociale, véhiculés par "ce que parler veut dire" (Bourdieu), a une force excessive en France (par rapport au Nouveau Monde, ou aux pays nordiques et protestants).
Heureusement, Nicolas Sarkozy (et je ne rigole pas... trop) a fait voler en éclats, d'une certaine façon, cette "distinction"-là. En admettant dans le gouvernement une Fadela Amara, par exemple, ou avec son "casse-toi pauv' con", ou "la racaille", qui sont, à mon sens, des propos révolutionnaires.
Toutefois, ça restera le seul apport positif de son quinquennat.
Georges : alors là, j'en reste soufflé.
RépondreSupprimerPRR : oui, c'est exactement ce que dit Camus.
Lucia Mel : je préfère croire que vous plaisantez.
Rien à voir avec le sujet du billet mais je ne comprends la présence de Hordalf dans la blogroll sachant que c'est un (mauvais) fake. Mais bon c'est votre affaire.
RépondreSupprimerAh ? Vous êtes sûr ? Je suis très naïf, vous savez : je ne vois jamais ce genre de choses...
RépondreSupprimerCela étant, vous savez, les blogs qui sont dans cette "roll" vont et viennent. Au gré de mes humeurs et d'eux-mêmes.
salut
RépondreSupprimerintéressante réflexion. Complétée par le commentaire de PRR, la phrase du début d'article de Camus sonne très juste.
Une remarque : j'ai déjà eu le sentiment d'être un imposteur, et ce n'est jamais uniquement le fruit de la réalité. C'était - en ce qui me concerne - le fruit de ma position RESSENTIE parmi d'autres (qui ne me considéraient pas comme greffé ou imposteur) et le fruit de ma volonté qui me voyait déjà ailleurs.
Celui qui se sent étranger l'est souvent par son propre travail...ça se cultive aussi, le toujours-un-peu-en-dehors, le je-suis-là-mais-je-garde-une-distance-de-sécurité.
Décidément , M. Goux, vous m'amusez! Qu'est-ce que c'est que cette culture-capital que l'on hériterait et ferait fructifier? A quoi servirait-elle? A parader, paon ridicule, fier de sa roue culturelle? Un truc à usage externe propre à être reconnu par les gens du métier, experts en fine culture?
RépondreSupprimerPour moi, qui suis un vrai con, et, partant, dépourvu de complexes sociaux-culturels, la culture, ce que j'OSE (quelle présomption!) appeler ma culture ne me sert qu'à tenter de comprendre le monde. Elle comprend bien d'autres choses que la littérature, la musique (qui m'insupporte souvent comme bien des bruits) ou les arts libéraux en général.
Il n'y a pas que l'esprit qui se cultive,il y a aussi la main. Bâtir ou retaper une maison demande parfois plus de réflexion et de savoirs que bien des tâches "culturelles" au sens où vous l'entendez.
Ce que j'en dis, c'est histoire de causer en ce dimanche neigeux...
Je me demande parfois à vous lire si vous ne trouvez pas une délectation morose doublée d'un modeste orgueil (oxymorons, il en restera toujours quelque chose)à vous couvrir la tête des baquets de cendre de votre indignité... On s'amuse comme on peut!
Cela dit, je prends très souvent grand plaisir à vous lire ainsi qu'à lire certains sites de votre blogroll. Soyez-en donc remercié!
Etre "cultivé" ne veut pas forcément dire avoir poussé tout seul sur le bon sol, engraissé par trois couches de feuilles mortes qui ont donné leur humus.
RépondreSupprimerLa "culture", ça dit bien ce que ça veut dire, avec l'idée de travail, de forçage, voire d'engrais (naturel, bien sûr).
Il n'y a pas de fatalité pour que ce soit que les sols naturellement fertiles qui donnent les plus beaux fruits.
Le terrain, ça compte évidemment, mais le sillon, les cordeaux et l'huile de coude sont fondamentaux.
Cela dit, une bonne bibliothèque dans la pièce la mieux éclairée du château, ce n'est pas à dédaigner non plus.
Donc, je ne sais pas.
Je sais en tout cas que je ne suis pas cultivée, mais c'est ma faute, pas la faute du terreau. C'est pour ça que je suis professeur.
Même que je continue à dire Grévisse...
RépondreSupprimer"vous couvrir la tête des baquets de cendre de votre indignité"
RépondreSupprimerDidier Goux en Cendrillon, bin ça !
Quelqu'un à qui je viens de lire votre billet si juste (au téléphone) me répond complètement à côté (je simplifie un peu), un peu à la manière de PRR (ne parlons même pas de Jacques Étienne), tellement que je me dis que ce discours, qui me semble pourtant l'évidence-même, ne peut pas être entendu (dans tous les sens du mot), il déclenche aussitôt que prononcé un dysfonctionnement mental qu'il serait intéressant d'étudier. Mais je ne m'y essaierai pas ici, je rassure tous les Corto-Dorham du quartier.
RépondreSupprimerDidier, vous placez très haut la barre de la culture dans votre approche, alors que l'étymologie du mot semble renvoyer à quelque chose de plus modeste.
RépondreSupprimerParfois je me dis que le mot "cultivé" est pris en otage par une élite qui n'a, pour affirmer sa place, que la possibilité d'apposer ou de retirer ce titre à qui bon lui semble.
Mais le plus souvent, comme vous, je ressens ce manque parce que, mon Dieu, cultivée, je ne le suis pas.
Qu'est-ce que je disais…
RépondreSupprimerMais on n'attend plus que vous, Georges. La tension est palpable, ne le sentez-vous pas : votre quatrième intervention sera-t-elle enfin parée d'un contenu ?
RépondreSupprimerM. Georges est amusant...
RépondreSupprimerSigné: un mal comprenant que certaines fatuités distraient.
Didier
RépondreSupprimerSoit je n'ai pas compris votre note, soit vous parliez de la culture que l'on acquiert ou non dans un milieu donné, une famille donnée.
Je n'ai pas vu que vous parliez ici de la culture atavique, celle que l'on porte dans ses veines après un séjour de plusieurs siècles dans un pays donné. Ce qui est à l'ordre du jour dans les discussions sur patrimoine et appartenance religieuse (on se reconnait de culture chrétienne sur un continent chrétien, même quand l'on n'adhère pas...).
Georges : je suis pleinement d'accord avec vous, sur le fait qu'on a l'impression en effet de n'être pas entendu, au sens presque physique du terme. Ou entendu dans une langue étrangère. Ce qui décourage toute tentative de discussion, puisque la discussion a pour fonction, je crois, de tenter de rapprocher des points de vue au départ éloignés, ce qui suppose qu'on dispose d'une langue commune.
RépondreSupprimerMe surprend aussi le fait que beaucoup de gens, et on le voit ici même, semblent se sentir agressés, personnellement agressés par ce qu'on essaie de leur dire.
Et, en effet, il me semble que des esprits plus brillants, ou en tout cas mieux armés, équipés des outils nécessaires, devraient bien se pencher sur ce dysfonctionnement systématique.
il n'y a, en caricaturant à peine, de gens cultivés que les enfants de gens cultivés. Ou bien, pour tourner cela différemment : culturellement, à quinze ans, et peut-être même à douze, voire à dix, tout est joué.
RépondreSupprimerUn instant j'ai cru que vous citiez Bourdieu. Car Camus décrit là une forme de déterminisme et vous même semblez y croire en écrivant tristement Je possède très certainement des bribes de culture, voire des pans si on veut être indulgent avec soi-même, mais ce ne sera jamais qu'une sorte de culture hors-sol, en quelque sorte non fondée.
Que devrais-je dire moi qui ne possède pas le dixième de votre érudition. Erudition. Ce mot vous va-t-il mieux?
Bon, disons que je n'ai rien compris et n'en parlons plus.
RépondreSupprimer« Ce qui décourage toute tentative de discussion »
RépondreSupprimerOui, c'est même pour moi la principale caractéristique de la bloge. Il est indispensable de résister à la demande.
Pour en revenir au sujet que vous traitez ici, c'est vraiment manifeste. On est le témoin, sidéré, d'une sorte de mécanisme, parfait dans sa reproductibilité systématique : vous appuyez sur une sorte de bouton mental, et, aussitôt, la chose se met en branle, avec son cortège inévitable de malentendus, de contresens, et de figures de discours profilées a priori. Il y a des sujets, comme ça, qui semblent bloquer, comme chimiquement bloquer (ou électriquement), la réflexion, et donc la possibilité de conversation. Naguère, on avait comme ça la corrida, le pape, sujets qui sont finalement moins scandaleux qu'on aurait pu le croire alors, en tout cas moins que celui-là.
Passionnant. Et dans le droit fil d'un autre billet que vous aviez consacré à l'art, c qui n'est pas une surprise.
Fredi Maque, je réponds à votre question par une autre question : avez-vous déjà, dans votre vie, rencontré un véritable érudit ?
RépondreSupprimerFredi, vous qui êtes quelqu'un de calme et de pondéré, relisez le billet de Didier. Vous verrez, il n'y a rien là de si terrible, quand on le lit tranquillement.
RépondreSupprimerJe pensais aussi à ce billet-là...
RépondreSupprimerque quoi que je fasse, autant de livres que je puisse lire dans ma vie, ou de musiques écouter, mes efforts ne porteraient pas tous leurs fruits, du fait d'une trop grande faiblesse des racines. Pour filer la métaphore végétale, j'ai une claire conscience de la pauvreté du sol où j'ai poussé ; d'où la faiblesse des rameaux malgré les tonnes d'engrais que je leur alloue depuis quarante ans.
RépondreSupprimerVos efforts vous aurons au moins servi à écrire ces jolies lignes. Le sol où vous avez poussé ressemble peut-être au mien: une longue lignée de paysans et d'artisans dotée d'une culture propre aujourd'hui disparue.
Mais je vois bien que c'est l'autre qui vous manque et vous peine.
Bourdieu, pour revenir à lui, disait:
-Dis moi si tu as fait tes premiers pas sur du parquet, de la moquette ou du lino et je te dirais qui tu es.
Il aurait pu dire:
-Dis moi si chez toi il y avait des livres et si on y écoutait de la musique.
Georges:
RépondreSupprimerVous avez raison: il est bien possible que quelque chose m'ai encore échappé. Suis coutumier du fait.
Va pour la relecture.
Évidemment que ce billet non content de décrire une réalité incontournable tape où ça fait mal... Dans certaines familles ( francaises) il est naturel de parler / et connaitre basiquement 4 langues, et 5 ou 6 pour l'emploi. Certaines avec leur variations historiques ( grec ancien et moderne). On a passé un an ou deux dans des pays étranger de préférence en stage à Oxford ou Harvard ( cela va de soit) en philo ou en archéologie du droit ? Pouah!). Il va de soi qu' on a aussi un bagage pratique en musique ( 10 ans de piano, on se débrouille avec Chopin) on sait monter à cheval ( naturel et indispensable) , un tennis a 6 h du mat tous les jours... Et évidemment on a l'abattage au travail qui va avec : 200 bouquins vers la 50 aine et des articles en veux tu en voilà ( 2 placards de cuisine pleins...) ( çui la parle 7 langues couramment avec les connaissances en littérature et historiques qui vont avec... ) ... Et quand ces gens disent : oh en ce moment je reflechis à... faut prévoir un pave de 400 pages à lire bientôt ... Ouais c'est un autre mode de vie , les érudits .. Geargies
RépondreSupprimerEn même temps il semble que l'inculture ne soit plus un handicap pour acceder aux sommets de l'Etat ou dans les cabinets.
RépondreSupprimerMais là je trouve qu'il y a tromperie sur la marchandise.
Je m'égare...
Moi, j'dis ça, j'dis rien, hein! Pas la peine de me répondre, je ne fais pas partie de l'élite.
RépondreSupprimerCarine, au Plessis-Hébert, les crises de paranoïa sont illégales après vingt heures...
RépondreSupprimer"avez-vous déjà, dans votre vie, rencontré un véritable érudit ?"
RépondreSupprimerQuel intérêt? Ca peut être très con aussi, un érudit.
Didier
RépondreSupprimerchez moi, il n'y a pas encore de couvre-feu
"ça peut être très c** un érudit " : non... Et j'en connais un paquet, donc. Geargies.
RépondreSupprimerPrenez Dominique de Villepin par exemple. Oubliez de lui l'aspect politique et ne retenez que le fond et la forme. Voilà un homme qui a dû faire ses premiers pas sur de la moquete et du parquet point de hongrie ou Versailles. Sur le fond personne ne mettrait en cause sa culture et sur la forme, toutes ses manière et sa physionomie témoignent d'un héritage indéniable, d'une aristocratie bien française. (Camus aussi entre ()possède ces airs aristocrates)
RépondreSupprimerMais le rustre de basse extraction que je suis, pourra bien être une encyclopédie embulante, il lui manquera toujours quelque chose, cachera mal (s'il en avait envie) ses origines prolétaires.
Que dire du déraciné.
Que dire de l'immigré.
Je crois que les paysans et les artisans d'hier, dans un sens, étaient plus cultivés que ces derniers, qu'ils possédaient en tout cas une certaine culture.
On leur a ôté ça aussi.
Vers la soumission de femmes, et de tous... votée le 28 novembre 2010 par l'Union Européenne.
RépondreSupprimerExtraits de l'intervention d'Elisabeth Sabaditsch-Wolff à Copenhague.
« Si je prononçais ces mêmes mots demain matin, je pourrais me faire arrêter. Je pourrais être inculpée aux termes des dispositions de la Décision-cadre et extradée, en vertu d’un mandat d’arrêt européen, vers le pays qui m'a inculpée, sous escorte de la gendarmerie européenne.
Ce n'est pas un scénario imaginaire, c'est une possibilité très réelle.
.../...
Nous ne jouirons plus de ce qu’il nous reste aujourd’hui de droits constitutionnels. Nos droits seront entièrement définis et encadrés par la charia. Les femmes deviendront, en pratique, la possession des hommes. Les chrétiens et les juifs seront chassés ou forcés de se convertir à l'islam. Les athées et les homosexuels seront tués. »
Texte complet traduit en français:
http://www.postedeveille.ca/2010/11/elisabeth-sabaditsch-wolff-%C3%A0-copenhague.html
Texte en anglais:
http://snaphanen.dk/2010/11/28/sabaditsch-wolff-in-copenhagen/
Ca, c'est plus important que les querelles de blog, surtout lorsqu'elles ne sont pas justifiées:
RépondreSupprimer"Les Suisses ont approuvé dimanche l'initiative de l'UDC (droite populiste) sur l'expulsion automatique de criminels étrangers, un an après le vote sur l'interdiction de construction des minarets, selon un décompte des voix dans 25 des 26 cantons."
C'est une excellente nouvelle!
Didier et Georges, vous êtes impayables!
RépondreSupprimerComment parvenez-vous à être si humbles avec vos "supérieurs" et si méprisants avec vos "inférieurs"?
Tout chez vous n'est que hiérarchie. Vous avez une mentalité de p'tits chefs!
Sur le fond, je plains les mouches de votre voisinage: elles doivent avoir bien de la peine à s'asseoir!
Pffff, c'est du mépris de façade, l'un et l'autre aiment jouer au blogueur détestable.
RépondreSupprimerPour tout dire, après tous ces commentaires, je ne comprends même pas ce qui a [prétendument] été mal compris.
Carine a dit...
RépondreSupprimerC'est une excellente nouvelle!
L'exellente nouvelle ce sera quand nous nous serons enfin libérés de cette Europe là.
franchement... ça sent le renfermé... ça donne envie d'ouvrir la fenêtre, et de faire entrer l'air frais, même en plein hiver, ça fait du bien, l'air frais qui vient du ciel, qui vient d'ailleurs, l'air qui n'a pas été limité par de vieux murs décrépis. Et que vienne l'heure de la tempête ! qui vous fera remuer vos fesses confites dans des sièges de pseudos écrivains, et vos cerveaux ramollis par trop de discours ressassés. Bon, ça fait du bien, la colère du dimanche soir. Bonne nuit (quand même).
RépondreSupprimerSi j'étais dans un salon avec Debray, Manent, et autres, je ne comprendrais pas ce qu'ils disent et ne les intéresserais pas.
RépondreSupprimerSi j'étais dans un salon avec des ploucs, ce serait l'inverse, ils ne comprendraient pas ce que je dis et ne m'intéresseraient pas.
Les moments de la vie quotidienne, comme le tarot quotidien, et les moments les plus importants, comme tomber amoureux ou devenir amis, nous les partageons avec des gens qui n'ont ni trop plus, ni trop moins, le même niveau que nous.
Ne fuyez donc pas l'ordinaire, qui est la seule chose qui pourra vous combler !
Ce que je ne comprends pas c'est la colère de Lucia Mel.
RépondreSupprimerPeut-être Didier que vous essayez de parler de quelque chose de trop profond.
Dans "Esthétique de la solitude" il y a un chapitre qui décrit quelque chose de cet ordre, c'est l'histoire du billet (de deux places) de théâtre offert à la femme de ménage, celle-ci n'a pas osé y aller parce qu'elle a estimé que ce n'était pas son monde, elle avait fait le tour du quartier avec son mari et ils étaient rentrés chez eux, simplement intimidés.
Quelque chose de trop profond, le mépris de classe, que l'on subit, que l'on observe, que l'on pratique ...
RépondreSupprimerDidier, attention, à force de vous entourer de flagorneurs qui se précipitent pour commenter avec force "bravo", "excellent texte" et tout ça tout ça, vous allez nous réinventer l'eau chaude !
Jacques Étienne & la Gerbille : mais enfin, où voyez-vous du mépris, même de façade ? Je crois vraiment que l'incompréhension est totale.
RépondreSupprimerEmma : trop profondes, je ne crois pas. Irrecevables sans doute. Et je me souviens s fort bien du passage du passage que vous évoquez.
Audine : mais de quoi parlez-vous ? Relisez les commentaires de ce billet et aussi ceux du précédent, et ceux de beaucoup de mes billets : mes "flagorneurs" sont presque tous en opposition avec ce que j'y dis ! Je me demande si ce blog n'est pas un des rares où les contradicteurs sont souvent plus nombreux que les approbateurs. Et libres de dire ce qu'ils souhaitent.
@Emma : j'aurais dû le préciser, ma colère n'était pas destinée à Didier, ni à son billet dont le contenu m'a fort intéressée (sinon, je n'aurais pas laissé de commentaire, où je ne plaisantais qu'à moitié). C'est en lisant certains commentaires que j'ai été irritée, mais il est fort facile de ne point s'irriter sur le blog d'autrui... c'est de ne pas lire certains commentateurs. Ce que je m'attache à faire la plupart du temps. Là, j'ai eu la faiblesse de commenter... Il vaut mieux, parfois, lire en silence.
RépondreSupprimerJe trouve qu'il est trop tôt pour en finir avec ce billet. Car DG met le doigt sur quelque chose d'important. Il nous dit sa douleur ou sa gêne de ne pas être un héritier. Il a reçu une bonne éducation voilà tout. Il est allé à l'école des hussards noirs, ces hussards noirs qui avaient vocation non pas à gommer mais à atténuer les différences entre les héritiers et les autres. Il a le sentiment de faire partie définitivement des autres que les héritiers regarderont toujours avec condescendance. Il n'a pas baigné dans ce tronc commun de valeurs et de connaissances où s'imprègnent les enfants de l'aristocratie comme l'oeuf du parfum de la truffe.
RépondreSupprimerEt alors? Il est de toute façon trop tard pour en souffrir, et il vous faut admettre que vous êtes malgré tout un chanceux quand on songe au bagage culturel proposé aux enfants de 2010.
Et j'emploie le mot d'aristocratie comme un terme générique car je sais bien qu'il y a DES aristocraties.
RépondreSupprimerIl existe même une aristocratie ouvrière qui porte couleurs et autres attributs à la manière des francs-maçons c'est vous dire!
« Il nous dit sa douleur ou sa gêne de ne pas être un héritier. »
RépondreSupprimerFredi, en écrivant cela, vous ne mentez pas, mais vous ne dites pas toute la vérité. Les héritiers de Bourdieu vous tournent la tête d'un seul côté, si j'ose dire. L'héritage dont parle Didier Goux, me semble-t-il, est un croisement (dans les deux sens du terme, botanique et topographique), il se trouve à l'intersection de deux voies, l'atavisme et la volonté, le milieu et les marges. Mais tout est dit dans le passage écrit par Renaud Camus, je ferais mieux de me taire.
Didier,
RépondreSupprimerpas envie de me lancer dans des justifications sur le "mépris" : un jour, peut-être, j'écrirai un billet illisible sur les niveaux de lecture, les isotopies et le mal des montagnes que ça procure.
J'ai déjà la tête ailleurs : je m'intéresse de près au sigle "BM" que vous évoquez régulièrement ici et ailleurs. Je suis mes intuitions, les liens, les pistes, je recoupe...
Promenade de singe dans la canopée.
Mon 1er livre émouvant "libres enfants de Summerhill" l'éducation est bien ce qui est en dehors de l'instruction,fabrication du conformisme. C'est comme la cuisine, les écoles vous dégoutent du Goût(racine savoir) elles vous apprennent des RECETTES et des NOMS de plats, NOTORIÉTÉ, l'essentiel SE trouve ailleurs chez les autres et les rencontres, à la source, toujours, PAS de quand dira t on, gouter c'est savoir.
RépondreSupprimerComment dites-vous ? Simplet sans tête ?
RépondreSupprimerCamarades incultivables ! Rassurez-vous ! Quand Camus se pèle les noix de savoir si peu de choses d'une simple chaudière de sol récalcitrante, il doit être tout près de considérer l'intérêt de cette patiente accumulation générationnelle de savoirs avec un peu plus de circonspection. Si il vous dit le contraire c'est qu'il n'a pas encore assez froid ou qu'il y a un chauffagiste dans son entourage. Pour le reste la question n'est pas de savoir comment la culture classique se construi(sai)t ou s'hérit(ait)e -on peut bien partager ce qui en est dit ici-, mais à quoi peut bien encore être utile une telle culture (comme naturalisation par effet de milieu), même héritée de 20 générations fécondes, face à la fragmentation des savoirs. Plus exactement : à quoi serait encore utile une classe cultivée de cette manière-là -et qui fut indéniablement la classe où s'est inventée et propagée une part prépondérante de la science, etc... je vais vite qu'on me pardonne ! Où se fabriquent aujourd'hui les connaissances, les sciences, la littérature ? En quel salon ou société royale, au bénéfice de quel échange épistolaire suivi ? Quel est aujourd'hui l'héritage des chercheurs, leur milieu, leur sociologie ? Quel est le sclérenchyme qui soutient les ramifications dichotomique, les arborescences, quel est le "milieu" d'où s'élèvent les aériens épiphytes délivrés des lourds terreaux primaires ?
RépondreSupprimerCher Chauffagiste,
RépondreSupprimerMais enfin, vous ne savez pas qu'il ne faut JAMAIS poser de questions sur un blog ? Personne ne vous répondra JAMAIS. C'est la règle absolu. Ou alors, on vous répondra sur un autre sujet, via l'opération savante qui consiste à faire dévier les conservations... Pire, vous rencontrerez peut-être un individu (à binocles bien souvent) qui noiera un semblant de réponse sous une tonne d'autres choses - histoire de vous décourager de répondre.
Dorham : qu'est-ce que vous voudriez que je réponde ? Je suppose que ce M. Chauffagiste en a, lui, des réponses (sinon il ne poserait pas les questions) : eh bien, qu'il les donne, on verra après !
RépondreSupprimerGeorges a dit...
RépondreSupprimerLes héritiers de Bourdieu vous tournent la tête d'un seul côté, si j'ose dire.
En élargissant le champ ou en changeant quelques mots, on peut entendre des préoccupations plus Camusiennes.
Comme je ne suis pas trop adepte des paraboles, je m'obstine à prendre ses mots comme ceux de DG au premier degré.
Pour une fois, il serait bon de revenir à la bonne vieille distinction, chère à nos amis allemands, entre Kultur et Zivilisation.
RépondreSupprimerTrouvez l'intru :
RépondreSupprimerBanque Mondiale
Bibliothèque Muncipale
Brigitte Moumoute
Brigades Mondaines
British Museum
Attention ce quizz s'adresse seulement aux gens cultivés.
Tzatza, c'est un gemini criquet dopé à la chicorée, qui chante du catéchisme en dorémifasol mineur.
RépondreSupprimer(pourquoi le mineur est-il plus triste que le majeur?)
RépondreSupprimerParce que Suzon est au charbon ?
RépondreSupprimerLe texte ou le raisonnement de Mr Goux contient 2 parties. L'une où il regrette ne pas avoir reçu de culture en héritage, l'autre où il se sent en mesure de faire hériter, de transmettre, la culture qu'il a acquise."Je suis, je crois, le représentant de la deuxième de ces générations ; je suis le terreau fertile".
RépondreSupprimerMalgré ce qu'il considère comme un handicap (l'absence d'héritage reçu), Mr Goux estime donc avoir acquis et assimilé suffisamment de culture pour en faire bénéficier quelqu'un.
Quelque part et d'une certaine façon, nous en sommes ses héritiers ou ses bénéficiaires. De ce pont de vue, nous sommes très nombreux à être dans cette situation, une situation qu'il faut considérer positivement.
Finalement le bilan n'est pas si négatif que cela.
Duga
@Duga
RépondreSupprimerMais non.
Vous n'avez rien compris. Respirez un grand coup et relisez lentement.
Je veux bien vous croire.
RépondreSupprimerMais fournissez_moi plus d'explications sur mon incompréhension.
Duga
Anonyme a dit...
RépondreSupprimerJe veux bien vous croire.
Mais fournissez_moi plus d'explications sur mon incompréhension.
Duga
Demandez à Georges: il explique mieux.
J'ai failli passer à coté de ce superbe et très intelligent billet. Il dit très justement ce que l'époque ne veut pas entendre.
RépondreSupprimerMonsieur fredi
RépondreSupprimerDuga est le fils marcotté de Didier Goux. Son propos est donc légitime. Quant à Georges, sans doute en proie à de redoutables montées de sève en ce moment, il explore des voies d'inséminations multiples. Il y a quelque chose de profondément tragique dans l'intérêt obstiné que portent les nullipares consentants (je sais c'est réservé aux dames) à la question de l'héritage et de la transmission.
Si Philippe voulait bien se dévouer pour expliquer à Dugaz, moi je suis trop vieux.
RépondreSupprimerJe partage l'essentiel de votre propos cher Didier Goux. Je suis moi-même de modeste extraction et bien qu'ayant dû renoncer à poursuivre mes études à quelques mois du baccalauréat j'ai pu accéder, sans doute, à ce que vous nommez un terreau de deuxième génération. Je n'ai pas votre culture mais l'entourage et les conseils bienveillants de quelques uns - qui fréquentent parfois ces lieux - m'ont guidé bien au-delà de mes goûts initiaux, dans lesquels -il faut bien le dire- je me complaisais. Que sont Frédéric François ou bien encore Anna Gavalda, qui faisaient alors mes modestes bagage et bonheur, face à la joie, au sens fort du terme, de côtoyer désormais Renaud Camus et Sybille von Muttertum ! Bien sûr je souffre comme vous de ces courtes racines qui n'ont qu'une génération. Mais comme disait mon Père, au sens plein de l’acception de l’idée d’un Père, « La bonne longueur pour les racines c’est quand elles touchent…. ». La suite est évidemment connue d’un homme de culture tel que vous. Cette culture hors sol, selon votre heureuse formule, ne m’empêche pas de fréquenter ci et là d’érudits salons et fora où vous avez vous-même vos habitudes je crois, et parfois même d’y risquer une contribution parfois saluée comme il se doit par ceux que je n’ose pas tout à fait encore croire mes Pairs – au sens plein et polysémiphonétique de l’expression.
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